9 ans et 500 pages plus tard, j'ai l'impression de lire les mêmes choses page après page ...
A vrai dire, je passe sur ce sujet 1 fois tous les 6 mois, et je lis quand même encore et toujours la même chose.
Les auteurs ont quand même bien de la chance de voir les lecteurs s'inquiéter autant de leur sort. Si les acheteurs de pain pouvaient en faire autant pour leur boulanger, ou les amateurs de gratin pour l'agriculteur du coin, bah la société moderne serait paradisiaque, non ?
Au lieu de çà, j'ai l'impression qu'on sélectionne nos niveaux d'inquiétude en fonction de ses centres d'intérêt personnels. Cà porte un nom, de l’égoïsme.
La crise des "gilets jaunes", si elle a viré très vite au très très grand n'importe quoi, a au moins le mérite de mettre en avant une chose : la crise, elle est globale. Tant qu'on réfléchira au niveau microscopique des branches de métiers, on résoudra rien. Auteurs compris. Je suis pas auteur et je galère. Qui ouvre un sujet avec 500 pages de débat pour mon cas (qui est aussi celui de millions de français) ?
Après, juste une interrogation. Depuis 10 ans, on explique sur ce topic page après page combien les auteurs galèrent. Et pourtant, j'ai l'impression de voir de + en + de BD et de produits dérivés. J'aime la BD, mais quand j'entre dans une GSS type Fnac, Furet etc ... je ne sais plus où regarder tellement il y a de choix. Et à vrai dire, souvent, je ressort les mains vides de ce type de surface, la surabondance de titres ayant chez moi paradoxalement un effet repoussoir.
Si le choix est si important, c'est que ce métier attire. Ce qui est quand même bien paradoxal pour un métier en crise.
Je citerai ici une des premières interventions de ce topic, en 2010, celle de Luc Brunschwig :
luc Brunschwig a écrit:L'offre, la surproduction l'a uniformisée, de la même façon qu'elle l'avait déjà fait à la fin des années 80 avec le trop plein de sous-7 vie de l'Epervier et les mièvreries uniformes produites alors par Media Participations. On ne surproduit pas dans la créativité, on surproduit dans la contre-façon, en essayant de copier le succès du voisin ou en s'auto-copiant. Ca ne veut pas dire qu'il n'y a pas là-dedans quelques albums de qualité, mais en uniformisant tout, du dessin, à la couverture en passant par le scénario, tout se ressemble tellement, qu'il est difficile de repérer d'emblée sur les étales le talent dans le nouveau sous-Lanfeust, le nouveau sous-Largo ou le nouveau sous-Titeuf...
On fait ça parce que ça doit se vendre tout seul avec le nouveau tome du modèle dont on poursuit le succès, mais quand le lecteur s'est pris 10, 20 sous-merde, pour un truc bonnard, tout s'effondre et ce n'est pas le libraire saoûl de voir d'ébouler tous ces ersatz qui va aller s'amuser à séparer le grain de l'ivraie...
Une vente qui doit se faire toute seule nécessite qu'on offre de la qualité, sinon, on perd la confiance des lecteurs (surtout quand il n'y a jamais de tome 2) et une fois la confiance perdue, le marché s'effondre... La Bd est avant tout un art du plaisir... personne n'est assez stupide pour continuer d'acheter (très ? trop ?) chers des bouquins qui n'en fournissent aucun, ni visuel, ni intellectuel... Et c'est là où on est bien merdeux en ce temps de crise, c'est que la plupart des éditeurs, à force de piller le porte monnaie des lecteurs avec des BD à 13 euros, mal encadrées, mal finies, à la limite de l'amateurisme, à force de trahir le contrat en apportant pas de suite aux séries entamés, ont convaincu les lecteurs d'arrêter de "tenter" la loterie à 13 euros le billet trop souvent perdant.
Tant que l'offre sera supérieure à la demande, les auteurs ne risquent pas d'en sortir gagnants.