Merci pour ta réponse.
J'ai bien vu le même film que toi, mais je ne peux m'enlever de la tête qu'elle n'a pas eu le choix au départ et qu'il ne la réveille que pour lui servir de
poupée gonflable compagnie (je caricature pour forcer le trait, hein : on n'est pas à l'oral, tu ne vois pas mon sourire ironique, mais il est bien là
)
Je te propose une autre version du scénario qui aurait fait juste un pas de côté et m'aurait parue bien plus acceptable.
Imagine qu'il commence par fantasmer dessus, tout pareil,
mais qu'il ne la réveille pas (là serait la "caution" morale de l'histoire). Il détecte alors une défaillance générale du vaisseau et se rend compte qu'il a besoin d'aide. Or c'est une super-technicienne (pas seulement une bombe anatomique, la poupée Barbie avec laquelle il voudrait faire joujou), donc la personne la plus compétente susceptible de réparer le vaisseau. 1 personne sacrifiée contre des milliers ? Il fait le choix de la réveiller. Elle doute ensuite tout du long du film s'il l'a réveillée pour réparer le vaisseau ou pour
la sauter lui faire la causette, et à la fin elle s'aperçoit qu'il avait raison, elle seule connaissait la solution à la panne.
Quand il lui offre de se rendormir, comme dans la version initiale, cela prouve son respect originel pour elle, et elle choisit de rester avec lui.
Ils auraient été bien plus "égaux" devant la fatalité. Les options et choix de chacun auraient même été à la fois plus équivoques pour les personnages ET les spectateurs (besoin de sexe ou de ses compétences ?) et donc plus intéressants.
Un truc qui ne triche pas sur le fait que cet aspect du scénario d'origine est honteux, c'est que le pitch de départ dans les publicités sur le film à l'poque de sa sortie mettaient bien plus l'accent sur ce choix immoral. Maintenant, c'est présenté comme une romance dans l'espace...
Le principe de "la fin justifie les moyens" a été entretenu par tous les films de séduction des années 2000 et 2010 (qu'on peut résumer par "il l'aime, elle non, il va tout faire pour la séduire" - tu peux inverser les sexes si tu veux), égratignés par des caricatures comme Mary à tout prix, et a été dévastateur dans les relations homme-femme (voir ma référence aux "incels"). Or, si ce n'est pas "oui", c'est "non".
Sinon (je vais lâcher le mot, il va faire bondir mais tant pis, j'ai assez expliqué au-dessus pourquoi je l'utilise), on est dans la culture du viol.
Dans ce film, c'est flagrant dès le départ, ce qui me le rend des plus antipathiques aujourd'hui.
Je ne dis pas que ça aurait été le cas il y a 10 ans, mais j'ai changé de regard et de point de vue depuis.
Edit :Je me suis rendu compte que je ne répondais pas à ton questionnement sur la moralité de tourner des films immoraux ou non. Bien sûr qu'on peut réaliser des films immoraux. Mais dans ce cas, il faut l'assumer en réalisant un film méchant, qui griffe et fait mal, bouscule ses personnages et ses spectateurs jusqu'au bout.
Passengers donne plutôt l'impression de vouloir sauver la face à la fin parce qu'on est à Hollywood, dans un blockbuster avec des stars, et Chris Pratt n'est quand même pas un harceleur ni Jennifer Lawrence qu'une simple proie. Avec sa fin en queue de poisson, j'ai l'impression qu'il cherche à retomber sur ses pattes PARCE QUE il se rend compte que le choix initial du héros était odieux.
Donc il y avait bien un problème...