Pour ma part, je ne suis pas déçu, je suis en colère.
Cet album lance plein d'idées, avec chaque personnage, mais n'en termine aucune, ou alors en eau-de-boudin :
- Spirou et Fantasio qui démissionnent successivement du Moustique, sans que ça ait un quelconque intérêt ou impact sur l'histoire principale
- Noé qui n'arrive pas à nouer une relation avec sa fille, et paf, d'un seul coup ils s'entendent bien
- le pompon revient à Champignac dont l'histoire démarre de façon passionnante (le mystère du champignon noir) et drôle (son moyen de transport est digne des créations de Franquin), mais se termine de façon lamentable et honteuse pour n'importe quel scénariste digne de ce nom : "ah bah il a juste disparu. Bon bah tant mieux hein, on va pouvoir aller boire du champagne !"
MAIS C'EST QUOI CE BOR*%# ?!!
- Spip inexistant (et c'est vraiment dommage avec un auteur naturaliste), au point que Spirou accepte sans broncher de s'en séparer à la fin
- la relation de Spirou avec sa prof de peinture finit de façon forcée (euh... ça fait bizarre à personne qu'il parle de garder le calot, donc de ne pas décalotter ?
)
Le message de Bornéo est joli, quoiqu'un peu cucul, mais j'ai vraiment senti la "patte" de Zidrou dans cette exposition des dessins qui relie les hommes et les animaux.
J'ai aussi eu un peu de mal avec le côté "futur proche" de l'histoire, avec ces miradors, ces villes agglutinées et sales, ces barbelés devant chez Spirou, cet Atomium détruit, etc...
Ca me paraît en décalage avec le propos de l'album, qui avait pourtant si bien commencé, avec ces grands décors de nature et de lumière. Je n'ai pas du tout adhéré.
En bref, il y a trop d'envies dans cet album, trop de choses dont Frank voulait parler (et ça se voit aussi dans le nombre parfois élevé de cases par page), et du coup tout finit au forceps, dans un vaste n'importe quoi qui me fait penser que j'ai vraiment perdu mon temps à lire ça.
J'en veux également beaucoup à l'éditeur, qui n'a pas su guider les auteurs en leur proposant d'élaguer certaines pistes.