euh... si vous le dites a écrit:L'expression raciste ou homophobe est un délit. Il n'y a pas de discussion sur ce point.
Par contre, produire une œuvre qui se place du côté de la la réaction à la lutte pour le droit des femmes ne l'est pas. Un artiste a le droit d'être un gros réac. Donc oui, pour reprendre les mots de Thierry, un artiste peut très bien, pour quelque raison que ce soit, "se mettre volontairement du mauvais côté de l'histoire". Pour moi, cette liberté n'est pas vraiment négociable, même dans le cas où je m'oppose frontalement aux idées véhiculées par l'œuvre.
En matière artistique, il me semble important que tout soit permis sauf ce qui est interdit. Et même quand c'est interdit, il me semble important d'approcher cette interdiction avec vigilance et circonspection.
Merci pour ta réponse, je posais ces questions sans hypocrisie, pour avoir ton avis là-dessus, vraiment. Car je mets le sexisme au même niveau que le racisme et l’homophobie (même principe) et je ne comprends pas qu’on les traite différemment encore. Comme le dit corbulon, il y a encore dans la société une complaisance vis-à-vis des violences sexuelles*.
Tout d’abord, ça a déjà été dit, mais j’insiste : l’outrage sexiste est légiféré aussi (comme toute discrimination en fait) et la pédopornographie aussi. Mais je demandais surtout ce que tu en pensais toi, au niveau philosophique ou vision de la société (pas au niveau judiciaire).
Il y a eu une époque où l’expression raciste ou homophobe n’était pas un délit, et donc certains ont poussé pour que ça le devienne. La liberté d’expression raciste ou homophobe a donc été à l’époque bafouée. Peut-être que nous observons la même chose ici ?
De plus, encore une fois, la pétition n’a pas demandé la censure, ni le retrait des BDs en question. La liberté d’expression, Vivès l’a eue, à mainte reprise. Là, on demande que cette liberté d’expression ne soit pas mise à l’honneur, car nous l’estimons dangereuse. A ce sujet je rejoins ce que mentionne corbulon plus haut
corbulon a écrit:il faut vraiment se rendre compte du degré de conditionnement. Ici on a quand mes des gens qui n’ont rien trouvé de choquant dans la décharge mentale où une fillette se prend une faciale. Le seul contre-point de l’auteur étant « olala tant que tout le monde est consentant ». Alors qu’en vrai par cette pirouette, il démontre son ignorance totale en matière légale. Outre le fait d’induire en erreur le lectorat non averti. Donc à partir de là, c’est totalement justifié que son travail ne soit pas mis en lumière. On rappellera que c’était la demande initiale des signataires de la tribune (marinacamille : non, de la pétition), donc pas d’interdiction de vendre les bouquins, pas de plaintes même…
Autre chose, on lit ici et là que la justice populaire ou le tribunal internet sont un scandale. Oui, effectivement, la justice populaire est très dangereuse, j’en suis pleinement consciente. Le problème rencontré ici est que la justice devant les tribunaux ou dans les commissariats n’est pas rendue en matière de violences sexuelles, malgré les textes*. Donc si elle n’est pas rendue dans les tribunaux, ni ailleurs, où est-elle rendue ? on fait quoi ? on continue de fermer notre gueule et prendre les coups ? j’extrapole, Vivès n’est pas visé par une plainte pour violence, je ne fais pas la confusion. Une partie de son œuvre, et ses déclarations (œuvre + déclaration = son expression), font par contre partie de la culture du viol, et cultivent donc l’impunité et ses conséquences désastreuses. Il est comme en roues libres, jouissant d'un syndrôme de toute puissance et sans conséquence, et c'est ça que nous souhaitons arrêter.
Donc tu as peur de la dérive de limiter la liberté d’expression, je le comprends tout à fait. Et de mon côté j’ai peur des dérives d’une expression qui porte préjudice et atteint la dignité humaine de toute une partie de la population (enfants, femmes), ladite partie étant par ailleurs victime* des violences qu’il érotise et banalise dans les BDs en question, qui font donc partie du problème. Et je pense que tu comprends aussi ce point de vue. On ne met pas le curseur des risques au même endroit, selon notre sensibilité, nos préoccupations, notre parcours personnel aussi peut-être.
* Si certains n’en sont pas convaincus, j’ai quelques stats sous la mainEdit PS: et je le redis car je crois que c'est important tant la confusion est grande: ce que décrit Vivès dans les BDs mises en cause n'a rien à faire dans une collection BD cul, car ce n'est pas de la sexualité, mais de la violence.