cronos59 a écrit:C'est une analyse qui vaut uniquement pour le territoire français? Elle exclut tout ce qui est King features syndicate et Shonen Jump?
Tout ce qui est franco belge sous forme hebdos, quotidiens etc c'était pas populaire? (vraie question)
Oui, c'est une analyse qui porte essentiellement sur la sphère franco-belge, la seule à se revendiquer populaire de 7 à 77 ans.
La difficulté de la question "populaire", comme je l'ai développé dans l'article du Monde Diplomatique, c'est la polysémie du mot. En gros, on a un "populaire" à géométrie variable, tantôt désignant le fait que la bande dessinée serait simplement appréciée de tous (synonyme: sympathique), tantôt affirmant qu'elle est principalement lue (ou produite) par des personnes ressortant des classes populaires (synonyme: prolétaire), ou enfin soulignant le fait qu'elle vende largement (synonyme: best-seller). Le principal problème étant que, bien sûr, on ne cesse de passer de l'un à l'autre, voire même de prendre l'un des sens comme forcément impliquant les deux autres.
On le voit bien dans les échanges avec yannzeman, qui se plaint de l'élitisme de la bande dessinée d'aujourd'hui (dans les thématiques, donc opposée à la bande dessinée prolétaire d'hier), qui se serait éloignée de l'âge d'or des larges ventes (donc best-seller). Ce glissement est permanent, allant jusque dans cette conviction que la question du prix (comme marqueur de classe sociale) explique à elle seule la désaffectation des lecteurs.
Le Japon a une dynamique très différente, avec une bande dessinée bien plus implantée: un Japonais dépense plus de 6 fois plus qu'un Français chaque année en bande dessinée. La bande dessinée est donc populaire (= best-seller). Je n'ai par contre aucune indication sur la lecture en fonction de la catégorie sociale -- je n'ai jamais vu passer ce genre d'analyse dans les divers rapports d'études sur le sujet (il faudrait que je regarde plus en détail).
Même chose aux US sur l'absence d'étude spécifique. Côté chiffres, le contraste est étonnant, puisque le marché US est plus ou moins de la taille du marché français (au niveau des recueils -- en France, les périodiques représentent un angle mort de l'analyse). Avec un regard assez dépréciateur sur la bande dessinée, perçue comme une sous-littérature. Cependant, son prix, et le simple fait qu'il s'agisse de lecture, l'ancre probablement très fortement dans les catégories sociales les plus éduquées, comme en France.