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C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition - 2010-2021

Pour discuter de tous les sujets généraux autour de la bande dessinée, des libraires, des éditeurs et des auteurs

Re: C'est la crise ?

Messagede Thierry_2 » 23/03/2018 09:53

Message précédent :
alambix a écrit:
tzynn a écrit: Dès lors tu ne peux rogner que sur les marges des intermediaires pour pouvoir proposer tes bds à prix réduit. Donc le but est de faire comprendre aux intermédiaires qu’ils vont faire le même boulot pour gagner moins par bd? Bonne chance :-D


Je comprend, mais encore une fois mon hypothèse concernait :
- les BD qui sont quasi-introuvables en tome unique (l'exemple par excellence étant Achille TALON, et je ne parle pas d'intégrale car on est pas sur le même marché ou le même prix de vente).
- les BD one-shot nouveautés qui, passés quelques années, disparaissent des rayons et font le bonheur des bouquinistes.

Pour ces 2 BD, les éditeurs/auteurs/libraires gagne peu ou rien du tout car je ne prend en compte que des BD qui ne sont plus en rayon. Donc les ventes sont ridicules.
Les rééditer à prix réduit peut provoquer pour ces titres un retour en rayon et des ventes beaucoup + importantes.

Si tu gagne 2 € sur une BD et que tu en vends 500 dans l'année, tu gagnes 1.000 € au final
Si demain, on réédite à prix réduit et que ta marge passe à 1 €, si l'opération est un succès (plus de présence physique dans les rayons, prix réduit ...), et que tu en vend 1500 dans l'année, tu gagneras au final 1.500 €.

En commerce, il peut être bon de baisser sa marge si c'est pour, au final, avoir un gain supérieur ;)

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Re: C'est la crise ?

Messagede tzynn » 23/03/2018 09:54

alambix a écrit:
tzynn a écrit: Dès lors tu ne peux rogner que sur les marges des intermediaires pour pouvoir proposer tes bds à prix réduit. Donc le but est de faire comprendre aux intermédiaires qu’ils vont faire le même boulot pour gagner moins par bd? Bonne chance :-D


Je comprend, mais encore une fois mon hypothèse concernait :
- les BD qui sont quasi-introuvables en tome unique (l'exemple par excellence étant Achille TALON, et je ne parle pas d'intégrale car on est pas sur le même marché ou le même prix de vente).
- les BD one-shot nouveautés qui, passés quelques années, disparaissent des rayons et font le bonheur des bouquinistes.

Pour ces 2 BD, les éditeurs/auteurs/libraires gagne peu ou rien du tout car je ne prend en compte que des BD qui ne sont plus en rayon. Donc les ventes sont ridicules.
Les rééditer à prix réduit peut provoquer pour ces titres un retour en rayon et des ventes beaucoup + importantes.

Si tu gagne 2 € sur une BD et que tu en vends 500 dans l'année, tu gagnes 1.000 € au final
Si demain, on réédite à prix réduit et que ta marge passe à 1 €, si l'opération est un succès (plus de présence physique dans les rayons, prix réduit ...), et que tu en vend 1500 dans l'année, tu gagneras au final 1.500 €.

En commerce, il peut être bon de baisser sa marge si c'est pour, au final, avoir un gain supérieur ;)


Le souci des librairies est surtout un problème de stockage. Ils ont trop de bd, et avec des rotations de plus en plus courtes parce qu'ils n'ont plus de place. Ca ne va pas aider. Le problème que tu risques d'avoir, c'est pourquoi les libraires sacrifieraient ils de la place pour des bds à plus forte marge pour des bds à moindre marge?
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Re: C'est la crise ?

Messagede Sysy77 » 23/03/2018 09:59

@ Pouffy : je partage aussi le point de vue sur le marché des acheteurs de BD que tu as exprimé hier.

D'une part, une niche composée de passionnés pointus, qui tendent plus ou moins vers les collectionneurs, et d'autre part des acheteurs occasionnels, qui ciblent ce qui leur parle ou veulent faire des cadeaux (cf les séries professionnelles de Bamboo qui cartonnent en grandes surfaces).

Entre les 2, point de salut...
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Re: C'est la crise ?

Messagede Thierry_2 » 23/03/2018 10:00

tzynn a écrit:
alambix a écrit:
Mr Degryse a écrit:Et les formats bds poches ont existé avec le non succès qu'on connait


J'ai parlé des romans poche pour le prix.
Mon idée n'est pas de faire des BD poches mais de rééditer des BDs à prix réduit, comme c'est le cas pour les opé à 4,99 € (mais un peu plus cher) et comme c'est le cas, avec l'accord de tout le monde, pour les CD, DVD ...


Ce fut le principe de la collection librio bd, des albums en plus petit format à 2€ pièce, comme les romans, et ce fut un bide. Tout comme les formats souples. Le lecteur de bd semble rester accroché à son format couleurs couv cartonnée.

De tte façon le cout de fabrication d’une bd est ridiculement bas et n’intervient que marginalement dans le prix final. Dès lors tu ne peux rogner que sur les marges des intermediaires pour pouvoir proposer tes bds à prix réduit. Donc le but est de faire comprendre aux intermédiaires qu’ils vont faire le même boulot pour gagner moins par bd? Bonne chance :-D

la réduction de format pour un roman n'est pas vraiment un problème, sauf s'il y a des effets de mise en page particuliers. On est sur du texte. En bande dessinée, il y a soit la réduction de format qui fait mal aux yeus, soit le remontage comme à l'époque des livres en format poche, qui malmènent l'unité de la planche.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Xavier Guilbert » 23/03/2018 11:36

yannzeman a écrit:La seule chose que ne précise pas cet excellent article de xavier Guilbert, c'est en quoi consiste l'offre numérique au Japon : Est-ce de type Izneo (location pour lecture) ou achat de fichier dont on devient propriétaire ?

C'est de la location (avec possibilité de téléchargement en local pour lecture), dans un lecteur dédié et propriétaire.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Krys TOFF » 23/03/2018 11:44

Mr Degryse a écrit:Et les formats bds poches ont existé avec le non succès qu'on connait


Est-ce qu'on connaît les ventes par exemple de cette gamme de BD en poche au format J'ai Lu des années 90 ?
https://www.bedetheque.com/serie-8152-B ... Poche.html
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Re: C'est la crise ?

Messagede Xavier Guilbert » 23/03/2018 11:50

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Re: C'est la crise ?

Messagede alambix » 23/03/2018 11:59

Sysy77 a écrit:
alambix a écrit:
tzynn a écrit: Les rééditer à prix réduit peut provoquer pour ces titres un retour en rayon et des ventes beaucoup + importantes.


CA c'est TON hypothèse.
Sans étude de marché, c'est vraiment trop hasardeux.



J'ai bien souligné que çà méritait une étude. Le problème, c'est qu'on sous entend ici que çà ne mérite même pas d'étude et que c'est directement voué à l'échec en me démontrant par a + b que c'est cuit d'avance [:my name snake:2]

Sysy77 a écrit:Si les ventes restent quasi-nulles (et c'est ce que beaucoup essaient de te faire comprendre : quel intérêt aura un non-lecteur actuel ou une mère de famille qui voudrait faire plaisir à son fiston/sa fifille aujourd'hui pour Achille Talon ? Les lecteurs, eux, se les sont déjà procurés à bas prix en intégrale ou en occasion) , et que la marge est minable (à coupler avec les efforts énormes et l'occupation des rayons au lieu d'autres produits plus rentables ou plus vendus), le gain est trop anecdotique.


CA c'est TON hypothèse.
Sans étude de marché, c'est vraiment trop hasardeux. ;) ;) ;)


Sysy77 a écrit:Aujourd'hui, les produits d'appel sont à chercher dans le catalogue Bamboo.


J'entends réédition d'album de qualité à prix réduit. Bamboo c'est autre chose. On ne va pas comparer les Tuniques Bleues avec "Les Motards"
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Re: C'est la crise ?

Messagede alambix » 23/03/2018 12:00

Thierry_2 a écrit:
alambix a écrit:
tzynn a écrit: Dès lors tu ne peux rogner que sur les marges des intermediaires pour pouvoir proposer tes bds à prix réduit. Donc le but est de faire comprendre aux intermédiaires qu’ils vont faire le même boulot pour gagner moins par bd? Bonne chance :-D


Je comprend, mais encore une fois mon hypothèse concernait :
- les BD qui sont quasi-introuvables en tome unique (l'exemple par excellence étant Achille TALON, et je ne parle pas d'intégrale car on est pas sur le même marché ou le même prix de vente).
- les BD one-shot nouveautés qui, passés quelques années, disparaissent des rayons et font le bonheur des bouquinistes.

Pour ces 2 BD, les éditeurs/auteurs/libraires gagne peu ou rien du tout car je ne prend en compte que des BD qui ne sont plus en rayon. Donc les ventes sont ridicules.
Les rééditer à prix réduit peut provoquer pour ces titres un retour en rayon et des ventes beaucoup + importantes.

Si tu gagne 2 € sur une BD et que tu en vends 500 dans l'année, tu gagnes 1.000 € au final
Si demain, on réédite à prix réduit et que ta marge passe à 1 €, si l'opération est un succès (plus de présence physique dans les rayons, prix réduit ...), et que tu en vend 1500 dans l'année, tu gagneras au final 1.500 €.

En commerce, il peut être bon de baisser sa marge si c'est pour, au final, avoir un gain supérieur ;)

là, on est dans la pensée magique


Tout comme dire que le gain sera quasi nul au final ;)
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Re: C'est la crise ?

Messagede Sysy77 » 23/03/2018 12:11

alambix a écrit:CA c'est TON hypothèse.
Sans étude de marché, c'est vraiment trop hasardeux. ;) ;) ;)

Je ne suis pas le seul à le dire, il y a beaucoup d'autres personnes ici qui te tiennent le même discours depuis longtemps.

alambix a écrit:J'entends réédition d'album de qualité à prix réduit. Bamboo c'est autre chose. On ne va pas comparer les Tuniques Bleues avec "Les Motards"


Toi ou moi, nous faisons la différence. Mais un non-lecteur, ou de l'autre côté, un distributeur ?
Car il ne faut pas oublier que celui qui qualifie un produit de "produit d'appel", c'est le vendeur...

Mais tu sembles définitivement être tombé amoureux de ton idée...
Donc lance-toi !
Tu es dans le commerce, tu n'a pas un contact qui pourrait réaliser une étude de marché (CCI, association de commerçants, etc...) ?
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Re: C'est la crise ?

Messagede yannzeman » 23/03/2018 13:08



Je n'ai pas le temps de lire ça aujourd'hui, mais j'espère que l'étude ne porte pas uniquement sur les "petits formats", mais également sur les albums en souples.
Ou sur ces recueils de 5 ou 6 albums dans un format plus petit, mais pas petit format poche, et parfaitement lisibles.

Parce que c'est ça, l'offre low-cost qui pourrait marcher, comme équivalent des livres de poche.

Bon sang, j'ai des "Buck Danny" en format souple, qui côtoient sur la même étagère des albums cartonnés et des intégrales des aventures de Buck !
Moi je m'en fous, du support.
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Re: C'est la crise ?

Messagede toine74 » 23/03/2018 13:12

Krys TOFF a écrit:
Mr Degryse a écrit:Et les formats bds poches ont existé avec le non succès qu'on connait


Est-ce qu'on connaît les ventes par exemple de cette gamme de BD en poche au format J'ai Lu des années 90 ?
https://www.bedetheque.com/serie-8152-B ... Poche.html


Cette collection a été abandonnée, on peut raisonnablement penser que c'est parce que ça ne se vendait pas. Si l'impression était bonne et le papier de qualité (pas celui des J'aiLu roman habituel), ces bouquins étaient illisibles tant les planches avaient dû être charcutées pour rentrer dans le format poche.
« Les gouvernants ont décidé de retarder la concrétisation de l'utopie tant que les citoyens ne seront pas parvenus à un consensus. »

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Re: C'est la crise ?

Messagede yannzeman » 23/03/2018 13:18

toine74 a écrit:
Krys TOFF a écrit:
Mr Degryse a écrit:Et les formats bds poches ont existé avec le non succès qu'on connait


Est-ce qu'on connaît les ventes par exemple de cette gamme de BD en poche au format J'ai Lu des années 90 ?
https://www.bedetheque.com/serie-8152-B ... Poche.html


Cette collection a été abandonnée, on peut raisonnablement penser que c'est parce que ça ne se vendait pas. Si l'impression était bonne et le papier de qualité (pas celui des J'aiLu roman habituel), ces bouquins étaient illisibles tant les planches avaient dû être charcutées pour rentrer dans le format poche.


J'en ai acheté (et lu), c'était pas terrible, trop petit, difficile à lire, et à y prendre du plaisir (de mémoire, un "Yoko Tsuno"et un "Tanguy et Laverdure").

Par contre, j'ai gardé les souples format normal ("Buck Danny", "Lucky Luke"...), et j'en suis très content.
dommage que ça se soit arrêté.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Yoda33 » 23/03/2018 13:33

Sysy77 a écrit:Tu es dans le commerce, tu n'a pas un contact qui pourrait réaliser une étude de marché (CCI, association de commerçants, etc...) ?


J ai rarement vu ceux que tu cites réaliser des études de marché, si tant est que ce qu on appelle étude de marché soit fiable de nos jours vu la versatilité des consommateurs
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Re: C'est la crise ?

Messagede alambix » 23/03/2018 13:41

Sysy77 a écrit:
Mais tu sembles définitivement être tombé amoureux de ton idée...
Donc lance-toi !
Tu es dans le commerce, tu n'a pas un contact qui pourrait réaliser une étude de marché (CCI, association de commerçants, etc...) ?


Je ne suis qu'un petit commerçant, et encore pas à temps plein ...
Et impossible pour un particulier de monter un tel projet, c'est une solution que seul les maisons d'éditions, qui possèdent les droits sur un catalogue suffisamment intéressant, peuvent lancer.
Et encore, il faudrait que l'idée soit reprise par chaque maison d'édition.

Quand on voit ici que les lecteurs sont farouchement opposés à l'idée d'une baisse des prix et tue dans l’œil toute idée qui pourrait le permettre, on se dit que les éditeurs ont encore de très très très beaux (et fructeueux) jours devant eux.
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Re: C'est la crise ?

Messagede alambix » 23/03/2018 13:48

Yoda33 a écrit:
Sysy77 a écrit:Tu es dans le commerce, tu n'a pas un contact qui pourrait réaliser une étude de marché (CCI, association de commerçants, etc...) ?


J ai rarement vu ceux que tu cites réaliser des études de marché, si tant est que ce qu on appelle étude de marché soit fiable de nos jours vu la versatilité des consommateurs


Pas faux.
La CCI réalisé des formations gratuites sur la création d'entreprise et peuvent assurer un accompagnement sur la mise en place du budget prévisionnel.
Ils interviennent également dans l'obtention du prêt d'honneur.
Après les études de marchés, ce n'est pas leur domaine. Du tout.

Les associations de commerçants non-plus. Ces associations sont locales et n'ont pour but de de mettre en place des opérations locales communes afin de dynamiser le commerce.

Une étude de marché à l'échelon national, il faut la faire réaliser par de grandes entreprise spécialisées qui vont te prendre une blinde pour un projet qui, je le rappelle, n'est possible QUE pour les gros éditeurs pré-existants (Dupuis, Casterman, Dargaud ...)

Les petits commerçants sont seuls face à leur survie.
Et contrairement au marché de la BD (marché où les lecteurs ne recherchent absolument pas un prix réduit), la quasi-totalité des petits commerçants font face à une concurrence agressive des grandes surfaces sur le prix de vente, concurrence avec laquelle il est impossible de lutter.
J'attends le jour où Michel-Edouard aura réussi à pulvériser le prix unique, ce jour-là il sera trop tard pour se dire qu'on aurait peut-être dû imaginer d'autres solutions avant ...
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Re: C'est la crise ?

Messagede Pouffy » 23/03/2018 13:52

alambix a écrit:Quand on voit ici que les lecteurs sont farouchement opposés à l'idée d'une baisse des prix et tue dans l’œil toute idée qui pourrait le permettre, on se dit que les éditeurs ont encore de très très très beaux (et fructeueux) jours devant eux.


Les modèles disruptifs ne viennent jamais des acteurs principaux. Le marché de la BD actuel va continuer avec un lectorat vieillissant mais riche. Il faut attendre que le CA des éditeurs chute... ce qui n'est pas le cas aujourd'hui... la seule baisse constatée est celle du lectorat.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Xavier Guilbert » 23/03/2018 14:02

Comme ce n'est pas la première fois qu'il y a débat sur ce sujet précis, et que l'on retrouve les mêmes questions qui reviennent, je me permets de reposter quelques remarques que j'avais faites précédemment:

En 2016, sur les formats souples:
Le problème est effectivement la rentabilité de l'opération pour l'ensemble de la filière. Par exemple, les auteurs se sont plaints par le passé de la rémunération qui leur était accordée sur les ventes des versions numériques de leurs livres (versions vendues à prix inférieur), ce qui leur occasionnait une forte diminution de leur revenu, à ventes égales.
Le jeu de la distribution-diffusion et la disparition des coûts de fabrication faisait que l'éditeur, dans la même situation, s'en sortait beaucoup mieux. (pour ceux que ça intéresserait, j'avais fait le calcul il y a quelques temps, c'est ici -- avec un tableau à la limite du lisible, la faute à un changement de CMS, désolé)
Souvenez-vous: les auteurs sont rémunérés en pourcentage du prix hors-taxe. Donc divisez le prix par 3, et vous divisez le revenu de l'auteur par trois également... pour rester à revenu égal, il lui faudrait donc multiplier ses ventes par 3. Et c'est là que le bât blesse.

Parce qu'on se heurte à un truc qui s'appelle l'élasticité des prix. En gros, ça signifie que les ventes additionnelles sont plus ou moins corrélées à la baisse de prix. Par exemple, je vends mon burger 5% moins cher, et hop, je gagne 10% de ventes, parce que les gens ont super envie de manger mon super burger. Et là, l'opération est forcément intéressante pour moi (pour les consommateurs aussi, cela étant).
Le problème, c'est que ça ne marche pas toujours. Il y a des produits pour lesquels cela ne marche pas du tout: les produits de luxe, par exemple, voient même parfois des phénomènes inverses (on augmente le prix, la demande augmente). Le cas Vuitton au Japon en est un bon exemple. Et puis il y a des produits pour lesquels les ventes additionnelles sont très loin de compenser le manque à gagner dû à la baisse de prix -- tout simplement parce que la demande n'est pas là, et que les principaux facteurs limitant les ventes n'ont rien à voir avec le prix. (en fait, c'est un peu le sujet sur lequel on s'écharpe depuis deux semaines, donc je ne suis pas certain que ma démonstration convaincra ceux qui soutiennent mordicus que le prix est le seul facteur important dans l'acte d'achat)

Par exemple, l'immense Stéphane Blanquet produit des trucs absolument incroyables avec sa structure, United Dead Artists. On y trouve par exemple sa série de grands formats collectifs, format tabloid (donc journal, 16 pages il me semble) vendus autour de 5€, ce qui n'est pas énorme. Mais vu les auteurs qui s'y trouvent, le fait que ce sont des collectifs, que ce sont plus des recueils de dessins, rien ne dit qu'il en vendrait plus s'il baissait le prix à 4€ ou 3€. D'ailleurs, il est très possible que de passer à 6€ ou 7€ n'impacterait pas plus ses ventes. Là, on est clairement sur un titre qui vise un public particulier, du fait de ses spécificités intrinsèques, et qui voit donc ses ventes limitées par des facteurs qui n'ont rien à voir avec le prix.

Ce que je veux illustrer, avec cet exemple extrême, c'est que ce qui peut marcher lorsque Dupuis fait une opération en utilisant ses titres les plus grand-public, ne marchera probablement pas avec le reste de la production. Oui, il est peut-être possible de grappiller quelques ventes d'Astérix ou de Titeuf supplémentaires avec du format souple, mais c'est marginal. Alors que rien n'est moins sûr pour le reste de la production, dont la rentabilité aujourd'hui est déjà fragile...


Toujours en 2016, sur la barrière que représenterait le prix des bandes dessinées:
Ensuite, il faut souligner que la question du prix est loin d'être centrale pour la bande dessinée.
- d'une part, les bandes dessinées n'ont pas particulièrement augmenté depuis 20 ans, suivant (par paliers de prix) l'évolution de l'indice des prix à la consommation harmonisé. Bref, le prix des bandes dessinées suit le prix de la vie courante, en particulier pour l'album cartonné, format bien établi. On pourrait même étendre cette observation à plus d'un demi-siècle de publications.
un album des Aventures de Tintin était vendu par Casterman 480 F en 1952 (anciens francs bien sûr, soit 10€ de 2014) ; 6,90 F en 1961 (soit 10,40€ de 2014) ; 7,80 F en 1966 (soit 9,85€ de 2014) ; 15 F en 1976 (soit 9,30€ de 2014) ; 43 F en 1990 (soit 9,70€ de 2014) ; 8,95€ en 2004 (soit 10,30€ de 2014)… et 10,95€ en 2014.
Pour autant, l’idée d’une augmentation conséquente du prix de la bande dessinée reste fortement ancrée dans les esprits, comme on peut le lire chez Henri Filippini : «Lentement mais sûrement, la bande dessinée, jusqu’alors accessible à un prix plus abordable que le livre par un lectorat jeune et pas toujours riche, devient un produit de luxe réservé à la classe aisée.»


- d'autre part, la question du prix est loin d'être centrale pour déterminer l'achat ou non d'une bande dessinée, comme le montre l'enquête 2011 qui s'intéresse également aux anciens lecteurs.
Contrairement à ce qui est souvent avancé, les raisons évoquées pour cet abandon sont rarement d’ordre financier. Au contraire, il ressort assez largement une réelle perte d’intérêt pour la bande dessinée : «La bande dessinée ne vous intéresse plus» cité par 41 % des anciens lecteurs, «Vous avez moins de temps pour lire» pour 40 %, ou encore «Vous préférez d’autres lectures ou d’autres loisirs» pour 35 %. En comparaison, l’argument «Les bandes dessinées coûtent trop cher» n’est évoqué que par 7 % des anciens lecteurs. [...]
Cette observation remet en question la pertinence des opérations visant à l’élargissement du lectorat, qu’elles soient le fait des éditeurs eux-mêmes ou d’une institution comme le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême. Pour les premiers, il s’agit souvent de proposer des versions «à prix réduits» d’ouvrages s’étant largement vendus, ou de procéder (par le biais de périodiques, le plus souvent en été) à des ventes couplées ; pour la seconde, le recours au déploiement de dispositifs d’accès à la bande dessinée (application numérique dédiée, ou bibliothèques ambulantes). Dans les deux cas, la démarche vise à faire tomber une barrière supposée (prix élevé, non-exposition à la bande dessinée) qui est dans les faits très marginale pour l’écrasante majorité des non-lecteurs, constituée d’anciens lecteurs.

En fait, comme c'est souvent le cas pour les "produits culturels", la question de la "valeur" de l'oeuvre est complexe à déterminer, puisqu'elle est, plus que pour tout autre produit, chargé d'un grand nombre de bénéfices annexes qui ne se limitent pas à sa seule "consommation" (évaluée, par exemple, sous l'angle d'un ratio temps de lecture/prix). On a d'ailleurs pu le voir dans les échanges qui ont eu lieu ici: ont été évoqués la qualité de l'oeuvre, la relecture ou la collection, qui peuvent se rajouter à des éléments ayant trait à un certain capital culturel, des dynamiques d'appartenance à une communauté, et j'en passe.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Xavier Guilbert » 23/03/2018 14:02

Xavier Guilbert a écrit:Comme ce n'est pas la première fois qu'il y a débat sur ce sujet précis, et que l'on retrouve les mêmes questions qui reviennent, je me permets de reposter quelques remarques que j'avais faites précédemment:

En 2016, sur les formats souples:
Le problème est effectivement la rentabilité de l'opération pour l'ensemble de la filière. Par exemple, les auteurs se sont plaints par le passé de la rémunération qui leur était accordée sur les ventes des versions numériques de leurs livres (versions vendues à prix inférieur), ce qui leur occasionnait une forte diminution de leur revenu, à ventes égales.
Le jeu de la distribution-diffusion et la disparition des coûts de fabrication faisait que l'éditeur, dans la même situation, s'en sortait beaucoup mieux. (pour ceux que ça intéresserait, j'avais fait le calcul il y a quelques temps, c'est ici -- avec un tableau à la limite du lisible, la faute à un changement de CMS, désolé)
Souvenez-vous: les auteurs sont rémunérés en pourcentage du prix hors-taxe. Donc divisez le prix par 3, et vous divisez le revenu de l'auteur par trois également... pour rester à revenu égal, il lui faudrait donc multiplier ses ventes par 3. Et c'est là que le bât blesse.

Parce qu'on se heurte à un truc qui s'appelle l'élasticité des prix. En gros, ça signifie que les ventes additionnelles sont plus ou moins corrélées à la baisse de prix. Par exemple, je vends mon burger 5% moins cher, et hop, je gagne 10% de ventes, parce que les gens ont super envie de manger mon super burger. Et là, l'opération est forcément intéressante pour moi (pour les consommateurs aussi, cela étant).
Le problème, c'est que ça ne marche pas toujours. Il y a des produits pour lesquels cela ne marche pas du tout: les produits de luxe, par exemple, voient même parfois des phénomènes inverses (on augmente le prix, la demande augmente). Le cas Vuitton au Japon en est un bon exemple. Et puis il y a des produits pour lesquels les ventes additionnelles sont très loin de compenser le manque à gagner dû à la baisse de prix -- tout simplement parce que la demande n'est pas là, et que les principaux facteurs limitant les ventes n'ont rien à voir avec le prix. (en fait, c'est un peu le sujet sur lequel on s'écharpe depuis deux semaines, donc je ne suis pas certain que ma démonstration convaincra ceux qui soutiennent mordicus que le prix est le seul facteur important dans l'acte d'achat)

Par exemple, l'immense Stéphane Blanquet produit des trucs absolument incroyables avec sa structure, United Dead Artists. On y trouve par exemple sa série de grands formats collectifs, format tabloid (donc journal, 16 pages il me semble) vendus autour de 5€, ce qui n'est pas énorme. Mais vu les auteurs qui s'y trouvent, le fait que ce sont des collectifs, que ce sont plus des recueils de dessins, rien ne dit qu'il en vendrait plus s'il baissait le prix à 4€ ou 3€. D'ailleurs, il est très possible que de passer à 6€ ou 7€ n'impacterait pas plus ses ventes. Là, on est clairement sur un titre qui vise un public particulier, du fait de ses spécificités intrinsèques, et qui voit donc ses ventes limitées par des facteurs qui n'ont rien à voir avec le prix.

Ce que je veux illustrer, avec cet exemple extrême, c'est que ce qui peut marcher lorsque Dupuis fait une opération en utilisant ses titres les plus grand-public, ne marchera probablement pas avec le reste de la production. Oui, il est peut-être possible de grappiller quelques ventes d'Astérix ou de Titeuf supplémentaires avec du format souple, mais c'est marginal. Alors que rien n'est moins sûr pour le reste de la production, dont la rentabilité aujourd'hui est déjà fragile...


Toujours en 2016, sur la barrière que représenterait le prix des bandes dessinées:
Ensuite, il faut souligner que la question du prix est loin d'être centrale pour la bande dessinée.
- d'une part, les bandes dessinées n'ont pas particulièrement augmenté depuis 20 ans, suivant (par paliers de prix) l'évolution de l'indice des prix à la consommation harmonisé. Bref, le prix des bandes dessinées suit le prix de la vie courante, en particulier pour l'album cartonné, format bien établi. On pourrait même étendre cette observation à plus d'un demi-siècle de publications.
un album des Aventures de Tintin était vendu par Casterman 480 F en 1952 (anciens francs bien sûr, soit 10€ de 2014) ; 6,90 F en 1961 (soit 10,40€ de 2014) ; 7,80 F en 1966 (soit 9,85€ de 2014) ; 15 F en 1976 (soit 9,30€ de 2014) ; 43 F en 1990 (soit 9,70€ de 2014) ; 8,95€ en 2004 (soit 10,30€ de 2014)… et 10,95€ en 2014.
Pour autant, l’idée d’une augmentation conséquente du prix de la bande dessinée reste fortement ancrée dans les esprits, comme on peut le lire chez Henri Filippini : «Lentement mais sûrement, la bande dessinée, jusqu’alors accessible à un prix plus abordable que le livre par un lectorat jeune et pas toujours riche, devient un produit de luxe réservé à la classe aisée.»


- d'autre part, la question du prix est loin d'être centrale pour déterminer l'achat ou non d'une bande dessinée, comme le montre l'enquête 2011 qui s'intéresse également aux anciens lecteurs.
Contrairement à ce qui est souvent avancé, les raisons évoquées pour cet abandon sont rarement d’ordre financier. Au contraire, il ressort assez largement une réelle perte d’intérêt pour la bande dessinée : «La bande dessinée ne vous intéresse plus» cité par 41 % des anciens lecteurs, «Vous avez moins de temps pour lire» pour 40 %, ou encore «Vous préférez d’autres lectures ou d’autres loisirs» pour 35 %. En comparaison, l’argument «Les bandes dessinées coûtent trop cher» n’est évoqué que par 7 % des anciens lecteurs. [...]
Cette observation remet en question la pertinence des opérations visant à l’élargissement du lectorat, qu’elles soient le fait des éditeurs eux-mêmes ou d’une institution comme le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême. Pour les premiers, il s’agit souvent de proposer des versions «à prix réduits» d’ouvrages s’étant largement vendus, ou de procéder (par le biais de périodiques, le plus souvent en été) à des ventes couplées ; pour la seconde, le recours au déploiement de dispositifs d’accès à la bande dessinée (application numérique dédiée, ou bibliothèques ambulantes). Dans les deux cas, la démarche vise à faire tomber une barrière supposée (prix élevé, non-exposition à la bande dessinée) qui est dans les faits très marginale pour l’écrasante majorité des non-lecteurs, constituée d’anciens lecteurs.

En fait, comme c'est souvent le cas pour les "produits culturels", la question de la "valeur" de l'oeuvre est complexe à déterminer, puisqu'elle est, plus que pour tout autre produit, chargé d'un grand nombre de bénéfices annexes qui ne se limitent pas à sa seule "consommation" (évaluée, par exemple, sous l'angle d'un ratio temps de lecture/prix). On a d'ailleurs pu le voir dans les échanges qui ont eu lieu ici: ont été évoqués la qualité de l'oeuvre, la relecture ou la collection, qui peuvent se rajouter à des éléments ayant trait à un certain capital culturel, des dynamiques d'appartenance à une communauté, et j'en passe.

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Re: C'est la crise ?

Messagede alambix » 23/03/2018 14:04

Pouffy a écrit:
alambix a écrit:Quand on voit ici que les lecteurs sont farouchement opposés à l'idée d'une baisse des prix et tue dans l’œil toute idée qui pourrait le permettre, on se dit que les éditeurs ont encore de très très très beaux (et fructeueux) jours devant eux.


Les modèles disruptifs ne viennent jamais des acteurs principaux. Le marché de la BD actuel va continuer avec un lectorat vieillissant mais riche. Il faut attendre que le CA des éditeurs chute... ce qui n'est pas le cas aujourd'hui... la seule baisse constatée est celle du lectorat.


Je suis tout à fait d'accord. C'est bien pour çà que j'ai expliqué que les maisons d'éditions n'ont aucun intérêt à casser un modèle que finalement tout le monde accepte.

Tout comme le marché de la téléphonie mobile a été maintenu artificiellement haut par les 3 opérateurs historiques avant que X.Neil débarque et foute un coup de pied dans la fourmilière. Et gagne beaucoup d'argent en proposant des forfaits beaucoup moins chers (mais à service équivalent voire supérieur).
Le problème c'est que les œuvres sont détenues par les éditeurs.

A moins d'un nouvel acteur qui débarque en voulant bouleverser la donne et débaucher les talents, je vois mal d'espoir.
Après "voyages lecl*rc", "parapharmacie lecl*rc", "brico lecl*rc", "maison lecl*rc", "chocolaterie lecl*rc", "lecl*rc mobile" (çà existe), "photo lecl*rc", "lecl*rc jean's" ... bientôt "LECL*RC EDITIONS" ??? :shock:
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Re: C'est la crise ?

Messagede Nirm » 23/03/2018 14:04

alambix a écrit:J'attends le jour où Michel-Edouard aura réussi à pulvériser le prix unique, ce jour-là il sera trop tard pour se dire qu'on aurait peut-être dû imaginer d'autres solutions avant ...

Qui signerait donc la mort des petits commerces ?
Bizarre ton attente... De "je ne veux pas voir des vieilles séries que peu de monde achète disparaître des rayons" tu passes à "vivement qu'on casse les prix et les petits commerces n'auront pas à pleurer".
Mais je suppose que ce n'est pas ce que tu as voulu dire.


Et merci à Xavier pour les infos.
Dernière édition par Nirm le 23/03/2018 14:09, édité 1 fois.
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