Xavier Guilbert a écrit:yannzeman a écrit:D'autant que la question du prix est quasi-unaniment reconnue :
la BD est un loisir cher, qui exclue et discrimine les classes populaires.
c'est facile ensuite de dire que c'est un loisirs de CSP+ ; pas besoin d'étude pour ça.
Mais la BD, je le maintiens, fut un loisir populaire durant son âge d'or, les années 45 à 70 ; elle en a gardé l'image dans le grand public, alors que ce n'est plus le cas dans les habitudes de consommation.
Non, ce n'est pas "une question quasi-unanimement reconnue." La preuve, j'ai cité l'étude 2011, qui vient au contraire à l'encontre de cette idée. Autre preuve, l'évolution du prix de l'album de Tintin, qui est stable depuis 1954, autour de 10€ actuels, lorsque l'on prend en compte l'inflation.
Je vais défendre le point de vue de Yann, car quitte à citer des chiffres, autant les citer tous, sinon ton interprétation est forcément biaisée.
Xavier Guilbert a écrit: l'évolution du prix de l'album de Tintin, qui est stable depuis 1954, autour de 10€ actuels, lorsque l'on prend en compte l'inflation.
Oui, le prix de l'album est stable. Mais ce que tu dois prendre en compte c'est l'évolution de salaires. J'ai démontré ici, chiffres à l'appui (mais mon post a été censuré), que le salaire moyen des fonctionnaires d'état de catégories B ou C (hors CSP+ donc) avait perdu 20% depuis 1985 (en tenant compte de l'inflation).
C'est un exemple personnel, mais j'imagine aisément qu'il n'est pas isolé.
Donc, dire "le prix des BD est le même depuis 64 ans", c'est correct mais celà ne signifie rien si tu ne prend pas en compte l'évolution du pouvoir d'achat.
Un fonctionnaire de catégorie B ou C (début de carrière 1200 € net - fin de carrière 1800/2400 €) peut donc consacrer moins d'argent aujourd'hui à la BD qu'il y a 30 ans (sauf à consacrer une part + importante de son budget).
Donc, sur l'évolution des prix, à salaire équivalent, le lecteur des années 80 pouvait acheter bien + de BD qu'aujourd'hui.
C'est peut-être aussi une raison pour laquelle les CSP+ demeurent les + grands lecteurs, car leur pouvoir d'achat a été bien moins impacté par la crise.
D'ailleurs ton étude est intéressante mais si elle démontre que les CSP+ (donc + aisées) constituent le gros des lecteurs, tu ne fais pas corrélation entre leur pouvoir d'achat et leur place dans ce classement.
On peut facilement interpréter ton étude en démontrant que + le pouvoir d'achat augmente, + le nombre de lectures également.
Tu démontres dans une autre étude que le prix n'est pas le facteur principal du décrochage.
Et tu démontres que d'autres raisons comme "çà ne m'intéresse plus/il y a autre chose de plus intéressant pour moi" sont prioritaires.
Oui, sauf que toute étude ne vaut que pour son interprétation.
Yann a raison, les chiffres on leur fait dire ce que l'on veut. Chaque étude chiffrée peut déboucher sur plusieurs analyses.
Ainsi il faut s'intéresser au lecteur décrocheur qui déclare ne plus acheter car il a "il y a autre chose de plus intéressant pour moi". Lorsque le lecteur moyen passe la 30aine, se marie, fonde une famille, les priorités changent. On se recentre sur les dépenses familiales, liées aux enfants, ou les activités de groupe (sortie ciné, vacances, parc d'attractions ...).
Le budget n'étant pas extensible pour les classes moyennes (cf mon étude précédente), si tu recentres ton budget sur des activités familiales, tu dois en écarter d'autres.
Et la BD, qui est un plaisir SOLITAIRE (attention les interprétations) et donc EGOISTE, est souvent à ce moment-là, l'une des dépenses écartées en priorité.
C'est mon cas.
Il m'arrive souvent de sortir en famille et de renoncer à l'achat de BD prévues car j'ai préféré consacrer cet argent à autre chose (dépenses pour les enfants, restau etc ...). J'ai donc choisi quelque chose de "plus intéressant", mais si j'avais eu + d'argent, j'aurais choisi les 2.
Idem pour la raison n.1 "la BD ne m'intéresse plus".
L'appétit vient en mangeant. L'envie de lire également. J'ai passé mes vacances à lire des romans. Pas de BD. Et en revenant, j'avais l'impression d'être moins intéressé par la BD. Je me suis même dit que j'en lirai moins. Et puis, c'est revenu en lisant.
Si tu commences à acheter moins parce que tu privilégies d'autres loisirs (donc que tu as d'autres priorités financières), tu liras moins, et tu auras de moins en moins d'intérêt à lire.
Je pense que dans ce classement, le prix est forcément lié à certaines des raisons invoquées.
Pourquoi la crise toucherait-elle les auteurs mais pas les lecteurs ?