Mr Degryse a écrit:J'étais dans un lycée privée. Vous savez les superbes lycées qui clament très fort leur 100% de réussite au bac mais qui oublient de signaler qu'il y a pas un élève avec moins de 15 de moyenne qui entre chez eux en seconde. Et puis ça écrème durant les 3 ans si on correspond plus à leurs critères de qualité.
Enfin bref il n'avait que baccalauréat dans la bouche. En conseil d' orientation en s, c'était école d'ingénieur. Le reste n 'existait pas. Pire il était dénigré. Je me souviens du regard de merlan frit de ma professeur principale quand j'ai dit que je voulais faire médecine. Avec ta moyenne tu vas pas faire cela. La fac c'est nulle. Tu peux tenter centrale.... Nia nia nia. Mon envie rien à faire. J'aurais voulu faire acteur porno cela aurait pas pire. Durant 2 mois matraquage. J'ai du mettre les points sur les i en disant que je voyais pas du tout ce qui pouvait me faire envie dans le métier d'ingénieur (d'ailleurs c'est quoi le job d'ingénieur?) et que je voulais faire médecine........... Une connasse comme presque tous les profs de ce lycée.
ps: j'ai détesté ma période lycée
T'étais pas dans un lycée de l'Ouest Parisien, toi?
Parce qu'on m'a fait le même coup quand j'ai dit vouloir faire médecine. Je suis même passé de la "meilleure classe" à la "moins bonne classe", celle avec ceux qui avaient des difficultés et avec les "pires" profs (parfois, les "pires" profs sont bien meilleurs que les "bons", mais pas tout le temps). Jamais vu de bac en "candidat libre" par contre.
Sinon Coldo, je crois que tu ne comprends pas ce que c'est que d'être debout, seul devant une classe de gens plus ou moins attentifs à vouloir faire ton cours. A la rigueur, que les mecs n'écoutent pas, tu t'en foutrais (tu sera payé de la même manière à la fin du mois), si tu n'avais pas la conviction que tu travailles à leur avenir et que tu essayes de leur donner les bases du monde de demain, ce qui fera d'eux des adultes épanouis. Alors, les voir se dissiper, perdre leur temps et le tien (et l'argent de leurs parents), c'est moralement usant. Si en plus ta classe est difficile, ça devient vite intenable. Et si tu hausses le ton, tu n'es malheureusement (?) qu'un humain avec ses limites et tu risques de mettre rapidement en péril ton outil de travail: ta voix.
Personnellement je ne suis pas prof. Je ne suis que moniteur des premiers secours. Je me retrouve donc devant des groupes de 10-12 personnes, d'âge différents selon les sessions (parfois 10-12 ans ou 14-15, parfois 18-20 ans ou des groupes plus vieux). Et là, les tenir 7h dans la journée, c'est difficile. Il faut toujours être présent, à chaque instant, sans temps faible, pour capter leur attention. Les temps de pause sont toujours bouffés par 2 anxio-dépressifs qui te posent des tas de question, si l'un d'eux se dissipe, c'est foutu, il va entraîner la moitié du groupe. Si tu baisses la voix, si tu es monotone, statique, collé à ton tableau, assis à ton bureau, ils s'endorment (la particularité, c'est qu'il n'y a rien à écrire, tout est dans la compréhension et dans la pratique). Les efforts à faire pour recapter une attention perdue sont immenses.
Et bien, 7h (même 5h), c'est usant. Faire ça un WE de temps en temps, cela reste amusant, un certain plaisir d'enseigner. Mais faire ça 4 jours de suite, c'est une véritable épreuve physique et morale. En plus, une formation durant 10h, tu répètes ton cours 3 fois sur les 4 jours. Sachant que tes cours, tu les prépares quand même à chaque fois en amont.
Et parfois, faute d'effectifs de moniteurs, j'ai 20 élèves. Les notions passent plus mal, plus lentement, la moindre bêtise édictée par l'un d'eux entraîne 5 ou 6 réponses en cascade, et bien sur, c'est seulement cela qu'ils retiennent. Le tableau, les diapos, les gestes ne sont plus audibles par tout le monde, ta voix est vite couverte par le bruit ambiant, c'est loin d'être une partie de plaisir.
Bien sur, je ne prétends pas connaître le boulot d'un prof ou d'un instit, ni en avoir les compétences. Mais ce que je vois de ma petite expérience, c'est que le boulot d'un enseignant est compliqué et fatiguant. J'ai vraiment du mal à imaginer comment en primaire un instituteur peut passer autant de temps avec ses élèves sans péter un plomb à un moment ou à un autre. Alors, quand une prof dit qu'elle ne passerait pas une minute de plus avec ses élèves, je peux certes regretter qu'elle ne semble plus trouver de plaisir dans son métier, mais surtout je comprends parfaitement qu'elle puisse exprimer ce ras-le-bol, qu'elle soit à bout, fatiguée, usée, ne tenant que par ce qui lui reste (la vocation, l'envie de transmettre, le besoin d'avoir un salaire, je ne sais pas). Une réorganisation du "mammouth" est vraiment à faire, mais pas dans un modèle productiviste: en cherchant tout d'abord l'intérêt de l'enfant, mais sans oublier l'épanouissement du professionnel qui se met à son service.