tzynn a écrit:Je ne vois rien là dedans qui soit de nature à empêcher la vente d'une dédicace... Le droit moral est perdu du fait même que c'est un cadeau, et si fait en public alors il n'y a pas d'opposition possible pour contrer la divulgation. Quand au droit patrimonial, il est utilisable si par exemple le propriétaire de la dédicace voulait en faire des tee-shirts. De plus, l'auteur peut s'opposer à une modification de la dédicace, à sa destruction, à une utilisation déformée ou contre nature. Mais la revente elle-même n'a rien à voir puisque la dédicace a déjà été cédée...Enfin, le droit de suite n'est applicable qu'à partir d'un montant minimum qui est de 1200 ou 1600€, je ne sais plus donc non applicable dans ce cas.
Et je pense que tu te trompes complètement sur la propriété de la dédicace... C'est exactement comme un tableau ou une planche. Le propriétaire est propriétaire... il a le droit de l'acheter,de la vendre, de l'entreposer, de la regarder... Il ne peut par contre pas la reproduire à des fins commerciales, la modifier ou la détruire sans le consentement de l'auteur qui garde le droit de paternité...
Hélas, le droit moral ne peut être cédé. Même si je le voulais de toutes mes forces, le droit d'auteur est ainsi fait que les prérogatives morales ne peuvent en aucun cas être cédées, ni par contrat, ni par "cadeau", ni de quelque manière que ce soit. Je t'invite à relire attentivement le descriptif qui en est fait au lien que j'ai mentionné.
Par ailleurs, je le répète (c'est fou ce que je me répète!), la propriété de l'oeuvre est absolument indépendante de la propriété du support. La dédicace reste donc la propriété de l'auteur même si la feuille sur laquelle elle est exécutée appartient au détenteur de l'album. C'est assez abstrait, certes, mais c'est comme ça. Pour reprendre ton exemple, que je ne trouve pas approprié, la vente d'un tableau ou d'une planche fait normalement l'objet d'un contrat ou d'une facture, précisant les termes de la cession, la destination de l'oeuvre et l'utilisation qui peut en être faite. Ce n'est pas le cas ici.
D'ailleurs, j'ai précisé que c'était malhonnête, n'étant pas spécialiste du droit je ne m'autoriserais pas à affirmer que c'est illégal, même si ça me semble être le cas. En effet, au regard du droit de destination, l'auteur peut même décider qu'un dessin est destiné à partir à la corbeille et s'opposer à ce que l'on vienne récupérer le dit-dessin pour en faire quoi que ce soit. En conséquence, l'auteur peut tout à fait choisir que la dédicace qu'il a réalisée n'est destinée qu'au lecteur qu'il a rencontré et que celui-ci ne peut en faire le commerce ou en tirer un quelconque revenu. Vendre l'album, oui, monnayer l'oeuvre, non. Ici, ne nous mentons pas, il s'agit clairement de vendeurs qui souhaitent réaliser une plus-value fondée, non sur la vente du support, mais bel et bien sur la vente de l'oeuvre.
Mais peut-être que le vendeur, en tout honnêteté, souhaitait juste signaler à l'éventuel acheteur que la page de l'album était "dégradée" par quelques traits maladroits de crayon et de feutre, comme il aurait signalé un angle enfoncé ou une couverture marquée...
Et tout cela, sans parler de la délicatesse du lecteur pour lequel on réalise un dessin, supposé souvenir d'une rencontre, et qui le met en vente pour en tirer profit. Les "amis" à qui j'offre un dessin, s'ils le revendent, c'est simple : je ne leur en offre plus et je réfléchis à deux fois avant d'en offrir un à quelqu'un d'autre. Faut-il numéroter ses dédicaces, photographier chaque lecteur, tenir une liste noire? Ce n'est pas le genre de relation que je souhaite entretenir avec mes lecteurs, et au pire des cas, je préférerais m'abstenir que d'avoir à fliquer les gens qui prennent le temps de venir à ma rencontre, et que je prends le temps de venir rencontrer.