de Cooltrane » 12/11/2018 10:40
double-shot en ce w-e pluvieux
Assez étonnamment, pas mal de ressemblances involontaires (je précise) dans nos deux choix de films: amour impossible et saga familiale étalée sur des décennies débutant dans les 50's et racontée par deux auteures. Les deux proposent une père intello ou aristo (brun de cheveux dans les deux cas) et une mère (blonde dans les deux cas) aux origines modestes et une lutte des classes dans une après guerre clivante.
Son choix:
Un Amour Impossible Been oui, ma moitié n'échappe pas à l'attrait d'un film avec un titre bien crapuleux. Heureusement le film l'est moins, mais qu'est-ce qu'il est so-po-ri-fi-que, en tout cas pour la gente masculine (en dehors de la plastique parfois dénudée de la Virginie). Adapté d'une autobiographique d'une mégère trop souvent donnant son avis sur les plateaux de téloche, Corsini nous livre ce qui semble être une version fidèle (et aussi horriblement longue) de sa version papier. En effet, la voix off de l'auteure ne donnera aucun doute quant la liberté d'adaptation et nous gâche le peu de surprise en nous racontant ce qui va suivre. Et aucune scène de papier ne sera probablement coupée à l'écran, de façon à rallonger la sauce qui ne prendra de toute façon pas (sauf à la gorge), même si la mayo reste +/- digeste.
Ce n'est pas que les actrices soient mauvaises, loin s'en faut: Efira est éblouissante à 17 comme 67 ans (à défaut d'être crédible à ce jeune âge), et les autres rayonnent comme elles le peuvent dans leurs personnages respectifs, mais on assez est loin d'un film de grand écran: tout au plus ceci sera bien vite transféré comme téléfilm familial dominical - en deux partie, vu sa longueur désespérante. C'est assez déconcertant de voir une réalisatrice aussi chevronnée que Catherine Corsini se laisser dicter sa démarche artistique (sur tous ses angles) par une histoire aussi peu palpitante, à moins d'obéir à une cause féministe: aucun homme n'échappe à la médiocrité dans cette histoire. On pourrait d'ailleurs qualifier cette œuvre de sexiste, selon les critères récents: quasi aucun rôle masculin conséquent (tant mieux pour mes rétines), car même le rôle du "non-mari" et père (indigne et odieux, dans les deux cas) est peu présent, mais les autres hommes sont insignifiants, ne prononcent quasi aucun dialogue conséquent, ne se parlent pas du tout entre eux - et encore moins pour parler d'autre chose que de ces dames. Ou du moins dans les 110 minutes où je suis resté éveillé, accompagné d'un sentiment de n'avoir RIEN manqué, désolé pour LA dénonciation centrale. 5/10
Mon choix:
Cold War: (Pol) un drame passionnel (et familial) durant les 40 ans de la guerre froide, tourné en format 4;3 et entièrement en n&b. La rencontre d'une jeune paysanne enrôlées dans les jeunesses artistiques communistes d'après-guerre et d'un des responsable du camp établi dans une ancienne demeure seigneuriale, reconvertie en kolkhoze artistique (chants et danses traditionnels du bas-peuple). La belle finit par se démarquer de ses congénère lors d'un voyage à l'étranger et finit dans les bras du directeur et pianiste de la troupe. Lors d'un voyage ultérieur, celui-ci tentera la belle de fuir à l'ouest pour recommencer à zéro, ce qu'elle n'osera pas faire dans un premier temps en partie par peur de redescendre les échelons sociaux. Lui, ayant fait le saut seul, devient pianiste jazz dans un club parisien (avec une courte apparition de Jeanne Balibar), jusqu'à ce qu'elle tente tout de même le coup, sans pour autant renier sa patrie.
Musicalement, si on fait assez vite (façon de parler) le tour des chants folkloriques polyphoniques polonais et le coté danse-ballet, j'ai surtout retenu le jazz entre le bop et le post bop et le jazz crooneuse, principalement sensé se passer dans le club parisien L'Eclipse. N'en concluez pas que c'est un film musical, loin s'en faut: on est bien dans une histoire d'amour qui comme par hasard, se veut difficile, et l'on frise le roman de gare à deux balles, si le récit n'était pas biographique de la fille de l’héroïne. Impeccablement reconstruit (l'ancien format N&B aidant), que ce soit dans la Pologne pastorale que dans le Paris des grands moments de St-Germain, le film a un petit film noir (et blanc) avec un parfum de cette guerre froide et torride en même temps entre deux amants qui se seront fatals, mais l'ennui est parfois au rendez-vous, mais heureusement, le film ne s'incruste pas trop longtemps (plus court que la moyenne). 7/10
Mieux vaut tapis Persan volé que tapis volant percé (Uderzo.... et oui, pas Goscinny)