Titre Fenetre
Contenu Fenetre
Connexion
  • Se souvenir de moi
J'ai oublié mon mot de passe

C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition - 2010-2021

Pour discuter de tous les sujets généraux autour de la bande dessinée, des libraires, des éditeurs et des auteurs

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede alambix » 09/05/2019 10:27

Message précédent :
Je n'ai rien contre les BD non-mainstream, il n'y avait aucun jugement de valeur.
Je répondais juste à ton hypothèse "Et même si, demain, on supprimait comme par magie la moitié des sorties" en allant dans ton sens.
Je veux dire que si demain, on supprimait la moitié des sorties, j'imagine que cette moitié concernerait en 1er lieu les titres les moins vendus (c'est économiquement logique).
Et donc, même avec moins de sorties, la plupart des acheteurs n’achèteraient pas forcément + d'albums car les titres supprimés ne les concernant pas, leur budget resterait strictement identique.
Nobody is gonna hit as hard as life. But it ain’t about how hard you hit. It’s about how hard you can get hit and keep moving forward; how much you can take and keep moving forward.
Avatar de l’utilisateur
alambix
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4963
Inscription: 16/09/2015

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Thierry_2 » 09/05/2019 10:49

alambix a écrit:Je n'ai rien contre les BD non-mainstream, il n'y avait aucun jugement de valeur.
Je répondais juste à ton hypothèse "Et même si, demain, on supprimait comme par magie la moitié des sorties" en allant dans ton sens.
Je veux dire que si demain, on supprimait la moitié des sorties, j'imagine que cette moitié concernerait en 1er lieu les titres les moins vendus (c'est économiquement logique).
Et donc, même avec moins de sorties, la plupart des acheteurs n’achèteraient pas forcément + d'albums car les titres supprimés ne les concernant pas, leur budget resterait strictement identique.

je tiquais juste sur l'opposition que tu sembles faire entre les performances des non-mainstream et mainstream, parce que les réalités économiques sont différentes et que les titres les plus fragiles ne sont pas nécessairement là où on le croit.
Avatar de l’utilisateur
Thierry_2
BDGestiste Avancé
BDGestiste Avancé
 
Messages: 7006
Inscription: 19/05/2008
Age: 50 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede alambix » 09/05/2019 10:53

Thierry_2 a écrit:
alambix a écrit:Je n'ai rien contre les BD non-mainstream, il n'y avait aucun jugement de valeur.
Je répondais juste à ton hypothèse "Et même si, demain, on supprimait comme par magie la moitié des sorties" en allant dans ton sens.
Je veux dire que si demain, on supprimait la moitié des sorties, j'imagine que cette moitié concernerait en 1er lieu les titres les moins vendus (c'est économiquement logique).
Et donc, même avec moins de sorties, la plupart des acheteurs n’achèteraient pas forcément + d'albums car les titres supprimés ne les concernant pas, leur budget resterait strictement identique.

je tiquais juste sur l'opposition que tu sembles faire entre les performances des non-mainstream et mainstream, parce que les réalités économiques sont différentes et que les titres les plus fragiles ne sont pas nécessairement là où on le croit.


Oui, je comprend ce que tu veux dire :ok:
Nobody is gonna hit as hard as life. But it ain’t about how hard you hit. It’s about how hard you can get hit and keep moving forward; how much you can take and keep moving forward.
Avatar de l’utilisateur
alambix
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4963
Inscription: 16/09/2015

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 09/05/2019 10:55

alambix a écrit:Je veux dire que si demain, on supprimait la moitié des sorties, j'imagine que cette moitié concernerait en 1er lieu les titres les moins vendus (c'est économiquement logique).

Sauf que la difficulté est de déterminer, avant la sortie, qui vendra et qui ne vendra pas. Et à combien.
Car la santé du modèle fonctionne sur la capacité des éditeurs à juger au plus juste du potentiel de ventes d'un livre -- sachant que chaque raté, dans un sens ou dans un autre, va impacter négativement son résultat.

Deux exemples:
En 2012, Glénat sort un nouveau Titeuf avec un tirage annoncé à 1 million d'exemplaires, et n'en vend que 300 000. Ce n'est pas une catastrophe industrielle, mais clairement, Glénat aura perdu de l'argent dans l'affaire -- de l'argent qu'il avait probablement budgété pour d'autres lancements, avec les conséquences que l'on peut imaginer par la suite.
En novembre 2017, Dargaud sort Dans la combi de Thomas Pesquet qui rencontre rapidement un vif succès. Pas de chance, ils n'imaginaient pas que ça allait se vendre si bien: résultat, le livre va se retrouver régulièrement en rupture de stock jusqu'en mars de l'année suivante (plus ou moins), ce qui aura probablement occasionné un certain nombre de ventes manquées (ne serait-ce que pour les cadeaux de Noël). Dans l'histoire, Dargaud aura eu un livre fort, mais les circonstances logistiques ne lui auront pas permis d'exploiter au mieux le potentiel (ventes manquées + économies sur un tirage plus élevé).
Avatar de l’utilisateur
Xavier Guilbert
BDéphile
BDéphile
 
Messages: 1168
Inscription: 29/01/2007
Localisation: Paris
Age: 53 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 09/05/2019 11:04

yannzeman a écrit:Quel auteur peut survivre avec des chiffres de vente de 500 à 1000 exemplaires ?
Ca peut contenter le petit éditeur, mais l'auteur, lui, il sera obligé de travailler à côté.

Pas forcément. Il y a la fameuse théorie des "1,000 true fans" de Kevin Kelly, qui explique en gros que 1000 "vrais" fans suffisent pour un artiste de musique pour vivre correctement, s'il est capable de récupérer tout l'investissement que ses fans sont prêts à lui donner.
En gros, un auteur de bande dessinée qui vendrait un livre à 15€, et récupérerait 100% de ces 15€ se retrouverait avec 15000€ de revenu annuel, avec 1000 ventes. A comparer avec un SMIC brut à 18255€ en 2019.

Le cas de Laurel, avec Comme Convenu, est d'ailleurs une bonne illustration de cette situation étrange, dans laquelle l'introduction d'un éditeur dans l'équation aboutirait à un résultat très nettement au détriment de l'auteur.
Avatar de l’utilisateur
Xavier Guilbert
BDéphile
BDéphile
 
Messages: 1168
Inscription: 29/01/2007
Localisation: Paris
Age: 53 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Thierry_2 » 09/05/2019 11:07

yannzeman a écrit:
Thierry_2 a écrit:
alambix a écrit:
Thierry_2 a écrit:Et même si, demain, on supprimait comme par magie la moitié des sorties, est-ce que les titres restant verraient leur vente multipliées par 2 ? Rien n'est moins sûr.


C'est sûr que si les sorties supprimées sont celles qui de toutes façons ne se vendaient pas, les ventes des restantes n'augmenteraient pas pour autant ...
Reconnaissons que la BD, c'est comme le cinéma. Y'a des petits films d'auteurs tchécoslovaques en N/B qui ne pourront jamais espérer faire le 100ème des entrées du dernier Avengers.

je n'aime pas trop l'expression "qui ne se vend pas" parce que chaque titre a son propre potentiel et un titre "difficile" qui se vend à 1000 exemplaires, voire 500, peut être un vrai succès, alors qu'un titre plus mainstream qui se vend à 2000 exemplaire peut être un four.
Ca et Là communique de manière très ouverte sur ses chiffres de ventes et ils s'en sortent avec des ventes qui paraissent ridicules. Mais le but n'est pas de s'enrichir. Larcenet lui-même disait qu'avec les rêveurs, le but est avant tout de ne pas perdre d'argent.
Je me demande même si le plus compliqué n'est pas pour les auteurs qui sont dans le secteur "mainstream", soumis à une logique commerciale plus aggressive, sans profiter d'une structure éditoriale qui prend le temps d'accompagner les titres et un public restreint mais fidèle.


Quel auteur peut survivre avec des chiffres de vente de 500 à 1000 exemplaires ?
Ca peut contenter le petit éditeur, mais l'auteur, lui, il sera obligé de travailler à côté.

D'un côté, il y a les aides à la création, qui sont indispensables pour soutenir des projets difficiles mais passionnants.
Puis il y a les auteurs qui travaillent en parallèle, comme Thierry van Hasselt qui est enseignant à l'académie St Luc (comme Claude renard en son temps), je crois
Il y a les auteurs qui multiplient les collaborations et petits projets (scénographie, illustrations, ateliers...), comme beaucoup d'intermittents.
Ce n'est pas Byzance, mais cela fait partie de stratégie de la débrouille dans beaucoup de métiers artistiques.
Connaissant quelques anciens comédiens de a scène bruxelloise, il est par exemple de notoriété publique que beaucoup bossent dans des lieux comme Labyrinthus ou Sortilèges pour gagner de l'argent et conserver leurs droits au statut d'artistes afn de pouvoir ensuite se consacrer à la création, aux répétitions, etc. La majorité sont loin d'être des divas qui réclament sans effort. Ils bossent, sans faire la fine bouche.
Avatar de l’utilisateur
Thierry_2
BDGestiste Avancé
BDGestiste Avancé
 
Messages: 7006
Inscription: 19/05/2008
Age: 50 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Thierry_2 » 09/05/2019 11:21

Xavier Guilbert a écrit:
yannzeman a écrit:Quel auteur peut survivre avec des chiffres de vente de 500 à 1000 exemplaires ?
Ca peut contenter le petit éditeur, mais l'auteur, lui, il sera obligé de travailler à côté.

Pas forcément. Il y a la fameuse théorie des "1,000 true fans" de Kevin Kelly, qui explique en gros que 1000 "vrais" fans suffisent pour un artiste de musique pour vivre correctement, s'il est capable de récupérer tout l'investissement que ses fans sont prêts à lui donner.
En gros, un auteur de bande dessinée qui vendrait un livre à 15€, et récupérerait 100% de ces 15€ se retrouverait avec 15000€ de revenu annuel, avec 1000 ventes. A comparer avec un SMIC brut à 18255€ en 2019.

Le cas de Laurel, avec Comme Convenu, est d'ailleurs une bonne illustration de cette situation étrange, dans laquelle l'introduction d'un éditeur dans l'équation aboutirait à un résultat très nettement au détriment de l'auteur.

le problème pour l'auteur est d'arriver à se constituer ces "1000 true fans"
Internet favorise l'entretien ce type de rapport direct, mais la difficulté est de l'installer.
Avatar de l’utilisateur
Thierry_2
BDGestiste Avancé
BDGestiste Avancé
 
Messages: 7006
Inscription: 19/05/2008
Age: 50 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede alambix » 09/05/2019 13:08

Xavier Guilbert a écrit:
yannzeman a écrit:Quel auteur peut survivre avec des chiffres de vente de 500 à 1000 exemplaires ?
Ca peut contenter le petit éditeur, mais l'auteur, lui, il sera obligé de travailler à côté.

Pas forcément. Il y a la fameuse théorie des "1,000 true fans" de Kevin Kelly, qui explique en gros que 1000 "vrais" fans suffisent pour un artiste de musique pour vivre correctement, s'il est capable de récupérer tout l'investissement que ses fans sont prêts à lui donner.
En gros, un auteur de bande dessinée qui vendrait un livre à 15€, et récupérerait 100% de ces 15€ se retrouverait avec 15000€ de revenu annuel, avec 1000 ventes. A comparer avec un SMIC brut à 18255€ en 2019.


VRAI. Dans la musique, on peut citer l'exemple de Ray Wilson, ancien chanteur du groupe de métal écossais Stiltskin, propulsé chanteur de Genesis en 1997 puis ... plus rien dès 1998, vu l'échec de l'album avec ce groupe.
Ne trouvant plus de maisons de disque (la crise étant passé par là), l'écossais est parti vivre en Pologne (ayant rencontré l'amour là-bas) et a commencé à s'autofinancer.
Ventes en direct sur son site et dans ses concerts.
Auto-financement réussi, le gars réussit à en vivre. Pas de quoi acheter une maison à St-Barth, mais suffisamment pour vivre normalement de manière décente, et à vivre de sa passion.
Aujourd'hui je crois qu'il a retrouvé un système d'édition classique.
Et je pense pas qu'il doit avoir beaucoup + que 1.000 fans ...

Image
Nobody is gonna hit as hard as life. But it ain’t about how hard you hit. It’s about how hard you can get hit and keep moving forward; how much you can take and keep moving forward.
Avatar de l’utilisateur
alambix
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4963
Inscription: 16/09/2015

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede pabelbaba » 09/05/2019 13:11

Si ce n'est que la logistique de vente de CD/MP3 et de BD, ce n'est pas vraiment la même chose.
Mais à devoir choisir entre la peur du vide et la nausée des trottoirs... j'aurais sans doute fait comme eux.

Galerie 2dgalleries
Galerie Comicartfans
Avatar de l’utilisateur
pabelbaba
Maître BDGestiste
Maître BDGestiste
 
Messages: 17818
Inscription: 28/12/2009
Localisation: Paris
Age: 41 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 09/05/2019 13:28

Xavier Guilbert a écrit:
yannzeman a écrit:Quel auteur peut survivre avec des chiffres de vente de 500 à 1000 exemplaires ?
Ca peut contenter le petit éditeur, mais l'auteur, lui, il sera obligé de travailler à côté.

Pas forcément. Il y a la fameuse théorie des "1,000 true fans" de Kevin Kelly, qui explique en gros que 1000 "vrais" fans suffisent pour un artiste de musique pour vivre correctement, s'il est capable de récupérer tout l'investissement que ses fans sont prêts à lui donner.
En gros, un auteur de bande dessinée qui vendrait un livre à 15€, et récupérerait 100% de ces 15€ se retrouverait avec 15000€ de revenu annuel, avec 1000 ventes. A comparer avec un SMIC brut à 18255€ en 2019.

Le cas de Laurel, avec Comme Convenu, est d'ailleurs une bonne illustration de cette situation étrange, dans laquelle l'introduction d'un éditeur dans l'équation aboutirait à un résultat très nettement au détriment de l'auteur.


Sauf que, même si cet auteur vendait sans intermédiaire, jamais il ne récupérerait 100% du prix de vente.
Le cout d'impression, de distribution, la gestion des retours ; je ne vous apprend rien, vous connaissez la problématique mieux que moi.

(et puis, un auteur ambitionne sans doute de gagner plus que le smig, sinon pourquoi s'emmerder pour si peu ?
je sais que c'est la situation de pas mal d'auteurs, mais justement, ils nous disent qu'ils abandonnent, et je les comprend)

Donc on en revient à la question :
quel auteur peut vivre dignement avec des ventes de 1000 exemplaires ?
réponse : aucun.
(ou alors, en plus d'un métier alimentaire, avec la problématique des délais entre 2 albums, qui finissent par souler les lecteurs et ne contribuent pas à populariser la BD dans le grand public)

la maison d'édition s'y retrouvera peut-être, mais l'auteur certainement pas.

pabelbaba a écrit:Si ce n'est que la logistique de vente de CD/MP3 et de BD, ce n'est pas vraiment la même chose.


Si la BD numérique prend de l'ampleur, ca peut devenir comparable.
Mais on nous dit que le numérique ne prend pas, en BD, pour le moment.
yannzeman
BDGestiste Avancé
BDGestiste Avancé
 
Messages: 5379
Inscription: 25/11/2015

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Keorl » 09/05/2019 13:32

Après il y a aussi le cercle vicieux/vertueux qui fait qu'un titre censé se vendre va être poussé sur toute la chaîne pendant que d'autres titres tout aussi bons (et avec plus ou moins le même public cible) ne le sont pas, ce qui aide/entraîne des différences de ventes, qui justifient de recommencer à l'album suivant de la série ou de l'auteur.

Ce cercle est entretenu par les éditeurs en premier lieu, puis les distributeurs (en particulier les grosses structures) ainsi que les médias.
Il y a des titres qui, parce que déjà connus (ou d'un auteur connu) ou désignés par un décideur, vont être fortement markétés par l'éditeur, lequel ira parfois jusqu'à fournir du matériel de mise en avant aux libraires (affiches, présentoirs), et qui feront parler la presse généraliste.
Et d'autres titres avec tout autant de qualités intrinsèques, qui passeront inaperçus.
Parfois je me pointe à la fnac avec ma liste de la semaine, il y a une BD qui est au moins en tête de rayon (voir entrée du magasin et/ou en face de l'escalator selon la concurrence des autres rayons) et une autre dont ma libraire n'a reçu qu'un ou deux exemplaires, donc rangés directement en rayon dans l'ordre alphabétique, inaperçus. Et pourtant les 2 sont sur un thème similaire, intéressent le même lecteur (moi) et ont le même niveau de qualité.


Je pense que ceci est avant tout de la responsabilité de l'éditeur. Et que ce dernier devrait avoir une obligation de maketing minimal dans les contrats, sans quoi la part qu'il prend n'est pas justifiée et l'auteur devrait recevoir une plus grosse part.
Keorl
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 2798
Inscription: 17/11/2017
Localisation: Grenoble
Age: 36 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 09/05/2019 14:03

yannzeman a écrit:Donc on en revient à la question :
quel auteur peut vivre dignement avec des ventes de 1000 exemplaires ?
réponse : aucun.

J'aime beaucoup cette illustration d'une envie de débattre.
Avatar de l’utilisateur
Xavier Guilbert
BDéphile
BDéphile
 
Messages: 1168
Inscription: 29/01/2007
Localisation: Paris
Age: 53 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 09/05/2019 14:08

Keorl a écrit:Après il y a aussi le cercle vicieux/vertueux qui fait qu'un titre censé se vendre va être poussé sur toute la chaîne pendant que d'autres titres tout aussi bons (et avec plus ou moins le même public cible) ne le sont pas, ce qui aide/entraîne des différences de ventes, qui justifient de recommencer à l'album suivant de la série ou de l'auteur.

Exactement, on parle alors d'avantages cumulatifs.

Le cas d'Astérix en est une bonne illustration: chaque nouvelle sortie bénéficie d'une campagne marketing conséquente de l'éditeur, d'une couverture médiatique dithyrambique, et d'une présence en magasin qui dépasse même souvent les lieux de ventes habituels de la bande dessinée (cf. la présence en supermarché au moment des fêtes). L'ensemble se conjugue avec une notoriété forte, et une valeur perçue construite sur l'historique, pour faire de ces livres des succès garantis.
On notera d'ailleurs que la mauvaise qualité des derniers ouvrages d'Uderzo tout seul n'a pas vraiment entamé ce capital, avec des ventes relativement stables sur les derniers opus.
Avatar de l’utilisateur
Xavier Guilbert
BDéphile
BDéphile
 
Messages: 1168
Inscription: 29/01/2007
Localisation: Paris
Age: 53 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 09/05/2019 14:14

Xavier Guilbert a écrit:
yannzeman a écrit:Donc on en revient à la question :
quel auteur peut vivre dignement avec des ventes de 1000 exemplaires ?
réponse : aucun.

J'aime beaucoup cette illustration d'une envie de débattre.


Mais est-ce que c'est faux ?
Débattre, c'est une chose ; mais il faut bien dire la réalité, être dans le concret.
yannzeman
BDGestiste Avancé
BDGestiste Avancé
 
Messages: 5379
Inscription: 25/11/2015

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Pouffy » 09/05/2019 16:47

yannzeman a écrit:Sauf que, même si cet auteur vendait sans intermédiaire, jamais il ne récupérerait 100% du prix de vente.
Le cout d'impression, de distribution, la gestion des retours ; je ne vous apprend rien, vous connaissez la problématique mieux que moi.


Le principe du sans intermédiaire c'est d'éliminer éditeur, distributeur et libraire. Ca reste très marginal mais ça fonctionne bien hors du circuit BD (l'axe étant celui de la thématique). En gros l'auteur se débrouille pour tout.
Avatar de l’utilisateur
Pouffy
BDGestiste Avancé
BDGestiste Avancé
 
Messages: 7263
Inscription: 26/04/2003
Localisation: Surgères
Age: 48 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Keorl » 09/05/2019 18:06

Je pense que le but de sa remarque n'est pas d'analyser les possibilités du mode sans intermédiaire, mais de faire remarquer que quoi qu'il arrive, l'auteur ne peut pas empocher tout le prix de l'album. S'en suit un calcul simple : 500 albums x prix de vente, divisé par 6 ou 12 mois de travail, savoir que l'auteur a forcément gagné moins, conclure que le gars ne peut pas en vivre dignement.
Keorl
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 2798
Inscription: 17/11/2017
Localisation: Grenoble
Age: 36 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Pouffy » 09/05/2019 22:08

Keorl a écrit:Je pense que le but de sa remarque n'est pas d'analyser les possibilités du mode sans intermédiaire, mais de faire remarquer que quoi qu'il arrive, l'auteur ne peut pas empocher tout le prix de l'album. S'en suit un calcul simple : 500 albums x prix de vente, divisé par 6 ou 12 mois de travail, savoir que l'auteur a forcément gagné moins, conclure que le gars ne peut pas en vivre dignement.


D'où les "à côté" directement liés au métier : 150-200€ pour une participation à un festival, 300-500€ pour faire l'affiche de tel autre ou un dessin pour un ex-libris, 300€ pour un projet scolaire, un atelier, un débat...
Avatar de l’utilisateur
Pouffy
BDGestiste Avancé
BDGestiste Avancé
 
Messages: 7263
Inscription: 26/04/2003
Localisation: Surgères
Age: 48 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 09/05/2019 22:15

Keorl a écrit:Je pense que le but de sa remarque n'est pas d'analyser les possibilités du mode sans intermédiaire, mais de faire remarquer que quoi qu'il arrive, l'auteur ne peut pas empocher tout le prix de l'album. S'en suit un calcul simple : 500 albums x prix de vente, divisé par 6 ou 12 mois de travail, savoir que l'auteur a forcément gagné moins, conclure que le gars ne peut pas en vivre dignement.

J'ai pris l'exemple d'un album vendu à 15€ pour être le plus simple, et le plus proche de la réalité qu'il semble (re)connaître.
Mais je connais des auteurs qui 1/ sortent plus d'un livre par an, et 2/ ont une activité qui se décline aussi sur d'autres objets (sérigraphies, gravures, affiches, illustration, etc.). Et qui, l'un dans l'autre réussissent à vivre de leur boulot, sans pour autant avoir des chiffres de ventes élevés.

Ensuite, j'ai l'impression que "vivre dignement" pour beaucoup ici, c'est gagner bien plus qu'un SMIC. Chacun ses attentes -- encore une fois, je connais des personnes qui oeuvrent dans la bande dessinée (auteurs, mais aussi éditeurs) qui se contentent de moins. Je me souviens d'une phrase prononcée lors d'une table ronde à Périscopages il y a quelques années, où un éditeur expliquait que sa petite maison d'édition était subventionnée par le RSA (sous-entendu: il ne se payait pas, et vivait simplement avec le RSA).
Bref, ce que je veux dire par là, c'est qu'il existe beaucoup de motivations et de situations, et que de déclarer comme ça, tout de go, que telle somme ne suffit pas à quelqu'un pour vivre (alors que, je le rappelle, le rapport des EGBD a des chiffres bien plus alarmants), c'est péremptoire et très mal renseigné.
Avatar de l’utilisateur
Xavier Guilbert
BDéphile
BDéphile
 
Messages: 1168
Inscription: 29/01/2007
Localisation: Paris
Age: 53 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Keorl » 09/05/2019 23:44

Ce que j'appelle vivre dignement de son travail, ça commence en dessous du smic et certainement pas "bien plus qu'un smic". C'est pouvoir se loger dans autre chose qu'un taudis insalubre de marchand de sommeil, manger à sa faim avec un régime à peu près sain, et payer quelques factures de base, tout ça avant que l'état intervienne avec des rsa/allocs et diverses mesures visant à compenser le fait qu'un revenu est trop faible pour en vivre.
Keorl
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 2798
Inscription: 17/11/2017
Localisation: Grenoble
Age: 36 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede alambix » 10/05/2019 07:39

Xavier Guilbert a écrit:
Ensuite, j'ai l'impression que "vivre dignement" pour beaucoup ici, c'est gagner bien plus qu'un SMIC. Chacun ses attentes -- encore une fois, je connais des personnes qui oeuvrent dans la bande dessinée (auteurs, mais aussi éditeurs) qui se contentent de moins. Je me souviens d'une phrase prononcée lors d'une table ronde à Périscopages il y a quelques années, où un éditeur expliquait que sa petite maison d'édition était subventionnée par le RSA (sous-entendu: il ne se payait pas, et vivait simplement avec le RSA).
Bref, ce que je veux dire par là, c'est qu'il existe beaucoup de motivations et de situations, et que de déclarer comme ça, tout de go, que telle somme ne suffit pas à quelqu'un pour vivre (alors que, je le rappelle, le rapport des EGBD a des chiffres bien plus alarmants), c'est péremptoire et très mal renseigné.


Euh ... tout le monde ici répète que les auteurs ont beaucoup de mal à vivre de leur passion. Ce que tu dis est quand même en totale contradiction, si pour toi gagner moins que le smic, c'est "vivre dignement".

Xavier Guilbert a écrit:En gros, un auteur de bande dessinée qui vendrait un livre à 15€, et récupérerait 100% de ces 15€ se retrouverait avec 15000€ de revenu annuel, avec 1000 ventes. A comparer avec un SMIC brut à 18255€ en 2019.


Je rebondis tardivement là-dessus. Ton calcul est faux. Il a été dit ici qu'en moyenne sur un album à 15 €, l'auteur gagne 3 €.
Donc avec 1.000 ventes / an, il ne gagne pas 15.000 € annuel (15 x 1.000) mais 3.000 € (3 x 1.000).
Yannzemann a raison. Avec 1.000 albums vendu par an, et rien à côté, tu peux pas vivre "dignement".
Nobody is gonna hit as hard as life. But it ain’t about how hard you hit. It’s about how hard you can get hit and keep moving forward; how much you can take and keep moving forward.
Avatar de l’utilisateur
alambix
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4963
Inscription: 16/09/2015

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Brian Addav » 10/05/2019 08:01

rho mais apprenez à lire les arguments des autres bordel, ce que vous êtes ch... quoi...

Tes 3€ c'est pour un dessinateur dans la système de la chaîne complète "auteur-éditeur-imprimeur-diffuseur-libraire" où rien ne bouge. Et effectivement, avec 3€ sur 15€, en en vendant 1000, on voit pas loin.

Mais si l'auteur arrivait à récupérer plus sur ces 15€, ce serait différent.

Et un gars qui s'auto-édite, exemple avec le crowfunding, il prend plus que ces 3€.
Sachant que le coût d'impression pour 1000 albums, au pire tu paies 2.5€ à l'unité mais tu peux avoir moins.

C'est l'avantage d'une campagne de financement, qui n'est que de la prévente avant création si on y réfléchit, (je caricature).
Si t'as ton financement, cad tes préventes, tu sais où tu vas. Et si t'en as prévendu 1000, en enlevant les coûts d'impression, il te reste 12500€ pour faire l'album et l'envoyer.
ça change complètement la donne.

Et donc, suivant le système où l'on se passe, on peut très bien s'en sortir avec uniquement 1000 ventes.

Tout dépend des frais que tu as.
Avatar de l’utilisateur
Brian Addav
Fournitures de bureau
Fournitures de bureau
 
Messages: 56282
Inscription: 12/09/2005
Localisation: Chia-Yi, Taiwan
Age: 50 ans

PrécédenteSuivante

Retourner vers Généralités sur la Bande Dessinée

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités