Brian Addav a écrit:Oncle Hermes a écrit:Y a pas comme le nœud du problème, là ?...
y'a surtout le noeud de l'intrigue, mais t'as dû passer à côté
Je faisais surtout allusion à la façon dont tu arrivais à expliquer avec la même formule deux évènements diamétralement opposés.
Mais bon, oui, je vois ce que tu veux dire.
Et je ne disconviens pas de tout ça (la légitimité de Jijé à reprendre
Spirou, le fait qu'il ait une famille à nourrir et se comporte de façon "responsable"). Seulement il faut se mettre d'accord sur ce dont on parle : la "vérité historique", ou l'album que chacun peut lire ?
Cette conversation m'en rappelle une autre que j'avais lue sur un autre forum et un tout autre sujet, entre amateurs de musique classique. Il était demandé à quelqu'un comment il pouvait justifier son goût marqué pour un certain enregistrement d'un opéra, dont la médiocre prise de son noyait une bonne part des détails de l'orchestre, et dont l'interprète féminine principale se vautrait régulièrement dans les aigus du rôle. Ce à quoi l'intéressé répondit qu'il connaissait déjà l'œuvre par cœur à un point tel, qu'il
rétablissait instinctivement, immédiatement dans son esprit, les notes manquantes ou fausses à son oreille. Ahbahoui, c'est sûr, comme ça, c'est plus simple.
Alors mettons que je sois quelqu'un de très bête
qui aime bien qu'on lui mette les points sur les i. Moi je veux bien que le nœud de l'intrigue, ce soit Jijé qui
veut aussi provoquer Franquin pour qu'il se rende compte que c'est à lui de faire Spirou, de vraiment commencer à être un vrai dessinateur de bd.
C'est une belle histoire, en plus. J'aimerais juste qu'on me le montre (à moi et à la majorité des lecteurs de la BD qui n'ont pas fait une thèse en franquinologie comparée, et ne possèdent déjà pas tous les documents publiés sur cette virée américaine). Parce que oui je dois forcément avoir raté quelque chose et je suis tout prêt à reconnaître mon erreur si on me dit quoi. Mais en revanche j'aimerais bien que ce soit un "quelque chose", comment dire ? concret. Genre, imprimé dans l'album. Par exemple, une ligne de dialogue. À la rigueur une certaine attitude dans laquelle les personnages seraient dessinés. Pas une interprétation d'une interprétation de ce qui n'est pas dit entre les lignes mais qu'on peut rétablir facilement en remplissant soi-même entre les cases quand on connaît l'histoire la vraie.
L'Éducation sentimentale serait peut-être plus intéressante si on imaginait qu'entre les scènes qui nous sont décrites, Frédéric s'adonne à des activités de tueur en série ; malheureusement je ne crois pas qu'il y ait un seul mot du texte de Flaubert qui laisse ouverte cette possibilité. Ou alors si on veut on réinvente l'œuvre totalement : rien ne l'interdit, sauf qu'alors on n'appelle plus ça un commentaire.
Bon, après tout ça, je tiens qu'en même à rappeler que dans l'ensemble
j'aime bien cet album, hein (même si c'est d'abord pour ses qualités graphiques - mais pas que). Parce que j'ai l'impression de me retrouver dans le rôle du méchant démolisseur, alors que fondamentalement, là, quand même, on débat (avec acharnement) sur des points de détail. Enfin, il me semble.