xof 24 a écrit:4Mais le temps de vie chez un libraire d'une nouveautés ?
OK, je jetterais le premier le pavé dans la mare. Je précise avant que j'ai une librairie généraliste avec un (bon ) rayon BD et que donc j'ai moins de m2 alloués qu'une librairie spécialisé.
De façon général, on a tendance à dire qu'une BD arrive en magasin, est présentée sur table 3 mois puis passe en fond de rayon.
Ça ça ne marche que pour les sorties "importantes".
La plupart des BDs sont ou: Pas commandées (Et oui, le fameux choix du libraire
J'y crois pas, j'en prend pas. Ou alors) Par une ou deux pour aller directement dans le fond de rayon.
Fond de rayon qui du coup ne voit garder les titres qui n'ont que de 6 à 9 mois d'ancienneté maxi avant d’être renvoyés. Et oui, il n'est pas extensible. Si on à la place pour mettre 8000 BD en magasin on peut pas en mettre 10 ou 12000...
Maintenant, c'est le chat qui s'attrape la queue. Car en fond de rayon ça se voit moins, donc se vend moins.
Donc se retourne plus vite... Pour pouvoir accueillir les autres nouveautés.
Car logique implacable, "si cette BD ne s'est pas vendues dans les 6 premiers mois de son existence, pourquoi elle se vendrait maintenant?"
Alors évidemment tout cela se compose d'exceptions:
Les "Best" tout d'abord.
Ces fameuses BD que tout le monde connait, qui se sont vendus en tellement d'exemplaire qu'elles sont décomposées en séries plus ou moins interminables. (XIII, Lanfeust, Cédric, Astérix, Tintin, Foret d'Ythaque, Merlin, De cape et de Crocs, Les Pratt, les Tardi etc. etc.
Celle ci sont en fond de rayon "à l'année". Dans un librairie qui se respect on ne peut pas vivre sans se fond. Tout simplement car elles sont des valeurs surs. Des choses qui se vendent toutes les semaines, de façon continue. Et pour lesquelles ont ne pas avoir un "trou" dans sa série car on en pâtirais au niveau crédibilité mais aussi financièrement.
Ça c'est le coté "rentable" du commerce. La vente "facile"... Je regardais pas plus tard qu'hier l'historique de la meilleur vente de BD depuis l'ouverture du magasin (10 ans) et bien c'est le dernier Asterix... Youppeee...
Les coups de cœur ensuite.
Les séries qui se vendent moins, mais que le librairie aime. Ces séries que l'on ne peut vendre que grâce aux: "J'ai adoré, je vous la conseille". Il y'en à pas énormément, mais elles aussi prennent un peu de place.
Ça c'est le coté passion du métier. Heureusement qu'il est encore la.
Et enfin, les nouveautés que j’appellerais "Nouvelles". Les fameux T1. Est ce que cela va plaire? Est ce que je vais le vendre?
Rationnellement parlant, on n'a aucune raison d'être sur de son succès ou pas. Alors oui, y'a des facteurs qui rentrent en compte. La maison d'édition (et oui, j'ai plus confiance dans une série qui commence chez Delcourt que chez Soleil). Ensuite, savoir si les auteurs ont déjà publiés/sont connus. Si je peux voir quelques planches, c'est un plus. Ainsi que la trame de l'histoire. Je demande également systématiquement désormais (chose que je ne faisais pas encore il n'y à que 3 ans) en combien de tomes cela sera... Et oui, mes clients sont également prudents sur les nouvelles séries. Et j'entends souvent cette fameuse question : Vous savez en combien de tomes cela sera?
Bref, cette nouveauté nouvelle, et bien il ne lui reste plus tant de place que cela, pour finir sur mes tables... Et pourtant si on ne la montre pas, on ne la vend pas.
J'ai un exemple récent. Horacio d'Alba. Produit commandé par deux exemplaires, par un de mes collaborateurs. Le produit était destiné à finir en fond de rayon. Je suis tombé dessus par hasard en regardant dans les caisses de mise en rayon. La couv' m'accroche et je me la met sous le coude pour la lire tranquillement. Et la paf, gros coup de cœur. J'en ai commandé 20 aussi sec. Exposition en dessus de gondole, avec le petit bandeau "coup de cœur" qui va bien. Et quand j'en ai l'opportunité, j'en fais la promo à mes clients. Et bien vous savez quoi? l'album se vend...!
Mais pour un bon album de sauver, combien de raté?
Alors oui, on à des outils qui permettent de limiter les dégâts. Les résultats des meilleurs ventes France, le comparatif avec les collègues de la même enseigne etc. etc.
Mais bon ca fait pas tout... C'est qu'un nivellement...
En temps que libraire j'ai vraiment passé ma plus mauvaise fin d'année BD l'an passé. Trop de références sortis. Trop de "blockbuster". Du coup même les bonnes séries, qui se vendent bien mais moins qu'un Blacksad, ont souffert d'un cruel manque de place pour les exposer. Et la je ne parle pas des nouveautés qui sont allées par 1 en fond de rayon directement au cas ou un client aurait lu sur BDGEST une bonne critique et voudrait venir l'acheter en magasin...
Ah oui. J'oubliais. La je ne parlais que de la mise en place...
Les réassorts c'est encore une autre histoire, mais vu le pavé, on en reparlera plus tard...