Alors là, je ré interviens... Beaucoup d'albums sont fait pour bouffer, mais un artiste ne travaille pas dans ce but !
Dans ma vision romanesque et indiscutable
: Un artiste comme un chevalier, travaille pour la gloire.
Romantique, pas romanesque.
Au sens du terme "romantique" employé en France, exaltant les valeurs bourgeoises catholiques alors en plein essor.
Ces valeurs de désintéressement associées à l'art sont peu prégnantes en pays protestant. Et de par leur arrogance bourgeoise, elle sont bien sûr inexistantes dans les cultures pauvres. Devenir riche (ou du moins améliorer sa condition) a été la principale motivation de tous les grands créateurs de la musique afro-américaine au 20ème siècle, pour ne citer qu'elle.
B.B King a raconté plus d'une fois l'anecdote de ses débuts, alors qu'il faisait la manche avec sa guitare à 15 ou 16 ans : il jouait du gospel et du blues. Il remarqua vite que les gens qui s'arrêtaient pour l'écouter jouer du gospel le félicitaient et l'encourageaient à continuer. Tandis que ceux qui écoutaient ses blues lui donnaient souvent une pièce après l'avoir complimenté, en lui disant d'aller boire un coup au bar du coin. L'affaire fut vite pliée entre une tape affectueuse sur la tête et un nickel sonnant et trébuchant : il arrêta de jouer et chanter du gospel et se concentra sur la musique la plus rémunératrice.
Ca ne l'empêcha pas de devenir l'une plus grandes figures du genre et une influence et une icone pour des milliers d'artistes.
Ben écoute, je ne sais pas si je suis un artiste, mais moi, l'argent n'a jamais guidé mes choix, jamais. Sauf une fois (et je le regrette encore) . Je crois que quand on fait un choix qui ne nous correspond pas pour l'argent, on s'en tire avec de l'amertume au mieux. Mais je parle de choix... Quand on n'a pas le choix, alors on fait ce qu'on peut.
C'est simplement une confusion entre la motivation et le choix artistique. On peut être motivé par le fric et uniquement par le fric, et mettre tout ce qu'on a en soi pour son art. Justement parce que la motivation est telle que l'on ne peut faire les choses à moitié. Ou l'on peut être motivé par le fric et, voyant petit (ou ayant peu de moyens) produire une oeuvre qui n'est que du sous-quelque chose. Et on peut même être motivé par les plus "nobles" sentiments (au sens romantique : exprimer son moi profond, altérer la conscience des masses, révolutionner l'art, passer à la postérité, toussa...) et produire de la merde. Ou un chef-d'oeuvre. Mais le plus souvent de la merde, quand même. :siffle:
A ce sujet, j'aime bien cette autre anecdote (apocryphe cette fois, bien sûr... ce serait trop beau) : un anglais apostrophe le corsaire Surcouf en ces termes (approximatifs) :
- Vous ne vous battez que pour l'argent, tandis que nous nous battons pour l'honneur !
Et Surcouf de répondre :
- On se bat toujours pour ce qui nous fait défaut !