kilfou a écrit:Oui pardon, c'est bien sûr sur les ventes, je me suis mal exprimé.
C'est bien parce que les ventes n'excèdent pas le tirage que les auteurs ne touchent pas de droits d'auteurs...
Euh, non.
1. oui, les ventes (physiques) n'excèdent pas le tirage. Le tirage, c'est ce que l'on imprime, les ventes, c'est le nombre de ces bouquins imprimés qui sont effectivement vendus. Sachant qu'il y a là une première subtilité, à savoir que l'éditeur vend au libraire (on appelle ça la mise en place), et que le libraire vend ensuite au consommateur final. Le libraire ayant ensuite la possibilité de renvoyer les livres invendus à l'éditeur (on appelle ça les retours) contre remboursement.
2. les droits des auteurs sont perçus sur chaque livre vendu au consommateur final. Bien souvent, l'éditeur consent à une "avance sur droits", qui est une manière pour lui de faire crédit à l'auteur en contrepartie de l'exploitation commerciale de l'ouvrage ainsi produit. Tant que les droits cumulés qui devraient revenir à l'auteur ne dépassent pas cette avance sur droits, c'est l'éditeur qui se rembourse.
La raison pour laquelle les auteurs ne touchent pas de droits d'auteurs complémentaires (en plus de l'avance sur droits déjà perçue), c'est parce que les ventes n'excèdent pas le point auquel l'avance en question serait intégralement remboursée.
Attention cependant, ça ne veut pas dire que l'éditeur est nécessairement perdant sur le projet, quand bien même la totalité de l'avance sur droits ne serait pas remboursée. En effet, l'éditeur perçoit également sa part sur le livre (qui est généralement plus élevée que celle de l'auteur), et certains cumulent en plus avec le rôle de distributeur-diffuseur (qui est le maillon de la chaîne le plus rentable, et de loin).
Dites-vous bien que si les éditeurs perdaient effectivement de l'argent dans ce genre de fonctionnement, il y aurait belle lurette qu'on aurait abandonné le principe des avances sur droits et que l'on serait passé à autre chose.
Un petit exemple chiffré, histoire d'illustrer la chose.
Selon le Ministère de la Culture et de la Communication, voici la répartition du prix de vente d'un livre (littérature générale, mais ça marche aussi pour la bande dessinée): Auteur/8% - Editeur/21% - Fabrication/15% - Distribution-Diffusion/20% - Point de vente/36%
Pour schématiser, prenons un Auteur qui reçoit 10% de droits d'auteurs, et un Editeur qui perçoit 20% du prix final de l'album vendu 10€, pour lequel il a fait une avance sur droits de 5000€.
Voici, pour différents niveaux de ventes, les gains de l'un et de l'autre:
... 0 ventes - Auteur: 5000€ / Editeur: 0€
... 1000 ventes - Auteur: 5000€ / Editeur: 3000€
... 2000 ventes - Auteur: 5000€ / Editeur: 6000€
... 3000 ventes - Auteur: 5000€ / Editeur: 9000€
... 5000 ventes - Auteur: 5000€ / Editeur: 15000€
(c'est le point auquel l'auteur a fini de rembourser l'avance sur droits. Chaque vente supplémentaire à partir de 5000 exemplaires va donc lui rapporter 1€, l'éditeur empochant 2€)
... 10000 vente - Auteur: 10000€ / Editeur: 25000€
Comme on le voit ici, on note que très rapidement, l'Editeur va rentrer dans ses frais sur l'avance accordée (le point se situe à 1667 exemplaires) et est donc positif dans son investissement bien avant que l'auteur ne commence à percevoir des droits supplémentaires. Certes, l'éditeur est également celui qui avance les frais de fabrication, et c'est là que la question du tirage initial (qui correspond à un autre type d'avance) entre en compte: un tirage trop ambitieux signifie beaucoup d'invendus, qui viennent entamer la marge de l'Editeur... (mais l'Editeur a cette chance de mutualiser les risques sur plusieurs titres, alors que l'Auteur dépend entièrement du succès d'un seul)