Alors que les trisomiques, ce n'est pas une vraie connerie.
Il y a donc vraiment un jugement de valeur sur la vie de ces handicapés. Pourtant, la constitution dit bien que nous naissons tous libres et égaux en droits, (mais certains plus que d'autres, je sais) a loi dit bien que chaque individu est égal, mais il semble bien que ce ne soit pas le cas: qu'est-ce qui nous pousse, intérieurement, à dévaloriser ainsi certaines vies au point de les juger inférieures?
Ce n'est pas nouveau, l'esclavage et l'extermination systématique des juifs, des tziganes (et autres roms) ou des homosexuels par le régime nazi (et d'autres) relèvent du même mécanisme.
Tu le soulignes, élever un enfant trisomique, c'est difficile: l'égalité des chances, c'est pas pour lui (mais là, la solution devrait être de mettre en place les aides suffisantes, pas l'inverse).
L'une des principales raisons est économique: élever des enfants handicapés, leur donner les moyens d'une vie "normale", ça coute cher.
Ensuite, la volonté de l'enfant parfait. Et là, l'enfant trisomique a l'énorme désavantage de ne pas savoir mentir: on sait dès le début son handicap, il est inscrit en lui de façon lisible. Alors que d'autres enfants seront au moins aussi cons (accidentellement, génétiquement ou autre) mais pour eux, on ne sait pas le voir avant. Enfin, dans cette logique, le problème reste le même et s'amplifie: certaines vies sont jugées de moindre valeur que d'autres. Je ne crois pas qu’aucun enfant est jamais fait exactement ce qu'espérait ses parents. Et quand bien même il l'aurait fait, il y a là de qui désespérer le plus aimant des pères (ou des mères): quoi de plus chiant qu'un enfant qui fait tout ce qu'on lui dit, tout ce qu'on attend de lui, sans aucune surprise?
Enfin, la méconnaissance et la peur de tout ce qui nous est étranger: un autiste ne comprends pas le monde de la même manière qu'un être humain "normal", de même qu'un trisomique ne ressent pas les choses de la même façon que "nous". En fait, nous sommes tous différents, mais ça, on l'oublie vite.
Le problème d'une éducation "au dessus des forces" des parents n'est qu'un faux problème, un voile pudique que l'on jette pour ne pas se poser les bonnes questions: avec des moyens, des enfants trisomiques peuvent se développer de façon étonnante. Un traitement médicamenteux est en phase de recherche (phase III, sur l'être humain) et promet des résultats fantastiques dans l'aide au développement de ces enfants. Un accompagnement extérieur permet aussi de soulager les parents et de faire progresser les enfants à vitesse grand V. Mais cela coûte de l'argent, et on ne veut pas en dépenser pour ces gens-là (et en règle générale, pour les handicapés).(la recherche sur la trisomie 21 ne reçoit aucune subvention de l'état, car ce n'est pas une maladie rare
)
On en revient toujours au même point: on considère que ces gens-là n'en valent pas la peine!
Combien coute une expédition pour sauver les passagers du Ponant? Combien coûte un hélitreuillage pour sauver un con qui ne savait pas faire du surf, ou une expédition pour sauver 3 risques-tout dans une avalanche, ou 2 spéléologues coincées dans une grotte interdite d'accès? Combien coûte la réanimation pour le mec bourré qui s'est abîmé en voiture?
Plus que ce que coûterait l'accompagnement sur toute une vie d'un enfant trisomique.
Mais un enfant trisomique (ou autiste, ou tout autre handicap en général), ça ne vaut pas autant qu'un humain normal. La vérité elle est là: dans la tête des gens, il y a les hommes, les "comme nous", et les handicapés, qui sont des sous-hommes, des "pas comme nous", indignes de vivre ou presque. Et surtout qu'on ne les voit pas traîner dans NOS rues, NOS parcs, NOS écoles. Ces gens-là ne doivent pas jouer avec NOS enfants, entrer dans NOS maisons, etc.
Vérifiez, la dernière fois que vous avez accueilli chez vous quelqu'un de gravement handicapé, c'était quand?
Et la dernière fois que vous avez souri à une de ces personnes, que vous lui avez dit qu'elle était belle, que vous avez ri à une de ses blagues, que vous l'avez embrassée?
L'avez-vous fait seulement UNE fois dans votre vie?
(et oui, je connais plusieurs trisomiques, dont une cousine qui est maintenant pratiquement autonome, et qui fait plus d'efforts que moi pour aller travailler chaque matin).