Tireg a écrit:klorophylle 34 a écrit:Le trait de Franquin a quelque chose de particulier, un truc qui te scotche, les mouvements, les expressions, même jusque dans ces signatures il ce quelque chose qui le rend unique, magique, je ne sais pas si cela s'explique mais ça se ressent, tu peux rester des heures à regarder une planche de Franquin, tu trouvera toujours un truc, un trait, un dessin, une case qui vas t'éblouir.
Je ressens le même truc sur du Peyo, ils ont cette façon, cette magie dans leurs doigts qui rend chaque case sublime, qui magnifie le dessin, qui lui donne une âme.
Ah tiens, c'est marrant, moi je les opposerais quand même, Peyo et Franquin.
Peyo, c'est d'une lisibilité, une clarté totalement exemplaire. Il y a tout dans ses cases, mais pas forcément plus, dans le sens où chaque élément participe de la lecture. C'est la maîtrise totale de son médium.
Franquin, c'est l'inverse : il va aller rajouter des traits, des détails, des choses qui vont remplir la case sans que ce soit totalement justifié, mais qui va insuffler une vie et une vigueur qui n'appartiennent qu'à lui. Quand on regarde les décors de ses Spirou ou ses Gaston, les scènes de ville, il y a toujours des gens aux/derrière les fenêtres, dans des attitudes ou avec des gestes qui donnent un réalisme à la scène, là où d'autres se contenteraient de dessiner des ombres ou des lumières allumées ou éteintes. Ca n'a rien de narratif, dans le sens où les personnages ne seront pas repris derrière, et ça fait partie de l'angoisse de Franquin de ne jamais flouer son lecteur.
Je me souviens d'une interview de Delporte il y a quelques années, qui commentait une couverture de Spirou (l'hebdomadaire) par Franquin. Franquin l'avait appelé en lui disant que ça serait une scène de nuit (ou dans l'espace ? Ma mémoire me fait défaut), et Delporte avait soupiré de soulagement : tout en noir, avec juste les personnages éclairés, ça ne prendrait pas trop de temps !
Et Franquin avait rendu l'illustration en retard, Delporte avait gueulé parce qu'au lieu de peindre en noir comme n'importe quel humain normalement constitué, Franquin avait travaillé son ciel étoilé point par point. Juste parce que ça faisait mieux selon lui.
Ah mais d'accord avec toi ce n'est pas pareil, juste que le ressenti que j'ai est le même et là je te rejoins c'est que Peyo est très lisible, jamais trop, jamais pas assez juste ce qu'il faut pour rendre ses cases sublimes et ça c'est déjà le signe d'un très grand.