J'ai l'impression que tu en veux aux collectionneurs, que pour toi ils sont responsables de l'augmentation des prix
Non, je n’en veux pas au collectionneur. Chacun son truc, mais disons que la « collectionite » aigue n’aide pas non plus à endiguer ce problème de surenchère dans le livre objet. Du coup, le lecteur simple est quand même emmerdé qu’on ne lui propose que ça. De ce fait, soit il est obligé d’acheter à un prix qu’il trouve prohibitif puisque l’objet en lui-même ne l’intéresse pas, soit il doit passer son chemin et se prive peut être de trucs bien et c’est dommage. De plus ça fait un consommateur de moins. On est passé à de gros tirages sans fioritures pour une grande masse de lecteurs alors que maintenant on est dans l’inverse : on publie du luxe pour un petit lectorat. En ce sens, la BD se dénature elle-même comme œuvre.
il serait bon d'étudier, avant le prix, le coût total d'une BD et la répartition de ses coûts afin de savoir si oui ou non elle est trop chère
Question que je connais très bien et c’est pour ça que je te dis que l’objet BD est trop cher pour ce qu’il vaut réellement. Outre les coûts réels incompressibles, le souci principal est que trop de gens veulent se sucrer au passage et c’est le lecteur qui paie pour que chaque intermédiaire puisse garder sa marge. Donc c’est toujours au lecteur de compenser pour les désirs des acteurs de la chaine du livre.
En même temps, quand on propose au lecteur des BD moins chères mais en contrepartie qu’il abandonne la couverture dure, il ne veut pas. C’est donc une équation impossible.
Un comics à 13,50 euros, en souple, agrafé, avec du papier très léger, c'est très cher aussi.
Oui c’est cher, je suis bien d’accord.
Oui, nous aimons les beaux livres, oui nous aimons les voir trôner dans nos bibliothèque, les contempler, les ouvrir, se plonger dans leurs histoires pendant plusieurs années
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Ok. Mais alors il ne faut pas venir se plaindre en même temps que ca coûte de plus en cher. Et c’est bien aussi parce que vous privilégiez l’objet livre avant le livre tout court que les éditeurs ne proposent que cet unique format, qui est hélas onéreux pour beaucoup. Ce qui a changé aussi les stratégies de publication : la BD ne s’adresse plus à la masse (à cause de son prix élevé) mais à une niche de lecteur aisés. Donc moins de tirages et sur des supports plus beaux mais plus onéreux pour moins de lecteurs.
Nous n'avons pas la même conception de la BD ? Et alors ? C'est comme ça.
Nos différences ne me gênent pas en soi. C’est simplement qu’elles influent sur la manière dont sont produites les BD par les éditeurs, ce qui les rend de moins en moins accessibles.
Mais qu'est ce qui t'empêche de lire des BD en bibliothèque ? D'aller sur les bancs de la FNAC pour les lire sans les acheter ? D'attendre quelques semaine et de les acheter moins cher sur les marchés de l'occasion ?
Je n’ai jamais dit que ce n’était pas ce que je faisais non plus en complément d’achat de nouveautés à l’occasion.
Enfin, il y a les auteurs eux-même. Pour en avoir rencontré pas mal, la majorité (enfin ceux que j'ai rencontré) sont ravis de voir leurs histoires imprimées sur de beaux objets, deux objets dont ils ont même parfois choisis les dimensions ou le grammage
Ok, mais c’est un autre problème. En même temps, le but d’un auteur c’est d’être lu. Si c’est pour que sa BD sur laquelle il a sué pendant 1 an soit produite en quantité très limitée et à prix prohibitif, ce qui a pour conséquence de réduire son lectorat, je ne sais pas si c’est bonne une stratégie pour lui.