t'en arrives à croire que le message de l'article soit de dire que c'est possible pour tout le monde, alors que justement, l'article explique très bien la particularité du cas de Laurel et ses limites (les seulement 5000 contributeurs).
Ce n'est pas dans l'article, mais dans une note. (Et pour la réponse à ta question, voir point 3)
Premier point.
Il faut au passage sérieusement relativiser la « visibilité boostée » saluée par les journalistes, puisque l’on compte actuellement un petit peu moins de 5000 contributeurs à ce projet (pour autant de ventes, donc) — un chiffre bien éloigné des points d’équilibre des grands éditeurs
Là où il se plante encore, c’est qu’il relativise là où il ne faut pas. Qui peut se vanter aujourd'hui, même chez un grand éditeur, de vendre plus de 5000 exemplaires de son bouquin sans avoir ou en ayant tout au plus la notoriété de Laurel? Peu de gens si on regarde justement les chiffres auxquels vous tenez tant. Sachant aussi que le tirage moyen pour des auteurs tout aussi "moyens" se situe entre 3000 et 5000 exemplaires maximum chez un grand éditeur, la vente de 7962 livres de Laurel, pour être précis, est réellement un exploit et ne relativise donc en rien son succès mais qui reste pour autant une exception. C’est en quoi je disais que c’est un mauvais exemple pour dire que le crowdfunding est la solution miracle.
Deuxième point.
Il y aurait là de quoi sourire, si ce portrait idyllique ne perpétuait, en substance, la position centrale de l’éditeur — alors même que la démarche de Laurel (déjà publiée par ailleurs, avec une dizaine d’albums à son nom) vient à prouver, de bout en bout, combien il est dispensable.
La conclusion affirme bien que l'éditeur est "dispensable" sans nuancer la chose. On a même le terme, un peu péremptoire pour le coup: "vient à prouver".
De plus c’est à mon sens une erreur fondamentale que d’affirmer cela, car si l’éditeur paie peu, au moins il paie. Or, le crowdfunding n’a pas a vocation à rémunérer l’auteur pour son travail mais pour la fabrication de son livre. Là aussi on trouvera des exceptions comme chez Fernandez, mais la plupart des projets dont la rémunération des auteurs est intégrée, n’aboutissent jamais. En soi c’est normal, le public n’est pas là pour « payer un salaire » à l’auteur mais pour lui acheter son livre. Ce qui signifie donc que l’auteur bosse gratos sur son projet quand l’éditeur lui, le paie pour le faire.
De ce fait, difficile de se passer de l’éditeur si on veut vivre de son art.
Si on est tenté de me répondre que l’acheteur d’une BD chez un éditeur classique contribue à « payer l’auteur », non seulement c’est bien différent et ce n’est pas le choix volontaire de l’acheteur d’y participer, puisque c’est simplement un avantage contractuel entre l’auteur et l’éditeur qui lui permet d’avoir des droits d’auteurs (qu’il ne récupère pas toujours d’ailleurs).
Si on est tenté de me répondre que si les objectifs dépassent les 100% pour le crowdfunding, l’auteur peut garder le surplus comme rémunération. Pourquoi pas en effet. (mais cet éventuel surplus est il plus que ce qu'offre un éditeur à un auteur?). De plus, la plupart des projets financés, le sont rarement à plus de 200% et bien souvent, l’auteur préfère améliorer la qualité du produit (rajout de page, couv cartonnée, etc…) avec le surplus d’argent que de garder la différence dans sa poche. Sauf cas, encore une fois exceptionnels où les objectifs explosent, l’auteur ne peut compter obtenir une rémunération. Cela veut donc dire qu’il bosse gratos et que le crowdfunding lui permet simplement d’imprimer son projet. Ca ne va pas plus loin.
C’était le troisième point.
Toutefois, malgré ce que je peux en dire, je crois aussi aux vertus du crowdfunding mais pas dans sa forme actuelle. Elle devra encore évoluer ou que les gens soient prêts à rémunérer les auteur en plus de l’achat proprement dit de la BD avant que ce système puisse permettre aux auteurs de dire que l’éditeur est « dispensable ». Pour le moment on en est très loin….