zxcvbnm a écrit:Thierry_2 a écrit:On peut aussi avoir une production plus artisanale, qui ne se contente pas de répéter un procédé aveuglément de fabrication et tourne le dos à la standardisation, jusqu'à, potentiellement, la pièce unique. C'est du fait main, avec des erreurs, des plantages, des accidents heureux, un soin apporté au détail, une patine qui rend l'objet plus intéressant que la chaise industrielle estampillée numéro 728120, qui ressemble autant à la 728121 qu'à la 728119.
Certes, mais est ce viable pour son auteur? Faut bien qu'il bouffe aussi. Ce genre de discours est toujours "cool", les gens "ah ouais, ah ouais, pas des moutons, surconsommations, système pourri" et toussa mais en même temps quand il s'agit de soutenir un auteur qui va faire un truc plus artisanal, en dehors des clous, etc... mais qui du coup sera obligé de vendre sa "production" 100 euros s'il veut en vivre, là il n'y aura plus personne.(ou trop peu pour que le projet soit viable)
Donc fatalement, le mec va "faire comme tout le monde" car comme tout le monde il a ses factures à payer et son frigo à remplir aussi
C'est toute la difficulté du statut d'auteur (BD, littérature, cinéma, musique...) : faire quelque chose de neuf, qui change par rapport à avant (dans sa propre "production" et/ou dans l'art qu'il pratique), mais surtout pas trop pour que ça se vende quand même et que les gens s'y retrouvent massivement.
Heureusement qu'on a des auteurs avec des propositions un peu plus radicales, nouvelles, pour apporter un peu de sang neuf. On sait bien que ces propositions seront "récupérées par le système" (cf. l'Association qui a été "mainstreamisée" avec Poisson Pilote, et dont les propositions sont maintenant relativement digérées par le grand public).
Et de l'autre côté, il y a les producteurs à la chaîne, qui abattent de la planche comme ils vissent des boulons dans "Les Temps Modernes". Du gag formaté, de l'aventure standardisée, du polar aux rouages bien huilés. Ca vend bien, on se sera bien détendu à la lecture, mais ça s'oublie aussi vite.
Les deux logiques sont valables, et sont même interdépendantes : comme l'avait dit Larcenet à une époque lointaine "Sans XIII, pas de Poisson Pilote !"
Et sans des propositions "d'avant garde" (j'aime pas le mot, mais il est parlant), on se scléroserait à lire les mêmes Tintin, Astérix et Gaston que nos grands parents. Ca finirait par s'effondrer.
Mais ce n'est pas pour autant qu'il faille généraliser un travail à la chaîne, là dessus je suis totalement d'accord avec Thierry_2 : on ne peut pas comparer une oeuvre avec le travail d'un salarié ou d'un entrepreneur. Lanfeust, t'aimes ou t'aimes pas, Crumb, t'aimes ou t'aimes pas, le fanzine de ton petit neveu, t'aimes ou t'aimes pas. Un tableau électrique, ça marche ou ça marche pas. Une plomberie, ça fuit ou ça fuit pas.