de Thierry_2 » 14/04/2022 09:23
je sais que je vais en énerver quelques uns
revu il était une fois en Amérique hier
on sent la marque de Sergio Leone, la narration éclatée est excellente, la musique d'Ennio Morricone est géniale, De Niro est formidable et les 4 heures passent sans s'en rendre compte, avec même l'impression qu'un peu de rab n'aurait pas été inutile pour approfondir les relations entre les personnages, surtout Max qui me semble évoluer un peu trop vite dans le dernier acte.
Je ne sais pas si c'est un hommage, mais voir un bar tenu par un Moe m'a ait me demander si les Simpson n'ont pas rendu hommage à Leone avec le Moe's tavern
mais, passons, parce que le gros problème de ce film, comme toujours chez Sergio Leone, ce sont les représentations des femmes.
La première, Eve, se fait tuer au tout début. On la présente comme la petite amie de De Niro et, mais elle n'apparaît que comme un cheveu dans la soupe et aurait pû être coupée au montage, cela n'aurait rien changé tellement elle est inexistante.
Puis, il y a Peggy, adolescente qui se prostitue, sans doute avec l'accord de sa mère, pour des charlottes au fraise avant de devenir pute et maquerelle. Vu le milieu, ce n'est pas inhabituel, mais elle rentre dans le mythe de la pute joyeuse et pas farouche qui relève plus du fantasme masculin que de la réalité.
Et voici Carol, la nympho masochiste, tendance "fais-moi mal, ça m'excite" qui se fait violer, qu'on retrouve dans un bordel ou elle propose un plan à 3, 4 ou 5, toute émoustillée et qui passe le reste du film à se faire hurler dessus par James Woods pour qu'il réaffirme sa virilité face à De Niro. Cela dit, elle joue un rôle pivot dans la fin de l'intrigue.
et, bien sûr, Deborah, petite sainte pour qui De Niro se pâme d'amour. ET, évidemment, dans un moment de tristesse, il la viole dans une scène interminable. Il le regrette d'ailleurs. On voit bien qu'il est un peu géné après, presque autant que s'il avait renversé son café sur sa robe. On pourra dire que le bon Robert joue un ancien gamin des rues, qui a connu la prison, qu'il reproduit un schéma hérité de la pauvreté et de la misère sociale, même si cela reste a démontrer que le viol est un marqueur social. Reste que si on se place au niveau de l'intrigue, ce viol ne sert strictement à rien et la suite n'aurait été différente en rien sans cette scène. Les retrouvailles à la fin n'en font d'ailleurs aucune mention, comme si, finalement, ce n'était qu'une note en bas de page de leur histoire. Que le personnage de Noodles ne comprenne rien est encore compréhensible, mais que Deborah semble complètement l'occulter est assez incompréhensible. Aucun sous-texte, aucune allusion perfide... par contre, on insiste, c'est une comédienne, elle vit seulle mais est la maîtresse d'un homme puissant avec qui elle a eu un enfant... si on se remet dans un certain état d'esprit, c'est un peu une pute, aussi.
Typique du cinéma de Leone où la femme est soit une vioque sacrifiable ou pleureuse en fond de scène, soit une victime en puissance, soit une femme qui utilise ses (ch)armes pour tracer sa route, quitte à succomber temporairement au pire monstre du film (Claudia cardinale dans IEUFDO).
Et voilà de très bons films qui finissent par être partiellement gâché par la culture du viol qui les imprègne. Autre temps, autre moeurs, sans doute. Il est quand même bon de reconnaître les tares de ce cinéma et de se demander ce qu'ils traduisent.