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C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition - 2010-2021

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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede alambix » 07/05/2019 16:03

Message précédent :
D'accord.
Donc, on en revient finalement à ce que Yann pense, à savoir que si le marché de la BD proposait une offre moins riche, la rémunération des auteurs concernés serait meilleure.

Le fait est donc de savoir si les maisons d'éditions peuvent continuer à publier autant.
Tirent-elles un avantage financier à ce choix pléthorique ? J'imagine que oui.

Mais si les maisons d'éditions continuent de proposer une offre aussi riche, ont-elles les moyens de rémunérer en même temps mieux leurs auteurs ?
Si la réponse est non, il faut donc faire un choix : + d'auteurs mais mal rémunérés, ou moins d'auteurs mais mieux rémunérés ?
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Pouffy » 07/05/2019 16:07

alambix a écrit:Donc, on en revient finalement à ce que Yann pense, à savoir que si le marché de la BD proposait une offre moins riche, la rémunération des auteurs concernés serait meilleure.


Pas forcément.

alambix a écrit:Le fait est donc de savoir si les maisons d'éditions peuvent continuer à publier autant.
Tirent-elles un avantage financier à ce choix pléthorique ? J'imagine que oui.


Evidemment, cela a été expliqué précédemment.

alambix a écrit:Mais si les maisons d'éditions continuent de proposer une offre aussi riche, ont-elles les moyens de rémunérer en même temps mieux leurs auteurs ?


Non

alambix a écrit:Si la réponse est non, il faut donc faire un choix : + d'auteurs mais mal rémunérés, ou moins d'auteurs mais mieux rémunérés ?


Ca ne marchera pas non plus.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Nirm » 07/05/2019 17:22

alambix a écrit:D'accord.
Donc, on en revient finalement à ce que Yann pense, à savoir que si le marché de la BD proposait une offre moins riche, la rémunération des auteurs concernés serait meilleure.
Non, car les éditeurs ne vont pas se mettre à payer mieux les auteurs (comme je l'ai mis plus haut, quand tu es habitué à prendre la plus grande part du gâteau, difficile de te mettre à moins manger).

alambix a écrit:Le fait est donc de savoir si les maisons d'éditions peuvent continuer à publier autant.
Tirent-elles un avantage financier à ce choix pléthorique ? J'imagine que oui.

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alambix a écrit:Mais si les maisons d'éditions continuent de proposer une offre aussi riche, ont-elles les moyens de rémunérer en même temps mieux leurs auteurs ?
Si la réponse est non, il faut donc faire un choix : + d'auteurs mais mal rémunérés, ou moins d'auteurs mais mieux rémunérés ?

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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Thierry_2 » 09/05/2019 09:17

les rapports successifs de Ratier & cie montrent que le CA de l'édition BD reste stable depuis des années alors que le nombre de sortie est en progression. Du point de vue de l'éditeur, ls asituation est sous contrôle, mais il lui faut de plus en plus de titres pour assurer son CA, la conséquence est que pour les auteurs, les revenus diminuent. Il y a clairement un tassement du nombre de ventes par titres, mais est-ce parce que le nombre de sorties augmentent ou est-ce que a multiplication des sorties est justement une conséquence de ce tassement ?
Il y a clairement eu une bulle éditoriale vers l'an 20000. Il suffit de regarder l'évolution des tirages des blockbusters pour voir la baisse. Le problème est que l'on voit bien qu'il y a peu de nouveaux blockbusters qui apparaissent (j'entends de séries qui dépassent 100.000 ou 200.00 exemplaires) ce qui rend le marché tributaire de quelques titres qui concentrent beaucoup de revenus et d'attention.
Penser que vendre plus permettra aux auteurs de mieux vivre me semble très simpliste. Il me semble que les auteurs ne touchent effectivement des droits qu'à partir d'un certain nombre d'exemplaires vendus. Quel est le seuil ? Il me semble que Bajram avait publié un simulateur de revenu qui était assez déprimant.
Je pense aussi qu'en tant que lecteur, on reste souvent très romantique ou naïf ce qui concerne les ventes réelles. Un bdgestien qui estimait que les ventes de la série Conan, tablant sur la notoriété du personnage et des auteurs, autour de 50.000 exemplaires, alors que l'un des auteurs de la collection se disait très satisfait d'atteindre 20.000 exemplaires vendus.
Et même si, demain, on supprimait comme par magie la moitié des sorties, est-ce que les titres restant verraient leur vente multipliées par 2 ? Rien n'est moins sûr.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede alambix » 09/05/2019 09:26

Thierry_2 a écrit:Et même si, demain, on supprimait comme par magie la moitié des sorties, est-ce que les titres restant verraient leur vente multipliées par 2 ? Rien n'est moins sûr.


C'est sûr que si les sorties supprimées sont celles qui de toutes façons ne se vendaient pas, les ventes des restantes n'augmenteraient pas pour autant ...
Reconnaissons que la BD, c'est comme le cinéma. Y'a des petits films d'auteurs tchécoslovaques en N/B qui ne pourront jamais espérer faire le 100ème des entrées du dernier Avengers.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Thierry_2 » 09/05/2019 09:45

alambix a écrit:
Thierry_2 a écrit:Et même si, demain, on supprimait comme par magie la moitié des sorties, est-ce que les titres restant verraient leur vente multipliées par 2 ? Rien n'est moins sûr.


C'est sûr que si les sorties supprimées sont celles qui de toutes façons ne se vendaient pas, les ventes des restantes n'augmenteraient pas pour autant ...
Reconnaissons que la BD, c'est comme le cinéma. Y'a des petits films d'auteurs tchécoslovaques en N/B qui ne pourront jamais espérer faire le 100ème des entrées du dernier Avengers.

je n'aime pas trop l'expression "qui ne se vend pas" parce que chaque titre a son propre potentiel et un titre "difficile" qui se vend à 1000 exemplaires, voire 500, peut être un vrai succès, alors qu'un titre plus mainstream qui se vend à 2000 exemplaire peut être un four.
Ca et Là communique de manière très ouverte sur ses chiffres de ventes et ils s'en sortent avec des ventes qui paraissent ridicules. Mais le but n'est pas de s'enrichir. Larcenet lui-même disait qu'avec les rêveurs, le but est avant tout de ne pas perdre d'argent.
Je me demande même si le plus compliqué n'est pas pour les auteurs qui sont dans le secteur "mainstream", soumis à une logique commerciale plus aggressive, sans profiter d'une structure éditoriale qui prend le temps d'accompagner les titres et un public restreint mais fidèle.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 09/05/2019 10:18

Thierry_2 a écrit:
alambix a écrit:
Thierry_2 a écrit:Et même si, demain, on supprimait comme par magie la moitié des sorties, est-ce que les titres restant verraient leur vente multipliées par 2 ? Rien n'est moins sûr.


C'est sûr que si les sorties supprimées sont celles qui de toutes façons ne se vendaient pas, les ventes des restantes n'augmenteraient pas pour autant ...
Reconnaissons que la BD, c'est comme le cinéma. Y'a des petits films d'auteurs tchécoslovaques en N/B qui ne pourront jamais espérer faire le 100ème des entrées du dernier Avengers.

je n'aime pas trop l'expression "qui ne se vend pas" parce que chaque titre a son propre potentiel et un titre "difficile" qui se vend à 1000 exemplaires, voire 500, peut être un vrai succès, alors qu'un titre plus mainstream qui se vend à 2000 exemplaire peut être un four.
Ca et Là communique de manière très ouverte sur ses chiffres de ventes et ils s'en sortent avec des ventes qui paraissent ridicules. Mais le but n'est pas de s'enrichir. Larcenet lui-même disait qu'avec les rêveurs, le but est avant tout de ne pas perdre d'argent.
Je me demande même si le plus compliqué n'est pas pour les auteurs qui sont dans le secteur "mainstream", soumis à une logique commerciale plus aggressive, sans profiter d'une structure éditoriale qui prend le temps d'accompagner les titres et un public restreint mais fidèle.


Quel auteur peut survivre avec des chiffres de vente de 500 à 1000 exemplaires ?
Ca peut contenter le petit éditeur, mais l'auteur, lui, il sera obligé de travailler à côté.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede alambix » 09/05/2019 10:27

Je n'ai rien contre les BD non-mainstream, il n'y avait aucun jugement de valeur.
Je répondais juste à ton hypothèse "Et même si, demain, on supprimait comme par magie la moitié des sorties" en allant dans ton sens.
Je veux dire que si demain, on supprimait la moitié des sorties, j'imagine que cette moitié concernerait en 1er lieu les titres les moins vendus (c'est économiquement logique).
Et donc, même avec moins de sorties, la plupart des acheteurs n’achèteraient pas forcément + d'albums car les titres supprimés ne les concernant pas, leur budget resterait strictement identique.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Thierry_2 » 09/05/2019 10:49

alambix a écrit:Je n'ai rien contre les BD non-mainstream, il n'y avait aucun jugement de valeur.
Je répondais juste à ton hypothèse "Et même si, demain, on supprimait comme par magie la moitié des sorties" en allant dans ton sens.
Je veux dire que si demain, on supprimait la moitié des sorties, j'imagine que cette moitié concernerait en 1er lieu les titres les moins vendus (c'est économiquement logique).
Et donc, même avec moins de sorties, la plupart des acheteurs n’achèteraient pas forcément + d'albums car les titres supprimés ne les concernant pas, leur budget resterait strictement identique.

je tiquais juste sur l'opposition que tu sembles faire entre les performances des non-mainstream et mainstream, parce que les réalités économiques sont différentes et que les titres les plus fragiles ne sont pas nécessairement là où on le croit.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede alambix » 09/05/2019 10:53

Thierry_2 a écrit:
alambix a écrit:Je n'ai rien contre les BD non-mainstream, il n'y avait aucun jugement de valeur.
Je répondais juste à ton hypothèse "Et même si, demain, on supprimait comme par magie la moitié des sorties" en allant dans ton sens.
Je veux dire que si demain, on supprimait la moitié des sorties, j'imagine que cette moitié concernerait en 1er lieu les titres les moins vendus (c'est économiquement logique).
Et donc, même avec moins de sorties, la plupart des acheteurs n’achèteraient pas forcément + d'albums car les titres supprimés ne les concernant pas, leur budget resterait strictement identique.

je tiquais juste sur l'opposition que tu sembles faire entre les performances des non-mainstream et mainstream, parce que les réalités économiques sont différentes et que les titres les plus fragiles ne sont pas nécessairement là où on le croit.


Oui, je comprend ce que tu veux dire :ok:
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 09/05/2019 10:55

alambix a écrit:Je veux dire que si demain, on supprimait la moitié des sorties, j'imagine que cette moitié concernerait en 1er lieu les titres les moins vendus (c'est économiquement logique).

Sauf que la difficulté est de déterminer, avant la sortie, qui vendra et qui ne vendra pas. Et à combien.
Car la santé du modèle fonctionne sur la capacité des éditeurs à juger au plus juste du potentiel de ventes d'un livre -- sachant que chaque raté, dans un sens ou dans un autre, va impacter négativement son résultat.

Deux exemples:
En 2012, Glénat sort un nouveau Titeuf avec un tirage annoncé à 1 million d'exemplaires, et n'en vend que 300 000. Ce n'est pas une catastrophe industrielle, mais clairement, Glénat aura perdu de l'argent dans l'affaire -- de l'argent qu'il avait probablement budgété pour d'autres lancements, avec les conséquences que l'on peut imaginer par la suite.
En novembre 2017, Dargaud sort Dans la combi de Thomas Pesquet qui rencontre rapidement un vif succès. Pas de chance, ils n'imaginaient pas que ça allait se vendre si bien: résultat, le livre va se retrouver régulièrement en rupture de stock jusqu'en mars de l'année suivante (plus ou moins), ce qui aura probablement occasionné un certain nombre de ventes manquées (ne serait-ce que pour les cadeaux de Noël). Dans l'histoire, Dargaud aura eu un livre fort, mais les circonstances logistiques ne lui auront pas permis d'exploiter au mieux le potentiel (ventes manquées + économies sur un tirage plus élevé).
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 09/05/2019 11:04

yannzeman a écrit:Quel auteur peut survivre avec des chiffres de vente de 500 à 1000 exemplaires ?
Ca peut contenter le petit éditeur, mais l'auteur, lui, il sera obligé de travailler à côté.

Pas forcément. Il y a la fameuse théorie des "1,000 true fans" de Kevin Kelly, qui explique en gros que 1000 "vrais" fans suffisent pour un artiste de musique pour vivre correctement, s'il est capable de récupérer tout l'investissement que ses fans sont prêts à lui donner.
En gros, un auteur de bande dessinée qui vendrait un livre à 15€, et récupérerait 100% de ces 15€ se retrouverait avec 15000€ de revenu annuel, avec 1000 ventes. A comparer avec un SMIC brut à 18255€ en 2019.

Le cas de Laurel, avec Comme Convenu, est d'ailleurs une bonne illustration de cette situation étrange, dans laquelle l'introduction d'un éditeur dans l'équation aboutirait à un résultat très nettement au détriment de l'auteur.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Thierry_2 » 09/05/2019 11:07

yannzeman a écrit:
Thierry_2 a écrit:
alambix a écrit:
Thierry_2 a écrit:Et même si, demain, on supprimait comme par magie la moitié des sorties, est-ce que les titres restant verraient leur vente multipliées par 2 ? Rien n'est moins sûr.


C'est sûr que si les sorties supprimées sont celles qui de toutes façons ne se vendaient pas, les ventes des restantes n'augmenteraient pas pour autant ...
Reconnaissons que la BD, c'est comme le cinéma. Y'a des petits films d'auteurs tchécoslovaques en N/B qui ne pourront jamais espérer faire le 100ème des entrées du dernier Avengers.

je n'aime pas trop l'expression "qui ne se vend pas" parce que chaque titre a son propre potentiel et un titre "difficile" qui se vend à 1000 exemplaires, voire 500, peut être un vrai succès, alors qu'un titre plus mainstream qui se vend à 2000 exemplaire peut être un four.
Ca et Là communique de manière très ouverte sur ses chiffres de ventes et ils s'en sortent avec des ventes qui paraissent ridicules. Mais le but n'est pas de s'enrichir. Larcenet lui-même disait qu'avec les rêveurs, le but est avant tout de ne pas perdre d'argent.
Je me demande même si le plus compliqué n'est pas pour les auteurs qui sont dans le secteur "mainstream", soumis à une logique commerciale plus aggressive, sans profiter d'une structure éditoriale qui prend le temps d'accompagner les titres et un public restreint mais fidèle.


Quel auteur peut survivre avec des chiffres de vente de 500 à 1000 exemplaires ?
Ca peut contenter le petit éditeur, mais l'auteur, lui, il sera obligé de travailler à côté.

D'un côté, il y a les aides à la création, qui sont indispensables pour soutenir des projets difficiles mais passionnants.
Puis il y a les auteurs qui travaillent en parallèle, comme Thierry van Hasselt qui est enseignant à l'académie St Luc (comme Claude renard en son temps), je crois
Il y a les auteurs qui multiplient les collaborations et petits projets (scénographie, illustrations, ateliers...), comme beaucoup d'intermittents.
Ce n'est pas Byzance, mais cela fait partie de stratégie de la débrouille dans beaucoup de métiers artistiques.
Connaissant quelques anciens comédiens de a scène bruxelloise, il est par exemple de notoriété publique que beaucoup bossent dans des lieux comme Labyrinthus ou Sortilèges pour gagner de l'argent et conserver leurs droits au statut d'artistes afn de pouvoir ensuite se consacrer à la création, aux répétitions, etc. La majorité sont loin d'être des divas qui réclament sans effort. Ils bossent, sans faire la fine bouche.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Thierry_2 » 09/05/2019 11:21

Xavier Guilbert a écrit:
yannzeman a écrit:Quel auteur peut survivre avec des chiffres de vente de 500 à 1000 exemplaires ?
Ca peut contenter le petit éditeur, mais l'auteur, lui, il sera obligé de travailler à côté.

Pas forcément. Il y a la fameuse théorie des "1,000 true fans" de Kevin Kelly, qui explique en gros que 1000 "vrais" fans suffisent pour un artiste de musique pour vivre correctement, s'il est capable de récupérer tout l'investissement que ses fans sont prêts à lui donner.
En gros, un auteur de bande dessinée qui vendrait un livre à 15€, et récupérerait 100% de ces 15€ se retrouverait avec 15000€ de revenu annuel, avec 1000 ventes. A comparer avec un SMIC brut à 18255€ en 2019.

Le cas de Laurel, avec Comme Convenu, est d'ailleurs une bonne illustration de cette situation étrange, dans laquelle l'introduction d'un éditeur dans l'équation aboutirait à un résultat très nettement au détriment de l'auteur.

le problème pour l'auteur est d'arriver à se constituer ces "1000 true fans"
Internet favorise l'entretien ce type de rapport direct, mais la difficulté est de l'installer.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede alambix » 09/05/2019 13:08

Xavier Guilbert a écrit:
yannzeman a écrit:Quel auteur peut survivre avec des chiffres de vente de 500 à 1000 exemplaires ?
Ca peut contenter le petit éditeur, mais l'auteur, lui, il sera obligé de travailler à côté.

Pas forcément. Il y a la fameuse théorie des "1,000 true fans" de Kevin Kelly, qui explique en gros que 1000 "vrais" fans suffisent pour un artiste de musique pour vivre correctement, s'il est capable de récupérer tout l'investissement que ses fans sont prêts à lui donner.
En gros, un auteur de bande dessinée qui vendrait un livre à 15€, et récupérerait 100% de ces 15€ se retrouverait avec 15000€ de revenu annuel, avec 1000 ventes. A comparer avec un SMIC brut à 18255€ en 2019.


VRAI. Dans la musique, on peut citer l'exemple de Ray Wilson, ancien chanteur du groupe de métal écossais Stiltskin, propulsé chanteur de Genesis en 1997 puis ... plus rien dès 1998, vu l'échec de l'album avec ce groupe.
Ne trouvant plus de maisons de disque (la crise étant passé par là), l'écossais est parti vivre en Pologne (ayant rencontré l'amour là-bas) et a commencé à s'autofinancer.
Ventes en direct sur son site et dans ses concerts.
Auto-financement réussi, le gars réussit à en vivre. Pas de quoi acheter une maison à St-Barth, mais suffisamment pour vivre normalement de manière décente, et à vivre de sa passion.
Aujourd'hui je crois qu'il a retrouvé un système d'édition classique.
Et je pense pas qu'il doit avoir beaucoup + que 1.000 fans ...

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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede pabelbaba » 09/05/2019 13:11

Si ce n'est que la logistique de vente de CD/MP3 et de BD, ce n'est pas vraiment la même chose.
Mais à devoir choisir entre la peur du vide et la nausée des trottoirs... j'aurais sans doute fait comme eux.

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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 09/05/2019 13:28

Xavier Guilbert a écrit:
yannzeman a écrit:Quel auteur peut survivre avec des chiffres de vente de 500 à 1000 exemplaires ?
Ca peut contenter le petit éditeur, mais l'auteur, lui, il sera obligé de travailler à côté.

Pas forcément. Il y a la fameuse théorie des "1,000 true fans" de Kevin Kelly, qui explique en gros que 1000 "vrais" fans suffisent pour un artiste de musique pour vivre correctement, s'il est capable de récupérer tout l'investissement que ses fans sont prêts à lui donner.
En gros, un auteur de bande dessinée qui vendrait un livre à 15€, et récupérerait 100% de ces 15€ se retrouverait avec 15000€ de revenu annuel, avec 1000 ventes. A comparer avec un SMIC brut à 18255€ en 2019.

Le cas de Laurel, avec Comme Convenu, est d'ailleurs une bonne illustration de cette situation étrange, dans laquelle l'introduction d'un éditeur dans l'équation aboutirait à un résultat très nettement au détriment de l'auteur.


Sauf que, même si cet auteur vendait sans intermédiaire, jamais il ne récupérerait 100% du prix de vente.
Le cout d'impression, de distribution, la gestion des retours ; je ne vous apprend rien, vous connaissez la problématique mieux que moi.

(et puis, un auteur ambitionne sans doute de gagner plus que le smig, sinon pourquoi s'emmerder pour si peu ?
je sais que c'est la situation de pas mal d'auteurs, mais justement, ils nous disent qu'ils abandonnent, et je les comprend)

Donc on en revient à la question :
quel auteur peut vivre dignement avec des ventes de 1000 exemplaires ?
réponse : aucun.
(ou alors, en plus d'un métier alimentaire, avec la problématique des délais entre 2 albums, qui finissent par souler les lecteurs et ne contribuent pas à populariser la BD dans le grand public)

la maison d'édition s'y retrouvera peut-être, mais l'auteur certainement pas.

pabelbaba a écrit:Si ce n'est que la logistique de vente de CD/MP3 et de BD, ce n'est pas vraiment la même chose.


Si la BD numérique prend de l'ampleur, ca peut devenir comparable.
Mais on nous dit que le numérique ne prend pas, en BD, pour le moment.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Keorl » 09/05/2019 13:32

Après il y a aussi le cercle vicieux/vertueux qui fait qu'un titre censé se vendre va être poussé sur toute la chaîne pendant que d'autres titres tout aussi bons (et avec plus ou moins le même public cible) ne le sont pas, ce qui aide/entraîne des différences de ventes, qui justifient de recommencer à l'album suivant de la série ou de l'auteur.

Ce cercle est entretenu par les éditeurs en premier lieu, puis les distributeurs (en particulier les grosses structures) ainsi que les médias.
Il y a des titres qui, parce que déjà connus (ou d'un auteur connu) ou désignés par un décideur, vont être fortement markétés par l'éditeur, lequel ira parfois jusqu'à fournir du matériel de mise en avant aux libraires (affiches, présentoirs), et qui feront parler la presse généraliste.
Et d'autres titres avec tout autant de qualités intrinsèques, qui passeront inaperçus.
Parfois je me pointe à la fnac avec ma liste de la semaine, il y a une BD qui est au moins en tête de rayon (voir entrée du magasin et/ou en face de l'escalator selon la concurrence des autres rayons) et une autre dont ma libraire n'a reçu qu'un ou deux exemplaires, donc rangés directement en rayon dans l'ordre alphabétique, inaperçus. Et pourtant les 2 sont sur un thème similaire, intéressent le même lecteur (moi) et ont le même niveau de qualité.


Je pense que ceci est avant tout de la responsabilité de l'éditeur. Et que ce dernier devrait avoir une obligation de maketing minimal dans les contrats, sans quoi la part qu'il prend n'est pas justifiée et l'auteur devrait recevoir une plus grosse part.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 09/05/2019 14:03

yannzeman a écrit:Donc on en revient à la question :
quel auteur peut vivre dignement avec des ventes de 1000 exemplaires ?
réponse : aucun.

J'aime beaucoup cette illustration d'une envie de débattre.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 09/05/2019 14:08

Keorl a écrit:Après il y a aussi le cercle vicieux/vertueux qui fait qu'un titre censé se vendre va être poussé sur toute la chaîne pendant que d'autres titres tout aussi bons (et avec plus ou moins le même public cible) ne le sont pas, ce qui aide/entraîne des différences de ventes, qui justifient de recommencer à l'album suivant de la série ou de l'auteur.

Exactement, on parle alors d'avantages cumulatifs.

Le cas d'Astérix en est une bonne illustration: chaque nouvelle sortie bénéficie d'une campagne marketing conséquente de l'éditeur, d'une couverture médiatique dithyrambique, et d'une présence en magasin qui dépasse même souvent les lieux de ventes habituels de la bande dessinée (cf. la présence en supermarché au moment des fêtes). L'ensemble se conjugue avec une notoriété forte, et une valeur perçue construite sur l'historique, pour faire de ces livres des succès garantis.
On notera d'ailleurs que la mauvaise qualité des derniers ouvrages d'Uderzo tout seul n'a pas vraiment entamé ce capital, avec des ventes relativement stables sur les derniers opus.
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Xavier Guilbert
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 09/05/2019 14:14

Xavier Guilbert a écrit:
yannzeman a écrit:Donc on en revient à la question :
quel auteur peut vivre dignement avec des ventes de 1000 exemplaires ?
réponse : aucun.

J'aime beaucoup cette illustration d'une envie de débattre.


Mais est-ce que c'est faux ?
Débattre, c'est une chose ; mais il faut bien dire la réalité, être dans le concret.
yannzeman
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