de Toby Dammit » 02/01/2015 16:01
Je suis assez partagé sur cette série Daredevil par Miller finalement. J'y trouve certaines fulgurances indéniables, dans la noirceur du combat intérieur de Daredevil, son amour pour Elektra et dans le dessin stylisé de Sienkiewicz. Mais j'ai aussi parfois l'impression que cette noirceur devient gratuite et amoindrit la qualité du scénario. Le run d'Elektra, par exemple, m'a paru forcer méchamment ses rebondissements pour volontairement perdre le lecteur, si bien qu'il donne l'impression d'être brouillon dans son cheminement. Alors que si on pose le livre et réfléchit dix secondes, le scénario tient en trois lignes et reste assez classique, malgré les gadgets robotiques. Du coup, j'avoue ne pas savoir où Miller veut en venir : créer une fresque épique ? Un polar noir ? Une réflexion ironique sur les super-héros ? Sûrement les trois en même temps, mais malheureusement, aucune piste ne m'a convaincu. Alors que je suis friand de ce genre de thèmes et que le dessins baroque de Sienkiewicz est fait pour me plaire. Bref, j'ai eu du mal à terminer le run tant il ressemble à une compilation d'astuces formelles pour cacher un vide scénaristique et psychologique. Ce qui, en soit, ne me dérange pas, mais si Miller voulait vraiment proposer un travail expérimental, je trouve qu'il ne va pas assez loin et ne parvient pas à me captiver juste avec ses ambiances. Autre problème, je trouve son sens de l'humour vraiment médiocre. Peut-être que la traduction française n'aide pas, je veux bien le croire, mais c'est un détail qui gâche encore davantage la grande nébuleuse psychotique que les auteurs essaient de créer.
D'un autre côté, j'ai trouvé Elektra Lives Again très réussi, car plus limpide et plus concentré. On finit par tourner un peu rond avec cette obsession malsaine de Murdock pour Elektra mais, au moins, le dessin de Miller accompagne mieux sont discours intermédiaire entre polar noir et cauchemar surréaliste. Bref, Miller est indéniablement talentueux et influent, mais ses petits défauts doivent trop me déranger pour que j'adhère totalement. Au contraire du verbiage de Gaiman ou des tours de magie de Moore qui ne posent jamais de problème alors que j'ai conscience qu'ils sont parfois gratuits.