de zanzibar » 22/10/2007 11:45
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L’âme du Kyudo
De Hiroshi Hirata
Lors d’un entrainement à l’arc parce qu’ils sont trop proche d’un village d’agriculteur, le père du jeune Kanza est tué par une flèche perdue. Très vite, le jeune Kanza se venge sur l’instructeur et encourt d’etre décapité s’il ne tire pas une flèche sur une cible à plus de 120 mètres. Là, il prouvera son courage, et sa détermination… sauf que le titre ne commence pas là.
[spoiler]L’auteur commence par narrer la succession des performances faites par un nombre incalculable d’archer. On peut rapidement remarquer l’extremisme de l’épreuve avec la réussite ou la mort qui réduit la légende du Toshiya à une performance ou au Seppuku. Sans oublier le petit commentaire émotionnel ou questionnant qui va avec. Et c’est à partir de cette légende que l’auteur interpelle le lecteur sur le prestige à fournir une telle performance ( prestige social forcément !) et sur le sens qu’il propose. Et c’est là qu’entre en scène le jeune kanza, un personnage de bas rang qui ambitionne après la mort de son père de devenir « premier sous le ciel ».
Quand l’esprit de notre jeune héros doute, après des entrainements extrêmement éprouvants physiquement, plutot que de nous sortir une raison toute faite ou des raisons toutes faites, l’auteur s’applique pour raconter un récit par un mentor, un maitre pour apaiser l’esprit de notre jeune héros. Ces récits narrant les exploits ou échec d’ancien archer dont la particularité est de faire ressortir fortement l’aspect sacrificiel de la société de l’époque( sacrifice familial, ou bien parce que l’on porte tel ou tel nom… !), ou un duel contre le néant et la mort ( l’infini !). Bref un brillant tour de force de la part de l’auteur qui accroche encore plus le lecteur au devenir de notre jeune héros ambitieux. Un peu plus loin, parce que notre héros collectionne de très bon score, il se liera d’amitié avec le jeune Yoshimi. Dans le meme malheur et la meme cruauté de la performance l’un et l’autre se soutiendront mutuellement, ce qui aura un façonnement encore plus profond affectivement que les maitres et une forme d’émulation entre les 2 . Là encore l’auteur surprend par son application. Au moment de passer l’épreuve légendaire, des révélations feront passer notre jeune héros du Fief Kii au fief Owari. Et c’est un an plus tard qu’il réussira à passer Huit mille flèches. Et c’est là que l’intelligence de l’auteur ressort encore plus parce que notre jeune héros se rend compte qu’il n’explose pas de joie, mais il a plutot un sentiment d’achèvement, d’accomplissement, de soulagement parce qu’il a enfin atteint son but un bon nombre d’années plus tard.
Il y avait quelque chose d’inhumain à réussir une telle performance….
En multipliant les récits l’auteur réussit le tour de force de me faire apprécier un art que je connaissais meme pas avant d’ouvrir cet énorme pavé de 500 pages : « l’art du Kyudo ». Mais surtout en humanisant tout doucement le mythe, la légende du Toshiya et ce avec beaucoup d’intelligence il rend son titre immensément intense, et émotionnellement fort. Les puristes rajouteront qu’il a fait un énorme travail sur les samourais, et leur mode de fonctionnement au 17 eme siècle ( ce qui est vrai !), mais ça pourrait etre chiant à mourir.[/spoiler]
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Mieux vaut être un crétin qui baise qu'un génie qui se masturbe.--Jean Yanne