Niffle a écrit:Le lien entre le papier et le numérique a beaucoup de mal à s'opérer. On le remarque constamment dans le journal SPIROU lorsqu'on lance des concours ou avec les flashcode. Chaque semaine, on "offre" un ancien numéro de SPIROU, et pourtant, sur nos 480.000 lecteurs, seuls 1500-2000 "flashent" le code QR.
Tout le monde n'a pas de tablette, et les amateurs de beaux livres ne veulent pas les dénaturer avec des renvois numériques.
Cela dit, la collection 50/60, c'est avant tout pour apprécier les œuvres elles-mêmes. Les commentaires sont un bonus. Réaliser des études critiques poussées peuvent être certainement intéressantes, mais je ne vais pas les imprimer sur un papier italien d'art aussi cher que celui de cette collection.
Personnellement, j'aime ce qui est factuel ou du domaine du témoignage. Par exemple, expliquer le côté so british de Chaminou (et de Clifton) par le fait que l'Angleterre a laissé des traces chez Macherot puisque celui-ci s'est engagé à la Royal Navy en 1945, me semble un éclairage intéressant.
Expliquer pourquoi tel cadrage, je ne vois vraiment pas ce qu'il y a à en dire qu'on ne voit pas. De toute façon, seul l'auteur pourrait préciser ses intentions véritables. Cela dit, des explications scénaristiques, il y en a aussi. Les commentaires du Macherot sont très variés et nombreux (120 textes, c'est beaucoup).
Vos commentaires me font me replonger dans cet album, et chaque fois je suis saisi par la beauté des cases de Macherot. Un auteur qui a été incroyablement sous estimé, sans doute parce que son dessin a un aspect "jeunesse" qui freine pas mal d'adultes. C'est ce qui rend ces éditions de Chaminou si risquées à publier.
Je précise que je n'ai acheté que l'édition de
La Mauvaise Tête, donc mon avis est limité de ce fait.
En l'occurrence, j'aurais aimé davantage d'explications autres que (je schématise) "Louison Bobet a gagné le Tour de France 3 fois, ce qui est loin d'être le cas de Fantasio."
Il y a bien quelques commentaires intéressants (notamment sur le choix d'une image "pleine demi-page") pour moi, mais on pourrait aussi expliquer ce qu'on voit. Pas dire, expliquer. Par exemple, expliquer pourquoi Franquin dessine parfois ses personnages en ombre chinoise. Oui on le voit, mais qu'est-ce qui justifie de les dessiner comme ça ? Pas simplement dire "Oh, on reconnaît Spirou alors que ce n'est qu'une silhouette, ça montre bien le caractère archétypal du personnage, reconnaissable en un coup d'œil." (là encore, je schématise)
Entrer dans la technique, ça n'est pas rendre les commentaires redondants avec l'œuvre, mais ça donne une dimension supplémentaire à la BD. On montre qu'on a pas seulement une histoire qui nous est racontée, mais qu'il y a certaines choses qui sont parfois des codes, parfois des symboles, et qui permettent de comprendre d'un coup d'œil ce qu'on nous raconte.
Et effectivement, le commentaire dont vous parlez sur Macherot et son influence britannique, ça correspond tout à fait à ce que j'attends.
Il va vraiment falloir que je me le procure ce Chaminou !
