artemus dada a écrit:
(Amusant de voir que le code couleur des régiments de cavalerie a été repris pour les agents de police)
L’impression tenace qui me reste après avoir regardé le premier épisode de la série télévisée du moment « Watchmen », a la forme d’une question.
Pourquoi Damon Lindelof a-t-il tant tenu à raccrocher son propre projet à la bande dessinée d’Alan Moore et de Dave Gibbons ?
Alors même que ce premier épisode aurait pu en faire l’économie. Et y gagner bien plus d’intérêt.
S’appuyant sur un prologue très fort, et méconnu de l’Histoire étasunienne ; qui par ailleurs n’apparaissait pas dans la maxi-série originale publiée par DC Comics. Empruntant le chemin de l’uchronie ; genre qui n’est pas plus la propriété d’Alan Moore que de quiconque. Plus d’autres éléments que je ne citerai pas pour ne pas trop déflorer l’intrigue. Ce premier épisode avait tout pour être original.
Surtout que les liens dudit épisode avec la bande dessinée sont tout à fait anecdotiques et très accessoires.
Je trouve même qu’ils en parasitent la réception. Du moins pour ceux qui, évidemment, connaissent la bande dessinée.
Si certains clins d’œil, car il ne s’agit pour l’instant que de ça, risquent (heureusement) de passer inaperçus, le dernier parvient, malgré lui (?), à dédramatiser une scène symboliquement très forte.
Et si dans la BD, du fait même d’en être une, la planche dont s’inspire justement cette scène était particulièrement saisissante ; elle est devenue tout ce qu’il y a de plus banale en terme de réalisation télévisuelle.
La réalisation est à mes yeux, une des plus flagrantes faiblesses de « It’s summer and we’re running out of ice / c’est l’été et nous sommes à court de glace ».
Là où la bande dessinée de Moore et Gibbons se singularisait par un énorme travail sur la forme, et reste encore dans ce domaine une référence, l’épisode en question - réalisé par Nicole Kassell - est d’une platitude presque embarrassante.
Un autre sujet de gêne a été pour moi, outre certaines facilités scénaristiques, le personnage du « Panda », dans la scène de l’article 4. Difficile d’imaginer qu’on puisse croire , avec toute la meilleure volonté de suspendre son incrédulité, à un tel déguisement. Toute la solennité du moment a bêtement volé en éclat.
Cela dit même dans des scènes plus anecdotiques, à force de citer pour le seul plaisir de le faire, on s’y perd :
Bref, dommage en l’état d’avoir voulu faire de cette série une suite à « Watchmen », alors qu’avec tout ce qui lui est étranger Damon Lindelof tenait une série intéressante. Et qui n’aurait pas souffert de la comparaison.
C’est valable si on attends une adaptation rigoureuse de Watchmen, or ça n’a jamais été le propos de Lindelof, et ce depuis la première offre de série télévisée qu’on lui avait fait il y a dix ans au moins. Par contre le Panda et les Rorschach me semblent des prémices plutôt rassurants de ce que Lindelof a en tête. On verra d’ici huit épisodes, qui a raison.