yannzeman a écrit:Les études c'est bien.
mais les chiffres de ventes ?
Est-ce que les maisons d'éditions perdent de l'argent, ou en gagnent toujours autant, depuis le développement du piratage ?
(tout compris, ventes papier et numérique)
Tout d'abord, les chiffres de ventes et les études, c'est du même ordre. L'un renseigne l'autre, et il est important de les considérer en regard.
J'avais fait 
une rapide étude sur le sujet en prenant le manga (massivement "scantradé"), qui arrivait à la conclusion d'un impact relativement mineur. Ensuite, sur un sujet comme celui-ci, il est difficile de s'assurer que les études que l'on considère sont totalement neutres: l'estimation du manque à gagner est en effet fortement dépendante des hypothèses de travail affichées au début -- entre les partisans de "chaque téléchargement correspond à une vente perdue" d'une part, et ceux qui défendent que "les téléchargements permettent de découvrir, et débouchent ensuite sur de l'achat."
Les études un peu sérieuses sur le sujet montrent que l'impact est réel, mais moins important que l'apocalypse que l'on aime à décrire (voir par exemple 
celle-ci, en anglais). J'y vois deux raisons:
- d'une part, le téléchargement ne vient finalement que compléter une "offre gratuite" préexistante: emprunt (bibliothèque, amis) ou lecture sur le lieu de vente -- tout autant de pratiques qui visent à la découverte sans passer par la case "achat". Certes, il ne s'agit pas de minimiser l'impact de cette dynamique, mais d'en relativiser la nouveauté, et la manière dont l'argument financier en serait le moteur.
- d'autre part, la disponibilité au format numérique a tendance à favoriser les comportements boulimiques, avec des utilisateurs qui vont télécharger bien plus qu'ils ne liront. Il y a là une forme de "collectionnite d'opportunité" qui va s'exprimer par exemple dans le fait de télécharger l'ensemble de la bibliographie d'un auteur pour seulement feuilleter l'un de ses ouvrages dont on a entendu parler.
La nouveauté, en définitive, c'est surtout que le passage au numérique permet de chiffrer (ou tout du moins, d'avoir accès à des données) les téléchargements, et de brusquement pouvoir revendiquer un manque à gagner pour les éditeurs, là où le prêt d'un volume de manga dans la cour d'école (par exemple) était avéré mais invisible.
Rajoutons là-dessus qu'il peut y avoir un écart conséquent entre nombre de téléchargements et nombre de lectures effectives -- au même titre qu'il existe un écart non négligeable entre "mise en rayon" et "chiffres de vente", pour parler de choses que les éditeurs connaissent bien.
D'ailleurs, je pense qu'un bon exemple est celui des derniers 
Astérix, qui sans surprise se retrouvent rapidement sur la plupart des sites de téléchargement illégal. Ce qui n'a pas empêché le précédent de vendre 1.6 millions d'exemplaires en deux mois fin 2015 -- et il est fort probable que le nouveau enregistre un score comparable.