(cette discussion a un air terrible de "déjà-vu"... la vie est un éternel recommencement, surtout dans les forums)
yannzeman a écrit:Et rien ne vient infirmer ce que je propose, à savoir de faire à nouveau de la BD un art populaire, comme avant. En 2010, date de l'article, la BD a basculé depuis pas mal d'années déjà dans l'élitisme par le prix.
Non.
Dès les années 1990 (et probablement avant), la bande dessinée n'est pas un art populaire, mais une lecture de CSP+. Toutes les études réalisées sur son lectorat depuis plus de 30 ans arrivent à la même conclusion: "Plus masculin, plus jeune, deux fois plus élevé socialement et diplômé, le lectorat de bandes dessinées se distingue fortement de l’ensemble de la population."
A noter que ce constat se retrouve aussi lorsque l'on considère les anciens lecteurs (dans l'étude 2011). Le pool des "lecteurs historiques" (lecteurs + anciens lecteurs) par catégorie socio-professionnelle donne:
Cadres et professions intellectuelles supérieures: 95%
Etudiants/Scolaires: 94%
Professions intermédiaires: 91%
Artisans, commerçants: 82%
Employés: 81%
Ouvriers: 78%
Agriculteurs: 63%
Au foyer: 53%
Retraités: 53%
... sachant que le taux global se situe à 77%.
Bref, la bande dessinée ressort très nettement d'une lecture CSP+, hier comme aujourd'hui.
L'idée de "populaire" est d'une part liée au fait que cela se vend bien, et d'autre part due à une forme de mépris longtemps cultivé à l'égard de ce qui est illustré, qui représenterait une sous-littérature.
yannzeman a écrit:Pour faire revenir le plus grand nombre vers la BD, il faut baisser les prix.
Non.
Quand on demande aux anciens lecteurs de bande dessinée ce qui les amenés à ne plus en lire, la question du prix n'arrive qu'en quatrième position, très très loin derrière les trois premières raisons invoquées (la bande dessinée ne m'intéresse plus, je n'ai plus de temps, il y a autre chose de plus intéressant pour moi).
cf. ces résultats.
Les faits sont têtus.