Sysy77 a écrit:Je dirais plutôt qu'une majorité a toujours une impression faussée d'invasion lorsqu'une minorité s'agrandit.
C'est bien ce qui se passe dans le monde de la BD : l'offre s'étend en même temps que de nouvelles formes ou propositions de BD apparaissent.
Je trouve que la très nette augmentation d'auteurs féminins ces dernières années dans le monde de la bande-dessinée franco-belge (et européenne en général) est en effet une richesse supplémentaire dans l'ensemble de l'offre de bandes-dessinées.
Et cette offre supplémentaire, n'en déplaise à certains de ses contempteurs, est loin de se limiter à des "bd de bloggeuses mal dessinées" (exemple, deux de mes derniers achats : Contrapaso de Teresa Valero et Joe la pirate dessiné par Virginie Augustin, on ne peut pas dire que c'est du "dessin de bloggeuse").
Ces autrices apportent évidemment avec elles leurs univers, plus féminins sans doute, différents certainement, contribuant à une plus grande diversité des approches face au récit, aux personnages, au dessin, aux sujets traités.
Certaines ont beaucoup de talent, d'autres moins. Comme les hommes, en fait.
Est-ce que tout cela fait de ces nouvelles propositions une espèce de corpus féministe?
Certains albums sont à l'évidence ouvertement féministes mais beaucoup d'autres apportent juste un regard plus féminin sans qu'on puisse à mon sens classer cette production sous la bannière féministe.
Si je fais le compte des albums de bande-dessinée franco-belge (ou européenne au sens plus large) que j'ai achetés cette année, je m'aperçois qu'il y en a beaucoup qui ont été réalisés ou coréalisés par des femmes. Ca ne fait pas de moi un féministe acharné, ni un adepte de la culture woke importée des Etats-Unis. J'aime plutôt à penser que ça fait de moi un lecteur ouvert à des propositions de bande-dessinée les plus diversifiées possibles (dans les limites de mes intérêts évidemment).
J'aimerais aussi rappeler que mettre en scène des personnages féminins qui sont actifs, qui agissent sur leur destin, qui sont complexes, dont les comportements sont valorisés dans le récit, ... ce n'est pas du féminisme. C'est juste accorder une place un peu plus juste à la moitié de l'humanité.
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - "Arbre de fumée"