mes lectures récentes :
un formidable pavé, classique des années 70 qui n'avait jamais été traduit chez nous ai-je l'impression, et que j'ai beaucoup aimé. Déjà, le dessin est très réussi, paysages bien rendu, visages expressifs, mise en page dynamique ...
Le pitch : un pharmacien ambulant parcours le Japon à la fin de l'époque d'Edo, à la recherche des assassins de sa mère, avec pour seul indice, l'effigie du Kuzuryu (dragon à 9 têtes) que sa mère serrait dans sa main lors du massacre du village natal du héros, dont il est le seul rescapé.
En plus de son commerce de remèdes, une solide formation dans les arts martiaux fait de notre héros un redoutable combattant, habilité qu'il utilise dans son "activité annexe" de tueur à gage ...
Le tout est narré sous la forme d'une multitude de courts chapitres, comme autant de récits indépendants, mais faisant généralement avancer l'histoire principale. Cet aspect feuilletonnesque est très agréable, permettant de changer d'ambiance ( dramatique, drolatique, romantique, contemplative, tout y passe ) sans nuire à l'homogénéité de l'ensemble, ce qui est la force principale de l'oeuvre.
Un Servais chez Aire Libre, pour un diptyque pas franchement enthousiasmant ...
Certe, le trait de Servais est toujours parfait, précis, et malgré une mise en page un peu statique, c'est beau à regarder ... mais les perso sont convenus, l'histoire cousue de fil blanc, et sur ces trames classiques du drame campagnard, un Comès ou un Chabouté donnent plus de profondeur à leurs personnages, créent plus d'empathie, là, pas une surprise scénaristique ne vient sortir le lecteur de sa torpeur.
Une charge implacable contre la bêtise guerrière : ici, nul héroisme, et nul misérabilisme, on est plutôt dans la démonstration par l'absurde. Récit autobiographique ( à 90%, dixit l'auteur ), on suit le quotidien d'une garnison japonaise occupant une île au large de la Papouasie, jusqu'au débarquement de l'ennemi ( qu'on ne voit quasiment jamais ), et l'ordre d'accomplir une attaque suicide pour mourir avec "honneur" face à cet ennemi très supérieur en armes. Tout celà avec un ton absolument décalé, tragiquement drôle, absurde, et cependant infiniment humain, le récit s'attardant sur l'aspect quotidien, ordinaire, d'hommes simples embringués dans un costume de soldat héroique bien trop grand pour eux, à cent lieues des habituels clichés sur l'amitié virile des soldats, leur courage, leur sacrifice, toute ces foutaises ...
Edifiant, et bougrement instructif sur la mentalité qui prévalait dans l'armée nippone de la WW2.
Et sinon, j'ai re-relu "les dimanches à rosbifs", et c'est toujours un chef d'oeuvre
Touchant comme jamais, drôle comme rarement, d'une sensibilité rare sans mièvrerie aucune, des perso attachants, un scénario parfaitement construit, facile dans mon top 15.
- contrairement à des UW1, La Guerre Éternelle, Lupus, L'incal, etc., des choses aussi variées que ça que je prend plaisir à relire régulièrement.
mais ça fera des heureux chez les aficionados de cet univers)
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