de zanzibar » 24/09/2007 16:58
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Berserk t 21
De Kentaro Miura
Ou en étions-nous ?….Ah, oui. Casca était sur le point d’etre brûlée vive par une masse trop attachée à Dieu. Guts se battait contre des ombres. Puck et Isidro sentaient que ça allait mal se finir, et c’est dans tout ça qu’un œuf se pliait au mythe pour créer un monde parfait. Mais surtout on se rendait compte du processus de création de l’auteur.
[spoiler]La grande réussite de l’auteur tient du fait qu’il amorce le cheminement par une prédiction ( Zodd la première fois, l’enfant la seconde !), puis il crée une myriade de cause et d’effet émotionnel qui aboutiront a un paroxysme momentanée de la divination. Nous avons là un processus psychique ( celui du plaisir ?) qui meme enfouit sous des tonnes de connaissances institutionnelles marche toujours. Parler de tomes de transition ou de tout terme avoisinant est totalement incongru. On peut donc facilement affirmer que le tome suivant sera une amorce. Mais laquelle sera-t-elle, ou lesquelles seront-elles ? Meme si on se doute de certains évènements.
Et c’est dans cet énorme cheminement que l’on en rencontre d’autres : notamment le processus d’influence qui nous permet de coexister en partageant le meme mythe. Les mythes étant constitutifs du genre humain, évidemment il y a 2 poids 2 mesures chez le mythe : les contes pour enfant ( peau d’ane, le petit chaperon rouge, le petit poucet… ), et ceux pour adultes avec l’argent, la performance, la technologie, la liberté etc….
Et par là, le simple événement ou l’on éprouve une émotion commune, ou l’on adore une meme représentation, et ou l’on effectue ensemble les memes rituels crée un délicieux sentiment d’appartenance. Sauf que l’ennemi de la vérité ce n’est pas le mensonge, c’est le mythe ! Nous nous méfions des mensonges et cherchons à les repérer, alors que nous adulons les mythes et demandons à nous y soumettre. Et ce n’est pas la persuasion qui entraine la soumission, c’est une mise en scène, un scénario comportemental qui structure l’émotion et la fait circuler. Une superbe vie par procuration, un semblant de vie qui n’a absolument rien à voir avec l’enfance. A partir de là, on tient le role de « Griffith », et de sa sublimation.
Tout cela pour en venir à Farnèse qui a en partie comprit le problème du mythe de la religion. Il ne s’agit pas d’en faire une critique longue et fastidieuse, mais de l’exprimer au travers d’un ou de plusieurs personnages . L’éclair de cette jeune femme réside dans la manière dont elle a pris conscience du problème, c’est-à-dire en considérant que la religion nous habille et que l’on s’en pare, et non pas dans une découpe abusivement claire entre la religion et l’Etat. Cette jeune blonde, une blonde plus fine psychiquement que ceux qui ont inventé la démocratie ( HA !HA !HA ! je rigole.), considérait qu’il y avait du vide autour d’elle, elle se vidait lentement sauf quand elle s’infligeait des blessures douloureuses. C’était sa manière de se sentir exister, la douleur ayant tendance à contraindre au réel. On peut le rapprocher à l’environnement parce qu’elle avait grandi dans d’immense pièce froide et glacée, mais aussi du fait que ses parents devait etre continuellement absent, vivant mais absent. Le revers de la médaille pour une princesse ! Et comme il suffit de peu de chose pour enclencher un autre processus, là voilà déjà partie derrière un homme capable de remuer ciel et terre pour sauver une femme.
C’est toute la force et l’intelligence de l’auteur de Berserk de ne jamais enfermer ses personnages ou une peccadille suffit pour se métamorphoser psychiquement. Et au travers de Guts l’auteur pose une question grave : « Faut-il pour etre humain se soustraire au régime, à l’ordre ( Théocratie, démocratie, etc…) en vigueur ? ». Des réponses ? Sans oublier Casca avec laquelle on pourrait faire un cours sur l’inconscient psychanalytique puisqu’elle éprouve un sentiment de son passé continuellement sans se souvenir des causes.
Ca pourrait etre un récit d’heroic-fantasy chiant mais au final c’est un titre brillant mené avec beaucoup de brio ! !
Bravo ! ! ! [:prejoris:2] [:prejoris:2][/spoiler]
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Mieux vaut être un crétin qui baise qu'un génie qui se masturbe.--Jean Yanne