Le sujet de l'utilisation du calque pourrait donner lieu à une vaste étude, en effet. Même limitée à quelques auteurs parmi les plus représentatifs (Jacobs, etc...) ou seulement à Hergé.
Dans une des vidéos (la première de la visite guidée par Floc'h pour son exposition à Nérac, aux Rencontres Chaland 2020), Floc'h déclare avoir utilisé le calque pour les premières planches de son
Rendez-vous de Seven Oaks.
Sinon, dans la vidéo avec Philippe Goddin, sa réflexion au sujet d'un éventuel Rastapopoulos à la fin de l'album correspond exactement à ce que je faisais remarquer à un copain (qui ne connaît de Tintin que les albums ordinaires).
Cet été, je faisais à mon ami la même démonstration que Goddin, avec les mêmes arguments. Faisant valoir que la profession de producteur de films de Rastapopoulos au début des Cigares, coïncidait parfaitement avec celle qu'aurait pu avoir le mystérieux personnage au pif allongé, portant smoking et monocle, fumant cigare, et présentant des ressemblances avec Rastapopoulos. Un proto-Rasta, une préfiguration de celui qui apparaîtra quelques semaines plus tard dans les pages du Petit VIngtième ?
La supposition ou déduction
(mais elle ne marche plus avec l'édition couleur, où les pistes sont brouillées par suppression d'un personnage et de sa pique verbale) est admise dans la mesure où ce "pingouin monoclé" est assis à côté d'une jeune femme sexy dont le nom (Mary Pikefort) est énoncé par une grosse dame visiblement jalouse.
Mary Pikefort : à l'orthographe près, on comprend qu'il s'agit d'un personnage inspiré par l'actrice et productrice de cinéma Mary Pickford (qui fut un temps l'épouse de Doublas Fairbanks).
La planche du 15 septembre 1932
http://bellier.co/tintin%20en%20ameriqu ... vue110.htmDans l'album couleur (page 57, en bas), les déductions-suppositions fondées sur les activités cinématographiques de Rastapopoulos et de Mary Pikefort ne sont plus possibles.
Hergé a remodelé le visage de la dulcinée et supprimé la grosse dame à la remarque fielleuse. Du coup, la mignonne en tenue de soirée peut changer de statut et dans l'esprit du lecteur, devenir au choix, une call-girl, une épouse ou une maîtresse vénales, accompagnant un des riches et vieux messieurs qui sont à ses côtés.
Et de ce fait, impossibilité de rattacher quiconque au cinéma dans les personnages de la page 57. Ni la femme sexy (voire vulgaire), ni l'homme en smoking, monocle et cigare ressemblant ou préfigurant Rastapopoulos.
Lorsque ce dernier apparaît dans les Cigares puis se présente comme le directeur de la Cosmos Pictures, on est en décembre 1932.
http://bellier.co/cigares%20du%20pharaon/vue8.htm