de Cooltrane » 26/12/2018 01:55
Bon deux films ayant gagné à Cannes et Venise au menu de cette semaine écoulée
Son choix:
Roma: Mexique. Les tribulations d'une famille bourgeoise segment supérieur (pour le Mexique, du moins), et de ses deux servantes amérindiennes. Dans le Mexico troublé par les manifestations estudiantines du début des 70's, un père souvent absent laisse sa famille pour une mission au Québec (dit-il) et abandonne la smalah (mère et 4 gosses dont trois garçons) et les deux boniches pour lesquelles il n'a aucun respect, contrairement au reste de la maisonnée. En fait, l’héroïne est surtout la jeune servante qui se fait malheureusement engrosser par un connard qui refuse d'assumer, mais tellement fier de se tirer de la plèbe pour devenir un facho via les arts martiaux. La reconstitution est assez fidèle (votre serviteur à passé qqes temps là-bas durant les 70's) et un contexte historique intéressant, mais qu'il aurait été intéressant d'approfondir, vu qu'il est trop rarement abordé. Il est amusant de retrouver des bagnoles étatsuniennes côtoyer les européennes dans les scènes de rue quotidiennes (assez nombreuses), mais c'est surtout les scènes de révolution qui captent l'attention - du moins la mienne.
Film Netflix à gros budget (et grosse discussion sur son mode d'exploitation), mais il y a quand même à redire sur la manière et la production. Le N&B n'est vraiment pas nécessaire (àmha) mais dans la "sombreté" de la maison, où tout est gris de toute façon. Le super format large n'est intéressant que dans les scènes extérieures, donc principalement dans la seconde partie, vu que la première est quasi un huis-clos. Finalement le surround-sound est une grosse et inutile erreur, car induisant le spectateur à la distraction et présente des anomalies dans les dialogues, parfois peu audibles. Le scénario principale est assez simple, mais présente peu d'intérêt (si ce n'est une fois de plus présenter les hommes sur leur coté lâche et les femmes leur cotés courageux), et perso, j'aurais aimé que le réalisateur laisse un peu ses souvenirs de jeunesse (beaucoup trop longs, le film faisant 2h1/4) pour s'appesantir sur le contexte de l'époque, qui ne semble pas toucher cette cellule familiale plus que cela. Ah oui, "Roma" serait un quartier de Mexico où la famille évolue, mais cela a p-ê influencé le jury de la Mostra de Venise, présidé par un.... mexicain (Del Torro).
Donc, malgré le Lion d'Or gagné (mais pas déméritant), si vous loupez sa sortie (presque confidentielle) sur grand écran because la bêtise de la politique de Netflix, ne vous tracassez pas trop, vous ne loupez rien d’exceptionnel, car au vu de cette "expérience", le géant audiovisuel nouvel arrivé ne maitrise pas encore le format grande salle de cinéma
7/10
Mon choix:
Shoplifters ou Affaire de Famille (pour une fois, je préfère le titre francisé, car plus fidèle au sujet du film) Une famille de laissés-pour-compte essaie de s'en sortir dans un Japon déshumanisé à deux vitesses et s'agrandit en invitant une gamine maltraitée dans la sienne. Le clan (étalé sur 4 génération)est assez émouvant et fort sympathique, malgré le manque de scrupules quant à ses moyens de survie sous le toit (exigu) de la matriarche. Vols à l'étalage, semi-prostitution, petits boulots ingrats, petites arnaques et autres gabegies ne semble pas altérer leur bonheur d'être ensemble. Et quand la justice les rattrapes, les réactions sont surprenantes, mais de nouveau assez sympathiques. Difficile de ne pas avoir d'empathie pour cette clique, malgré les répétitions de scènes et certaines longueurs (2h).
Après un surprenant détour par le polar (Third Murder >> vu mais pas chroniqué par votre serviteur), le réalisateur Kore-Eda revient à ses préoccupations habituelles, la famille et ses relations internes, mais ici, il est plus question de confiance et bonheur que de liens de sang. Ses acteurs sont bien choisi (c'est les usual-suspects du Kore-Eda) et les trois plus jeunes sont éblouissants de par leur maitrise d'eux-mêmes. Bien sûr un certain ennui s'installe, de par le manque d'action et cette poésie humaine trop calme, mais il fait reconnaitre que le film est trop long: en lui coupant qqes scénes répétitives, on pourrait arriver à forment 90 minutes. Pas que ce film soit supérieur à la moyenne de sa filmographie, mais Cannes lui a plutôt refilé sa Palme d'Or pour l'ensemble de son œuvre. 7/10
Mieux vaut tapis Persan volé que tapis volant percé (Uderzo.... et oui, pas Goscinny)