de zemartinus » 14/04/2008 15:13
Une claque énorme la première fois que je l'ai lu, une excellente lecture lorsque je l'ai réouvert... Certes Marc-Antoine Mathieu est plus "sage" qu'à l'habitude pour ce qui est de destructurer ses albums, il y a moins d'inovations graphiques, mais la créativité, l'imagination et le génie sont bien là. On se demande où il va chercher autant d'idées.
Eudes le Volumeur, un "expert", accompagné de son disciple Léonard, doit examiner de fond en comble les gigantesques sous-sols du Musée du Louvres (dont personne ne se rappel le nom dans l'univers si particulier de Mathieu - tout fan est en terrain connu). Gigantesques en effet : l'expert déambulera des dizaines d'années dans ces sous-sols, sans même réussir à établir un plan précis ni même à tout répertorier (et ce malgré le travail de ses prédécesseurs).
L'histoire est découpée en chapitres, chacun d'eux mettant en scène la visite d'un étage, d'une aile, d'un département particulier. Et à chaque chapitre ses extraordinaires idées et ses trouvailles sans nom. On se régale véritablement à avancer dans le livre en même temps qu'avancent les recherches du Volumeur, à être encore plus surpris à chaque fois que l'on tourne une nouvelle page.
Le moindre détail peut être conceptualisé, transformé, rendu tout à fait génial par les idées sans fin de l'auteur. Lequel auteur s'amuse à nous compliquer ce qui semblait si simple, à imbriquer des idées les unes dans les autres, à emmêler des concepts... (des tableaux de tableaux, des cadres encadrés, des copies copiées, des copies de copies de copies, des copies de copistes... mais surtout pas de copies de Copi (il est incopiable) (ne rajoutons pas d'exemple ça pourrait gâcher votre lecture (et j'en ai déjà trop dévoilé))). On a en plus de ça des jeux sur les mots exquis (amoureux des anagrames...) et quelques teintes d'humour bien senties. Et toujours cette réflexion sur l'art, sa perception, son contenu, sa reproduction, sa création...
Au pur noir et blanc habituel, on a ici quelques teintes de gris en plus. La parfaite opposition noir/blanc que Mathieu maîtrise si bien n'est donc plus là mais ces gris sont propices à l'univers du Musée et ne gâchent en rien l'impeccable ligne claire de l'auteur. De plus, même s'il est vrai que M-A M aurait put jouer un peu plus sur la forme, ce format carré est parfait et permet des découpages à la symétrie si cher à Mathieu.
Les Sous-Sol du Révolu est donc un album génial que tout fan de Marc-Antoine Mathieu se doit de posséder (et il en est de même pour les fans d'auteurs comme Fred ou Chris Ware).