Xavier Guilbert a écrit:alambix a écrit:Euh ... tout le monde ici répète que les auteurs ont beaucoup de mal à vivre de leur passion. Ce que tu dis est quand même en totale contradiction, si pour toi gagner moins que le smic, c'est "vivre dignement".
1. il faudrait plutôt dire: "les auteurs ont beaucoup de mal à vivre de leur métier." Basculer systématiquement sur le côté "passion", c'est introduire dans l'équation une forme de rémunération (la passion, justement), qui devient par la suite une justification pour une situation au détriment des auteurs: "oui, ils sont mal payés, mais ils font un boulot qui leur plaît."
C'est amusant, parce que ce n'est jamais l'argument que l'on dégaine lorsque l'on parle des grands dirigeants de boîtes avec leurs parachutes dorés et leurs rémunérations mirifiques. Même chose chez les éditeurs -- je cite Vincent Montagne, président du SNE: "Soit on parle amour d’édition, soit on parle chiffres."
Euh non, tout le monde ne répète pas qu'il s'agit de passion.![]()
Je suis le 1er à dire que c'est un métier comme un autre !
Et justement, toute la question pour moi, c'est de trouver la meilleure façon de rémunérer les auteurs dignement, en diminuant leur nombre pour augmenter leurs revenus (moins de parts, pour un même gateau)
2. yannzeman et consorts ont une vision très arrêtée de ce que veulent à la fois les lecteurs et les auteurs: d'un côté, de l'aventure en albums, de l'autre, des livres qui se vendent par milliers.
par centaines, plutôt ; par milliers, c'est les ventes de pas mal de BD grand public, comme le dernier Mac Callum, tiré à 12 000 exemplaires.
Sans prendre en compte que des livres qui vendent à un millier d'exemplaires peuvent satisfaire les uns comme les autres.
J'essaye de comprendre :
Des éditeurs proposant des livres qui se vendent à petit tirage (500 à 1000) tout en essayant de plaire au plus grand nombre pourraient vendre plus mais renoncent à en vendre plus ? Parce que si les livres à petit tirage ne se vendent pas plus, c'est pas uniquement un problème de distribution, mais aussi parce que le plus grand nombre des acheteurs ne les achètent pas, non ?
Alors qu'il y a des situations très diverses, et des attentes tout aussi diverses.
Ce que je veux dire par là, c'est qu'il n'y a pas qu'un seul modèle, mais plusieurs modèles qui coexistent au sein du marché.
On a des auteurs-artistes qui travaillent avec des éditeurs-passion,
et votre point 1 ????
(l'argument "passion" )![]()
qui sont mus par ce que j'appelle "l'impérieuse nécessité de l'existence de l'oeuvre", et pour qui la rémunération est secondaire.
Vous confondez l'éditeur et l'auteur, alors.
Parce que, si j'ai bien compris le mouvement de colère des auteurs, c'est que leur rémunération est primordiale !
Ce sont eux qui se contentent d'être au RSA, parce que l'aventure éditoriale compte bien plus. Et qui sont ravis si ils arrivent à vendre 1000 exemplaires d'un bouquin qu'ils savent être exigeant, mais important à leurs yeux.
Amis auteurs ravis d'être au RSA, écrivez-nous ! Faites-nous part de votre bonheur de toucher le RSA !![]()
Il y a aussi des auteurs qui travaillent avec des éditeurs "commerciaux" (à défaut d'un terme plus adapté), qui visent à toucher un large public, dans un "business model" adapté à cette ambition. Sauf que justement, on s'est rendu compte ces dernières années que ce business model s'est sacrément durci pour les auteurs, et débouche aujourd'hui sur une situation dans laquelle il y a bien une "création de valeur", mais que celle-ci est principalement captée par les intermédiaires et les éditeurs, et que l'auteur se retrouve précarisé alors même que ses livres se vendent correctement.
Pas si correctement que ça, puisque les tirages ne sont pas énormes, et le nombre de titres proposés est trop important pour être absorbé par les acheteurs. L'avalanche de nouveautés fait qu'un titre est chassé par la sortie d'un autre titre, dans les présentoirs.
Sachant que de plus, il ne bénéficie d'aucun statut qui lui permettrait de bénéficier des droits basiques auquel n'importe quel autre métier peu prétendre (congés maladie, congé maternité, formation, etc).
J'ai deux frères qui sont indépendants ; allez leur parler des droits basiques "auquel n'importe quel métier peut prétendre" !![]()
Je me suis limité ici à ces deux exemples, mais il existe bien d'autres configurations, motivations et attentes.
La situation est complexe, et on voit bien combien la simplification à outrance finit par desservir le débat autour de ces questions. Ne serait-ce qu'en amalgamant systématiquement ou presque les deux types d'auteurs que j'ai évoqués -- je ne dis pas que l'auteur "commercial" n'aime pas ce qu'il fait, mais il est dans le cadre d'une transaction commerciale, et ce n'est pas un facteur qui devrait compter. Après tout, un plombier peut aimer son boulot, ça ne veut pas dire que ça autorise à le payer moins pour ses interventions.
Gardons l'image du plombier :
quand il y a trop de plombier, que se passe-t-il ?
bin certains (les meilleurs, par le bouche à oreillle) arrivent à en vivre, les autres déposent le bilan.
C'est la même logique qui devrait s'appliquer aux auteurs. Trop d'auteurs, trop d'oeuvres, pas assez de revenus pour tout le monde.
C'est juste ce que je dis.