de cicerobuck » 01/12/2018 14:05
Je viens de me finir la seconde saison de Making A Murderer, trois ans après la première.
C'est du true crime, mais dans un sens inhabituel : Filmé sur dix ans, on suit dans la première saison Steven Avery, qui a passé 18 ans en prison pour un viol qu'il se révèle n'avoir pas commis (ADN et confession spontanée du coupable), malgré une police décidée à le faire payer. En effet, c'est un plouc un peu paumé, pas très aimable, un caillou dans la chaussure d'une petite communauté du Wisconsin droite dans ses bottes.
Une fois innocenté, la communauté tremble, car elle se retrouve sous la menace de payer des dizaines de millions de $ de dédommagements à Steven.
Heureusement et à point nommé, Steven kidnappe, viole et assassine une jeune femme et ne peux donc prétendre à son pactole.
Tout ça c'est le premier des 10 épisodes de la saison 1 que j'avais à l'époque avalé d'une traite.
L'objectif de ce thriller judiciaire est citoyen et humaniste, car oui, c'est très émouvant, mais surtout enrageant.
La série est un véritable phénomène de société et polarisait un an avant Trump l'Amérique de manière assez violente, entre les pro Avery et les anti. Pour avoir pas mal discuté online avec des gens de la région, c'était assez flippant.
Et puis sans crier gare, une seconde saison a récemment débarquée.
Franchement, j'y allait presque un peu à reculons, tant on s'en bouffe depuis 2 ans du conflit sociétal US (enfin moi en tout cas), et puis j'ai fini par démarrer, et 10 heures sont passées d'un coup.
Dans cette saison 2, on suit directement la suite des dix précédentes années, 3 années de batailles judiciaires avec de nouvelles équipes de défense, de nouveaux amours, l'évolution de la vie de cette famille autour de sa casse automobile, le retour du procureur crypto-gay/serialkiller-qui-s'ignore en star américaine, et surtout, la nouvelle avocate de Steven, la spécialiste des révisions de jugement de condamné à la perpétuité Kathleen Zellner, charismatique au possible : la petite soixantaine et la classe jusqu'au bout des ongles, c'est une sorte d'Elvira maîtresse de la nuit croisée avec Erin Brockovich, des yeux d'une douceur infinie et un tic de bouche avec une lêvre supérieure qui se soulève en quoi, un petit mouvement de quelques millimètres qui exprime tout le mépris et la rage que l'on peut ressentir face à l'injustice de la loi (bon ok, oui, j'ai une forme de fascination milfesque pour cette étrange momie).
Si ce "personnage est aussi fascinant, c'est parce qu'à travers ele et d'autres avocat, on plonge dans les arcanes du système judiciaire US comme jamais, mais avec grande pédagogie, et on se rends rapidement compte de la politisation de ce système, du fait que ces juristes ÉLUS sont souvent autant des personnages que le bras aveugle de la justice.
Bref, c'est du tout bon, et même si on n'est pas obligé d'adhérer à toutes les théories des défenses (e neveu de Steven - Brendan - est lui aussi en prison en temps que co-meurtrier, 16 ans lors de sa condamnation, 80 de QI, ayant confessé à une police lui suggérant toutes ses réponses, et c'est filmé!!!), mais l'ascenseur émotionnel bât son plein, et si suite (probable) i y a, j'en serai.
Toth, Tezuka, Trondheim, les trois T de cicerama