lobo a écrit:Il suffirait pour certains groupuscules de publier une BD à compte d'auteur, sous couvert de l'alibi artistique, pour diffuser leurs idées nauséabondes contraires à la loi et d'appeler à la haine, voire au meurtre.
C'est pourquoi je disais à la suite de Nexus que le problème était le self-publishing permis par internet. Auparavant, les éditeurs et galeristes faisaient ce travail de transformation d'une expression individuelle en "oeuvre d'art" digne d'aller à la rencontre du public. Et le public faisait son choix, en fonction de ses goûts, guidé par sa connaissance du champ des éditeurs ou des galeristes. Aujourd'hui ce n'est plus vraiment le cas...
Je n'aurai pas du ajouter "à compte d'auteur".
On peut très bien imaginer, dans ton raisonnement, qu'un groupuscule ou parti politique fonde sa maison d'édition, afin de créer des livres et bande-dessinées dont le but serait de diffuser leurs "opinions" racistes et antisémites.
Le racisme et l'antisémitisme n'est pas une opinion mais un délit. Pourquoi une bande-dessinée dessinée dans le but de le diffuser serait autorisée ?
lobo a écrit:
Ce que je n'aime pas dans ta phrase c'est "idées nauséabondes contraires à la loi". L'homosexualité, qui pour toi est "tout à fait normale" (cf. un des tes posts plus haut, et je te précise que bien que, moi-même, cisgenre mâle hétéronormé, j'ai toujours été compagnon de route des combats pour les droits des homosexuel(le)s), l'homosexualité était il n'y a pas si longtemps "contraire à la loi" dans certains de nos pays les plus proches et conduisait au bûcher en France jusqu'en 1791. Alors ? Contraire à la loi ? Belle justice qu'une rivière borde...
Sauf que je parle de racisme et antisémitisme. Tu peux imaginer un jour que ces idées deviennent "tout à fait normales", tout comme l'homosexualité aujourd'hui ?
J'espère que non.
Et on est dans le cas contraire ici : l'homosexualité qui était considérée comme une perversion est aujourd'hui considérée comme une préférence sexuelle aussi normale que l'hétérosexualité. C'est une avancée progressiste de notre société.
Le racisme on est dans le cas contraire. Il y a 150 ans / 100 ans encore, la société baignait dans le racisme ordinaire, qui n'en était pas un. Si tu lis Jules Vernes, dont l’œuvre se veut un constat des connaissances scientifiques, géographiques, écologiques et humaines de l'époque, les noirs sont décrits comme des sauvages, comme une race inférieure proche physiquement du singe. Ce n'était pas raciste à l'époque.
Donc, pour le racisme, on est dans le cheminement complétement inverse. Ce qui était banalisé et dans la norme à l'époque ne l'est plus. C'est aussi une avancée progressiste de notre société.
Je ne vois pas comment le racisme pourrait redevenir "normé". Donc, oui les idées racistes et antisémites sont nauséabondes. J'espère qu'il n'y a pas de débat là-dessus.
marone222 a écrit:Je reprends mon exemple de Mort à Venise, de Thomas Mann (que j'ai étudié en prépa, je le rappelle
). si on le lit au 1er degré, c'est l'histoire d'un vieux qui tombe amoureux d'un jeune ado et qui le suit partout comme un psychopathe pervers. Si on prend un peu de hauteur, il s'agit d'une réflexion sur l'amour et la mort, la passion et la raison, etc...Alambix, qui a eu 19 en philo comprendra
Merci de rappeler ma note qui devrait me valoir un rang !
Je suis d'accord sur ta vision de Mort à Venise.
Les relations entre les adultes et les mineurs existent. On peut en tirer une histoire, ce n'est pas le problème.
Toute la nuance est la manière dont celle-ci est racontée. C'est très différent.
Mort à Venise et La Décharge Mentale ne peuvent pas bénéficier d'une analyse identique.