Dans les derniers jours de la Seconde Guerre mondiale, le Mount Kyle, un cargo britannique est torpillé par un U-Boot dans le delta de l'Orénoque, un fleuve du Venezuela, et l'équipage est massacré. Murphy, simple cuistot irlandais, est l'un des deux seuls survivants. Ils trouvent refuge dans une mission dirigée par le Docteur Hayden, une femme médecin quaker. Il se lie d'amitié avec Louis Brezon, un ingénieur français abandonné là depuis le début de la guerre. Murphy décide de se venger des sous mariniers.Singulier film que voilà ! A la fois film d'aventure, de guerre, farce anti belliciste et portrait d'un fou. Ce mélange fait l'originalité, la force du long métrage mais explique aussi pourquoi le film fit un flop à sa sortie. Il est pourtant bourré de qualités. A la fois formellement mais aussi par la portée de son histoire.
Tout d'abord, c'est l'originalité et la beauté du lieu de l'intrigue qui frappent. Le film a l'intelligence de déporter le conflit militaire dans une zone " perdue" et normalement épargnée par les affres de la seconde guerre mondiale. Le delta de l'Orénoque est d'une grande beauté et cela est magnifié lors des scènes aériennes. Ces dernières sont la grande force du long métrage. Elles ne sont pas s'en rappeler ( surtout par la forme de l'avion) celles de Porco rosso mais en live plutôt qu'en animation. Elles n'ont d'ailleurs pas dû être faciles à tourner en 1971. Les scènes de bataille sont variées entre la bataille navale du début, les scènes d'aviation et aussi les scènes sous marine à la fin.
Le film n'a aucun manichéisme. Il veut montrer l'absurdité de la guerre mais ne montre pas un mauvais camp absolu contre celui des bons. Les allemands de l'U-BOT nous paraissent comme des monstres au début massacrant les survivants de la bataille mais on décrouve progressivement des êtres certes froids face à la mort mais accomplissant une mission sans passion. L'officier allemand s'excuse même de devoir abattre un anglais. On ne saura jamais ce que font ces allemands au Venezuela.
A l'opposé Murphy nous fait pitié au départ. C'est un survivant un peu perché mais on comprend son trauma. La rancoeur suite au massacre de son équipage est compréhensible. Progressivement, on va comme le français Louis Brezan ( impérial Philippe Noiret très bon qu'en gentil candide) découvrir sa folie, son désir de vengeance même la guerre finie.Il est finalement aussi ou plus insensé que des soldats assassins par devoir n'hésitant pas à faire des victimes collatérales dans sa soif de justice.
L'alchimie entre les acteurs fonctionne à plein. Peter O' Toole est ravi de jouer un anti Lawrence d'Arabie. L'amitié avec Noiret née sur le tournage de la nuit des généraux est palpable. Il en est de même avec Suian Philipps qui était à l'époque la femme de O'Toole. Le tournage sous ses latitudes et dans des zones chaude et humides n'étant jamais une sinécure, ce fort lien a du participer au résultat final. Le making off si il existe m'intéresserait beaucoup.
Je n'avais vu par le passé que seul film de Peter Yates : Bullit. Ce visionnage me donne envie d'explorer le reste de sa filmographie ( John_et_Mary avec Hoffman, la bande des quatre, etc).
Cela fait plaisir de découvrir encore des films et des réalisateurs.