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C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition - 2010-2021

Pour discuter de tous les sujets généraux autour de la bande dessinée, des libraires, des éditeurs et des auteurs

Re: C'est la crise ?

Messagede Nirm » 23/03/2018 14:04

Message précédent :
alambix a écrit:J'attends le jour où Michel-Edouard aura réussi à pulvériser le prix unique, ce jour-là il sera trop tard pour se dire qu'on aurait peut-être dû imaginer d'autres solutions avant ...

Qui signerait donc la mort des petits commerces ?
Bizarre ton attente... De "je ne veux pas voir des vieilles séries que peu de monde achète disparaître des rayons" tu passes à "vivement qu'on casse les prix et les petits commerces n'auront pas à pleurer".
Mais je suppose que ce n'est pas ce que tu as voulu dire.


Et merci à Xavier pour les infos.
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Re: C'est la crise ?

Messagede toine74 » 23/03/2018 14:08

Dans l'édition, les nouveaux acteurs sont plus enclins à copier le modèle existant (qui, pour l'instant, se montre très rentable) que de le casser. Aux USA, Images s'est bien aligné sur les DC et Marvel et a même tendance à être légèrement plus cher. En Europe, Paquet (boîte qui ressemble le plus à éditeur BD généraliste) n'est pas allé vers le low-cost, même quand il réédite des séries anciennes via Place du Sablon.
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Re: C'est la crise ?

Messagede kilfou » 23/03/2018 14:09

Leclerc éditions ça existe déjà, c'est MEL Publishing et si tu jettes un oeil à leur catalogue, tu verras que c'est tout sauf populaire. :D

Pour le reste, Xavier a tout dit (et je l'avais déjà dit plus haut...)

Ton idée n'est pas mauvaise en soi, mais elle ne convainc pas. Pour le moment. ça peut changer dans 5/10/30 ans, qui sait...
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Re: C'est la crise ?

Messagede toine74 » 23/03/2018 14:11

Nirm a écrit:
alambix a écrit:J'attends le jour où Michel-Edouard aura réussi à pulvériser le prix unique, ce jour-là il sera trop tard pour se dire qu'on aurait peut-être dû imaginer d'autres solutions avant ...

Qui signerait donc la mort des petits commerces ?
Bizarre ton attente... De "je ne veux pas voir des vieilles séries que peu de monde achète disparaître des rayons" tu passes à "vivement qu'on casse les prix et les petits commerces n'auront pas à pleurer".
Mais je suppose que ce n'est pas ce que tu as voulu dire.


Mort des petits commerces et d'une bonne partie des éditeurs de la place. Le prix unique, même avec ses défauts, est une véritable richesse culturelle qu'il faut préserver à tout prix.
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Re: C'est la crise ?

Messagede alambix » 23/03/2018 14:20

Xavier Guilbert a écrit:Comme ce n'est pas la première fois qu'il y a débat sur ce sujet précis, et que l'on retrouve les mêmes questions qui reviennent, je me permets de reposter quelques remarques que j'avais faites précédemment:

En 2016, sur les formats souples:
Le problème est effectivement la rentabilité de l'opération pour l'ensemble de la filière. Par exemple, les auteurs se sont plaints par le passé de la rémunération qui leur était accordée sur les ventes des versions numériques de leurs livres (versions vendues à prix inférieur), ce qui leur occasionnait une forte diminution de leur revenu, à ventes égales.
Le jeu de la distribution-diffusion et la disparition des coûts de fabrication faisait que l'éditeur, dans la même situation, s'en sortait beaucoup mieux. (pour ceux que ça intéresserait, j'avais fait le calcul il y a quelques temps, c'est ici -- avec un tableau à la limite du lisible, la faute à un changement de CMS, désolé)
Souvenez-vous: les auteurs sont rémunérés en pourcentage du prix hors-taxe. Donc divisez le prix par 3, et vous divisez le revenu de l'auteur par trois également... pour rester à revenu égal, il lui faudrait donc multiplier ses ventes par 3. Et c'est là que le bât blesse.


D'abord très intéressante analyse :ok:
Le numérique est un enjeu. Pour l'instant on a démontré que la BD numérique est minoritaire. Si le rapport s'inverse, les éditeurs auront-ils intérêt à baisser le PV de leur BD physique pour compenser ou au contraire gagneront-ils mieux leur vie sur le numérique (et inversement pour les auteurs) entraînant le déclin de la bd physique au détriment du revenu des auteurs ?

Xavier Guilbert a écrit:Parce qu'on se heurte à un truc qui s'appelle l'élasticité des prix. En gros, ça signifie que les ventes additionnelles sont plus ou moins corrélées à la baisse de prix. Par exemple, je vends mon burger 5% moins cher, et hop, je gagne 10% de ventes, parce que les gens ont super envie de manger mon super burger. Et là, l'opération est forcément intéressante pour moi (pour les consommateurs aussi, cela étant).
Le problème, c'est que ça ne marche pas toujours. Il y a des produits pour lesquels cela ne marche pas du tout: les produits de luxe, par exemple, voient même parfois des phénomènes inverses (on augmente le prix, la demande augmente). Le cas Vuitton au Japon en est un bon exemple. Et puis il y a des produits pour lesquels les ventes additionnelles sont très loin de compenser le manque à gagner dû à la baisse de prix -- tout simplement parce que la demande n'est pas là, et que les principaux facteurs limitant les ventes n'ont rien à voir avec le prix. (en fait, c'est un peu le sujet sur lequel on s'écharpe depuis deux semaines, donc je ne suis pas certain que ma démonstration convaincra ceux qui soutiennent mordicus que le prix est le seul facteur important dans l'acte d'achat)


Ma démonstration ne partait pas du principe que le prix était le seul facteur. Mais partait aussi d'un constat que les séries anciennes qui se vendent moins sont progressivement retirées des rayons, tout comme les nouveautés one-shot.
Les rééditer à prix réduit "pourraient" permettre leur retour. On offre une 2ème vie à des albums pas forcément vieux d'ailleurs, mais pour lesquels certains sont passé à côté à cause du prix. Certains ne vont pas acheter "l'homme gribouillé" à 30 € mais vont attendre de le trouver moins cher chez le bouquiniste. C'est le même principe.



Xavier Guilbert a écrit:
un album des Aventures de Tintin était vendu par Casterman 480 F en 1952 (anciens francs bien sûr, soit 10€ de 2014) ; 6,90 F en 1961 (soit 10,40€ de 2014) ; 7,80 F en 1966 (soit 9,85€ de 2014) ; 15 F en 1976 (soit 9,30€ de 2014) ; 43 F en 1990 (soit 9,70€ de 2014) ; 8,95€ en 2004 (soit 10,30€ de 2014)… et 10,95€ en 2014.
Pour autant, l’idée d’une augmentation conséquente du prix de la bande dessinée reste fortement ancrée dans les esprits, comme on peut le lire chez Henri Filippini : «Lentement mais sûrement, la bande dessinée, jusqu’alors accessible à un prix plus abordable que le livre par un lectorat jeune et pas toujours riche, devient un produit de luxe réservé à la classe aisée.»


Tu prends l'exemple de TINTIN. OK. Mais ce que Filippini veut dire, c'est aussi que, à côté des albums à 10 € dont le prix ne varie, on trouve finalement un nombre de plus en plus important de bande-dessinées dépassant les 15 € quand rien ne le justifie.
J'ai cité l'exemple de "Jamais" de Duhamel par exemple. L'histoire ne justifie pas un GF avec couverture rigide. L'éditeur a mis en avant un bel objet visant là une certaine catégorie de lecteurs.


Xavier Guilbert a écrit:- d'autre part, la question du prix est loin d'être centrale pour déterminer l'achat ou non d'une bande dessinée, comme le montre l'enquête 2011 qui s'intéresse également aux anciens lecteurs.
Contrairement à ce qui est souvent avancé, les raisons évoquées pour cet abandon sont rarement d’ordre financier. Au contraire, il ressort assez largement une réelle perte d’intérêt pour la bande dessinée : «La bande dessinée ne vous intéresse plus» cité par 41 % des anciens lecteurs, «Vous avez moins de temps pour lire» pour 40 %, ou encore «Vous préférez d’autres lectures ou d’autres loisirs» pour 35 %. En comparaison, l’argument «Les bandes dessinées coûtent trop cher» n’est évoqué que par 7 % des anciens lecteurs. [...]


On aborde là un autre point, assez essentiel, qui est l'avenir à très long terme de la bande-dessinée.
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Re: C'est la crise ?

Messagede alambix » 23/03/2018 14:25

Nirm a écrit:
alambix a écrit:J'attends le jour où Michel-Edouard aura réussi à pulvériser le prix unique, ce jour-là il sera trop tard pour se dire qu'on aurait peut-être dû imaginer d'autres solutions avant ...

Qui signerait donc la mort des petits commerces ?
Bizarre ton attente... De "je ne veux pas voir des vieilles séries que peu de monde achète disparaître des rayons" tu passes à "vivement qu'on casse les prix et les petits commerces n'auront pas à pleurer".
Mais je suppose que ce n'est pas ce que tu as voulu dire.


Et merci à Xavier pour les infos.


Non ce n'est pas du tout ce que j'ai voulu dire, j'étais en mode "ironie" ;)
Mais, dans mon domaine, je vois le mal invisible du grand public, qu'est en train de répandre la grande distribution, en s'attaquant à tous les domaines où il est possible de gagner de l'argent.
Michel-Edouard Leclerc veut vendre des médicaments (moins cher) dans ses parapharmacies. Les pharmaciens y sont farouchement opposés. Combien de temps encore avant que le verrou saute ?
Et combien de temps encore avant qu'une grande enseigne décide de se lancer dans l'édition, en faisant sauter les verrous, parce que ce sera "bankable" ?

Je ne veux justement pas que le prix unique saute, mais que les maisons d'éditions réfléchissent à leur politique commerciale avant qu'il ne soit trop tard.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Xavier Guilbert » 23/03/2018 14:26

toine74 a écrit:Mort des petits commerces et d'une bonne partie des éditeurs de la place. Le prix unique, même avec ses défauts, est une véritable richesse culturelle qu'il faut préserver à tout prix.

Je m'étais amusé (hum), il y a quelques temps, de voir les apports de la loi Lang en faisant la comparaison entre la situation britannique et la situation française.
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Re: C'est la crise ?

Messagede alambix » 23/03/2018 14:28

toine74 a écrit:Dans l'édition, les nouveaux acteurs sont plus enclins à copier le modèle existant (qui, pour l'instant, se montre très rentable) que de le casser. Aux USA, Images s'est bien aligné sur les DC et Marvel et a même tendance à être légèrement plus cher. En Europe, Paquet (boîte qui ressemble le plus à éditeur BD généraliste) n'est pas allé vers le low-cost, même quand il réédite des séries anciennes via Place du Sablon.


Parce que justement pour l'instant le système est accepté de tout le monde.

A l'époque de l’hégémonie des 3 opérateurs mobiles historiques, lorsqu'un nouveau se lancer (CORIOLIS par exemple), il copiait. Car il savait que les consommateurs acceptaient ce système, et que pour tout casser, il fallait avoir beaucoup d'audace.
Xavier Neil l'a eu cette audace, alors qu'il aurait pû faire comme tout le monde. Et l'histoire lui a donné raison.
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Re: C'est la crise ?

Messagede alambix » 23/03/2018 14:32

kilfou a écrit:Leclerc éditions ça existe déjà, c'est MEL Publishing et si tu jettes un oeil à leur catalogue, tu verras que c'est tout sauf populaire. :D

Pour le reste, Xavier a tout dit (et je l'avais déjà dit plus haut...)

Ton idée n'est pas mauvaise en soi, mais elle ne convainc pas. Pour le moment. ça peut changer dans 5/10/30 ans, qui sait...


OH P*TAIN !!! :D

« Plus personne ne le conteste, la bande dessinée constitue l’un des premiers supports artistiques de la production éditoriale dans le monde. Sous forme de mangas, de comics ou d’albums, l’histoire du neuvième art a été rythmée par le rôle phare d’artistes tels que Winsor McCay, Uderzo, Hergé, Franquin, Peyo », expliquait MEL, en annonçant une exposition autour du 9e Art à Landerneau.

Je ne pensais pas si bien dire :shock: "ILS" sont déjà parmi nous. :shock:
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Re: C'est la crise ?

Messagede Anianka » 23/03/2018 14:36

Le prix unique a ses avantages certains mais c est aussi lui qui freine les évolutions du système car les acteurs actuels sont protégés : ils ont deja leur catalogue et tout concurrent qui voudrait bouleverser le systeme sans leur accord devra le faire sans leur catalogue.
Comme aucun des gros editeurs ne veut bouleverser le systeme il faudrait reussir a bouleverser le systeme en construisant un catalogue de tte pièces, c est tres differents du telephone qui ne fourni qu un service.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Thierry_2 » 23/03/2018 14:37

je m'étais même posé la question par rapport aux traductions de comics. En terme de format il y a un choix qui privilégie les versions plus luxueuses sans proposer d'alternative, comme c'est souventle cas aux USA avec des version brochées et en dur.
les éditions que nous avons sont plus proches des hardcovers et des version deluxe que des versions "bons marchés". C'est l'une des raisons qui me pôussent vers la consommation de comics en VO. perso, je n'en ai rian à foutre de 15 variants covers, des cahiers de croquis, des fac similés de scénarios... je veux juste l'histoire. C'est pourquoi j'ai acheté les compendium walking dead, proche du zéro absolu en travail éditorial (zéro bonus, pas même les couvertures) mais qui propose la base qui m'intéressait: l'histoire. Il me semble même que les recueils ne reprennent pas les covers des différents facicules.
Par exemple, si vous voulez acheter V pour vendetta, Urban propose une version unique à 28 EUR. En VO, il existe une version à 16 EUR. Le prix ne semble pas être un problème, le tritre restant une valeur sûre du catalogueUrban. Idem pour le Daredevil Born Again à 36 EUR chez nous contre 16 en TPB.
Paradoxalament, les versions francophones sont souvent moins chères quand on les compare les versions Deluxe US pour un contenu similaire. De même les ventes de séries ont des prix assez similaires dans les 2 langues alors que les version françaises sont cartonnées et pas les versions US. Mais il y a vraiment une offre qui semble montrer que le public francophone reste attaché à un format cartonné.
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Re: C'est la crise ?

Messagede toine74 » 23/03/2018 14:39

Xavier Guilbert a écrit:
toine74 a écrit:Mort des petits commerces et d'une bonne partie des éditeurs de la place. Le prix unique, même avec ses défauts, est une véritable richesse culturelle qu'il faut préserver à tout prix.

Je m'étais amusé (hum), il y a quelques temps, de voir les apports de la loi Lang en faisant la comparaison entre la situation britannique et la situation française.


Tout est dit dans la dernière phrase : "Car la loi Lang protège la culture en atténuant la loi du marché. Et là, ami lecteur, lectrice mon amour, nous avons tout à gagner." [:flocon:2] :bisou:
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Re: C'est la crise ?

Messagede Xavier Guilbert » 23/03/2018 15:03

alambix a écrit:Le numérique est un enjeu. Pour l'instant on a démontré que la BD numérique est minoritaire. Si le rapport s'inverse, les éditeurs auront-ils intérêt à baisser le PV de leur BD physique pour compenser ou au contraire gagneront-ils mieux leur vie sur le numérique (et inversement pour les auteurs) entraînant le déclin de la bd physique au détriment du revenu des auteurs ?

A mon sens, regarder ce qui se passe du côté de la musique est une bonne indication.
D'une part, la substitution n'est pas encore complète: il y a plein d'usages pour lesquels le CD reste présent, et pas uniquement pour des questions de rupture générationnelle/technologique (cadeau, achat destiné aux enfants, etc.).
D'autre part, on assiste au contraire au développement d'une offre "de luxe" (cf. le vinyle), qui correspond à une demande très spécifique.
Donc pour la bande dessinée, je vois bien se développer une offre numérique pour le tout-venant, et une offre papier "prestige" pour les collectionneurs et/ou amateurs de patrimoine. C'est d'ailleurs ce qui existe déjà, si l'on considère les intégrales et les rééditions patrimoniales.

alambix a écrit:Ma démonstration ne partait pas du principe que le prix était le seul facteur. Mais partait aussi d'un constat que les séries anciennes qui se vendent moins sont progressivement retirées des rayons, tout comme les nouveautés one-shot.
Les rééditer à prix réduit "pourraient" permettre leur retour. On offre une 2ème vie à des albums pas forcément vieux d'ailleurs, mais pour lesquels certains sont passé à côté à cause du prix. Certains ne vont pas acheter "l'homme gribouillé" à 30 € mais vont attendre de le trouver moins cher chez le bouquiniste. C'est le même principe.

La chaîne de distribution physique fait que pour vendre 100 exemplaires, il faut en mettre 200 en magasin (très schématiquement, mais les ordres de grandeur sont bons). Résultat, (re)lancer un titre qui a eu du mal à se vendre à un niveau de prix plus bas, avec tous les frais supplémentaires que cela implique (recréer le livre, le relancer dans le circuit de distribution, le proposer à nouveau, etc.) tout en se traînant les casseroles du premier échec, n'offre pas les perspectives de rentabilités les plus séduisantes. Surtout quand, comme tu le dis toi-même, les lecteurs qui rechignent à trop dépenser déploient déjà tout un tas de stratégies pour réussir à lire et/ou acheter plus, à coût moindre (lecture sur le lieu de vente, lecture/emprunt en bibliothèque, emprunt à des amis, achat d'occasion, scans sur Internet, etc.).
Donc c'est clair que quand l'éditeur a le choix, entre lancer un truc qui semble avoir du potentiel, et relancer un truc qui s'est déjà pris une tôle, il n'hésite pas longtemps.

alambix a écrit:Tu prends l'exemple de TINTIN. OK. Mais ce que Filippini veut dire, c'est aussi que, à côté des albums à 10 € dont le prix ne varie, on trouve finalement un nombre de plus en plus important de bande-dessinées dépassant les 15 € quand rien ne le justifie.
J'ai cité l'exemple de "Jamais" de Duhamel par exemple. L'histoire ne justifie pas un GF avec couverture rigide. L'éditeur a mis en avant un bel objet visant là une certaine catégorie de lecteurs.

Pour l'évolution des prix, je te renvoie à la partie correspondante dans la Numérologie 2014:
Les données historiques exploitables (remontant seulement à 2005) confirment en partie cette perception : en effet, les prix moyens observés ne cessent d’augmenter sur la période, enregistrant une progression conséquente de plus de 20 % en huit ans. Si le manga reste plutôt stable (et en adéquation avec l’évolution de l’indice des prix à la consommation harmonisé), le reste du marché montre une claire inflation des prix, qui augmentent de 26 % sur cette période (contre 11 % pour l’indice des prix à la consommation harmonisé).
Cependant, il faut souligner que le prix moyen observé au global est la résultante de phénomènes très divers, qu’il s’agisse de l’introduction du format poche (avec des prix en rapport) de la grande majorité des manga, ou de l’arrivée sur le marché des romans graphiques et autres intégrales, à la pagination et au prix plus élevés. C’est plutôt en s’attardant sur l’évolution du prix à la nouveauté de certaines références «canoniques» que l’on peut véritablement estimer si la bande dessinée s’est appréciée ou non au cours des décennies passées.
Depuis juillet 2007, le SNE publie deux fois par an une grille des tarifs pratiqués par une partie des éditeurs ; pour les dates antérieures, le dépôt légal à la BnF permet de retracer les prix de vente à chacune des sorties. Afin de considérer un échantillon réduit mais suffisamment représentatif, nous avons choisi de nous intéresser aux séries XIII (Dargaud), Largo Winch (Dupuis), Blake & Mortimer (Éditions Blake et Mortimer), Titeuf (Glénat) et Lanfeust (Soleil). Ces séries présentent l’avantage d’avoir des sorties quasi-annuelles, et représentent presque un quart (24 %) des titres franco-belges classés dans les Top 50 annuels de Livres Hebdo sur la période 2000-2013, et constituent 36 % des ventes cumulées.

En moyenne, l’évolution des prix à la nouveauté de ces cinq séries sur la période 1996-2013 suit (par paliers) l’évolution de l’indice des prix à la consommation harmonisé. Alors que le passage à l’euro en 2002 n’occasionne pas de «réajustement» notable, la tendance depuis 2010 semble être à une augmentation notable pour les trois titres de Média-Participations — une tendance également renforcée par le passage de la TVA sur le livre au taux majoré de 7 % en avril 2012, avant un retour «à la normale» à 5,5 % au premier janvier suivant.
Dans ce contexte, le «prix de vente abordable» du dernier Astérix s’inscrit dans l’évolution globale, dans une fourchette basse comparable aux pratiques observées sur Lanfeust ou Titeuf, XIII et Largo Winch représentant la fourchette haute de l’évolution.

(il y a un graphique sur la page, qui est plus parlant)

Là où Filippini se trompe, c'est dans son idée d'une bande dessinée "populaire". Il y a bien longtemps que la bande dessinée n'est pas "populaire" dans le sens sociologique du terme, et dès la première étude sur le sujet (IFOP 1991, si ma mémoire est bonne), on a le portrait d'un lecteur de bande dessinée essentiellement CSP+.
Ensuite, quand l'éditeur fait un livre, il faut penser qu'il s'adresse à plusieurs interlocuteurs: l'ensemble de la chaîne de diffusion, qu'il doit convaincre de mettre l'ouvrage en avant, en plus du lecteur. Avec tout un tas de caractéristiques formelles symboliques qui conditionnent la réception de l'ouvrage -- la couverture cartonnée étant encore un élément fort de distinction: je me souviens d'éditeurs indépendants me racontant comment, à Angoulême, certains lecteurs belges prenaient sans les payer les fascicules souples qui étaient en vente, parce qu'ils étaient convaincus qu'il ne s'agissait là que de prospectus promotionnels.
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Re: C'est la crise ?

Messagede nexus4 » 23/03/2018 16:41

[APARTÉ]
M'sieur Guilbert, je sais que c'est pas toi qui gère le bousin mais il y a un truc qui manque dans les articles de Comicalités, c'est la date. On l'a quand on vient de la "table des matières", mais quand on débarque direct dans l'article, ca manque. Je sais pas si ca a été débattu avec vote à main levée, bouderie et création d'un mouvement séparatiste théochroniste, mais ça manque.

[disgression]
Je sais pas pourquoi, j'imagine une réunion des Verts comme dans les guignols, mais avec que des chauves à lunettes qui font la gueule. :D [/disgression]

Edit : Ah, j'ai trouvé, c'est dans "Pour citer cet article". Ce serait quand même mieux à coté du nom du rédacteur, tout en haut, histoire de pas se fader l'article pour se rendre compte qu'il n'est plus d'actualité.
[/APARTÉ]
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Re: C'est la crise ?

Messagede Brian Addav » 23/03/2018 19:42

[Aparté aussi]

Chez les voleurs aussi, c'est la crise:
http://www.livreshebdo.fr/article/deux-hommes-interpelles-pour-le-vol-de-plus-de-4000-bd

[/Aparté aussi]
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Re: C'est la crise ?

Messagede Xavier Guilbert » 23/03/2018 21:07

nexus4 a écrit:[APARTÉ]
M'sieur Guilbert, je sais que c'est pas toi qui gère le bousin mais il y a un truc qui manque dans les articles de Comicalités, c'est la date. On l'a quand on vient de la "table des matières", mais quand on débarque direct dans l'article, ca manque. Je sais pas si ca a été débattu avec vote à main levée, bouderie et création d'un mouvement séparatiste théochroniste, mais ça manque.
[/APARTÉ]

Alors en effet, je n'ai rien à voir avec "le bousin", je ne fais même pas partie du comité de rédaction.
Et je pense que la structure actuelle, avec la date tout en bas, est contrainte par la plateforme Revues.org, qui est essentiellement destinée aux publications universitaires. D'où l'importance accordée à la citation, puisque c'est là la monnaie d'échange habituelle des chercheurs.
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Re: C'est la crise ?

Messagede kilfou » 28/03/2018 16:12

Tiens ceux qui réclamaient le retour des formats poche pour démocratiser la bd ont été entendus.

J'ai Lu sort une nouvelle collection en juin, prix entre 6.90€ et 7.90€, le dernier est même un inédit
- Un autre regard T1
- Le petit grumeau illustré T1
- Chat Bouboule T1
- Tous mes amis sont morts de Avery Monsen et Jory John

J'espère que vous êtes contents.

:D
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Re: C'est la crise ?

Messagede malixia » 28/03/2018 19:38

kilfou a écrit:Tiens ceux qui réclamaient le retour des formats poche pour démocratiser la bd ont été entendus.

J'ai Lu sort une nouvelle collection en juin, prix entre 6.90€ et 7.90€, le dernier est même un inédit
- Un autre regard T1
- Le petit grumeau illustré T1
- Chat Bouboule T1
- Tous mes amis sont morts de Avery Monsen et Jory John

J'espère que vous êtes contents.

:D

c est cher non ???? :shock:
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Re: C'est la crise ?

Messagede toine74 » 28/03/2018 19:42

C'est les prix habituels des livres de poche. ;)
« Les gouvernants ont décidé de retarder la concrétisation de l'utopie tant que les citoyens ne seront pas parvenus à un consensus. »

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Re: C'est la crise ?

Messagede nexus4 » 04/04/2018 14:52

Image

Pour ceux que cà intéresse :
Quelle bande dessinée édite-t-on et lit-on en France? Comment comprendre l'explosion des formats et des genres au sein du secteur? Quel lien la bande dessinée entretient-elle avec le livre, avec la presse? Que penser de la bande dessinée numérique et de ses effets sur les formes et dispositifs existants?
Cet ouvrage vous livre toutes les connaissances indispensables sur la richesse créative et les dernières grandes évolutions de la bande dessinée, au fil d’un parcours allant des premiers succès du genre jusqu’aux œuvres les plus récentes du palmarès du Festival d’Angoulême.

Sommaire :

Introduction
1. Il y a cinquante ans, comment lisait-on des bandes dessinées ?
2. Paysage de la bande dessinée contemporaine
3. Remarques sur l'intermédialité
4. Persistance de la forme
Bibliographie

Support Livre broché
Nb de pages 64 p. Bibliographie . Notes .
ISBN-10 2845167806
ISBN-13 9782845167803

Version pdf 3€ : http://www.lcdpu.fr/livre/?GCOI=2700010 ... escription
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Re: C'est la crise ?

Messagede kilfou » 04/04/2018 15:02

Hoho édité par les presses universitaires de Clermont et distribué par le CID-MSH, ça sent le best-seller. :lol:
C'est con je l'aurais bien lu mais je vais pas me faire chier pour si peu.
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