lusabets a écrit:Voilà, c'est fait. Acheté et lu cet album des aventures de Lefranc.
Contrairement à beaucoup sur ce forum, je suis déçu par deux choses :
- la faiblesse du scénario.
- le dessin médiocre.
Dire qu'il y en a qui sont satisfaits par le dessin.
Oulalah ! Quelle misère, ce graphisme.
- Les personnages sont raides comme des piquets.
Sur une vignette, (vinette 8, page 24) Lefranc possède des bras de singe (exagérément longs)
Certains personnages ne tiennent pas debout.
- Les bagnoles ? Pfff !
Des automobiles en caoutchouc, à plastique variable.
(Une 403 vue de l'arrière qui se met à ressembler à une Rover, années 1950/60 : vign.3 page 14)
La plaque d'immatriculation de la 403 : 0410 OJ 75...
Des camions approximatifs. (page 23 et 24) L'un doit être un Bernard, l'autre un Renault Tancarville avec
une grue, façon bricolage en bois (!) : inspiré d'une auto miniature de marque C.I.J. ?
D'ailleurs, il est très aisé de transporter un avion pratiquement complet sur un simple camion-plateau !
Et évidemment, l'éternel retour d'un gyrophare bleu sur un 1000 kg Renault des Gendarmes (vign.9 page 31)
- Quant aux perspectives de l'avion, le dessineux aurait pu se monter une maquette en carton pour observer sous tous les angles la silhouette correcte du zinc.
Un léger anachronisme avec une cabine téléphonique publique dans la charmante commune de Luxeuil-les-Bains
(en 1955, le 6 octobre, la première cabine téléphonique installée sur la voie publique, équipée d'un taxiphone à pièces de monnaie, est inaugurée en France, à Paris, à Saint-Germain-des-Près, par M. le Ministre des PTT, Édouard Bonnefous).
Luxeuil-les-Bains devant être sans doute la seconde commune à accueillir une cabine interurbaine en 1956 ?
Quelle classe !
Niveau scénario : du pépère convenu et invraisemblable, avec des barbouzes. Mais ce n'est pas du Lautner.
Des curiosités au niveau des dialogues.
Parler de bassin d'emploi en 1956 (lors de la visite de l'usine, page 29).
D'ailleurs, c'était courant après 1945, de laisser à l'abandon, sans aucune visite des autorités, une usine après un bombardement.
Je tique sur le terme garde à vue, toujours en 1956 (page 32).
Un gendarme pas très honnête se fait muter sur mesure disciplinaire à Saint-Pierre-et-Miquelon.
L'inspecteur Renard (arrivé dans cette histoire comme un cheveu dans la soupe) déclame :
- Il écope d'une mutation disciplinaire à Saint-Pierre-et-Miquelon. Un endroit où
il pourra tranquillement réfléchir à ce que devraient être les notions de devoir et
d'éthique pour un fonctionnaire d'État.
Le flic Renard oublie qu'un gendarme est un mirlitaire et non un fonctionnaire...
Quand à employer le mot éthique dans la bouche d'un poulet, en 1956... Je reste dubitatif.
L'histoire en elle-même, est tirée par les cheveux.
Deux avions (prototypes, ne l'oublions pas) détruisent en quelques minutes une colonne de chars chleus,
un seul survivant sur tout le détachement, ce qui permet de raconter cette histoire.[Révéler] Spoiler:À la fin de l'album, un de ces avions survivants, si merveilleux et fantastique qu'il inflige la même punition en Hongrie, contre les chars russkoffs, et cerise sur le gâteau, échappe à une poursuite donnée par des Mig ! Mazette !
(l'action se produit en 1956, l'occasion était trop belle de faire un petit peu l'anti-russe pour dans ce scénario miteux.
Déjà que l'on sent une discrète critique vis-à-vis de 1936 et des décisions du Front Populaire...)
Le scénariste aurait pu penser à faire intervenir cet avion si moderne et si efficace à Suez, pendant qu'on y était !).
En conclusion, encore un album où l'on trouve du grand n'importe quoi.
(une pensée émue pour l'album Le Vol du Spirit, qui n'était pas triste pour les invraisemblances sur la chose aérienne. Je suis conscient que ce n'est que de la bande dessinée, mais il ne faut pas trop prendre les lecteurs pour des imbéciles, non plus).
Nota : je ne vous met pas les vignettes mises en cause, il y en a beaucoup trop.
Bon, que répondre ? Sachant que c'est mon premier post sur ce forum.
Côté dessin, il faut reconnaître que c'est une des meilleures reprises de Jacques Martin pour tout son univers. Je ne suis pas totalement fan des visages dont l'expression apparaît parfois incertaine ou un peu crispée, mais tout de même... On est loin de Raphaël Moralès.
Côté scénario, quelques invraisemblances ; ce qui m'a le plus choqué, c'est qu'un appareil des années 30 à train d'atterrisage fixe puisse être aussi maniable et que son armement assez léger (deux canons) puisse lui permettre de détruire des blindés. Passe encore pour des chars allemands de 1940, pour moitié des modèles légers et peu blindés (Panzerkampfwagen I ou II). Contre des T-34, par contre...
Le TJ Arès évoque par sa silhouette plus un bombardier d'assaut qu'un chasseur, mais on dit ici que la Dewoitine 520 a été préféré à celui-ci, donc c'est bien d'un chasseur qu'il s'agit. Soit dit en passant, le Dewoitine 520 était le meilleur chasseur français de 1940, le seul souci pour l'armée de l'Air de l'époque est de ne pas en avoir eu plus. La vraie erreur de casting à la limite du scandale est le choix dans les années 30 du Morane Saulnier 406, appareil franchement médiocre au vu des performances des chasseurs contemporains.
Mais je pinaille un peu. C'est un album très agréable à lire. Par ces temps où la qualité en BD se fait un peu écraser par la quantité, la série Lefranc reste une valeur sûre.