nexus4 a écrit:Billet de la ligue des auteurs professionnels sur la réforme des retraites :
https://ligue.auteurs.pro/2019/03/31/tr ... s-auteurs/
Denis Barjam en a parlé également, ça ne semble pas encourageant pour les auteurs tout ça...
nexus4 a écrit:Billet de la ligue des auteurs professionnels sur la réforme des retraites :
https://ligue.auteurs.pro/2019/03/31/tr ... s-auteurs/
Monsieur le député,
Madame la députée,
Monsieur le sénateur,
Madame la sénatrice,
Le gouvernement prépare une très importante réforme qui vise à remplacer les 42 régimes de retraite actuels par un système universel. En l’état, elle aura des conséquences absolument désastreuses pour les auteurs et les artistes s’ils n’obtiennent pas des aménagements spécifiques. En effet, leurs revenus seront amputés d’une surcotisation de 13% par rapport à aujourd’hui tout en faisant à terme baisser leur pension.
Des explications plus précises sont en ligne ici :
http://www.extinction-culturelle.fr/retraite/
Si cela advient, la plupart des auteurs et des autrices ne pourront donc bientôt plus vivre de leur création. C’est pourtant la condition nécessaire pour pouvoir continuer à créer. Mais ce n’est pas dangereux que pour eux. En effet, le travail des auteurs et des artistes sert aussi de laboratoire de recherche et de développement à toutes les industries culturelles, audiovisuelles et ludiques bien plus coûteuses. Ne pas protéger aujourd’hui ces créateurs, c’est hypothéquer l’avenir de toute la culture française, mais aussi une bonne partie de son économie et de son rayonnement international.
Je vous demande de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour faire comprendre la gravité de la situation au haut-commissaire à la réforme des retraites, Monsieur Jean-Paul Delevoye, au gouvernement ainsi qu’à votre groupe parlementaire.
Je vous demande de défendre auprès d’eux le maintien des principes de la loi qui en 1975 a ouvert l’accès de la sécurité sociale aux artistes-auteurs. Il faut que l’artiste-auteur continue de ne payer que les cotisations salariales et ait droit aux mêmes points de retraite qu’un salarié à revenu brut équivalent. Et ce malgré l’absence des cotisations patronales et la faiblesse de la cotisation diffuseur censée les remplacer, situation qui n’est pas du fait des artistes-auteurs.
Je vous demande aussi de soutenir le renforcement du statut des artistes et des auteurs, voire la création d’un nouveau statut beaucoup plus protecteur. Face aux immenses inquiétudes exprimées par les auteurs sur leur situation actuelle et sur leur avenir, le ministre de la Culture vient de créer une mission ambitieuse sur l’auteur et l’acte de création. Elle doit absolument aboutir rapidement à des résultats concrets.
J’espère que vous saurez soutenir à l’Assemblée nationale les propositions qui iront dans ce sens.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le député, Madame la député, Monsieur le sénateur, Madame la sénatrice, l’expression de ma haute considération.
Aramis90 a écrit:Déjà dit, mais :
Moins d'auteurs + moins de parutions = meilleure répartition des revenus + meilleure qualité de la production.
La sélection naturelle, quoi.
Afigiboto a écrit:Pour info, Sandawe c'est fini depuis ce matin...
Xavier Guilbert a écrit:
Dernier élément à signaler: moins de parutions ne veut pas forcément dire mécaniquement des ventes accrues. La bande dessinée, comme tout "produit culturel", n'est pas substituable. Si tu peux prendre un yaourt Carrefour plutôt qu'un Yoplait, tu n'accepteras pas d'alternative à Game of Thrones ou Harry Potter. Ce qui veut dire que moins de parutions, c'est aussi possiblement des ventes en moins. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de nouveau Nick Drnaso cette année que je vais aller m'acheter le dernier Largo Winch, par exemple.
Afigiboto a écrit:Pour info, Sandawe c'est fini depuis ce matin...
Xavier Guilbert a écrit:Aramis90 a écrit:Déjà dit, mais :
Moins d'auteurs + moins de parutions = meilleure répartition des revenus + meilleure qualité de la production.
La sélection naturelle, quoi.
Sauf que non.
En fait, il faut se dire que s'il y a tant de sorties, c'est bien parce que les éditeurs y trouvent leur compte. Parce que cela permet de faire du volume, et parce que dans le lot, il y en a toujours un ou deux pour rendre l'opération rentable. D'ailleurs, il y a de quoi s'inquiéter sur la santé de la filière si la situation est aussi terrible que le disent les éditeurs ("en majorité, les albums de bande dessinée ne sont pas rentables"), quand on voit combien sont rémunérés les auteurs pour les produire.
Mais supposons que les éditeurs réduisent véritablement la voilure (je dis "véritablement", parce que pendant des années, on pouvait lire dans le dossier Livres Hebdo sur le sujet ces messieurs déclarer la main sur le coeur que "la surproduction, c'est mal, promis l'an prochain on arrête" sans que cela se retrouve dans les faits), que peut-on anticiper? C'est bien simple: on ne garde plus que les best-sellers. Les trucs qui vendent beaucoup, les trucs déjà établis. Et on vire tout le reste. Alors oui, tout n'est pas à jeter dans le Top 50 des meilleures ventes, loin de là. Mais j'y vois aussi beaucoup, beaucoup de titres très discutables.
(sans compter qu'il y a la fameuse loi de Sturgeon: "90% de toute chose est du déchet", sachant que les 10% de bon varient selon l'individu)
Dernier élément à signaler: moins de parutions ne veut pas forcément dire mécaniquement des ventes accrues. La bande dessinée, comme tout "produit culturel", n'est pas substituable. Si tu peux prendre un yaourt Carrefour plutôt qu'un Yoplait, tu n'accepteras pas d'alternative à Game of Thrones ou Harry Potter. Ce qui veut dire que moins de parutions, c'est aussi possiblement des ventes en moins. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de nouveau Nick Drnaso cette année que je vais aller m'acheter le dernier Largo Winch, par exemple.
ulys a écrit:Afigiboto a écrit:Pour info, Sandawe c'est fini depuis ce matin...
C'est avec tristesse que nous devons vous annoncer que, lors d'une assemblée générale extraordinaire le mercredi 10 avril 2019, le Conseil d'Administration de la SA Sandawe a décidé d'arrêter les activités de la société.
Sandawe.com et les sites satellites (shop.sandawe.com et comptoirbd.sandawe.com) ainsi que les pages dédiées des réseaux sociaux vont donc être mises hors-ligne.
Nous tenons à remercier tous ceux qui ont cru en cette belle aventure humaine qui a permis de rassembler des milliers de passionnés de bande dessinée, auteurs et libraires.
D'autres informations seront prochainement publiées sur cette page.
yannzeman a écrit:si ça se vend, c'est que des gens l'achètent, non ?
Donc que ça correspond à un besoin ; personne ne met un flingue sur la tempe des acheteurs ?
Et rarement les gens achètent en se disant "ah chic, je me suis acheté un petit navet, je suis ravi !"
yannzeman a écrit:Et j'avoue que j'ai aussi beaucoup de mal à comprendre ces éditeurs qui vendent à perte des albums qui ne trouvent pas leur public ; on a beau m'expliquer que c'est un système qui permet de générer (sur le dos des libraires) de l'argent sur des albums pas encore vendus, c'est surtout une fuite en avant qui finira bien, un jour, par s'arrêter, quand le nombre de lecteurs aura trop diminué (ou que amazon aura tué les derniers libraires).
yannzeman a écrit:Enfin, diminuer l'offre permettrait peut-être de "forcer" les artistes à constituer des studios (à la manière des pools d'auteurs pour les séries TV, ou tout simplement comme le faisait un Peyo à son époque) pour produire plus régulièrement des oeuvres sans toucher à la qualité.
Il y aurait donc moins de titres, mais à parution plus régulière, donc au final autant de ventes que maintenant ; mais avec la qualité en plus, puisqu'il n'y aurait que des "best-seller".
Cooltrane a écrit:.... surtout que pour comprendre le Largo 21 ou 22 (je ne sais plus), faut se farcir les 20 ou 21 premiers.
Cooltrane a écrit:Et pourtant les séries B copiées sur les séries A fonctionnent assez bien auprès du public. Le public moyen, il consomme, point-barre ... que ce soit une quiche, une tourte ou une daube.
Cooltrane a écrit:Suffit de voir les multuples resucées de superslipards pour voir que les junkies sont tjs à la recherche d'un nouveau fix, même si la came est moins bonne.
Cooltrane a écrit:Alors, il ne serait évidemment pas question de supprimer Largo ou Titeuf, mais bien les séries qui ne vendent pas ... ou si peu.
Keorl a écrit:On est déjà dans les le noyau dur des très gros à 20 albums par an ? Eh ben. Je suis au double. Par mois. Ça baissera mécaniquement au fur et à mesure que les nouvelles sorties correspondront à des séries déjà commencées (actuellement pour une sortie je rattrape les albums parus avant que je suive les sorties), que les nouvelles intégrales feront de même, et que j'aurais fait l'essentiel de l'ancien que je découvre et rattrape. Mais à la fin je risque de rester autour de 10-20/mois.
Xavier Guilbert a écrit:Cooltrane a écrit:Alors, il ne serait évidemment pas question de supprimer Largo ou Titeuf, mais bien les séries qui ne vendent pas ... ou si peu.
Et c'est là que ça en surprendrait plus d'un, que de découvrir les véritables chiffres de ventes de leur série préférée.
Car cela reste un grand non-dit du marché du livre en général: une immense majorité des livres ne vend pas. Mais pas du tout.
Xavier Guilbert a écrit:yannzeman a écrit:si ça se vend, c'est que des gens l'achètent, non ?
Donc que ça correspond à un besoin ; personne ne met un flingue sur la tempe des acheteurs ?
Et rarement les gens achètent en se disant "ah chic, je me suis acheté un petit navet, je suis ravi !"
Est-ce que cela signifie pour autant que ce sont des oeuvres de qualité? Il y a près d'un million de français qui regardent Touche Pas à mon Poste, ça n'en fait pas un fleuron de la télévision de qualité.
Chiffres de ventes et qualité intrinsèque de l'oeuvre ne sont pas irrémédiablement liées, quoi qu'en disent certains (je pense à Dany Boon se plaignant de ne pas être récompensé aux Césars, alors qu'il avait battu un record d'entrées en salles). Et le fait que les gens achètent ne correspond pas à un plébiscite.
Mauvais exemple.
"Bienvenue chez les chti" est un excellent film, à la fois populaire et de qualité. Dany Boom avait raison de râler, sur celui là.
D'ailleurs, les plus grosses entrées en salles sont de cette catégorie : "Intouchable", "Titanic", "Le corniaud" et "La grande vadrouille".
Donc, oui, c'est souvent un critère de qualité.
Car vous oubliez un détail, à propos de TPAMP : c'est gratuit, une émission TV de la TNT gratuite.
Quand il s'agit de payer, c'est différent, il y a un acte d'achat, et alors la qualité intrinsèque du "produit" entre en jeu, parce qu'on en veut "pour son argent".
Et là, ça explique aussi la réussite actuelle des productions Marvel au cinéma, et l'échec des productions DC (sauf les derniers, Wonder Woman et Aquaman, même si pour moi les 2 ne sont pas terribles).
Il y a les achats "peu investis", sur lesquels ne repose aucune attente: la bande dessinée qu'on achète pour passer un moment de détente, ou par habitude, parce qu'il s'agit de compléter la collection. Il y a les cadeaux, aussi, qu'on fait mais qui (on le sait tous) ne touchent pas toujours juste. Et puis il peut y avoir les ratés, les plaisirs coupables, etc. Bref, tout un tas de raisons pour lesquelles acheter un livre ne correspond pas à délivrer un vote de qualité pour celui-ci.yannzeman a écrit:Et j'avoue que j'ai aussi beaucoup de mal à comprendre ces éditeurs qui vendent à perte des albums qui ne trouvent pas leur public ; on a beau m'expliquer que c'est un système qui permet de générer (sur le dos des libraires) de l'argent sur des albums pas encore vendus, c'est surtout une fuite en avant qui finira bien, un jour, par s'arrêter, quand le nombre de lecteurs aura trop diminué (ou que amazon aura tué les derniers libraires).
Oui, enfin, en même temps, on est en pleine catastrophe écologique, et ça n'empêche pas beaucoup de gros industriels de ne rien changer à leur manière de faire, préférant les profits d'aujourd'hui au monde de demain.yannzeman a écrit:Enfin, diminuer l'offre permettrait peut-être de "forcer" les artistes à constituer des studios (à la manière des pools d'auteurs pour les séries TV, ou tout simplement comme le faisait un Peyo à son époque) pour produire plus régulièrement des oeuvres sans toucher à la qualité.
Il y aurait donc moins de titres, mais à parution plus régulière, donc au final autant de ventes que maintenant ; mais avec la qualité en plus, puisqu'il n'y aurait que des "best-seller".
Donc si je résume: que les auteurs travaillent en studios, pour faire des oeuvres de qualité qui se vendront autant qu'aujourd'hui. Mais comme ils sont plusieurs à bosser dessus, ça veut dire que la rémunération miséreuse qu'on leur accorde aujourd'hui devrait être partagée entre plusieurs. Ah, c'est sûr, ça va créer des vocations, ce système.
Sans parler de la standardisation stylistique que ça impliquerait...
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