Etrangement, en voyage ou en vacances, je lis plutôt des romans, et le reste de l'année de la BD.
Donc, si je résume d'après vos premiers retours, le seul gros avantage, c'est le gain de place au transport et au stockage ? Ce n'est même pas moins cher ? Le confort de lecture pas meilleur (voir pire) ? Il faut une tablette puissante (donc chère) ? On peut quand même se prêter les livres entre nous ? Qu'est ce qu'il se passe si l'on résilie son abonnement ? Et si on n'a plus de tablette ?
euh... si vous le dites a écrit:Techniquement et commercialement, la possibilité de maintenir une offre importante et variée sur une longue durée me semble bien plus importante via le numérique que via des supports physiques.
Et c'est quelqu'un qui travaille dans le domaine de la préservation de patrimoines audiovisuels qui te le dit.
Pour ce qui est de la préservation des oeuvres numériques, je ne suis pas vraiment d'accord. Pour travailler moi aussi dans l'audiovisuel, la conservation de nos productions est très chère et hyper problématique. Le Dépôt Légal du CNC s'arrache les cheveux dans le stockage de nos fichiers numériques n'ayant pas encore réussi, avec la CST, à se mettre d'accord sur une norme et sur un support meilleur que le 35mm (durée d'environ 100 ans au bas mot dans de bonnes conditions de conservations). Le LTO n'ayant qu'une durée de 30 ans, bien raccourcis car nous avons eu la mauvaise nouvelle de ne plus pouvoir extrait des données de ces bandes de moins de 5 ans car les codecs n'étaient plus lus. Je ne parle même pas du disque dur (même SSD) dont la durée de vie est bien maigre. Notre entreprise renouvelle tous les trois à quatre ans l'entièreté de ses archives sur disques durs. C'est dire la pérennité ! Sans parlé des fois où des TV nous ont contacté pour récupérer des productions qu'on leur avaient vendues car leurs disques durs ont crashé !!! (effarant mais vrai !) Et tous ces "vieux" fichiers vidéos (environ 10 ans) qu'on ne plus plus lire dans nos application professionnelles, qu'il faut donc perpétuellement ré-encoder (et re-sauvegarder !). Je vais faire l'impasse sur les enjeux environnementaux quant à la prolifération des supports numériques que l'on fabrique et que l'on jette.
Pour ce qui est du maintien d'une offre culturelle importante sur serveur, ceci me semble encore plus douteux. Il n'y a qu'à voir la complexité pour obtenir des offres de films et musiques légales un peu "pointues". Fichiers de mauvaises qualités, pas de VO, etc. Sans parler des droits qui sont cédés à certaines plateforme et pas à d'autres. Idem pour le livre. Par exemple, ma femme a voulu investir dans un Kindle. Sauf qu'une majorité des livres qu'elle lit (en allemand !) ne peuvent être télécharger de France faute d'accord sur les droits avec le pays. Trop pratique... (oui oui, y'a qu'à se payer tous les moins un VPN ; s'il faut commencer à faire constamment de la bidouille informatique juste pour se pauser et lire tranquillement un bouquin, très peu pour moi).
Enfin, pour est de donner des accès variées dans la BD, via des plateformes, je pense qu'il ne faut pas trop se leurrer. Celles-ci mettront toujours en avant les gros titres commerciaux (entourés de publicité ciblée en revendant nos habitudes de consommations à d'autres entreprises de publicité), et les gros éditeurs auront toujours plus de moyens pour renforcer cette mise en avant. L'offre variée n'existe que si l'accessibilité à tout est équitable ; ce qui n'est déjà pas possible avec 5000 titres par an, et ce qui l'est encore moins sur un serveur (qui peu être débranché à tout moment en plus).
Je ne suis pas contre la numérisation de la BD, il est logiquement que sa part de marché augmente. Mais autant je voyais un vrai progrès technique avec le film et la musique (avec les limites de conservations vues plus haut), autant pour le coup, je ne vois pas trop avec la BD, mise à part, comme dit plus haut, pour le lecteur non collectionneur qui ne relira pas ce qu'il a acheté. Ainsi, l’enjeu de l'achat d'une oeuvre BD ne résiderait plus dans l'acquisition d'un objet et d'une histoire à relire et à transmettre, mais s’apparentait plus à une consommation streaming : on consomme titre par titre, dans le cadre d'une play liste, sans retour en arrière ni mémoire culturelle. Du flux quoi. Why not.