Titre Fenetre
Contenu Fenetre
Connexion
  • Se souvenir de moi
J'ai oublié mon mot de passe

C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition - 2010-2021

Pour discuter de tous les sujets généraux autour de la bande dessinée, des libraires, des éditeurs et des auteurs

Re: C'est la crise ?

Messagede Yoda33 » 23/03/2018 13:33

Message précédent :
Sysy77 a écrit:Tu es dans le commerce, tu n'a pas un contact qui pourrait réaliser une étude de marché (CCI, association de commerçants, etc...) ?


J ai rarement vu ceux que tu cites réaliser des études de marché, si tant est que ce qu on appelle étude de marché soit fiable de nos jours vu la versatilité des consommateurs
Avatar de l’utilisateur
Yoda33
Maître BDGestiste
Maître BDGestiste
 
Messages: 15909
Inscription: 18/12/2006
Localisation: Breton émigré à Bordeaux

Re: C'est la crise ?

Messagede alambix » 23/03/2018 13:41

Sysy77 a écrit:
Mais tu sembles définitivement être tombé amoureux de ton idée...
Donc lance-toi !
Tu es dans le commerce, tu n'a pas un contact qui pourrait réaliser une étude de marché (CCI, association de commerçants, etc...) ?


Je ne suis qu'un petit commerçant, et encore pas à temps plein ...
Et impossible pour un particulier de monter un tel projet, c'est une solution que seul les maisons d'éditions, qui possèdent les droits sur un catalogue suffisamment intéressant, peuvent lancer.
Et encore, il faudrait que l'idée soit reprise par chaque maison d'édition.

Quand on voit ici que les lecteurs sont farouchement opposés à l'idée d'une baisse des prix et tue dans l’œil toute idée qui pourrait le permettre, on se dit que les éditeurs ont encore de très très très beaux (et fructeueux) jours devant eux.
Nobody is gonna hit as hard as life. But it ain’t about how hard you hit. It’s about how hard you can get hit and keep moving forward; how much you can take and keep moving forward.
Avatar de l’utilisateur
alambix
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4963
Inscription: 16/09/2015

Re: C'est la crise ?

Messagede alambix » 23/03/2018 13:48

Yoda33 a écrit:
Sysy77 a écrit:Tu es dans le commerce, tu n'a pas un contact qui pourrait réaliser une étude de marché (CCI, association de commerçants, etc...) ?


J ai rarement vu ceux que tu cites réaliser des études de marché, si tant est que ce qu on appelle étude de marché soit fiable de nos jours vu la versatilité des consommateurs


Pas faux.
La CCI réalisé des formations gratuites sur la création d'entreprise et peuvent assurer un accompagnement sur la mise en place du budget prévisionnel.
Ils interviennent également dans l'obtention du prêt d'honneur.
Après les études de marchés, ce n'est pas leur domaine. Du tout.

Les associations de commerçants non-plus. Ces associations sont locales et n'ont pour but de de mettre en place des opérations locales communes afin de dynamiser le commerce.

Une étude de marché à l'échelon national, il faut la faire réaliser par de grandes entreprise spécialisées qui vont te prendre une blinde pour un projet qui, je le rappelle, n'est possible QUE pour les gros éditeurs pré-existants (Dupuis, Casterman, Dargaud ...)

Les petits commerçants sont seuls face à leur survie.
Et contrairement au marché de la BD (marché où les lecteurs ne recherchent absolument pas un prix réduit), la quasi-totalité des petits commerçants font face à une concurrence agressive des grandes surfaces sur le prix de vente, concurrence avec laquelle il est impossible de lutter.
J'attends le jour où Michel-Edouard aura réussi à pulvériser le prix unique, ce jour-là il sera trop tard pour se dire qu'on aurait peut-être dû imaginer d'autres solutions avant ...
Nobody is gonna hit as hard as life. But it ain’t about how hard you hit. It’s about how hard you can get hit and keep moving forward; how much you can take and keep moving forward.
Avatar de l’utilisateur
alambix
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4963
Inscription: 16/09/2015

Re: C'est la crise ?

Messagede Pouffy » 23/03/2018 13:52

alambix a écrit:Quand on voit ici que les lecteurs sont farouchement opposés à l'idée d'une baisse des prix et tue dans l’œil toute idée qui pourrait le permettre, on se dit que les éditeurs ont encore de très très très beaux (et fructeueux) jours devant eux.


Les modèles disruptifs ne viennent jamais des acteurs principaux. Le marché de la BD actuel va continuer avec un lectorat vieillissant mais riche. Il faut attendre que le CA des éditeurs chute... ce qui n'est pas le cas aujourd'hui... la seule baisse constatée est celle du lectorat.
Avatar de l’utilisateur
Pouffy
BDGestiste Avancé
BDGestiste Avancé
 
Messages: 7360
Inscription: 26/04/2003
Localisation: Surgères
Age: 48 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede Xavier Guilbert » 23/03/2018 14:02

Comme ce n'est pas la première fois qu'il y a débat sur ce sujet précis, et que l'on retrouve les mêmes questions qui reviennent, je me permets de reposter quelques remarques que j'avais faites précédemment:

En 2016, sur les formats souples:
Le problème est effectivement la rentabilité de l'opération pour l'ensemble de la filière. Par exemple, les auteurs se sont plaints par le passé de la rémunération qui leur était accordée sur les ventes des versions numériques de leurs livres (versions vendues à prix inférieur), ce qui leur occasionnait une forte diminution de leur revenu, à ventes égales.
Le jeu de la distribution-diffusion et la disparition des coûts de fabrication faisait que l'éditeur, dans la même situation, s'en sortait beaucoup mieux. (pour ceux que ça intéresserait, j'avais fait le calcul il y a quelques temps, c'est ici -- avec un tableau à la limite du lisible, la faute à un changement de CMS, désolé)
Souvenez-vous: les auteurs sont rémunérés en pourcentage du prix hors-taxe. Donc divisez le prix par 3, et vous divisez le revenu de l'auteur par trois également... pour rester à revenu égal, il lui faudrait donc multiplier ses ventes par 3. Et c'est là que le bât blesse.

Parce qu'on se heurte à un truc qui s'appelle l'élasticité des prix. En gros, ça signifie que les ventes additionnelles sont plus ou moins corrélées à la baisse de prix. Par exemple, je vends mon burger 5% moins cher, et hop, je gagne 10% de ventes, parce que les gens ont super envie de manger mon super burger. Et là, l'opération est forcément intéressante pour moi (pour les consommateurs aussi, cela étant).
Le problème, c'est que ça ne marche pas toujours. Il y a des produits pour lesquels cela ne marche pas du tout: les produits de luxe, par exemple, voient même parfois des phénomènes inverses (on augmente le prix, la demande augmente). Le cas Vuitton au Japon en est un bon exemple. Et puis il y a des produits pour lesquels les ventes additionnelles sont très loin de compenser le manque à gagner dû à la baisse de prix -- tout simplement parce que la demande n'est pas là, et que les principaux facteurs limitant les ventes n'ont rien à voir avec le prix. (en fait, c'est un peu le sujet sur lequel on s'écharpe depuis deux semaines, donc je ne suis pas certain que ma démonstration convaincra ceux qui soutiennent mordicus que le prix est le seul facteur important dans l'acte d'achat)

Par exemple, l'immense Stéphane Blanquet produit des trucs absolument incroyables avec sa structure, United Dead Artists. On y trouve par exemple sa série de grands formats collectifs, format tabloid (donc journal, 16 pages il me semble) vendus autour de 5€, ce qui n'est pas énorme. Mais vu les auteurs qui s'y trouvent, le fait que ce sont des collectifs, que ce sont plus des recueils de dessins, rien ne dit qu'il en vendrait plus s'il baissait le prix à 4€ ou 3€. D'ailleurs, il est très possible que de passer à 6€ ou 7€ n'impacterait pas plus ses ventes. Là, on est clairement sur un titre qui vise un public particulier, du fait de ses spécificités intrinsèques, et qui voit donc ses ventes limitées par des facteurs qui n'ont rien à voir avec le prix.

Ce que je veux illustrer, avec cet exemple extrême, c'est que ce qui peut marcher lorsque Dupuis fait une opération en utilisant ses titres les plus grand-public, ne marchera probablement pas avec le reste de la production. Oui, il est peut-être possible de grappiller quelques ventes d'Astérix ou de Titeuf supplémentaires avec du format souple, mais c'est marginal. Alors que rien n'est moins sûr pour le reste de la production, dont la rentabilité aujourd'hui est déjà fragile...


Toujours en 2016, sur la barrière que représenterait le prix des bandes dessinées:
Ensuite, il faut souligner que la question du prix est loin d'être centrale pour la bande dessinée.
- d'une part, les bandes dessinées n'ont pas particulièrement augmenté depuis 20 ans, suivant (par paliers de prix) l'évolution de l'indice des prix à la consommation harmonisé. Bref, le prix des bandes dessinées suit le prix de la vie courante, en particulier pour l'album cartonné, format bien établi. On pourrait même étendre cette observation à plus d'un demi-siècle de publications.
un album des Aventures de Tintin était vendu par Casterman 480 F en 1952 (anciens francs bien sûr, soit 10€ de 2014) ; 6,90 F en 1961 (soit 10,40€ de 2014) ; 7,80 F en 1966 (soit 9,85€ de 2014) ; 15 F en 1976 (soit 9,30€ de 2014) ; 43 F en 1990 (soit 9,70€ de 2014) ; 8,95€ en 2004 (soit 10,30€ de 2014)… et 10,95€ en 2014.
Pour autant, l’idée d’une augmentation conséquente du prix de la bande dessinée reste fortement ancrée dans les esprits, comme on peut le lire chez Henri Filippini : «Lentement mais sûrement, la bande dessinée, jusqu’alors accessible à un prix plus abordable que le livre par un lectorat jeune et pas toujours riche, devient un produit de luxe réservé à la classe aisée.»


- d'autre part, la question du prix est loin d'être centrale pour déterminer l'achat ou non d'une bande dessinée, comme le montre l'enquête 2011 qui s'intéresse également aux anciens lecteurs.
Contrairement à ce qui est souvent avancé, les raisons évoquées pour cet abandon sont rarement d’ordre financier. Au contraire, il ressort assez largement une réelle perte d’intérêt pour la bande dessinée : «La bande dessinée ne vous intéresse plus» cité par 41 % des anciens lecteurs, «Vous avez moins de temps pour lire» pour 40 %, ou encore «Vous préférez d’autres lectures ou d’autres loisirs» pour 35 %. En comparaison, l’argument «Les bandes dessinées coûtent trop cher» n’est évoqué que par 7 % des anciens lecteurs. [...]
Cette observation remet en question la pertinence des opérations visant à l’élargissement du lectorat, qu’elles soient le fait des éditeurs eux-mêmes ou d’une institution comme le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême. Pour les premiers, il s’agit souvent de proposer des versions «à prix réduits» d’ouvrages s’étant largement vendus, ou de procéder (par le biais de périodiques, le plus souvent en été) à des ventes couplées ; pour la seconde, le recours au déploiement de dispositifs d’accès à la bande dessinée (application numérique dédiée, ou bibliothèques ambulantes). Dans les deux cas, la démarche vise à faire tomber une barrière supposée (prix élevé, non-exposition à la bande dessinée) qui est dans les faits très marginale pour l’écrasante majorité des non-lecteurs, constituée d’anciens lecteurs.

En fait, comme c'est souvent le cas pour les "produits culturels", la question de la "valeur" de l'oeuvre est complexe à déterminer, puisqu'elle est, plus que pour tout autre produit, chargé d'un grand nombre de bénéfices annexes qui ne se limitent pas à sa seule "consommation" (évaluée, par exemple, sous l'angle d'un ratio temps de lecture/prix). On a d'ailleurs pu le voir dans les échanges qui ont eu lieu ici: ont été évoqués la qualité de l'oeuvre, la relecture ou la collection, qui peuvent se rajouter à des éléments ayant trait à un certain capital culturel, des dynamiques d'appartenance à une communauté, et j'en passe.
Avatar de l’utilisateur
Xavier Guilbert
BDéphile
BDéphile
 
Messages: 1191
Inscription: 29/01/2007
Localisation: Paris
Age: 53 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede Xavier Guilbert » 23/03/2018 14:02

Xavier Guilbert a écrit:Comme ce n'est pas la première fois qu'il y a débat sur ce sujet précis, et que l'on retrouve les mêmes questions qui reviennent, je me permets de reposter quelques remarques que j'avais faites précédemment:

En 2016, sur les formats souples:
Le problème est effectivement la rentabilité de l'opération pour l'ensemble de la filière. Par exemple, les auteurs se sont plaints par le passé de la rémunération qui leur était accordée sur les ventes des versions numériques de leurs livres (versions vendues à prix inférieur), ce qui leur occasionnait une forte diminution de leur revenu, à ventes égales.
Le jeu de la distribution-diffusion et la disparition des coûts de fabrication faisait que l'éditeur, dans la même situation, s'en sortait beaucoup mieux. (pour ceux que ça intéresserait, j'avais fait le calcul il y a quelques temps, c'est ici -- avec un tableau à la limite du lisible, la faute à un changement de CMS, désolé)
Souvenez-vous: les auteurs sont rémunérés en pourcentage du prix hors-taxe. Donc divisez le prix par 3, et vous divisez le revenu de l'auteur par trois également... pour rester à revenu égal, il lui faudrait donc multiplier ses ventes par 3. Et c'est là que le bât blesse.

Parce qu'on se heurte à un truc qui s'appelle l'élasticité des prix. En gros, ça signifie que les ventes additionnelles sont plus ou moins corrélées à la baisse de prix. Par exemple, je vends mon burger 5% moins cher, et hop, je gagne 10% de ventes, parce que les gens ont super envie de manger mon super burger. Et là, l'opération est forcément intéressante pour moi (pour les consommateurs aussi, cela étant).
Le problème, c'est que ça ne marche pas toujours. Il y a des produits pour lesquels cela ne marche pas du tout: les produits de luxe, par exemple, voient même parfois des phénomènes inverses (on augmente le prix, la demande augmente). Le cas Vuitton au Japon en est un bon exemple. Et puis il y a des produits pour lesquels les ventes additionnelles sont très loin de compenser le manque à gagner dû à la baisse de prix -- tout simplement parce que la demande n'est pas là, et que les principaux facteurs limitant les ventes n'ont rien à voir avec le prix. (en fait, c'est un peu le sujet sur lequel on s'écharpe depuis deux semaines, donc je ne suis pas certain que ma démonstration convaincra ceux qui soutiennent mordicus que le prix est le seul facteur important dans l'acte d'achat)

Par exemple, l'immense Stéphane Blanquet produit des trucs absolument incroyables avec sa structure, United Dead Artists. On y trouve par exemple sa série de grands formats collectifs, format tabloid (donc journal, 16 pages il me semble) vendus autour de 5€, ce qui n'est pas énorme. Mais vu les auteurs qui s'y trouvent, le fait que ce sont des collectifs, que ce sont plus des recueils de dessins, rien ne dit qu'il en vendrait plus s'il baissait le prix à 4€ ou 3€. D'ailleurs, il est très possible que de passer à 6€ ou 7€ n'impacterait pas plus ses ventes. Là, on est clairement sur un titre qui vise un public particulier, du fait de ses spécificités intrinsèques, et qui voit donc ses ventes limitées par des facteurs qui n'ont rien à voir avec le prix.

Ce que je veux illustrer, avec cet exemple extrême, c'est que ce qui peut marcher lorsque Dupuis fait une opération en utilisant ses titres les plus grand-public, ne marchera probablement pas avec le reste de la production. Oui, il est peut-être possible de grappiller quelques ventes d'Astérix ou de Titeuf supplémentaires avec du format souple, mais c'est marginal. Alors que rien n'est moins sûr pour le reste de la production, dont la rentabilité aujourd'hui est déjà fragile...


Toujours en 2016, sur la barrière que représenterait le prix des bandes dessinées:
Ensuite, il faut souligner que la question du prix est loin d'être centrale pour la bande dessinée.
- d'une part, les bandes dessinées n'ont pas particulièrement augmenté depuis 20 ans, suivant (par paliers de prix) l'évolution de l'indice des prix à la consommation harmonisé. Bref, le prix des bandes dessinées suit le prix de la vie courante, en particulier pour l'album cartonné, format bien établi. On pourrait même étendre cette observation à plus d'un demi-siècle de publications.
un album des Aventures de Tintin était vendu par Casterman 480 F en 1952 (anciens francs bien sûr, soit 10€ de 2014) ; 6,90 F en 1961 (soit 10,40€ de 2014) ; 7,80 F en 1966 (soit 9,85€ de 2014) ; 15 F en 1976 (soit 9,30€ de 2014) ; 43 F en 1990 (soit 9,70€ de 2014) ; 8,95€ en 2004 (soit 10,30€ de 2014)… et 10,95€ en 2014.
Pour autant, l’idée d’une augmentation conséquente du prix de la bande dessinée reste fortement ancrée dans les esprits, comme on peut le lire chez Henri Filippini : «Lentement mais sûrement, la bande dessinée, jusqu’alors accessible à un prix plus abordable que le livre par un lectorat jeune et pas toujours riche, devient un produit de luxe réservé à la classe aisée.»


- d'autre part, la question du prix est loin d'être centrale pour déterminer l'achat ou non d'une bande dessinée, comme le montre l'enquête 2011 qui s'intéresse également aux anciens lecteurs.
Contrairement à ce qui est souvent avancé, les raisons évoquées pour cet abandon sont rarement d’ordre financier. Au contraire, il ressort assez largement une réelle perte d’intérêt pour la bande dessinée : «La bande dessinée ne vous intéresse plus» cité par 41 % des anciens lecteurs, «Vous avez moins de temps pour lire» pour 40 %, ou encore «Vous préférez d’autres lectures ou d’autres loisirs» pour 35 %. En comparaison, l’argument «Les bandes dessinées coûtent trop cher» n’est évoqué que par 7 % des anciens lecteurs. [...]
Cette observation remet en question la pertinence des opérations visant à l’élargissement du lectorat, qu’elles soient le fait des éditeurs eux-mêmes ou d’une institution comme le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême. Pour les premiers, il s’agit souvent de proposer des versions «à prix réduits» d’ouvrages s’étant largement vendus, ou de procéder (par le biais de périodiques, le plus souvent en été) à des ventes couplées ; pour la seconde, le recours au déploiement de dispositifs d’accès à la bande dessinée (application numérique dédiée, ou bibliothèques ambulantes). Dans les deux cas, la démarche vise à faire tomber une barrière supposée (prix élevé, non-exposition à la bande dessinée) qui est dans les faits très marginale pour l’écrasante majorité des non-lecteurs, constituée d’anciens lecteurs.

En fait, comme c'est souvent le cas pour les "produits culturels", la question de la "valeur" de l'oeuvre est complexe à déterminer, puisqu'elle est, plus que pour tout autre produit, chargé d'un grand nombre de bénéfices annexes qui ne se limitent pas à sa seule "consommation" (évaluée, par exemple, sous l'angle d'un ratio temps de lecture/prix). On a d'ailleurs pu le voir dans les échanges qui ont eu lieu ici: ont été évoqués la qualité de l'oeuvre, la relecture ou la collection, qui peuvent se rajouter à des éléments ayant trait à un certain capital culturel, des dynamiques d'appartenance à une communauté, et j'en passe.

Mais je sais, je sais, "la vie est un éternel recommencement..."
Avatar de l’utilisateur
Xavier Guilbert
BDéphile
BDéphile
 
Messages: 1191
Inscription: 29/01/2007
Localisation: Paris
Age: 53 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede alambix » 23/03/2018 14:04

Pouffy a écrit:
alambix a écrit:Quand on voit ici que les lecteurs sont farouchement opposés à l'idée d'une baisse des prix et tue dans l’œil toute idée qui pourrait le permettre, on se dit que les éditeurs ont encore de très très très beaux (et fructeueux) jours devant eux.


Les modèles disruptifs ne viennent jamais des acteurs principaux. Le marché de la BD actuel va continuer avec un lectorat vieillissant mais riche. Il faut attendre que le CA des éditeurs chute... ce qui n'est pas le cas aujourd'hui... la seule baisse constatée est celle du lectorat.


Je suis tout à fait d'accord. C'est bien pour çà que j'ai expliqué que les maisons d'éditions n'ont aucun intérêt à casser un modèle que finalement tout le monde accepte.

Tout comme le marché de la téléphonie mobile a été maintenu artificiellement haut par les 3 opérateurs historiques avant que X.Neil débarque et foute un coup de pied dans la fourmilière. Et gagne beaucoup d'argent en proposant des forfaits beaucoup moins chers (mais à service équivalent voire supérieur).
Le problème c'est que les œuvres sont détenues par les éditeurs.

A moins d'un nouvel acteur qui débarque en voulant bouleverser la donne et débaucher les talents, je vois mal d'espoir.
Après "voyages lecl*rc", "parapharmacie lecl*rc", "brico lecl*rc", "maison lecl*rc", "chocolaterie lecl*rc", "lecl*rc mobile" (çà existe), "photo lecl*rc", "lecl*rc jean's" ... bientôt "LECL*RC EDITIONS" ??? :shock:
Nobody is gonna hit as hard as life. But it ain’t about how hard you hit. It’s about how hard you can get hit and keep moving forward; how much you can take and keep moving forward.
Avatar de l’utilisateur
alambix
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4963
Inscription: 16/09/2015

Re: C'est la crise ?

Messagede Nirm » 23/03/2018 14:04

alambix a écrit:J'attends le jour où Michel-Edouard aura réussi à pulvériser le prix unique, ce jour-là il sera trop tard pour se dire qu'on aurait peut-être dû imaginer d'autres solutions avant ...

Qui signerait donc la mort des petits commerces ?
Bizarre ton attente... De "je ne veux pas voir des vieilles séries que peu de monde achète disparaître des rayons" tu passes à "vivement qu'on casse les prix et les petits commerces n'auront pas à pleurer".
Mais je suppose que ce n'est pas ce que tu as voulu dire.


Et merci à Xavier pour les infos.
Dernière édition par Nirm le 23/03/2018 14:09, édité 1 fois.
Tu débarques ? Suis le guide
Avatar de l’utilisateur
Nirm
Grand Maître BDGestiste
Grand Maître BDGestiste
 
Messages: 23965
Inscription: 31/05/2014
Localisation: Bdx
Age: 47 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede toine74 » 23/03/2018 14:08

Dans l'édition, les nouveaux acteurs sont plus enclins à copier le modèle existant (qui, pour l'instant, se montre très rentable) que de le casser. Aux USA, Images s'est bien aligné sur les DC et Marvel et a même tendance à être légèrement plus cher. En Europe, Paquet (boîte qui ressemble le plus à éditeur BD généraliste) n'est pas allé vers le low-cost, même quand il réédite des séries anciennes via Place du Sablon.
« Les gouvernants ont décidé de retarder la concrétisation de l'utopie tant que les citoyens ne seront pas parvenus à un consensus. »

José Carlos Fernandes
Avatar de l’utilisateur
toine74
Grand Maître BDGestiste
Grand Maître BDGestiste
 
Messages: 23876
Inscription: 02/12/2007
Localisation: Sherbrooke
Age: 51 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede kilfou » 23/03/2018 14:09

Leclerc éditions ça existe déjà, c'est MEL Publishing et si tu jettes un oeil à leur catalogue, tu verras que c'est tout sauf populaire. :D

Pour le reste, Xavier a tout dit (et je l'avais déjà dit plus haut...)

Ton idée n'est pas mauvaise en soi, mais elle ne convainc pas. Pour le moment. ça peut changer dans 5/10/30 ans, qui sait...
Libraire BD à Epinal dans les Vosges !
https://www.facebook.com/librairieloctopus/
Avatar de l’utilisateur
kilfou
Libraire
Libraire
 
Messages: 5682
Inscription: 27/04/2009
Localisation: Vosges
Age: 40 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede toine74 » 23/03/2018 14:11

Nirm a écrit:
alambix a écrit:J'attends le jour où Michel-Edouard aura réussi à pulvériser le prix unique, ce jour-là il sera trop tard pour se dire qu'on aurait peut-être dû imaginer d'autres solutions avant ...

Qui signerait donc la mort des petits commerces ?
Bizarre ton attente... De "je ne veux pas voir des vieilles séries que peu de monde achète disparaître des rayons" tu passes à "vivement qu'on casse les prix et les petits commerces n'auront pas à pleurer".
Mais je suppose que ce n'est pas ce que tu as voulu dire.


Mort des petits commerces et d'une bonne partie des éditeurs de la place. Le prix unique, même avec ses défauts, est une véritable richesse culturelle qu'il faut préserver à tout prix.
« Les gouvernants ont décidé de retarder la concrétisation de l'utopie tant que les citoyens ne seront pas parvenus à un consensus. »

José Carlos Fernandes
Avatar de l’utilisateur
toine74
Grand Maître BDGestiste
Grand Maître BDGestiste
 
Messages: 23876
Inscription: 02/12/2007
Localisation: Sherbrooke
Age: 51 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede alambix » 23/03/2018 14:20

Xavier Guilbert a écrit:Comme ce n'est pas la première fois qu'il y a débat sur ce sujet précis, et que l'on retrouve les mêmes questions qui reviennent, je me permets de reposter quelques remarques que j'avais faites précédemment:

En 2016, sur les formats souples:
Le problème est effectivement la rentabilité de l'opération pour l'ensemble de la filière. Par exemple, les auteurs se sont plaints par le passé de la rémunération qui leur était accordée sur les ventes des versions numériques de leurs livres (versions vendues à prix inférieur), ce qui leur occasionnait une forte diminution de leur revenu, à ventes égales.
Le jeu de la distribution-diffusion et la disparition des coûts de fabrication faisait que l'éditeur, dans la même situation, s'en sortait beaucoup mieux. (pour ceux que ça intéresserait, j'avais fait le calcul il y a quelques temps, c'est ici -- avec un tableau à la limite du lisible, la faute à un changement de CMS, désolé)
Souvenez-vous: les auteurs sont rémunérés en pourcentage du prix hors-taxe. Donc divisez le prix par 3, et vous divisez le revenu de l'auteur par trois également... pour rester à revenu égal, il lui faudrait donc multiplier ses ventes par 3. Et c'est là que le bât blesse.


D'abord très intéressante analyse :ok:
Le numérique est un enjeu. Pour l'instant on a démontré que la BD numérique est minoritaire. Si le rapport s'inverse, les éditeurs auront-ils intérêt à baisser le PV de leur BD physique pour compenser ou au contraire gagneront-ils mieux leur vie sur le numérique (et inversement pour les auteurs) entraînant le déclin de la bd physique au détriment du revenu des auteurs ?

Xavier Guilbert a écrit:Parce qu'on se heurte à un truc qui s'appelle l'élasticité des prix. En gros, ça signifie que les ventes additionnelles sont plus ou moins corrélées à la baisse de prix. Par exemple, je vends mon burger 5% moins cher, et hop, je gagne 10% de ventes, parce que les gens ont super envie de manger mon super burger. Et là, l'opération est forcément intéressante pour moi (pour les consommateurs aussi, cela étant).
Le problème, c'est que ça ne marche pas toujours. Il y a des produits pour lesquels cela ne marche pas du tout: les produits de luxe, par exemple, voient même parfois des phénomènes inverses (on augmente le prix, la demande augmente). Le cas Vuitton au Japon en est un bon exemple. Et puis il y a des produits pour lesquels les ventes additionnelles sont très loin de compenser le manque à gagner dû à la baisse de prix -- tout simplement parce que la demande n'est pas là, et que les principaux facteurs limitant les ventes n'ont rien à voir avec le prix. (en fait, c'est un peu le sujet sur lequel on s'écharpe depuis deux semaines, donc je ne suis pas certain que ma démonstration convaincra ceux qui soutiennent mordicus que le prix est le seul facteur important dans l'acte d'achat)


Ma démonstration ne partait pas du principe que le prix était le seul facteur. Mais partait aussi d'un constat que les séries anciennes qui se vendent moins sont progressivement retirées des rayons, tout comme les nouveautés one-shot.
Les rééditer à prix réduit "pourraient" permettre leur retour. On offre une 2ème vie à des albums pas forcément vieux d'ailleurs, mais pour lesquels certains sont passé à côté à cause du prix. Certains ne vont pas acheter "l'homme gribouillé" à 30 € mais vont attendre de le trouver moins cher chez le bouquiniste. C'est le même principe.



Xavier Guilbert a écrit:
un album des Aventures de Tintin était vendu par Casterman 480 F en 1952 (anciens francs bien sûr, soit 10€ de 2014) ; 6,90 F en 1961 (soit 10,40€ de 2014) ; 7,80 F en 1966 (soit 9,85€ de 2014) ; 15 F en 1976 (soit 9,30€ de 2014) ; 43 F en 1990 (soit 9,70€ de 2014) ; 8,95€ en 2004 (soit 10,30€ de 2014)… et 10,95€ en 2014.
Pour autant, l’idée d’une augmentation conséquente du prix de la bande dessinée reste fortement ancrée dans les esprits, comme on peut le lire chez Henri Filippini : «Lentement mais sûrement, la bande dessinée, jusqu’alors accessible à un prix plus abordable que le livre par un lectorat jeune et pas toujours riche, devient un produit de luxe réservé à la classe aisée.»


Tu prends l'exemple de TINTIN. OK. Mais ce que Filippini veut dire, c'est aussi que, à côté des albums à 10 € dont le prix ne varie, on trouve finalement un nombre de plus en plus important de bande-dessinées dépassant les 15 € quand rien ne le justifie.
J'ai cité l'exemple de "Jamais" de Duhamel par exemple. L'histoire ne justifie pas un GF avec couverture rigide. L'éditeur a mis en avant un bel objet visant là une certaine catégorie de lecteurs.


Xavier Guilbert a écrit:- d'autre part, la question du prix est loin d'être centrale pour déterminer l'achat ou non d'une bande dessinée, comme le montre l'enquête 2011 qui s'intéresse également aux anciens lecteurs.
Contrairement à ce qui est souvent avancé, les raisons évoquées pour cet abandon sont rarement d’ordre financier. Au contraire, il ressort assez largement une réelle perte d’intérêt pour la bande dessinée : «La bande dessinée ne vous intéresse plus» cité par 41 % des anciens lecteurs, «Vous avez moins de temps pour lire» pour 40 %, ou encore «Vous préférez d’autres lectures ou d’autres loisirs» pour 35 %. En comparaison, l’argument «Les bandes dessinées coûtent trop cher» n’est évoqué que par 7 % des anciens lecteurs. [...]


On aborde là un autre point, assez essentiel, qui est l'avenir à très long terme de la bande-dessinée.
Nobody is gonna hit as hard as life. But it ain’t about how hard you hit. It’s about how hard you can get hit and keep moving forward; how much you can take and keep moving forward.
Avatar de l’utilisateur
alambix
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4963
Inscription: 16/09/2015

Re: C'est la crise ?

Messagede alambix » 23/03/2018 14:25

Nirm a écrit:
alambix a écrit:J'attends le jour où Michel-Edouard aura réussi à pulvériser le prix unique, ce jour-là il sera trop tard pour se dire qu'on aurait peut-être dû imaginer d'autres solutions avant ...

Qui signerait donc la mort des petits commerces ?
Bizarre ton attente... De "je ne veux pas voir des vieilles séries que peu de monde achète disparaître des rayons" tu passes à "vivement qu'on casse les prix et les petits commerces n'auront pas à pleurer".
Mais je suppose que ce n'est pas ce que tu as voulu dire.


Et merci à Xavier pour les infos.


Non ce n'est pas du tout ce que j'ai voulu dire, j'étais en mode "ironie" ;)
Mais, dans mon domaine, je vois le mal invisible du grand public, qu'est en train de répandre la grande distribution, en s'attaquant à tous les domaines où il est possible de gagner de l'argent.
Michel-Edouard Leclerc veut vendre des médicaments (moins cher) dans ses parapharmacies. Les pharmaciens y sont farouchement opposés. Combien de temps encore avant que le verrou saute ?
Et combien de temps encore avant qu'une grande enseigne décide de se lancer dans l'édition, en faisant sauter les verrous, parce que ce sera "bankable" ?

Je ne veux justement pas que le prix unique saute, mais que les maisons d'éditions réfléchissent à leur politique commerciale avant qu'il ne soit trop tard.
Nobody is gonna hit as hard as life. But it ain’t about how hard you hit. It’s about how hard you can get hit and keep moving forward; how much you can take and keep moving forward.
Avatar de l’utilisateur
alambix
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4963
Inscription: 16/09/2015

Re: C'est la crise ?

Messagede Xavier Guilbert » 23/03/2018 14:26

toine74 a écrit:Mort des petits commerces et d'une bonne partie des éditeurs de la place. Le prix unique, même avec ses défauts, est une véritable richesse culturelle qu'il faut préserver à tout prix.

Je m'étais amusé (hum), il y a quelques temps, de voir les apports de la loi Lang en faisant la comparaison entre la situation britannique et la situation française.
Avatar de l’utilisateur
Xavier Guilbert
BDéphile
BDéphile
 
Messages: 1191
Inscription: 29/01/2007
Localisation: Paris
Age: 53 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede alambix » 23/03/2018 14:28

toine74 a écrit:Dans l'édition, les nouveaux acteurs sont plus enclins à copier le modèle existant (qui, pour l'instant, se montre très rentable) que de le casser. Aux USA, Images s'est bien aligné sur les DC et Marvel et a même tendance à être légèrement plus cher. En Europe, Paquet (boîte qui ressemble le plus à éditeur BD généraliste) n'est pas allé vers le low-cost, même quand il réédite des séries anciennes via Place du Sablon.


Parce que justement pour l'instant le système est accepté de tout le monde.

A l'époque de l’hégémonie des 3 opérateurs mobiles historiques, lorsqu'un nouveau se lancer (CORIOLIS par exemple), il copiait. Car il savait que les consommateurs acceptaient ce système, et que pour tout casser, il fallait avoir beaucoup d'audace.
Xavier Neil l'a eu cette audace, alors qu'il aurait pû faire comme tout le monde. Et l'histoire lui a donné raison.
Nobody is gonna hit as hard as life. But it ain’t about how hard you hit. It’s about how hard you can get hit and keep moving forward; how much you can take and keep moving forward.
Avatar de l’utilisateur
alambix
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4963
Inscription: 16/09/2015

Re: C'est la crise ?

Messagede alambix » 23/03/2018 14:32

kilfou a écrit:Leclerc éditions ça existe déjà, c'est MEL Publishing et si tu jettes un oeil à leur catalogue, tu verras que c'est tout sauf populaire. :D

Pour le reste, Xavier a tout dit (et je l'avais déjà dit plus haut...)

Ton idée n'est pas mauvaise en soi, mais elle ne convainc pas. Pour le moment. ça peut changer dans 5/10/30 ans, qui sait...


OH P*TAIN !!! :D

« Plus personne ne le conteste, la bande dessinée constitue l’un des premiers supports artistiques de la production éditoriale dans le monde. Sous forme de mangas, de comics ou d’albums, l’histoire du neuvième art a été rythmée par le rôle phare d’artistes tels que Winsor McCay, Uderzo, Hergé, Franquin, Peyo », expliquait MEL, en annonçant une exposition autour du 9e Art à Landerneau.

Je ne pensais pas si bien dire :shock: "ILS" sont déjà parmi nous. :shock:
Nobody is gonna hit as hard as life. But it ain’t about how hard you hit. It’s about how hard you can get hit and keep moving forward; how much you can take and keep moving forward.
Avatar de l’utilisateur
alambix
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4963
Inscription: 16/09/2015

Re: C'est la crise ?

Messagede Anianka » 23/03/2018 14:36

Le prix unique a ses avantages certains mais c est aussi lui qui freine les évolutions du système car les acteurs actuels sont protégés : ils ont deja leur catalogue et tout concurrent qui voudrait bouleverser le systeme sans leur accord devra le faire sans leur catalogue.
Comme aucun des gros editeurs ne veut bouleverser le systeme il faudrait reussir a bouleverser le systeme en construisant un catalogue de tte pièces, c est tres differents du telephone qui ne fourni qu un service.
Avatar de l’utilisateur
Anianka
Expert BDGestiste
Expert BDGestiste
 
Messages: 10642
Inscription: 04/01/2012
Localisation: Tours
Age: 43 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede Thierry_2 » 23/03/2018 14:37

je m'étais même posé la question par rapport aux traductions de comics. En terme de format il y a un choix qui privilégie les versions plus luxueuses sans proposer d'alternative, comme c'est souventle cas aux USA avec des version brochées et en dur.
les éditions que nous avons sont plus proches des hardcovers et des version deluxe que des versions "bons marchés". C'est l'une des raisons qui me pôussent vers la consommation de comics en VO. perso, je n'en ai rian à foutre de 15 variants covers, des cahiers de croquis, des fac similés de scénarios... je veux juste l'histoire. C'est pourquoi j'ai acheté les compendium walking dead, proche du zéro absolu en travail éditorial (zéro bonus, pas même les couvertures) mais qui propose la base qui m'intéressait: l'histoire. Il me semble même que les recueils ne reprennent pas les covers des différents facicules.
Par exemple, si vous voulez acheter V pour vendetta, Urban propose une version unique à 28 EUR. En VO, il existe une version à 16 EUR. Le prix ne semble pas être un problème, le tritre restant une valeur sûre du catalogueUrban. Idem pour le Daredevil Born Again à 36 EUR chez nous contre 16 en TPB.
Paradoxalament, les versions francophones sont souvent moins chères quand on les compare les versions Deluxe US pour un contenu similaire. De même les ventes de séries ont des prix assez similaires dans les 2 langues alors que les version françaises sont cartonnées et pas les versions US. Mais il y a vraiment une offre qui semble montrer que le public francophone reste attaché à un format cartonné.
Avatar de l’utilisateur
Thierry_2
BDGestiste Avancé
BDGestiste Avancé
 
Messages: 7290
Inscription: 19/05/2008
Age: 51 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede toine74 » 23/03/2018 14:39

Xavier Guilbert a écrit:
toine74 a écrit:Mort des petits commerces et d'une bonne partie des éditeurs de la place. Le prix unique, même avec ses défauts, est une véritable richesse culturelle qu'il faut préserver à tout prix.

Je m'étais amusé (hum), il y a quelques temps, de voir les apports de la loi Lang en faisant la comparaison entre la situation britannique et la situation française.


Tout est dit dans la dernière phrase : "Car la loi Lang protège la culture en atténuant la loi du marché. Et là, ami lecteur, lectrice mon amour, nous avons tout à gagner." [:flocon:2] :bisou:
« Les gouvernants ont décidé de retarder la concrétisation de l'utopie tant que les citoyens ne seront pas parvenus à un consensus. »

José Carlos Fernandes
Avatar de l’utilisateur
toine74
Grand Maître BDGestiste
Grand Maître BDGestiste
 
Messages: 23876
Inscription: 02/12/2007
Localisation: Sherbrooke
Age: 51 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede Xavier Guilbert » 23/03/2018 15:03

alambix a écrit:Le numérique est un enjeu. Pour l'instant on a démontré que la BD numérique est minoritaire. Si le rapport s'inverse, les éditeurs auront-ils intérêt à baisser le PV de leur BD physique pour compenser ou au contraire gagneront-ils mieux leur vie sur le numérique (et inversement pour les auteurs) entraînant le déclin de la bd physique au détriment du revenu des auteurs ?

A mon sens, regarder ce qui se passe du côté de la musique est une bonne indication.
D'une part, la substitution n'est pas encore complète: il y a plein d'usages pour lesquels le CD reste présent, et pas uniquement pour des questions de rupture générationnelle/technologique (cadeau, achat destiné aux enfants, etc.).
D'autre part, on assiste au contraire au développement d'une offre "de luxe" (cf. le vinyle), qui correspond à une demande très spécifique.
Donc pour la bande dessinée, je vois bien se développer une offre numérique pour le tout-venant, et une offre papier "prestige" pour les collectionneurs et/ou amateurs de patrimoine. C'est d'ailleurs ce qui existe déjà, si l'on considère les intégrales et les rééditions patrimoniales.

alambix a écrit:Ma démonstration ne partait pas du principe que le prix était le seul facteur. Mais partait aussi d'un constat que les séries anciennes qui se vendent moins sont progressivement retirées des rayons, tout comme les nouveautés one-shot.
Les rééditer à prix réduit "pourraient" permettre leur retour. On offre une 2ème vie à des albums pas forcément vieux d'ailleurs, mais pour lesquels certains sont passé à côté à cause du prix. Certains ne vont pas acheter "l'homme gribouillé" à 30 € mais vont attendre de le trouver moins cher chez le bouquiniste. C'est le même principe.

La chaîne de distribution physique fait que pour vendre 100 exemplaires, il faut en mettre 200 en magasin (très schématiquement, mais les ordres de grandeur sont bons). Résultat, (re)lancer un titre qui a eu du mal à se vendre à un niveau de prix plus bas, avec tous les frais supplémentaires que cela implique (recréer le livre, le relancer dans le circuit de distribution, le proposer à nouveau, etc.) tout en se traînant les casseroles du premier échec, n'offre pas les perspectives de rentabilités les plus séduisantes. Surtout quand, comme tu le dis toi-même, les lecteurs qui rechignent à trop dépenser déploient déjà tout un tas de stratégies pour réussir à lire et/ou acheter plus, à coût moindre (lecture sur le lieu de vente, lecture/emprunt en bibliothèque, emprunt à des amis, achat d'occasion, scans sur Internet, etc.).
Donc c'est clair que quand l'éditeur a le choix, entre lancer un truc qui semble avoir du potentiel, et relancer un truc qui s'est déjà pris une tôle, il n'hésite pas longtemps.

alambix a écrit:Tu prends l'exemple de TINTIN. OK. Mais ce que Filippini veut dire, c'est aussi que, à côté des albums à 10 € dont le prix ne varie, on trouve finalement un nombre de plus en plus important de bande-dessinées dépassant les 15 € quand rien ne le justifie.
J'ai cité l'exemple de "Jamais" de Duhamel par exemple. L'histoire ne justifie pas un GF avec couverture rigide. L'éditeur a mis en avant un bel objet visant là une certaine catégorie de lecteurs.

Pour l'évolution des prix, je te renvoie à la partie correspondante dans la Numérologie 2014:
Les données historiques exploitables (remontant seulement à 2005) confirment en partie cette perception : en effet, les prix moyens observés ne cessent d’augmenter sur la période, enregistrant une progression conséquente de plus de 20 % en huit ans. Si le manga reste plutôt stable (et en adéquation avec l’évolution de l’indice des prix à la consommation harmonisé), le reste du marché montre une claire inflation des prix, qui augmentent de 26 % sur cette période (contre 11 % pour l’indice des prix à la consommation harmonisé).
Cependant, il faut souligner que le prix moyen observé au global est la résultante de phénomènes très divers, qu’il s’agisse de l’introduction du format poche (avec des prix en rapport) de la grande majorité des manga, ou de l’arrivée sur le marché des romans graphiques et autres intégrales, à la pagination et au prix plus élevés. C’est plutôt en s’attardant sur l’évolution du prix à la nouveauté de certaines références «canoniques» que l’on peut véritablement estimer si la bande dessinée s’est appréciée ou non au cours des décennies passées.
Depuis juillet 2007, le SNE publie deux fois par an une grille des tarifs pratiqués par une partie des éditeurs ; pour les dates antérieures, le dépôt légal à la BnF permet de retracer les prix de vente à chacune des sorties. Afin de considérer un échantillon réduit mais suffisamment représentatif, nous avons choisi de nous intéresser aux séries XIII (Dargaud), Largo Winch (Dupuis), Blake & Mortimer (Éditions Blake et Mortimer), Titeuf (Glénat) et Lanfeust (Soleil). Ces séries présentent l’avantage d’avoir des sorties quasi-annuelles, et représentent presque un quart (24 %) des titres franco-belges classés dans les Top 50 annuels de Livres Hebdo sur la période 2000-2013, et constituent 36 % des ventes cumulées.

En moyenne, l’évolution des prix à la nouveauté de ces cinq séries sur la période 1996-2013 suit (par paliers) l’évolution de l’indice des prix à la consommation harmonisé. Alors que le passage à l’euro en 2002 n’occasionne pas de «réajustement» notable, la tendance depuis 2010 semble être à une augmentation notable pour les trois titres de Média-Participations — une tendance également renforcée par le passage de la TVA sur le livre au taux majoré de 7 % en avril 2012, avant un retour «à la normale» à 5,5 % au premier janvier suivant.
Dans ce contexte, le «prix de vente abordable» du dernier Astérix s’inscrit dans l’évolution globale, dans une fourchette basse comparable aux pratiques observées sur Lanfeust ou Titeuf, XIII et Largo Winch représentant la fourchette haute de l’évolution.

(il y a un graphique sur la page, qui est plus parlant)

Là où Filippini se trompe, c'est dans son idée d'une bande dessinée "populaire". Il y a bien longtemps que la bande dessinée n'est pas "populaire" dans le sens sociologique du terme, et dès la première étude sur le sujet (IFOP 1991, si ma mémoire est bonne), on a le portrait d'un lecteur de bande dessinée essentiellement CSP+.
Ensuite, quand l'éditeur fait un livre, il faut penser qu'il s'adresse à plusieurs interlocuteurs: l'ensemble de la chaîne de diffusion, qu'il doit convaincre de mettre l'ouvrage en avant, en plus du lecteur. Avec tout un tas de caractéristiques formelles symboliques qui conditionnent la réception de l'ouvrage -- la couverture cartonnée étant encore un élément fort de distinction: je me souviens d'éditeurs indépendants me racontant comment, à Angoulême, certains lecteurs belges prenaient sans les payer les fascicules souples qui étaient en vente, parce qu'ils étaient convaincus qu'il ne s'agissait là que de prospectus promotionnels.
Avatar de l’utilisateur
Xavier Guilbert
BDéphile
BDéphile
 
Messages: 1191
Inscription: 29/01/2007
Localisation: Paris
Age: 53 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede nexus4 » 23/03/2018 16:41

[APARTÉ]
M'sieur Guilbert, je sais que c'est pas toi qui gère le bousin mais il y a un truc qui manque dans les articles de Comicalités, c'est la date. On l'a quand on vient de la "table des matières", mais quand on débarque direct dans l'article, ca manque. Je sais pas si ca a été débattu avec vote à main levée, bouderie et création d'un mouvement séparatiste théochroniste, mais ça manque.

[disgression]
Je sais pas pourquoi, j'imagine une réunion des Verts comme dans les guignols, mais avec que des chauves à lunettes qui font la gueule. :D [/disgression]

Edit : Ah, j'ai trouvé, c'est dans "Pour citer cet article". Ce serait quand même mieux à coté du nom du rédacteur, tout en haut, histoire de pas se fader l'article pour se rendre compte qu'il n'est plus d'actualité.
[/APARTÉ]
Avatar de l’utilisateur
nexus4
Administrateur du site
Administrateur du site
 
Messages: 68609
Inscription: 18/08/2003
Localisation: Colonies Jupiter
Age: 57 ans

PrécédenteSuivante

Retourner vers Généralités sur la Bande Dessinée

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité