corbulon a écrit:Thierry_2 a écrit:corbulon a écrit:L’art de mettre en lumière un mec même quand le sujet porte sur les violences faites aux femmes, épisodes 19587.
sur 6 épisodes, 4 sont centrés sur des femmes.
et je trouve que c'est justement extrêmement important que la confrontation finale soit entre deux hommes. Tout le discours de Gourmet sur la nature de bon père de famille du violeur, loin de l'image d'Epinal du prédateur isolé et déviant n'en est que plus fort. Cela casse la solidarité masculine, celle qui refuse inconsciemment que le coupable puisse être "l'un des nôtres". Les différents échecs sur l'enquête sont en général le fait d'une forme de déni masculin:
le déclassement d'un viol en une tentative de vol assorti d'un "que faisiez-vous là aussi tôt" conclu par un "vous avez eu de la chance"
le recours massif aux mains courantes au lieu de prise de plainte
les biais qui consistent à soupçonner un marginal, si possible étranger au lieu d'un local et à refuser de considérer un type normal comme coupable
le portrait robot très fidèle sans que personne ne fasse le rapporchement parce qu'Enzo, il est sympa
la légèreté sur la prise de l'ADN qui aurait permis de résoudre l'affaire 15 ans (et combien de victimes en moins?)
le personnage de Gourmet casse le cycle et c'est primordial pour montrer que si les hommes ne prennent pas conscience de la réalité, rien ne changera, malgré tous les efforts des femmes. Ce n'est pas un white daddy savior.
Bon déjà malgré tout le delirium tremens d’Ocatarinetabelatchixtchix, j’habite en Suisse, donc je n’ai pas encore pu voir les deux derniers épisodes de manière légale. Ensuite vos réactions portaient sur la prestation d’un acteur et non pas du personnage incarné. Donc encore une fois l’art de n’avoir quelque chose à dire uniquement quand il y a un élément masculin fort qui ferait décoller la série me parait aussi symptomatique d’un biais androcentré. Par exemple je te trouve bien sévère avec le personnage de la juge, qui quand même on le rappelle est jeune et idéaliste. Ce qui fait que oui, elle est droite dans ses bottes, et ce qui ne va pas l’empêcher de commettre une erreur parce que trop obnubilée par le cas, elle va en négliger un autre qui conduit à la relaxation de malfrats. Quand à Christine Labot , pour moi c’est quand même un personnage fort qui est la preuve de la résilience des femmes, elle se fait agressée, ça bousille son couple, perdre son travail, mais ça ne l’empêche pas un peu plus tard de monter sa propre affaire et de faire tout ce qui est en son possible pour que sa fille ne vive pas pareille expérience (voir la,scène avec le spray au poivre). Ce qui est aussi intéressant d’ailleurs c’est qu’on idéalise absolument pas les femmes, voir par exemple le personnage de la profileuse, ou encore le personnel féminin de la mairie qui n’est pas vraiment solidaire avec leur collègue qui a été victime d’un viol. Enfin je ne fais pas parti des gens qui croient qu’une personne peut modifier le cours des choses. Et que ce n’est pas anodin que l’affaire soit résolue à la fin des années 2010. Les mentalités ont quand même fortement évolué (par exemple ce n’est plus un homme qui s’occupe de l’examen médical d’une femme violée), et maintenant les femmes sont écoutées, même si souvent ça ne débouche sur rien. Alors oui les hommes doivent les aider, et si certains le font, c’est le résultat d’une prise de conscience. Et cet éveil, il est rendu possible en amont par un défrichage d’activistes qui sont le plus souvent des femmes. Donc on ne peut pas dire que les efforts des femmes sont vains, ils sont nécessaires même si ce sont souvent les hommes qui en retirent les lauriers.
il ne faut pas confondre les intentions avec la réalisation. J'ai encore cette faiblesse d'aimer qu'une histoire soit bien racontée et que la narration soit fluide. De ce point de vue, Sambre présente quelques lacunes.
Bien sûr, le personnage de Christine Labot permet d'explorer la reconstruction d'une victime, mais aussi le trauma qui l'habite et qu'elle transmet inconsciemment à sa fille. Le problème est que si l'intention est claire, en tant que spectateur, j'ai un problème quand je vois une scène et que je me dis qu'elle a été introduite de manière artificielle. Dans les épisodes 2 à 4, ses rares apparitions semblent ne servir à ce qu'on ne l'oublie pas, comme si on les avait ajoutée après coup. D'un coup, les ficelles sont trop visibles. Le propos est essentiel, mais mal géré.
Quant à la juge, si son rôle dans l'intrigue est central et que c'est en très grande partie grâce à elle que l'affaire a été comprise, je reproche au personnage de tomber très vite dans une facilité d'un jeu sans nuance, qui fait que sa psychologie soit succinte au possible. Cela empêche Pauline Parigot de faire quoi que ce soit d'un peut intéressant avec le rôle. Par contre, Noémie Lvovsky (dont j'ai dit tout le bien que je pensais quelques interventions plus bas, ce qui devrait me dédouaner du vilain biais androcentré) et Clémence Poésy ont des rôles beaucoup plus subtils et en tirent un nettement meilleur parti.
Il est d'ailleurs amusant de voir que le rapport établi par Cécile Dumont, le personnage de Clémence Poésy, n'est jamais mentionné par la suite (ni le profil psychologique foireux). Cela rappelle aussi un problème connu et qu'on a aussi vu dans l'affaire Fourniret : le manque de collaboration entre polices française et belge. Si, à terme, c'est une info belge qui permet d'identifier le violeur, on sent quand même qu'il n'y a pas eu un gros échange d'informations qui a fortement retardé l'enquête.
et je suis tout-à-fait d'accord sur l'illustration de l'évolution des mentalités et de la prise de conscience sur les aggressions sexuelles. Sambre est salutaire sur le sujet. Cela ne veut pas dire qu'il est interdit de relever ce que je perçois comme des faiblesses dans l'écriture et l'interprétation
Et pour rompre avec l'androcentrisme, j'ai mentionné le personnage de la juge qui me semble raté, mais le personnage du policier Blanchot, l'un des rares présents du début à la fin, est aussi mal torché. Il doit illustrer le décalage complet, à la limite de l'incompétence de la police, ainsi que l'aveuglement face aux faits et l'entre-soi local qui empêche d'imaginer que le coupable puisse être l'in des nôtres. Julien Frison fait ce qu'il peut pour faire exister ce personnage, mais en vain. Il donne l'ilmpression de n'être qu'une utilité scénaristique.