Duhamel.BD a écrit:alambix a écrit:Je ne juge absolument pas de la qualité de tel ou tel album, mais de la justification de la différence de prix.
Astérix en Corse coûte 10,50 €. Le Lotus Bleu aussi. Et ce n'est pas dû à leur age, puisque le prix ne baisse pas en fonction de l'ancienneté (contrairement à une idée que j'avais lancé, et qui m'est revenue en pleine poire ici, façon boomerang
) puisque leur prix, indexé sur l'inflation, a toujours été équivalent. Et niveau qualité, personne ne leur contestera.
D'ailleurs, Astérix est la série classée n.2 des 100 indispensables. Preuve qu'il n'y a aucune corrélation entre prix et qualité.
Quand je vois des albums de 60 pages à 20 euros (soit le double), en grand format papier glacé et dont le contenu ne nécessite pas cette forme, j'ai l'impression que l'éditeur profite des collectionneurs pour tirer vers le haut le prix de certains albums avec toute une pleiade d'options.
Un exemple :
54 pages, 15,90 €
Que justifie ce prix 50% plus cher qu'Astérix en Corse ? Pas sa qualité (je place Astérix bien plus haut). Pas son nombre de pages non-plus. Pas son tirage inférieur non-plus (HARLEM de Duhamel et Brremaud coûte 10,50€. Ne me dites pas que les tirages sont identiques).
L'éditeur justifie ici sûrement le prix par le grand format et la qualité du papier.
Soit.
Mais l'histoire justifie t'elle ce format ? Non. On a ici une petite histoire, dessinée de manière très classique et qui ne changera pas l'histoire de la BD. Tout comme Harlem, qui a bénéficié d'un format classique.
Je précise que j'ai exceptionnellement acheté JAMAIS (et HARLEM). Parce que j'aime Duhamel. Mais très honnêtement, si l'album avait été présenté en 2 versions (classique et GF), j'aurais pris le classique.
J'ai donc l'impression sur ce coup de me faire avoir financièrement par l'éditeur.
NB : je précise que j'ai acheté, lu et apprécié chacun des albums cités, mais que l'album qui m'a apporté le + de plaisir de lecture n'est ni le plus cher, ni le plus "clinquant".
Étant donné que je me retrouve un peu placardé comme exemple d'album hors de prix, je vais me permettre de répondre, mais pas de débattre ensuite, parce que j'ai d'autres albums hors de prix à finir.
Il y a plusieurs choses qui me gênent dans cet ensemble de comparaisons...
- "Harlem" est sorti en 2007. Jamais est sorti en 2018. Combien coûtait un plein pour le frigo il y a 11 ans ? Combien coûte-t-il aujourd'hui ? (Hé oui, mauvaise nouvelle, les acteurs de la chaîne du livre se nourrissent aussi). Combien coûtait le carburant il y a 11 ans, combien coûte-il aujourd'hui ? (Hé oui, mauvaise nouvelle, ce sont des camions qui transportent les albums). Et je ne parle pas des loyers, hein, tout le monde a compris. Je pourrais aussi calculer ce que me coûtait une page de bande dessinée, en terme de matériel (encre, pinceaux, plumes, papier, matériel informatique, électricité, etc) il y a 11 ans, et ce qu'elle me coûte aujourd'hui.
Oui, malheureusement, le livre suit obligatoirement un peu l'inflation. C'est con, mais c'est inévitable. Et pourtant, il le fait dans une moindre mesure que beaucoup d'autres "produits". Comparez les prix des bouquins avant et après le passage à l'euro, puis faites la même chose avec la viande.
- Savoir si la qualité de l'histoire, ou du dessin, justifie le format de Jamais, je n'ai pas la réponse, et ce n'est pas à moi de la trouver. C'est le public qui "juge" de la qualité d'un album, même si c'est parfois dur à admettre, et même si l'auteur peut être en désaccord avec ce jugement. Mais il se trouve en l’occurrence que "Harlem" totalise 4 lecteurs sur le site Babelio, "Le Retour" 50, et "Jamais" 156.
https://www.babelio.com/auteur/Bruno-Duhamel/111393/bibliographie(désolé de faire référence à un site généraliste, hein, mais sortir du public "bd" ne fait pas de mal, de temps en temps)
Quant à la qualité de fabrication de l'album, celle-là, je peux en parler, mais je me contenterai de vous inviter à comparer la qualité d'impression de "Harlem" et celle de "Jamais". Si vous ne voyez pas la différence, je ne peux rien pour vous.
- "Astérix en Corse" (super album, au passage) : 44 pages. "Jamais" : 54 pages (+8 pages de making-of). Donc 10 de plus (sans compter le making-of).
Au passage, veuillez noter que "Le Retour" en fait 92, et qu'il ne coûte pas le double d'un 46 pages. Tiens ? Bizarre ! Ben oui, le méchant éditeur avait tellement envie de "profiter des collectionneurs pour tirer les prix vers le haut" qu'il a tiré le prix vers le bas pour avoir un album un peu plus accessible.
- Enfin, pour répondre à cet exemple précis : ce qui "justifie" principalement la différence de prix entre un "Astérix" et un autre 44 pages, quel qu’il soit, c'est le tirage. Ne pas y penser, c'est soit de la méconnaissance, soit de la mauvaise foi. Si vous imprimez 300 000 exemplaires, chaque exemplaire coûte beaucoup moins cher que si vous en imprimez 1500. Ayant moi-même édité un album à 1000 exemplaires (Le Voyage d'Abel), je peux vous assurer que la différence saute aux yeux (et au cou).
Variable qui en amène une autre : le nombre d'albums édités dans l'année, toutes séries confondues, chiffre qui permet là-aussi de négocier les coûts de fabrication (et de distribution). Et qui désavantage donc les petits éditeurs. Et les éditeurs qui éditent peu de bouquins, pour mieux les défendre...
Un livre, ce n'est pas juste un éditeur et un auteur. C'est un procédé industriel, qui dépend donc de toutes les variables du processus industriel. Par exemple, il sera plus cher s'il est imprimé en France, comme Le voyage d'Abel, Le Retour ou Jamais.
Bien sûr, l'auteur et l'éditeur font aussi partie des variables.
L'album sera aussi un peu plus cher si l'éditeur offre à l'auteur un prix à la page qui lui permet d'en vivre à peu près correctement...
Mais la principale variable, c'est que le tirage moyen de la grosse majorité des albums est tel qu'il ne permet pas (du tout) le même calcul de rentabilité que pour un album d'Astérix.
Ceci étant, je vous rassure, le prix de mes livres est peut-être un peu plus élevés qu'il y a 11 ans, mais pas mes revenus. J'ai à peu de choses près le même prix à la planche qu'il y a 11 ans, la seule différence étant que je suis à présent aussi scénariste et coloriste. Et que je bosse un peu plus vite.
Comme l'immense majorité des auteurs, je suis obligé d'avoir d'autres sources de revenus.
Et ça, ça s'appelle une crise. C'est aussi bête que ça.
Alors j'adore Astérix, hein.
Mais quand la moitié des auteurs vit à peine au-dessus du seuil de pauvreté, et un tiers en dessous (50% pour les autrices), la moindre des choses, c'est d'éviter de les comparer à Uderzo, Goscinny ou Van Hamme.
Oulah, çà fait un moment que je ne suis pas venu ici, je ne découvre ce message que maintenant.
Bon, Bruno, je tiens d'abord à vous présenter mes excuses si mes écrits vous ont offensé.
C'était à replacer dans un contexte d'énervement. C'est tombé sur vous, j'en suis désolé.
Mais je tiens à préciser une chose : je suis un grand fan de ce que vous faites, mon post n'avait pas pour but de critiquer votre travail que j'apprécie beaucoup. Je suis fan de votre site et c'est toujours agréable d'avoir un auteur qui en donne "+" à son public. La preuve avec votre interaction ici.
Bref, j'ai pris votre livre en exemple parce que c'est celui qui m'est venu en tête à ce moment-là.
J'ai aimé ce récit et je ne regrette pas mon achat, comme je n'ai pour l'instant "jamais" regretté un seul de mes achats qui sont purement réfléchis.
Oui, cet album (le produit) est très bien conçu. Je ne nie pas les qualités de fabrication de cet album qui justifient son prix. Ce que je dis, c'est que j'aurai tout autant apprécié cet album dans le même format "qu'Harlem ou Astérix".
Et que parfois, quand j'achète 2 albums à 15 €, je me dis que, si le format avait été classique, j'aurai peut-être pu en avoir 3.
Je ne compare pas les albums de bande-dessinée à des barils de lessive contrairement au résumé simpliste présenté par un intervenant, mais ne dispose pas d'un budget illimité.
La crise touche les auteurs ET les lecteurs.
Si les lecteurs peuvent s'acheter + de livres, in fine, les auteurs gagneront +, non ?
J'ai acheté "JAMAIS" malgré son prix, parce que j'aime ce que vous faites et que le rendu final du "produit" est, je l'avoue, magnifique. Mais si cet album avait été réalisé par un autre auteur que vous, son prix m'aurait peut-être rebuté.
Je vais prendre un autre exemple, que j'apprécie je signale, et j'espère ne pas m'attirer une nouvelle fois les foudres de son auteur :
13,95 €.
J'adore cette série, le grand format est magnifique, la qualité des pages aussi. J'ai passé commande du tome 1 auprès de mon libraire sans l'avoir vu. Son prix me paraissait élevé compte-tenu de la catégorie de cette série. J'ai vite compris pourquoi en allant le chercher.
Mais on a là une série plutôt orientée jeunesse, dans la pure tradition des classiques FB (et c'est un compliment de ma part).
Son prix est justifié par la qualité de son impression, mais un format classique à 10 € n'aurait pas nui à cette série. Et on avait là une BD + accessible aux jeunes.
J'entame la collection de cette série que j'aime beaucoup, j'irai juste un peu moins vite pour la terminer.
Concernant le prix des BD qui seraient indexés sur le tirage, je ne suis pas entièrement d'accord.
Le dernier "Imbattable" coûte le même prix que le dernier Lucky Luke (ou Astérix) dont les tirages n'ont rien à voir. Si un tirage + faible justifie un prix + "élevé", alors ces deux albums ne devraient pas coûter le même prix.
Je pense que les éditeurs sont implicitement d'accord sur le prix à "10€" des albums en format et pagination classique (le format "Astérix", que j'utilise car étant l'exemple le plus parlant).
Vu son nombre record de tirages, "la Transitalique" ne devrait pas coûter le même prix que "Z comme Don DIego" que j'ai acheté dernièrement.
Si le prix de "Z ..." est justifié par son tirage, alors forcément les éditeurs d'Astérix ont decidé de ne pas répercuter le gain réalisé sur le tirage sur le prix de vente.
Bref ce ne sont que des calculs d'épiciers, mais l'étant un peu moi-même, je ne peux que le constater.
Concernant HARLEM, je ne parlais pas de son prix d'il y a 10 ans mais de son prix actuel, qui est le même qu'Astérix, dont le tirage n'a rien à voir.
Tirage absolument non-comparables, et prix identiques.
Et en passant, bien dommage que cette série se soit terminée si vite
Bref, je suis désolé que mes propos vous aient offensé. Coupable d'avoir commis ce que je dénonce par ailleurs, je ne sais pas si j'interviendrai à nouveau sur ce forum (ce qui réjouira sûrement du monde), mais je continuerai sans état d'âme à acheter vos albums, fussent-ils "hors de prix"