yannzeman a écrit:Je vais donc soigneusement éviter d'acheter "l'age d"or" alors que j'apprécie ce que Pedrosa a fait avant ; je préfèrerais qu'il se remettre à travailler sur une série type "Ring Circus".
yannzeman a écrit:euh... si vous le dites a écrit:C'est marrant de savoir si on aura ou pas envie de relire une bande-dessinée avant même de l'avoir lue une première fois.
Personnellement, je n'ai pas la moindre idée de ce que j'aurai envie de relire dans le futur et ça n'a donc pas le moindre impact dans mes choix d'achats.
Je dois dire que ça me fait peur quand je vois des lecteurs formater leurs achats de bande-dessinées en les considérant comme des investissements à rentabiliser (valeur de revente, temps de lecture, nombre potentiel de relectures,...).
Ca me fait toujours penser à une anecdote racontée par un ami disquaire.
Une cliente lui demandait conseil pour acheter un disque de jazz pour débuter. Il lui conseille Kind of blue de Miles Davis et la dame rétorque : "Vous n'auriez pas un disque avec plus de morceaux ?"
Pendant très longtemps, je ne réfléchissais pas du tout en terme d'investissement.
Je lisais (après avoir acheté) tout ce qui bouge.
Avec le temps, mes gouts ont évolué, se sont affirmés, je suis devenu plus sélectif.
Et le constat que je fais aujourd'hui, c'est que les one-shot ne sont pas pour moi, qui préfère lire puis relire des séries.
Alors à quoi bon encombrer mes bibliothèques, qui saturent déjà, avec des oeuvres qui ne m'ont pas forcément apporté du plaisir, et que je ne relirai pas ?
C'est "l'analyse de risque" du passé qui permet d'établir les critères de sélection actuels et futurs.
C'est ainsi que les choses fonctionnent dans bon nombres de secteurs.
Cela n'empêche pas de se tromper, mais cela limite quand même le risque d'erreur.
Surtout quand son budget achat est limité.
yannzeman a écrit:Thierry_2 a écrit:attend-on un retour sur investissement d'un achat d'un objet culturel ? Y-a-t-il des achats qui génère un déficit, découlant sur une dette que l'auteur contracte envers son lecteur ? Il y en a qui devraient faire gaffe
Oui, j'attends d'un achat du plaisir.
Plaisir immédiat (à la lecture) et à long terme (aux relectures).
A chacun ses motivations.
je vous décrit les miennes.
Les produits culturels sont comme les autres, ils doivent remplir un besoin, atteindre un objectif.
leur commercialisation est un commerce (!), qui répond aux mêmes règles que les autres commerces.
En plus, on est dans le superflu, que d'aucuns (et moi le 1er) jugeront indispensable, mais qui n'est pas à placer au même niveau que la nourriture, le logement, la santé, l'accès à l'énergie et aux transports.
C'est mon point de vue.
yannzeman a écrit:En plus, on est dans le superflu, que d'aucuns (et moi le 1er) jugeront indispensable, mais qui n'est pas à placer au même niveau que la nourriture, le logement, la santé, l'accès à l'énergie et aux transports.
Xavier Guilbert a écrit:yannzeman a écrit:On verra si j'ai tort ou raison.
(vous lisez déjà des articles de journaux gratuitement, en version papier ou numérique, non ?)
Ben justement, la presse est un bon exemple de la mise en place de ce système... et de son échec éclatant.
Les seuls qui s'en sortent ces dernières années, ce sont les "pure players", créés en ligne avec une économie en regard, qui généralement fonctionnent à l'abonnement (dont payant) et sans publicité. Cf. Médiapart, arretsurimage, etc.
Il y avait récemment un article dans la rubrique Checknews de Libé qui évoquait le widget AppleNews, et son importance sur la visibilité de certains articles dans cette presse à lecture principalement gratuite: l'article qui y était mis en avant venait à représenter plus de visites que l'ensemble du reste du site. Ce qui vient souligner la fragilité grandissante de ce modèle, puisque la visibilité est de plus en plus déterminée par des intermédiaires (widget, Facebook, Google News, etc.) dont les algorithmes sont les plus obscurs.
Il faudrait peut-être se renseigner avant de sortir des énormités.
Krys TOFF a écrit:Perso, j'avoue comprendre la démarche car de plus en plus de gens ne lisent que le résumé des articles qui sont disponibles gratuitement et ne vont pas lire les articles complets (et donc générer des revenus via les pubs sur le site du journal à l'origine de l'article) et un travail rédactionnel de qualité ça coûte cher, mais d'un autre côté j'ai peur pour le principe que j'estime fondamental de liberté et de neutralité du net si on se met à filtrer, voire à censurer, tous les liens... Et puis, le remède risque d'être pire que le mal actuel si finalement ces sites perdent complètement leur visibilité sur ces réseaux que l'on dit sociaux.
Xavier Guilbert a écrit:Je pense que la crise qui touche la presse va plus loin que le simple problème de l'accès gratuit sur Internet: ce dernier ne fait qu'aggraver une situation déjà problématique. A mon sens, il y a un problème avec le contenu que propose la presse quotidienne (en particulier), dans sa qualité.
L'émergence de la presse gratuite, basée sur la reprise pure et simple des dépêches d'agence, a mis en lumière le fait que bien des quotidiens payants faisaient de même. Bref, il existe une sorte de "pool" d'information factuelle, sans valeur ajoutée si j'ose dire, qui est maintenant largement disponible gratuitement. Ce qui compte, désormais, c'est cette information de qualité que l'on ne peut trouver ailleurs: que ce soit les informations locales (qui expliquent la bonne tenue de la PQR), ou une information exclusive ou riche (cf. par exemple Le Canard Enchaîné ou Le Monde Diplomatique). Les pure players que j'évoquais sont à fond dans cette optique.
Xavier Guilbert a écrit:Je suis toujours très méfiant de ces dispositifs légaux (Copyright Directive, HADOPI, etc.) dont l'objectif est de tenter de réguler légalement quelque chose qui ressort en premier lieu du commercial. D'une part, ils sont rarement efficaces, et d'autre part, ils donnent souvent lieu à bien des dérives et des conséquences inattendues. Je pense par exemple à la loi interdisant la gratuité des frais de port (dans l'objectif de pénaliser Amazon), qui a finalement fait beaucoup de mal aux petits éditeurs qui vendent en direct, et aux concurrents d'Amazon eux-mêmes. (c'est la même chose pour tous les dispositifs anti-piratage, que les pirates contournent aisément, et qui emmerdent uniquement les acheteurs légaux. Rien ne me fait plus bondir que d'avoir droit à un clip sur "le piratage, c'est mal" au cinéma quand je viens de payer chèrement ma place)
Xavier Guilbert a écrit:Pour les droits voisins, le problème (outre la question de la crise de la presse) réside dans la structure fermée des réseaux sociaux: Facebook devient un écosystème fermé dont on ne sort plus. Et c'est là qu'il faudrait innover, pour trouver un moyen de contrer cela. Donc non, je ne suis pas sûr que ça change grand chose, parce que les vrais raisons du problème sont ailleurs.
Sysy77 a écrit:Edition du dernier paragraphe.yannzeman a écrit:Sysy77 a écrit:Ou encore Yannzeman (encore lui) lorsqu'il parle de L'âge d'or de Pedrosa et aurait préféré qu'il continue une autre série. Autant écrire : "En fait, je ne l'achète pas et le punis en n'achetant pas son dernier bouquin parce qu'il ne me donne pas ce que je veux !"
Et je mettrai ma main au feu qu'il l'a déjà lu, en plus...
Euh... non.
Quand je fais, je le dis. Et inversement.
Faites gaffe à votre main !
Tu n'a pas dit que tu l'avais lu ou pas, tu as dit que tu n'allais pas l'acheter, énorme nuance.
Et l'on sait très bien (tu t'es assez vanté partout), que tu lis illégalement des trucs que tu n'achèteras pas.
Enfin, il faudra nous expliquer alors pourquoi tu es si catégorique lorsque que tu affirmes que tu vas "soigneusement éviter de l'acheter".
Tout bêtement parce que, comme je l'ai expliqué, je n'aime pas lire des one-shot.
Ce n'est pas ma came.
J'ai beaucoup de mal, aujourd'hui, à m'intéresser à une histoire courte, qu'elle soit sur support papier (BD ou roman), ou vidéo (film ou mini-série). Le rythme des séries feuilletonnesques et des personnages récurrents me sied plus, dorénavant.
Donc je vais soigneusement éviter d'utiliser une partie de mon budget limité à un type de BD qui ne m'intéresse plus (de part le format, et quel que soit le sujet ou l'auteur ; j'aime beaucoup Hermann, mais il ne fait plus que des one-shot, et c'est dommage).
C'est mon droit le plus strict, et il faudra vous y faire, parce que c'est légal.yannzeman a écrit:...jusqu'au jour où la situation changera, et où des modèles économiques permettront de rémunérer les auteurs au nombre de clic et grace à la publicité.
C'est ma prédiction.
On verra si j'ai tort ou raison.
(vous lisez déjà des articles de journaux gratuitement, en version papier ou numérique, non ?)
Tu es donc une sorte de visionnaire, et tu as aujourd'hui une posture de défricheur, de pionnier, d'aventurier ?
Peut-être es-tu même persuadé que c'est un peu grâce à toi qu'elle aura lieu ?
Laisse-moi rire...
Vous pensez que je suis forcément en adéquation avec tout ce que je constate, et que je milite pour son développement.
Ce n'est pas parce que je décrit un phénomène, que j'y participe même, un peu (beaucoup) par défaut, que cela me plait vraiment.
je suis d'une génération qui n'a connu que le papier, la pré-publication, les kiosques à journaux, et les bibliothèques municipales. Une fois adulte, j'achetais les albums en occasion chez gilbert jeune et d'autres soldeurs type Tonkam.
Mais je constate que le monde change, que des modèles économiques nouveaux apparaissent, dont la fameuse (et fausse) gratuité.
Alors, en dépassant le cas de ma petite personne (qui ne me sert que pour illustrer un phénomène), je donne mon sentiment (mon pronostic) sur ce que ces bouleversements vont entrainer dans le domaine de la BD, parce que ces changements se produisent partout ailleurs.
Et j'essaye de trouver des raisons d'espérer, pour les auteurs.
Parce que je sais bien qu'on ne pourra pas retourner en arrière, et que les générations actuelles et à venir ne se précipiteront pas forcément sur les offres du monde d'avant (comme les albums à 25 euros, tirages de tête, et tout ces trucs de gogo).
La situation que tu prédis sera légale, le biais que tu utilises aujourd'hui ne l'est pas.
Oui, je lis des articles de journaux gratuits (ils ne sont pas piratés, la situation qui te semble immédiatement voisine, mais avec une nuance légale que tu ne comprends même plus : encore une confirmation de mon "diagnostic") et je subis la pub.
Le modèle économique en vogue, quoi.
Mais personnellement, cela ne me fait pas rêver pour la BD et laisse craindre pour la création, dans le domaine particulier des biens culturels.
L'offre légale en ligne existe déjà sous forme d'abonnement, tu en as déjà discuter avec beaucoup de monde, et les arguments des consommateurs-téléchargeurs compulsifs pour ne pas y souscrire sont éculés.
Ils sont peut-être éculés, mais il y a fort à parier que le téléchargement se développe pour autant, et peut-être plus vite que les abonnements.
il faut peut-être se poser la question de la pertinence de ces offres d'abonnement non propriétaire ?
Je ne suis personnellement pas client.
Mais je pourrais l'être dans le futur (il ne faut jamais dire "fontaine, etc...") car cette formule serait pour moi le vrai descendant des journaux en pré-publication.
C'est ce que j'ai expliqué.
Et je pense que c'est déjà le mode de consommation de beaucoup d'acheteurs de BD
Aller je vais t'avouer un truc : je lis plein de BD grâce ma bibliothèque municipale très bien achalandée.
Elle n'est pas exactement gratuite, car elle est financée avec mes impôts, juste retour des choses non ?
yannzeman a écrit:54 % des foyers fiscaux ne payent pas d'impot sur le revenu, et avec la réforme de la taxe d'habitation, 80% des ménages n'en paieront plus d'ici 3 ans.
La aussi, la "gratuité" progresse...
Xavier Guilbert a écrit:yannzeman a écrit:54 % des foyers fiscaux ne payent pas d'impot sur le revenu, et avec la réforme de la taxe d'habitation, 80% des ménages n'en paieront plus d'ici 3 ans.
La aussi, la "gratuité" progresse...
Ce n'est pas surprenant: le revenu médian de l'ensemble des ménages en 2015 était de 1692 euros par mois (source: Le Figaro, journal gauchisant bien connu). Or, en 2015, un célibataire était exonéré d'impôts s'il gagnait moins de 13 954€ par an, et un couple moins de 26 272€ (source, tableau en fin d'article). Ce qui fait, par mois, 1163€ et 2189€, respectivement (rappelons que le seuil de pauvreté est à 1015€ par mois).
Bref, s'il y a beaucoup de foyers fiscaux qui ne paient pas d'impôt, c'est parce qu'ils sont pauvres, et que c'est normal qu'on ne leur demande pas de payer d'impôts (même si la tendance aujourd'hui est de leur casser du sucre sur le dos, bien fait pour eux, ils n'avaient pas à être pauvres). Le système des impôts est un système de répartition, de contribution volontaire pour le bien de la société (cf. "fraternité", dans "liberté, égalité, fraternité").
Par ailleurs, il y a quelques foyers fiscaux qui gagnent énormément d'argent, et qui décident de ne pas payer d'impôts, et on leur trouve tout un tas d'excuses.
Bref, ton argument pue un peu, excuse-moi de te le dire.
Entre ceux qui gagnent énormément d'argent et les pauvres, deux classes qui ne payent pas beaucoup d'impots, il y a des gens comme moi qui croulent sous les impots et qui ne perçoivent aucune aide. Nous devons déjà nous réjouir de pouvoir encore bénéficier de services publics, mais dont l'accès se complique chaque jour.
Nous ne sommes pas puants, juste des couillons de l'histoire.
Il y a bien longtemps que la devise républicaine ne signifie plus grand chose, dans notre pays.
yannzeman a écrit:C'est mon droit le plus strict, et il faudra vous y faire, parce que c'est légal.
yannzeman a écrit:Ce n'est pas parce que je décrit un phénomène, que j'y participe même, un peu (beaucoup) par défaut, que cela me plait vraiment.
yannzeman a écrit:La aussi, la "gratuité" progresse...
Ben y a une solution : devenez pauvres.
Ca a l'air si bien !
Jeff70 a écrit:C'est facile de comprendre pourquoi les classes "moyennes +" sont surtaxées en France: d'une part, le pays est drogué à la dépense publique, d'autre part, même les politiciens de gauche ont compris que surtaxer les très gros revenus et les très gros patrimoines ne faisait qu'encourager l'exil fiscal sans profit pour personne ( à part pour ceux qui vont payer moins d'impôts ailleurs....).
Comme les pauvres "officiels" ( ceux dont les revenus déclarés sont faibles) ne paient pas non plus d'impôts, l'essentiel de la charge fiscale pèse sur la partie de la classe moyenne dont les revenus sont facilement connus du fisc.
Mr Degryse a écrit:Ben y a une solution : devenez pauvres.
Ca a l'air si bien !
Qu'est ce que c'est con comme réflexion ! Déjà, parce que je n'ai pas dit que je payais trop d'impôts. J'ai critiqué et dit qu'à mon sens, il n'était pas juste que ce montant ne t'ouvre pas les mêmes droits que les autres ( qui paie moins ou pas). C'est tout.
Et je pourrais te ressortir une phrase aussi CONNE du genre : " tu veux payer plein d'impôts, bah gagne mieux ta vie et deviens riche ! C'est débile, hein ! Bah l'inverse l'est autant.
On peut trouver normal de payer une taxe d'habitation ( même si elle augmenté de quasi 40 % en 2 ans anticipant se disparition qui bien entendu est retardée et qui ne me concernera pas). On peut trouver normal de payer un taxe de ramassage des ordures ménagères mais par contre prendre mal, que la payant, ta commune te refuse une nouvelle poubelle de tri ( volée) ou te la facture car pour "vous" cela n'est plus gratuit. Voila
yannzeman a écrit:Un de mes frères gagne correctement sa vie, mais sa femme a décidé de ne pas travailler actuellement.
Grace à cela, son foyer ne paye pas d’impôt (et bientôt plus de taxe d'habitation), ils sont dispensé de payer le périscolaire, perçoivent une aide de Pajemploi (ou la CAF, je ne sais plus) et n'ont pas besoin d'assistante maternelle (et donc pas de cotisation patronales).
yannzeman a écrit:Dans le même temps, ma femme et moi, qui avons la chance d'être imposables, travaillant tous les deux, devons payer 4 mois de salaire en impôts, le maximum prévu du tarif périscolaire, aucune aide de Pajemploi, et nous devons payer une assistante maternelle (à priori, nous avons la chance de ne pas payer de cotisation patronale avant les 6 ans de l'enfant... youpiii...).
il faudrait taper sur ceux qui ont beaucoup, et qui rechignent à payer l'impôt (cf. ceci, par exemple). Mais pardon, ce ne sont pas des enfoirés d'égoïstes, ce sont des pauvres entrepreneurs qu'on prend pour des pigeons.
Mon père me disait souvent: "réjouis-toi de payer plus d'impôts, ça veut dire que tu gagnes plus d'argent."
Et quand je vois ce que mes impôts permettent de payer -- l'accès à l'école à tous, un système médical de qualité, des routes, etc. -- je continue de penser que les impôts sont une bonne chose. Et qu'il serait bien que l'on le dise plus souvent, plutôt que d'entretenir cette mentalité ultra-libérale du chacun pour soi.
On peut trouver aussi facile et lâche de stigmatiser plus pauvre que soit, plutôt que plus riche.
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