Titre Fenetre
Contenu Fenetre
Connexion
  • Se souvenir de moi
J'ai oublié mon mot de passe

C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition - 2010-2021

Pour discuter de tous les sujets généraux autour de la bande dessinée, des libraires, des éditeurs et des auteurs

Re: C'est la crise ?

Messagede alambix » 07/05/2019 08:31

Message précédent :
9 ans et 500 pages plus tard, j'ai l'impression de lire les mêmes choses page après page ... [:kusanagui:3]
A vrai dire, je passe sur ce sujet 1 fois tous les 6 mois, et je lis quand même encore et toujours la même chose.

Les auteurs ont quand même bien de la chance de voir les lecteurs s'inquiéter autant de leur sort. Si les acheteurs de pain pouvaient en faire autant pour leur boulanger, ou les amateurs de gratin pour l'agriculteur du coin, bah la société moderne serait paradisiaque, non ?
Au lieu de çà, j'ai l'impression qu'on sélectionne nos niveaux d'inquiétude en fonction de ses centres d'intérêt personnels. Cà porte un nom, de l’égoïsme.
La crise des "gilets jaunes", si elle a viré très vite au très très grand n'importe quoi, a au moins le mérite de mettre en avant une chose : la crise, elle est globale. Tant qu'on réfléchira au niveau microscopique des branches de métiers, on résoudra rien. Auteurs compris. Je suis pas auteur et je galère. Qui ouvre un sujet avec 500 pages de débat pour mon cas (qui est aussi celui de millions de français) ?

Après, juste une interrogation. Depuis 10 ans, on explique sur ce topic page après page combien les auteurs galèrent. Et pourtant, j'ai l'impression de voir de + en + de BD et de produits dérivés. J'aime la BD, mais quand j'entre dans une GSS type Fnac, Furet etc ... je ne sais plus où regarder tellement il y a de choix. Et à vrai dire, souvent, je ressort les mains vides de ce type de surface, la surabondance de titres ayant chez moi paradoxalement un effet repoussoir.
Si le choix est si important, c'est que ce métier attire. Ce qui est quand même bien paradoxal pour un métier en crise.

Je citerai ici une des premières interventions de ce topic, en 2010, celle de Luc Brunschwig :

luc Brunschwig a écrit:L'offre, la surproduction l'a uniformisée, de la même façon qu'elle l'avait déjà fait à la fin des années 80 avec le trop plein de sous-7 vie de l'Epervier et les mièvreries uniformes produites alors par Media Participations. On ne surproduit pas dans la créativité, on surproduit dans la contre-façon, en essayant de copier le succès du voisin ou en s'auto-copiant. Ca ne veut pas dire qu'il n'y a pas là-dedans quelques albums de qualité, mais en uniformisant tout, du dessin, à la couverture en passant par le scénario, tout se ressemble tellement, qu'il est difficile de repérer d'emblée sur les étales le talent dans le nouveau sous-Lanfeust, le nouveau sous-Largo ou le nouveau sous-Titeuf...
On fait ça parce que ça doit se vendre tout seul avec le nouveau tome du modèle dont on poursuit le succès, mais quand le lecteur s'est pris 10, 20 sous-merde, pour un truc bonnard, tout s'effondre et ce n'est pas le libraire saoûl de voir d'ébouler tous ces ersatz qui va aller s'amuser à séparer le grain de l'ivraie...
Une vente qui doit se faire toute seule nécessite qu'on offre de la qualité, sinon, on perd la confiance des lecteurs (surtout quand il n'y a jamais de tome 2) et une fois la confiance perdue, le marché s'effondre... La Bd est avant tout un art du plaisir... personne n'est assez stupide pour continuer d'acheter (très ? trop ?) chers des bouquins qui n'en fournissent aucun, ni visuel, ni intellectuel... Et c'est là où on est bien merdeux en ce temps de crise, c'est que la plupart des éditeurs, à force de piller le porte monnaie des lecteurs avec des BD à 13 euros, mal encadrées, mal finies, à la limite de l'amateurisme, à force de trahir le contrat en apportant pas de suite aux séries entamés, ont convaincu les lecteurs d'arrêter de "tenter" la loterie à 13 euros le billet trop souvent perdant.


Tant que l'offre sera supérieure à la demande, les auteurs ne risquent pas d'en sortir gagnants.
Nobody is gonna hit as hard as life. But it ain’t about how hard you hit. It’s about how hard you can get hit and keep moving forward; how much you can take and keep moving forward.
Avatar de l’utilisateur
alambix
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4963
Inscription: 16/09/2015

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Jeff70 » 07/05/2019 08:39

@ Nirm

Si tu ne comprends pas la notion de "création de richesse", tu peux la remplacer par celle de "valeur ajoutée".
La différence fondamentale entre un salarié et un non salarié, c'est que le salarié peut être rémunéré sur une valeur ajoutée qu'il ne crée pas lui-même.
C'est bien sûr le cas des fonctionnaires, payés avec des impôts, mais c'est aussi le cas de nombreux salariés du privé, rémunérés au moyen d'une valeur ajoutée qu'ils ne créent pas eux-mêmes, parce qu'ils ne fabriquent pas, et qu'ils ne vendent pas non plus (leur contribution aux résultats est "indirecte", c'est par exemple le cas d'un comptable).

Au contraire, un non salarié ne peut être rémunéré que sur la valeur ajoutée qu'il crée lui-même, et qui correspond à la différence entre les recettes générées par son activité, et les différents frais et dépenses nécessaires pour réaliser cette même activité.
Par exemple, la valeur ajoutée créée par un médecin est égale au total des honoraires que lui versent ses patients, diminué des coûts (bureau, assistante, frais divers...) qu'il doit supporter pour faire son métier. Un indépendant n'est pas rémunéré sur la base du temps qu'il consacre à son travail, car seul le temps qui lui est payé par un client correspond à de la valeur ajoutée.

La valeur ajoutée d'un auteur de BD, est bien sûr égale au chiffre d'affaires public des albums qu'il a produits, diminué de l'ensemble des coûts nécessaires pour produire et diffuser les albums en question ( coûts d'édition, d'impression, de diffusion, y compris bien sûr la marge des libraires...).
Jeff70
BDéphile
BDéphile
 
Messages: 1077
Inscription: 23/10/2016
Localisation: Paris

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Bolt » 07/05/2019 08:49

Jeff70 a écrit:La valeur ajoutée d'un auteur de BD, est bien sûr égale au chiffre d'affaires public des albums qu'il a produits, diminué de l'ensemble des coûts nécessaires pour produire et diffuser les albums en question ( coûts d'édition, d'impression, de diffusion, y compris bien sûr la marge des libraires...).

Donc, si j'ai bien compris ton raisonnement, la "valeur ajoutée" ou "richesse" d'un auteur de BD, c'est ce qu'il a vendu, pas ce qu'il crée...
Eh bien, on n'est pas sorti...
Avatar de l’utilisateur
Bolt
BDGestiste Avancé
BDGestiste Avancé
 
Messages: 7413
Inscription: 20/12/2017
Localisation: Cat Town
Age: 45 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede alambix » 07/05/2019 08:52

Jeff70 a écrit:@ Nirm

Si tu ne comprends pas la notion de "création de richesse", tu peux la remplacer par celle de "valeur ajoutée".
La différence fondamentale entre un salarié et un non salarié, c'est que le salarié peut être rémunéré sur une valeur ajoutée qu'il ne crée pas lui-même.


CQFD :ok:
Dès qu'on explique çà, on est de suite taxé d’égoïste. Mais c'est une réalité.
Il est impensable de croire qu'un artiste puisse bénéficier des mêmes avantages salariaux qu'un salarié. Ce n'est pas un jugement, ce n'est pas égoïste, c'est juste une réalité.
Quand tu es artiste, forcément ton équilibre financier est subordonné à ta réussite commerciale. Ce n'est pas le cas des dessinateurs "salariés", comme çà peut être le cas dans certains studios, qui eux bénéficient d'une plus grande sécurité.
Nobody is gonna hit as hard as life. But it ain’t about how hard you hit. It’s about how hard you can get hit and keep moving forward; how much you can take and keep moving forward.
Avatar de l’utilisateur
alambix
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4963
Inscription: 16/09/2015

Re: C'est la crise ?

Messagede Le Complot » 07/05/2019 08:53

alambix a écrit:9 ans et 500 pages plus tard, j'ai l'impression de lire les mêmes choses page après page ... [:kusanagui:3]
A vrai dire, je passe sur ce sujet 1 fois tous les 6 mois, et je lis quand même encore et toujours la même chose.

La vie c'est des cycles.
"Se vogliamo che tutto rimanga come è, bisogna che tutto cambi".
Avatar de l’utilisateur
Le Complot
Kamoulox
Kamoulox
 
Messages: 47276
Inscription: 25/09/2008
Localisation: Côte d'Emeraude
Age: 36 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede alambix » 07/05/2019 08:54

Bolt a écrit:
Jeff70 a écrit:La valeur ajoutée d'un auteur de BD, est bien sûr égale au chiffre d'affaires public des albums qu'il a produits, diminué de l'ensemble des coûts nécessaires pour produire et diffuser les albums en question ( coûts d'édition, d'impression, de diffusion, y compris bien sûr la marge des libraires...).

Donc, si j'ai bien compris ton raisonnement, la "valeur ajoutée" ou "richesse" d'un auteur de BD, c'est ce qu'il a vendu, pas ce qu'il crée...
Eh bien, on n'est pas sorti...


Justement, si la valeur d'un auteur, c'est ce qu'il crée, pas ce qu'il vend, alors c'est absurde de vouloir en faire des salariés lambdas. La création est-elle compatible avec un bulletin de salaire ? Il faut inclure une prime d'ancienneté ?
Picasso n'était pas salarié ...
Nobody is gonna hit as hard as life. But it ain’t about how hard you hit. It’s about how hard you can get hit and keep moving forward; how much you can take and keep moving forward.
Avatar de l’utilisateur
alambix
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4963
Inscription: 16/09/2015

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Jeff70 » 07/05/2019 09:01

Disons que, pour discuter de façon sérieuse d'un sujet de ce genre, il faudrait que tout le monde ait une compréhension minimale des principes de base sur lesquels repose le fonctionnement du système économique dans lequel nous vivons...
Jeff70
BDéphile
BDéphile
 
Messages: 1077
Inscription: 23/10/2016
Localisation: Paris

Re: C'est la crise ?

Messagede alambix » 07/05/2019 09:13

Le Complot a écrit:
alambix a écrit:9 ans et 500 pages plus tard, j'ai l'impression de lire les mêmes choses page après page ... [:kusanagui:3]
A vrai dire, je passe sur ce sujet 1 fois tous les 6 mois, et je lis quand même encore et toujours la même chose.

La vie c'est des cycles.


Bah vivement le deuxième cycle, alors ! Celui où les gentils auteurs se révoltent, et jettent un sortilège dans chaque 2ème case de la planche 8 de leurs albums, transformant les lecteurs en zombies, afin de les punir de ne pas avoir manifesté pour eux ! :D
Nobody is gonna hit as hard as life. But it ain’t about how hard you hit. It’s about how hard you can get hit and keep moving forward; how much you can take and keep moving forward.
Avatar de l’utilisateur
alambix
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4963
Inscription: 16/09/2015

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Bolt » 07/05/2019 09:27

Jeff70 a écrit:Disons que, pour discuter de façon sérieuse d'un sujet de ce genre, il faudrait que tout le monde ait une compréhension minimale des principes de base sur lesquels repose le fonctionnement du système économique dans lequel nous vivons...

Il n'y a pas de problème à ce que tu expliques ou réexpliques les principes de base... C'est juste qu'à un moment donné, en ne regardant que par ce prisme, il n'y a plus qu'à se plier aux exigences du travail, manger des pâtes, payer ses impôts et tes abonnements, assister au même divertissement que son voisin pour occuper ses dimanches, et faire des gosses pour entretenir le système économique.

De toute manière, chacun campera ses positions. Et comme Nirm, je trouve les réactions de certains vraiment ridicules, pour ne pas dire consternantes.
Avatar de l’utilisateur
Bolt
BDGestiste Avancé
BDGestiste Avancé
 
Messages: 7413
Inscription: 20/12/2017
Localisation: Cat Town
Age: 45 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede Le Complot » 07/05/2019 09:28

alambix a écrit:
Le Complot a écrit:
alambix a écrit:9 ans et 500 pages plus tard, j'ai l'impression de lire les mêmes choses page après page ... [:kusanagui:3]
A vrai dire, je passe sur ce sujet 1 fois tous les 6 mois, et je lis quand même encore et toujours la même chose.

La vie c'est des cycles.


Bah vivement le deuxième cycle, alors ! Celui où les gentils auteurs se révoltent, et jettent un sortilège dans chaque 2ème case de la planche 8 de leurs albums, transformant les lecteurs en zombies, afin de les punir de ne pas avoir manifesté pour eux ! :D

[:kusanagui:6]
"Se vogliamo che tutto rimanga come è, bisogna che tutto cambi".
Avatar de l’utilisateur
Le Complot
Kamoulox
Kamoulox
 
Messages: 47276
Inscription: 25/09/2008
Localisation: Côte d'Emeraude
Age: 36 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 07/05/2019 10:16

désolé, je me suis absenté pour bosser, et quand je reviens, je constate mon retard...

Nirm a écrit:Je n'ai pas dit qu'on oubliait, mais tu as signé une pétition ? Oui
Tu as écrit à ton député à ce sujet ?
Tu es allé les soutenir pendant leur grève.

Et ta position sur le métier d'auteur est à l'image de ta conduite et de tes idées, elle change en fonction des arguments que l'on avance...
Si c'est un métier comme un autre, pourquoi faire entrer la notion de passion ?

L'un n'est pas incompatible avec l'autre.
Dans TOUS les métiers, certains l'exercent avec passion et d'autres pas.


Qu'est-ce qui serait différent d'un enseignant ?
Et pour cette profession, on bouge quand l'école du coin va fermer ou on met nos enfants dans le privé et le reste du temps ces mêmes enseignants qui éduquent et forment nos enfants (une préoccupation que tu mets souvent en avant dans tes posts) sont des privilégiés qui bossent 18h/semaine et ont trop de vacances...lol

Quel rapport avec le sujet qui nous occupe ?
j'ai cité le cas d'une profession qui manifeste sans arrêter de travailler, et qui au final n'obtient rien. Les écoles qui se bougent, elles obtiennent parfois justement parce qu'elles bougent, que la classe n'est pas assurée.
(en essayant de faire le lien avec ce que j'ai dit, parce que là, vous m'avez perdu)


Je ne te culpabilise pas (quand on prône le piratage en expliquant qu'on y est contraint par les vilains éditeurs, je ne vois pas quoi ajouter) je parle de responsabilité et d'entraide.
accuser d'égoïsme, c'est culpabiliser (et faire entrer la morale dans le sujet qui est économique)

Et je confirme, penser à sa gueule en premier c'est égoïste.
Parler d'offre et de demande c'est réduire la culture et l'art à quoi au juste ?

A du commerce. Ce qu'est la culture, en fin de compte (on l'a déjà évoqué plein de fois...).
La musique, le cinéma, la littérature ne sont pas des métiers comme les autres, en faire commerce exige un traitement particulier.

C'est votre vision des choses ; mais elle n'est pas partagée par tout le monde, acceptez-le.
Pour moi, c'est un commerce et des métiers comme les autres, ni plus ni moins.

Je dirais même que c'est, pour moi (et déjà évoqué aussi), moins important que les métiers d'alimentation, d'énergie, de transport ou de santé, qui devrait être, eux, beaucoup plus sanctuarisés par le politique.


Les auteurs ne demandent pas à vendre plus cher leur livre ni à ce que les libraires gagnent moins, ils demandent à ce que les règles de partage de la richesse qu'ils produisent soient revues pour pouvoir continuer à exercer un métier qu'ils ont choisi et qui nous est profitable.
Ne pas avoir de solution n'est pas un problème, ne pas trouver juste cette demande est l'illustration que lorsque tu dis que tu te soucies de leur sort et les soutiens c'est un mensonge de plus.
Tu n'es plus à ça près.

Relisez-moi.
Je ne suis absolument pas contre une meilleure répartition des richesses, bien au contraire.
Je dis juste que certains auteurs n'ont pas leur place, parce qu'ils ne produisent pas assez de richesses (et donc ceux là ne doivent pas être artificiellement maintenus dans cette profession)

Et, dans le combat des auteurs, je dis aussi que s'ils veulent aboutir à quelque chose, je pense qu'ils doivent tarir la source des revenus des éditeurs, cesser de produire (comme la grève des scenaristes US).


Peut-être qu'une grève générale serait utile, mais si les personnes qui profitent des créations ne sont pas convaincues de l'urgence de la situation, ça ne mènera nulle part.
Et vu les réactions ici, la route sera longue.

La grève des scénaristes US s'est déroulée dans l'indifférence des téléspectateurs ; elle a pourtant aboutie.
yannzeman
BDGestiste Avancé
BDGestiste Avancé
 
Messages: 5379
Inscription: 25/11/2015

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Pouffy » 07/05/2019 10:41

Jeff70 a écrit:Si tu ne comprends pas la notion de "création de richesse", tu peux la remplacer par celle de "valeur ajoutée".
La différence fondamentale entre un salarié et un non salarié, c'est que le salarié peut être rémunéré sur une valeur ajoutée qu'il ne crée pas lui-même.
C'est bien sûr le cas des fonctionnaires, payés avec des impôts, mais c'est aussi le cas de nombreux salariés du privé, rémunérés au moyen d'une valeur ajoutée qu'ils ne créent pas eux-mêmes, parce qu'ils ne fabriquent pas, et qu'ils ne vendent pas non plus (leur contribution aux résultats est "indirecte", c'est par exemple le cas d'un comptable).


Ca c'est le premier niveau d'approche. Et donc tu passes la rémunération du comptable en frais généraux. Dans une approche en coût complet tu utilises une clé de répartition pour redistribuer cette charge sur le prix des produits vendus. Donc, le comptable étant une charge, il faut le payer le moins possible. Cours d'économie de base des années 90-2000.

L'approche appliquée actuellement (surtout depuis 2007), c'est que le comptable te protège de plusieurs risques (réglementaires, fraudes, erreurs...). Dans une approche de cotation des risques, tu évalues ton exposition à ces risques avec les coûts bruts puis nets en fonction de ton dispositif de maîtrise de ce risque. Tu provisionnes comptablement en capitaux propres cette exposition. Le comptable reste une charge mais aussi celui qui peut diminuer ton exposition aux risques. Donc tu le paye en fonction de ça.

J'ai pris le cas du comptable mais ça fonctionne avec tout le reste.

Jeff70 a écrit:Au contraire, un non salarié ne peut être rémunéré que sur la valeur ajoutée qu'il crée lui-même, et qui correspond à la différence entre les recettes générées par son activité, et les différents frais et dépenses nécessaires pour réaliser cette même activité.
Par exemple, la valeur ajoutée créée par un médecin est égale au total des honoraires que lui versent ses patients, diminué des coûts (bureau, assistante, frais divers...) qu'il doit supporter pour faire son métier. Un indépendant n'est pas rémunéré sur la base du temps qu'il consacre à son travail, car seul le temps qui lui est payé par un client correspond à de la valeur ajoutée.


Médecin est un mauvais exemple. Tu as les fonctionnaires, les conventionnés, les non conventionnés. Pour les deux premiers, la rémunération est fixée par l'état (donc rien à voir avec une approche par la valeur ajoutée). De plus le numerus clausus bloque le déploiement de l'activité, donc absence de corrélation offre / demande.
Avatar de l’utilisateur
Pouffy
BDGestiste Avancé
BDGestiste Avancé
 
Messages: 7369
Inscription: 26/04/2003
Localisation: Surgères
Age: 49 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede alambix » 07/05/2019 10:43

Bolt a écrit:
Jeff70 a écrit:Disons que, pour discuter de façon sérieuse d'un sujet de ce genre, il faudrait que tout le monde ait une compréhension minimale des principes de base sur lesquels repose le fonctionnement du système économique dans lequel nous vivons...

Il n'y a pas de problème à ce que tu expliques ou réexpliques les principes de base... C'est juste qu'à un moment donné, en ne regardant que par ce prisme, il n'y a plus qu'à se plier aux exigences du travail, manger des pâtes, payer ses impôts et tes abonnements, assister au même divertissement que son voisin pour occuper ses dimanches, et faire des gosses pour entretenir le système économique.

De toute manière, chacun campera ses positions. Et comme Nirm, je trouve les réactions de certains vraiment ridicules, pour ne pas dire consternantes.


Pour ma part, je suis bien d'accord avec toi. Mais je suis réaliste et je sais que, malheureusement, le monde ne risque pas de s'améliorer. A tout point de vue.
J'ai pas l'impression, avec le vécu que j'ai, d'avoir constaté jusqu'ici la moindre amélioration dans le bon sens.
La planète se meurt, les espèces animales ou végétales disparaissent, les conflits se généralisent ou prennent une forme beaucoup + difficile à contrôler (terrorisme) ... La société toute entière devient violente et égoïste.

Je n'ai pas l'impression, en 40 ans, d'avoir vu d'amélioration écologique ou humaine dans ce monde. Au contraire.
Est-ce que je le souhaite ? Oui. Mais c'est un constat : je ne me berce plus d'illusion. Nous ne réfléchissons plus que par nos innovations technologiques comme preuve de modernité. Mais plus la technologie progresse, plus l'humanité disparait.
La technologie a encouragé le développement du terrorisme et a permis d'inventer des crimes qui n'existaient pas il y a 30 ans encore.

Est-ce que demain le public défilera dans la rue pour améliorer la condition des auteurs ? Je n'y crois pas une seconde. Çà ne signifie pas que je soit contre. Mais je n'y crois pas.
NIRM le dit : les "gens" compatissent quand ils sont touchés, concernés par une cause. Mais ne bougent pas une oreille dans le cas contraire. Notre société est comme çà.
Est-ce que nos enfants seront meilleurs ? J'espère. Mais pour notre génération, je n'ai plus -aucun - espoir.
Nobody is gonna hit as hard as life. But it ain’t about how hard you hit. It’s about how hard you can get hit and keep moving forward; how much you can take and keep moving forward.
Avatar de l’utilisateur
alambix
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4963
Inscription: 16/09/2015

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede alambix » 07/05/2019 10:56

yannzeman a écrit:désolé, je me suis absenté pour bosser, et quand je reviens, je constate mon retard...


Parce que poster ici, c'est pas du boulot ?!? :grrrr: :D
Nobody is gonna hit as hard as life. But it ain’t about how hard you hit. It’s about how hard you can get hit and keep moving forward; how much you can take and keep moving forward.
Avatar de l’utilisateur
alambix
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4963
Inscription: 16/09/2015

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 07/05/2019 10:58

Jeff70 a écrit:Au contraire, un non salarié ne peut être rémunéré que sur la valeur ajoutée qu'il crée lui-même, et qui correspond à la différence entre les recettes générées par son activité, et les différents frais et dépenses nécessaires pour réaliser cette même activité. [...]
La valeur ajoutée d'un auteur de BD, est bien sûr égale au chiffre d'affaires public des albums qu'il a produits, diminué de l'ensemble des coûts nécessaires pour produire et diffuser les albums en question ( coûts d'édition, d'impression, de diffusion, y compris bien sûr la marge des libraires...).

Pas de problème là-dessus.
Par contre, ce que soulignent les auteurs aujourd'hui, c'est que d'un côté on a un secteur de l'édition florissant, avec des grands éditeurs qui réalisent des chiffres d'affaires importants; et que de l'autre on a les auteurs qui sont ceux qui, justement, apportent la fameuse valeur ajouté primordiale, et qui n'en récoltent que des miettes. Il y a donc un vrai problème structurel, qui résulte d'une série d'évolutions qui ont progressivement érodé l'assiette de leur rémunération.

En gros, historiquement, on a eu les grandes étapes suivantes:
- époque de la prépublication en magazine: prix à la page, et droits d'auteur sur les recueils dès le premier exemplaire vendu;
- transition vers l'album: à-valoir, et droits d'auteur sur les ventes dès le premier exemplaire vendu;
- concertation des éditeurs: à-valoir remplacés par des avances sur droit, droits d'auteur sur les ventes uniquement après remboursement;
- passage au forfait: avances sur droit non plus basées sur un tarif à la page mais remplacées par un forfait (dans un contexte d'augmentation de la pagination des ouvrages), droits d'auteur sur les ventes uniquement après remboursement;
Toutes ces évolutions se sont faites avec une concertation des éditeurs (ouvertement reconnue, cf. le bouquin de Dayez) pour proposer peu ou prou la même chose aux auteurs, et toujours dans un mouvement allant vers l'appauvrissement des auteurs.

Et encore une fois, les auteurs qui se sont manifestés contre ce système ne sont pas ces "auteurs-artistes qui vendent pas même 300 exemplaires mais voudraient être subventionnés comme les parasites qu'ils sont" (je paraphrase certains des discours entendus ici), mais des personnes comme Kris, Fabien Vehlmann ou Denis Bajram. Avec le soutien de Benoît Peeters, entre autres.
Avatar de l’utilisateur
Xavier Guilbert
BDéphile
BDéphile
 
Messages: 1200
Inscription: 29/01/2007
Localisation: Paris
Age: 53 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Nirm » 07/05/2019 11:25

Jeff70 a écrit:@ Nirm

Si tu ne comprends pas la notion de "création de richesse", tu peux la remplacer par celle de "valeur ajoutée".
La différence fondamentale entre un salarié et un non salarié, c'est que le salarié peut être rémunéré sur une valeur ajoutée qu'il ne crée pas lui-même.
C'est bien sûr le cas des fonctionnaires, payés avec des impôts, mais c'est aussi le cas de nombreux salariés du privé, rémunérés au moyen d'une valeur ajoutée qu'ils ne créent pas eux-mêmes, parce qu'ils ne fabriquent pas, et qu'ils ne vendent pas non plus (leur contribution aux résultats est "indirecte", c'est par exemple le cas d'un comptable).

Au contraire, un non salarié ne peut être rémunéré que sur la valeur ajoutée qu'il crée lui-même, et qui correspond à la différence entre les recettes générées par son activité, et les différents frais et dépenses nécessaires pour réaliser cette même activité.
Par exemple, la valeur ajoutée créée par un médecin est égale au total des honoraires que lui versent ses patients, diminué des coûts (bureau, assistante, frais divers...) qu'il doit supporter pour faire son métier. Un indépendant n'est pas rémunéré sur la base du temps qu'il consacre à son travail, car seul le temps qui lui est payé par un client correspond à de la valeur ajoutée.

Un fonctionnaire n'est pas un salarié.
Et j'aime bien ton histoire mais un fonctionnaire (comme une sage-femme) nest pas juste une histoire de valeur ajoutée, il peut fournir un service.
Parce qu'il n'y a pas que des biens dans l'économie et pas que des biens commerciaux.
Alors elle est où la richesse et la valeur ajoutée dont tu parles dans ces cas ?
Un médecin fournit un service. Et ses honoraires sont encadrés.
Et dans ses honoraires on a intégré depuis longtemps le temps passé à acquérir les connaissances qui servent à fournir ce service.
Un comptable, un taxi, un masseur, un livreur à domicile fournissent aussi un service.
De même, un salarié peut aussi créer de la valeur ajoutée, comme un ouvrier (salarié) qui conditionne des parfums ou un autre produit.


Le marché du livre est aussi soumis à des règles avec le prix unique, donc parler d'offre et de demande pour obtenir le prix d'équilibre est un peu hors sujet.


Jeff70 a écrit:La valeur ajoutée d'un auteur de BD, est bien sûr égale au chiffre d'affaires public des albums qu'il a produits, diminué de l'ensemble des coûts nécessaires pour produire et diffuser les albums en question ( coûts d'édition, d'impression, de diffusion, y compris bien sûr la marge des libraires...).

C'est ta définition. Pour moi c'est la valeur ajoutée d'un éditeur ce que tu décris.

C'est un peu comme si tu voulais nous expliquer que les producteurs de lait doivent être rémunérer sur les ventes en magasin et non pas par rapport à ce que leur achètent ceux qui conditionnent et vendent en grandes surfaces les bouteilles de lait.

L'auteur n'accroit pas la richesse d'un produit déjà créé, il crée une œuvre.
Et comme toute œuvre de création, le statut est particulier. On ne peut pas, décemment, ramener ça à votre résumé "valeur ajoutée, boulot passion, donc ta gueule ou change de taf".
Tu débarques ? Suis le guide
Avatar de l’utilisateur
Nirm
Grand Maître BDGestiste
Grand Maître BDGestiste
 
Messages: 24005
Inscription: 31/05/2014
Localisation: Bdx
Age: 47 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Jeff70 » 07/05/2019 11:35

J'essayais juste de t'expliquer les principes élémentaires de l'économie de marché, que tu n'as manifestement pas compris...
Du point de vue économique, la création est un produit comme un autre, ce qui ne l'empêche pas d'avoir une signification et une importance particulière EN DEHORS DE L'ÉCONOMIE.

Cela étant dit, l'objet de ce forum c'est de parler de petits mickeys, pas de disserter sur les principes de l'économie de marché... :lol:
Jeff70
BDéphile
BDéphile
 
Messages: 1077
Inscription: 23/10/2016
Localisation: Paris

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Jeff70 » 07/05/2019 11:45

Xavier Guilbert a écrit:
Jeff70 a écrit:Au contraire, un non salarié ne peut être rémunéré que sur la valeur ajoutée qu'il crée lui-même, et qui correspond à la différence entre les recettes générées par son activité, et les différents frais et dépenses nécessaires pour réaliser cette même activité. [...]
La valeur ajoutée d'un auteur de BD, est bien sûr égale au chiffre d'affaires public des albums qu'il a produits, diminué de l'ensemble des coûts nécessaires pour produire et diffuser les albums en question ( coûts d'édition, d'impression, de diffusion, y compris bien sûr la marge des libraires...).

Pas de problème là-dessus.
Par contre, ce que soulignent les auteurs aujourd'hui, c'est que d'un côté on a un secteur de l'édition florissant, avec des grands éditeurs qui réalisent des chiffres d'affaires importants; et que de l'autre on a les auteurs qui sont ceux qui, justement, apportent la fameuse valeur ajouté primordiale, et qui n'en récoltent que des miettes. Il y a donc un vrai problème structurel, qui résulte d'une série d'évolutions qui ont progressivement érodé l'assiette de leur rémunération.

En gros, historiquement, on a eu les grandes étapes suivantes:
- époque de la prépublication en magazine: prix à la page, et droits d'auteur sur les recueils dès le premier exemplaire vendu;
- transition vers l'album: à-valoir, et droits d'auteur sur les ventes dès le premier exemplaire vendu;
- concertation des éditeurs: à-valoir remplacés par des avances sur droit, droits d'auteur sur les ventes uniquement après remboursement;
- passage au forfait: avances sur droit non plus basées sur un tarif à la page mais remplacées par un forfait (dans un contexte d'augmentation de la pagination des ouvrages), droits d'auteur sur les ventes uniquement après remboursement;
Toutes ces évolutions se sont faites avec une concertation des éditeurs (ouvertement reconnue, cf. le bouquin de Dayez) pour proposer peu ou prou la même chose aux auteurs, et toujours dans un mouvement allant vers l'appauvrissement des auteurs.

Et encore une fois, les auteurs qui se sont manifestés contre ce système ne sont pas ces "auteurs-artistes qui vendent pas même 300 exemplaires mais voudraient être subventionnés comme les parasites qu'ils sont" (je paraphrase certains des discours entendus ici), mais des personnes comme Kris, Fabien Vehlmann ou Denis Bajram. Avec le soutien de Benoît Peeters, entre autres.


____________________________________________

Il me parait évident que l'évolution du secteur de l'édition, en particulier dans le domaine de la BD, a conduit à une situation dans laquelle seuls les auteurs qui ont du succès tirent vraiment leur épingle du jeu, conformément à ce que j'expliquais plus haut.
Mais la contrepartie positive, pour les aspirants-auteurs, est que la BD est aujourd'hui un domaine "ouvert" dans lequel chacun peur tenter sa chance.
Et je ne pense pas qu'il soit possible, aujourd'hui, de revenir au système de salariat des auteurs et de "cooptation fermée" qui fonctionnait à l'époque des hebdomadaires de BD.

Naturellement, cela ne signifie pas qu'il n'y ait pas d'améliorations à apporter au système actuel, mais il faut commencer par faire l'effort de bien comprendre son fonctionnement pour voir comment il pourrait évoluer de façon réaliste.
Jeff70
BDéphile
BDéphile
 
Messages: 1077
Inscription: 23/10/2016
Localisation: Paris

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Le Complot » 07/05/2019 12:11

alambix a écrit:
yannzeman a écrit:désolé, je me suis absenté pour bosser, et quand je reviens, je constate mon retard...


Parce que poster ici, c'est pas du boulot ?!? :grrrr: :D

C'est toi que l'on voit quand tu médis, maintenant, tu seras au courant.
"Se vogliamo che tutto rimanga come è, bisogna che tutto cambi".
Avatar de l’utilisateur
Le Complot
Kamoulox
Kamoulox
 
Messages: 47276
Inscription: 25/09/2008
Localisation: Côte d'Emeraude
Age: 36 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede LeJoker » 07/05/2019 12:21

Xavier Guilbert a écrit:
Et encore une fois, les auteurs qui se sont manifestés contre ce système ne sont pas ces "auteurs-artistes qui vendent pas même 300 exemplaires mais voudraient être subventionnés comme les parasites qu'ils sont" (je paraphrase certains des discours entendus ici), mais des personnes comme Kris, Fabien Vehlmann ou Denis Bajram. Avec le soutien de Benoît Peeters, entre autres.

[/quote]

Justement, puisque ces auteurs ont, réunis, une puissance financière certaine, et puisqu'ils savent qu'un business model alternatif est nécessaire et viable, pourquoi ne pas fonder ce business model qu'ils appellent de leurs voeux ?

T'es pas content, tu modifies la configuration du marché.
ça se fait dans tous les autres secteurs.
Joker je réponds, les intelligents aussi, les trolls ben en fait comment dire, allez sucer des courgettes.
Fred Dewilde, auteur.
Avatar de l’utilisateur
LeJoker
Troll officiel
Troll officiel
 
Messages: 12978
Inscription: 10/03/2011
Localisation: Vanuatu

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede alambix » 07/05/2019 12:28

Le Complot a écrit:
alambix a écrit:
yannzeman a écrit:désolé, je me suis absenté pour bosser, et quand je reviens, je constate mon retard...


Parce que poster ici, c'est pas du boulot ?!? :grrrr: :D

C'est toi que l'on voit quand tu médis, maintenant, tu seras au courant.


Rien compris :shock:
Nobody is gonna hit as hard as life. But it ain’t about how hard you hit. It’s about how hard you can get hit and keep moving forward; how much you can take and keep moving forward.
Avatar de l’utilisateur
alambix
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4963
Inscription: 16/09/2015

PrécédenteSuivante

Retourner vers Généralités sur la Bande Dessinée

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité