Xavier Guilbert a écrit:Baba2016 a écrit:Je pense qu'illario voulait dire "acheteurs" quand il a dit "lecteurs" puisque pour nous, le lecteur est souvent l'acheteur du coup, on oublie de faire le distinguo car ca va de soi
Sauf qu'à nouveau, comme le montre l'étude que je cite, l'équation "lecteur = acheteur" est loin d'aller de soi.
C'est là toute la difficulté des études de marché: réussir à se départir de sa propre vision des choses, avec tout un tas de présupposés, de raccourcis et d'approximations, pour pouvoir vraiment tirer des données des enseignements.
Sur ce sujet précisément, je te renvoie au chapitre que j'ai rédigé dans ce bouquin:Dans cette cartographie de la circulation de la bande dessinée, deux typologies de lecteurs méritent alors que l’on s’y attarde : d’une part, les lecteurs qui n’achètent pas de bandes dessinées, et qui sont donc absents (si ce n’est momentanément) de la sphère commerciale (43 % des lecteurs) ; et d’autre part, les lecteurs qui ne possèdent pas de bandes dessinées (15 % des lecteurs), alors même que la « collection » semble être étroitement associée avec la pratique de lecture.
Ces considérations font apparaître quatre populations distinctes de lecteurs : les possesseurs/acheteurs (P/A, 53 % des lecteurs adultes), les possesseurs/non-acheteurs (P/nA, 31 %), les non-possesseurs/acheteurs (nP/A, 5 %), et enfin les non-possesseurs/non-acheteurs (nP/nA, 11 %).
Alors que lecteurs « occasionnels » et lecteurs « installés » sont presque également représentés au sein de la population des lecteurs âgés de 18 ans et plus (48 % contre 52 %, respectivement), on observe un faible taux de lecteurs « installés » au sein des populations de possesseurs/non-acheteurs (39 %), de non-possesseurs/acheteurs (37 %), et surtout de non-possesseurs/non-acheteurs (22 %).
Dans cette segmentation, la pratique de l’achat ressort comme fortement corrélée au fait d’avoir des enfants : ainsi, 59 % des possesseurs/acheteurs mais surtout 73 % des non-possesseurs/acheteurs déclarent avoir des enfants, alors que ce n’est pas le cas pour 43 % des possesseurs/non-acheteurs et de 42 % des non-possesseurs/non-acheteurs. Les non-possesseurs/acheteurs sont, de plus, en majorité des femmes (74 %), pour moitié (49 %) âgés de 30 à 49 ans, et qui déclarent à 84 % qu’une autre personne au sein de leur foyer possède des bandes dessinées au format papier – renforçant l’hypothèse d’un achat pour un tiers.
Par ailleurs, les possesseurs/non-acheteurs semblent être actifs et impliqués, s’appuyant sur d’autres pratiques que l’achat pour compenser ce « déficit » : ils se montrent ainsi plus enclins à avoir recours à l’emprunt (à une personne extérieure au foyer ou en bibliothèque) et à la lecture au format numérique que les deux autres populations de « non »
[/quote]alors que 41 % des lecteurs de plus de 15 ans ne sont pas acheteurs, et que 25 % déclarent avoir acheté entre une et cinq bandes dessinées dans l’année, 16 % des lecteurs achètent plus de 10 bandes dessinées par an — et concentrent plus des deux tiers des ventes globales. Les très gros acheteurs (6 % des lecteurs, à plus de 20 bandes dessinées achetées au cours des 12 derniers mois) représentent à eux seuls, dans une estimation très conservatrice, plus de 40 % des achats totaux.
Ces considérations font apparaître quatre populations distinctes de lecteurs : les possesseurs/acheteurs (P/A, 53 % des lecteurs adultes), les possesseurs/non-acheteurs (P/nA, 31 %), les non-possesseurs/acheteurs (nP/A, 5 %), et enfin les non-possesseurs/non-acheteurs (nP/nA, 11 %)
Baba2016 a écrit:Ce qui serait intéressant et que ne dit pas l'enquête, serait de savoir comment se répartissent ces achats justement. Pour reprendre l'idée d'illario, est ce une multitudes de "petits achats" ou au contraire, des achats moins conséquents, plus ciblés, mais plus importants en terme de dépenses?
Xavier Guilbert a écrit:Baba2016 a écrit:Ce qui serait intéressant et que ne dit pas l'enquête, serait de savoir comment se répartissent ces achats justement. Pour reprendre l'idée d'illario, est ce une multitudes de "petits achats" ou au contraire, des achats moins conséquents, plus ciblés, mais plus importants en terme de dépenses?
J'ai répondu à cette question dans ma réponse à Illario, justement.
En très schématique, on a:
0% des achats réalisés par 41% des lecteurs qui n'achètent pas
30% des achats réalisés par
... 25% des lecteurs qui achètent entre 1 et 5 bandes dessinées par an
et 18% des lecteurs qui achètent entre 6 et 10 bandes dessinées par an
25%+ des achats réalisés par 10% des lecteurs qui achètent entre 11 et 19 bandes dessinées par an
40%+ des achats réalisés par 6% des lecteurs qui achètent plus de 20 bandes dessinées par an
Le Tapir a écrit:Ce qui serait intéressant aussi ce serait d'avoir des statistiques pour les lecteurs-acheteurs à 100, 150, 200 et plus par an!
Xavier Guilbert a écrit:Le Tapir a écrit:Ce qui serait intéressant aussi ce serait d'avoir des statistiques pour les lecteurs-acheteurs à 100, 150, 200 et plus par an!
Il y a des données, mais les échantillons sont beaucoup trop réduits pour que leur analyse soit représentative. (je crois que le maximum, de mémoire, était à 500 et plus dans l'enquête)
Le Tapir a écrit:Xavier Guilbert a écrit:Le Tapir a écrit:Ce qui serait intéressant aussi ce serait d'avoir des statistiques pour les lecteurs-acheteurs à 100, 150, 200 et plus par an!
Il y a des données, mais les échantillons sont beaucoup trop réduits pour que leur analyse soit représentative. (je crois que le maximum, de mémoire, était à 500 et plus dans l'enquête)
Ah ok merci pour tes lumières! Ce serait intéressant (mais difficilement envisageable) de savoir ce que ces 500 irréductibles gaulois "timbrés" que nous sommes (excusez l'expression) représentent vraiment pour le marché!
Bon désormais je sais qu'il y a le groupe des 500! Une secte souterraine qui installe les étagères suédoises industrielles à l'horizontal...
Brian Addav a écrit:Le Tapir a écrit:Xavier Guilbert a écrit:Le Tapir a écrit:Ce qui serait intéressant aussi ce serait d'avoir des statistiques pour les lecteurs-acheteurs à 100, 150, 200 et plus par an!
Il y a des données, mais les échantillons sont beaucoup trop réduits pour que leur analyse soit représentative. (je crois que le maximum, de mémoire, était à 500 et plus dans l'enquête)
Ah ok merci pour tes lumières! Ce serait intéressant (mais difficilement envisageable) de savoir ce que ces 500 irréductibles gaulois "timbrés" que nous sommes (excusez l'expression) représentent vraiment pour le marché!
Bon désormais je sais qu'il y a le groupe des 500! Une secte souterraine qui installe les étagères suédoises industrielles à l'horizontal...
Je crois que Xavier parle plutôt d'acheteurs à plus de 500 bds par an. Pas de 500 gusses qui achètent plus de 200 bds par an.
Non ?
alors que 41 % des lecteurs de plus de 15 ans ne sont pas acheteurs, et que 25 % déclarent avoir acheté entre une et cinq bandes dessinées dans l’année, 16 % des lecteurs achètent plus de 10 bandes dessinées par an — et concentrent plus des deux tiers des ventes globales. Les très gros acheteurs (6 % des lecteurs, à plus de 20 bandes dessinées achetées au cours des 12 derniers mois) représentent à eux seuls, dans une estimation très conservatrice, plus de 40 % des achats totaux.
Aigle Solitaire a écrit:alors que 41 % des lecteurs de plus de 15 ans ne sont pas acheteurs, et que 25 % déclarent avoir acheté entre une et cinq bandes dessinées dans l’année, 16 % des lecteurs achètent plus de 10 bandes dessinées par an — et concentrent plus des deux tiers des ventes globales. Les très gros acheteurs (6 % des lecteurs, à plus de 20 bandes dessinées achetées au cours des 12 derniers mois) représentent à eux seuls, dans une estimation très conservatrice, plus de 40 % des achats totaux.
Impressionnant, ce ratio.
"Les 6%"... J'aime bien. Cela fait un peu "we are the 99%", mais en inversé.
Xavier Guilbert a écrit:
Pour la bande dessinée, c'est pareil -- d'autant plus qu'il y a beaucoup de lecteurs qui n'achètent pas: parce qu'ils ont une collection "à disposition" à la maison (celle du mari/du frère/des enfants/etc.), parce qu'ils en lisent à la bibliothèque, parce qu'on leur en prête, etc.
Ce qui fait vraiment vivre l'industrie de la bande dessinée, ce sont les très gros acheteurs: peu nombreux, mais qui achètent beaucoup, et qui sont plus faciles à convaincre (car déjà acquis à la cause). De fait:alors que 41 % des lecteurs de plus de 15 ans ne sont pas acheteurs, et que 25 % déclarent avoir acheté entre une et cinq bandes dessinées dans l’année, 16 % des lecteurs achètent plus de 10 bandes dessinées par an — et concentrent plus des deux tiers des ventes globales. Les très gros acheteurs (6 % des lecteurs, à plus de 20 bandes dessinées achetées au cours des 12 derniers mois) représentent à eux seuls, dans une estimation très conservatrice, plus de 40 % des achats totaux.
Yoda33 a écrit:Xavier Guilbert a écrit:
Pour la bande dessinée, c'est pareil -- d'autant plus qu'il y a beaucoup de lecteurs qui n'achètent pas: parce qu'ils ont une collection "à disposition" à la maison (celle du mari/du frère/des enfants/etc.), parce qu'ils en lisent à la bibliothèque, parce qu'on leur en prête, etc.
Ce qui fait vraiment vivre l'industrie de la bande dessinée, ce sont les très gros acheteurs: peu nombreux, mais qui achètent beaucoup, et qui sont plus faciles à convaincre (car déjà acquis à la cause). De fait:alors que 41 % des lecteurs de plus de 15 ans ne sont pas acheteurs, et que 25 % déclarent avoir acheté entre une et cinq bandes dessinées dans l’année, 16 % des lecteurs achètent plus de 10 bandes dessinées par an — et concentrent plus des deux tiers des ventes globales. Les très gros acheteurs (6 % des lecteurs, à plus de 20 bandes dessinées achetées au cours des 12 derniers mois) représentent à eux seuls, dans une estimation très conservatrice, plus de 40 % des achats totaux.
Exact, les acheteurs comptent ... et font vivre l'ensemble ... évidemment qu'ils sont lecteurs
Mais les lecteurs qui n'achètent pas eux sont comme les téléchargeurs de films ...
vous prêtez/empruntez
illario a écrit:Tu noteras d'ailleurs que deux ou trois personnes sont venues indiquer que, comme moi, le prix n'a pas vraiment d'importance pour eux.
Oui, mais la BD, en tant qu'industrie, a besoin d'un million de lecteurs réguliers plutôt que cinq personnes prêtes à mettre 50€ sur un album ! non ?
la bande dessinée se fiche d'avoir des lecteurs, du moment qu'elle a des acheteurs
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