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C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition - 2010-2021

Pour discuter de tous les sujets généraux autour de la bande dessinée, des libraires, des éditeurs et des auteurs

Re: C'est la crise ?

Messagede pabelbaba » 21/11/2017 15:21

Message précédent :
Jeff70 a écrit:C'est un problème difficile, parce que les rémunérations des auteurs sont fixées contractuellement entre les éditeurs et les auteurs. Les diffuseurs n'interviennent pas à ce niveau là.

Et le contrat de diffusion est conclu entre l'éditeur et le diffuseur.

Il doit il y avoir moyen de s'arranger puisqu'on a une chaîne avec un maillon commun. Sans parler du fait que certains gros éditeurs ont leur propre structure de diffusion.
Mais à devoir choisir entre la peur du vide et la nausée des trottoirs... j'aurais sans doute fait comme eux.

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Re: C'est la crise ?

Messagede Xavier Guilbert » 21/11/2017 15:35

Jeff70 a écrit:Ton idée, c'est de "faire payer les riches", c'est çà ?
Malheureusement, de nombreux petits éditeurs de BD bouclent à peine leurs fins de mois, et s'ils devaient payer davantage les auteurs et tous ceux qui travaillent pour eux, ils mettraient la clef sous la porte, ce qui réduirait encore plus les possibilités, pour les jeunes auteurs et les débutants, de se faire éditer ( autrement qu'à compte d'auteur).

Certes, mais comme je l'avais souligné plus haut, la grande majorité (77%) des auteurs ayant répondu à l'enquête des EGBD travaille régulièrement avec l'un des quatre grands groupes d'édition (Delcourt, Glénat, Madrigall, Média Participations), qui n'ont pas trop de peine à boucler leurs fins de mois, que je sache.

D'ailleurs, quand on en parle avec les auteurs, eux-mêmes reconnaissent qu'ils s'adaptent: ceux qui travaillent avec les éditeurs alternatifs (ceux qui ont du mal à boucler les fins de mois, ceux qui ne paient personne à part l'imprimeur, etc.) le font par choix délibéré, parce que cela donne aussi une liberté qu'ils n'auraient pas ailleurs. Ca ne veut pas dire que tout y est rose (il y a parfois des couacs), mais on est évolue dans un autre genre de relation.

Quand ils sont face à l'un des gros éditeurs, la situation est différente: la question financière est bien plus prégnante, et il faut reconnaître que l'on est alors dans une situation très déséquilibrée. L'auteur dépend largement de l'éditeur, qui a une forme de monopole de fait, et qui peut ainsi dicter ses conditions -- quand bien même celles-ci seraient particulièrement au détriment de l'auteur. Il suffit par exemple de citer la question des droits numériques ou des droits dérivés, avec une répartition 50-50 qui a longtemps été mise comme condition nécessaire pour la signature du contrat d'édition. Ou des systèmes de récupération des avances sur droit généralisés à l'ensemble des ouvrages de l'auteur (et non plus limité à l'ouvrage pour lequel elles avaient été perçues), que certains éditeurs ont choisi de mettre en place...

Bref, laissons de côté les petits éditeurs, ce ne sont pas eux (et de loin) qui sont principalement responsables de la situation actuelle, tant au niveau de la surproduction qu'au niveau de la situation des auteurs.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Jeff70 » 21/11/2017 16:21

Xavier Guilbert a écrit: a écrit:


Bref, laissons de côté les petits éditeurs, ce ne sont pas eux (et de loin) qui sont principalement responsables de la situation actuelle, tant au niveau de la surproduction qu'au niveau de la situation des auteurs.



Je n'en suis pas si sûr....

D'abord, je pense que le problème des très faibles rémunérations concerne avant tout les auteurs débutants ( et je considère que quelqu'un qui a publié 2 ou 3 albums est toujours un débutant).
Or, il me parait très probable que les débutants démarrent en général grâce aux petits éditeurs, qui sont plus à même de s'intéresser à leur travail que les grands éditeurs. C'est comme ça que ça se passe dans tous les domaines éditoriaux, et il serait bien étonnant qu'il en aille autrement dans la BD.

D'autre part, la statistique selon laquelle 77% de ceux qui se déclarent "professionnels de la BD" travailleraient avec l'un des 4 grands éditeurs me laisse sceptique. Est-ce qu'on parle bien de collaborations régulières ? Ne met-on pas sur le même plan une pige d'une journée il y a 3 ans et une collaboration durable et bien rémunérée ?
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Re: C'est la crise ?

Messagede Xavier Guilbert » 21/11/2017 16:52

Jeff70 a écrit:D'abord, je pense que le problème des très faibles rémunérations concerne avant tout les auteurs débutants ( et je considère que quelqu'un qui a publié 2 ou 3 albums est toujours un débutant).
Or, il me parait très probable que les débutants démarrent en général grâce aux petits éditeurs, qui sont plus à même de s'intéresser à leur travail que les grands éditeurs. C'est comme ça que ça se passe dans tous les domaines éditoriaux, et il serait bien étonnant qu'il en aille autrement dans la BD.

Il en va autrement dans la bande dessinée. Il y a énormément d'auteurs qui ne sont pas passés par les éditeurs alternatifs -- en fait, je suis persuadé que la perméabilité entre les deux ensembles est bien moins importante qu'on ne veut le faire croire. Il y a quelques noms connus que l'on sort systématiquement (Trondheim, Sfar), mais je doute que ce soit le cas si l'on se penche sur les auteurs des grands éditeurs (type Delcourt ou Glénat, dans leur production "courante").

L'étude des EGBD constate que...
... au sein des auteurs, on a "de moins en moins d’autodidactes, de plus en plus de jeunes spécialisés en BD." (68% d'entre eux ont une formation en BD ou dans un autre domaine artistique)
... 61% des auteurs n'ont jamais publié sur Internet, et 51% n'ont jamais publié en fanzine.
... 72% des auteurs n'ont jamais publié sans avance sur droits.
Cela va vraiment à l'encontre du schéma que tu décris, d'auteurs qui se feraient la main chez les petits éditeurs avant de passer chez les gros...

Jeff70 a écrit:D'autre part, la statistique selon laquelle 77% de ceux qui se déclarent "professionnels de la BD" travailleraient avec l'un des 4 grands éditeurs me laisse sceptique. Est-ce qu'on parle bien de collaborations régulières ? Ne met-on pas sur le même plan une pige d'une journée il y a 3 ans et une collaboration durable et bien rémunérée ?

Là, j'ai envie de dire un équivalent du "RTFM" anglo-saxon.
On vous file des références à longueur de post, et vous ne prenez même pas la peine d'y jeter un coup d'oeil.
Le rapport de l'enquête des EGBD est clair sur le sujet: c'est p.23, et on y lit "77% des auteurs collaborent régulièrement avec au moins un des 4 principaux groupes d’édition."
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Re: C'est la crise ?

Messagede nexus4 » 21/11/2017 17:26

Lors de sa création, l'Association des éditeurs indépendants avait proclamé dans sa profession de foi la volonté de faire un contrat unique et très raccourci. On sait ce qu'il en est de ce dossier là ?
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Re: C'est la crise ?

Messagede Xavier Guilbert » 21/11/2017 17:30

nexus4 a écrit:Lors de sa création, l'Association des éditeurs indépendants avait proclamé dans sa profession de foi la volonté de faire un contrat unique et très raccourci. On sait ce qu'il en est de ce dossier là ?

Le contrat-type existe.
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Re: C'est la crise ?

Messagede nexus4 » 21/11/2017 17:30

Ah il est récent, merci. Effectivement il tient sur une feuille, comme annoncé.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Xavier Guilbert » 21/11/2017 17:41

nexus4 a écrit:Ah il est récent, merci. Effectivement il tient sur une feuille, comme annoncé.

L'annonce est récente, il me semble que le modèle de document est plus ancien. Je me souviens en avoir discuté avec Serge de çà et là au dernier Angoulême, et il m'en parlait déjà.
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Re: C'est la crise ?

Messagede nexus4 » 22/11/2017 12:07

Je vous mets le message de La Charte, j'ai pas trouvé celui du SNAC sur cette info ;)
(Et puis lui au moins n'est pas écrit en inclusive)

CSG : UNE INJUSTICE EN VOIE D'ÊTRE RÉPARÉE ?
Allo les chartistes
Le Conseil Permanent des Ecrivains remercie vivement Catherine Morin-Desailly, présidente de la Commission de la culture, de la communication et de l’éducation du Sénat, et la sénatrice Sylvie Robert ainsi que l’ensemble des sénateurs pour avoir déposé et adopté le 15 novembre un amendement permettant de revenir sur l’absence de compensation de la hausse de la CSG pour les auteurs et les artistes.

Cet amendement, qui prévoit de compenser dès 2018 la hausse de la CSG par une réduction du taux de la cotisation vieillesse, doit encore fait l’objet d’un vote favorable à l’Assemblée nationale.

La ministre de la Culture a indiqué dans un communiqué publié après le vote au Sénat qu’elle défendrait cette solution pérenne devant l’Assemblée nationale, dans le cadre de l’examen en deuxième lecture du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

Pour rétablir totalement l’équité entre la population des artistes-auteurs et le reste des actifs, il conviendrait toutefois qu’une solution complémentaire transitoire puisse être mise en place pour les auteurs et les artistes non affiliés, puisque ce n’est qu’en 2019 que tous cotiseront pour la retraite de base.

Le soutien du Sénat et, nous l’espérons, de l’Assemblée nationale sur la situation des auteurs et des artistes, constituera un signe fort dans le cadre des grandes réformes annoncées pour le statut social de ces populations.

Le Conseil Permanent des Écrivains :
ADAGP, ATLF, Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, Cose Calcre, EAT, Maison de Poésie, Pen Club, SACD, SACEM, SAIF, SCA, SCAM, SELF, SGDL, SNAC, Union des poètes, UNPI, UPP.
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Re: C'est la crise ?

Messagede cygu » 23/11/2017 12:54

la rémunération des auteurs est très complexe sachant qu'aucun ou presque ne fait le même boulot.

à la page : entre une page de blogueur au dessin somme toute très succinct et une planche en couleur directe y'a un monde en terme de rendu et de temps passé

à l'album : entre un 47 planche et un pavé de 200 pages idem pour le temps passé

au temps passé : a voir mais la liberté artistique s'en trouverai surement très amoindri.

pedrosa dans sa dernière intervention Facebook site un salaire proposé de 7000 euros par album comme étant de plus en plus fréquent.

mais entre celui qui mets un an a le faire et celui qui mets 4/5 mois la distorsion est énorme.

et si certains acceptent à ce prix de "dumping sociale" c'est sur que ca n'ira pas en s'arrangeant.

après il faut aussi accepter que dans cette grande foret des auteurs BD certains gagnent bien et que d'autres ne puissent vivre seulement de ça, comme les écrivains, les acteurs etc...
personnne ne pouvant se décider "artiste" et décréter qu'il doit en vivre
sachant que chacun peut espérer évoluer
l'inacceptable c'est que des auteurs installé depuis des années et même mainstream n'arrivent plus a vivre de leur art.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Geb » 23/11/2017 17:27

Nous vivons dans une société ou priment la performance et l'optimisation économique : la mise en concurrence permanente est ce qu'on a trouvé de mieux pour y parvenir (souvent au prix de souffrances individuelles).
C'est vrai à tous les niveaux : états, entreprises, salariés et même les auteurs (rémunération et nombre de ventes) ...

On peut trouver cela regrettable mais la difficulté d'obtenir des revenus corrects pour une profession choisie n'est pas cantonnée aux auteurs de BD.
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Re: C'est la crise ?

Messagede icecool » 25/11/2017 18:02

400 pages de sujets plus tard... Je remets une pièce en postant ici un texte FB récent de Denis Bajram :

Ça parle beaucoup ces derniers jours de ce que devrait être le métier ou le statut d'"auteur de BD", du fait qu'il n'aurait jamais existé, du fait qu'il serait à créer ou du fait au contraire qu'il serait en train de disparaître. Puisqu'on parle de perspective historique, je vais vous en proposer une. Mais elle n'a rien des lendemains économiques qui chantent.
"Auteur de BD" n'a jamais été autant un "métier" que pendant les 30 Glorieuses, l'âge d'or de la BD populaire. Les auteurs étaient payés à la pige ou étaient salariés des journaux, certains même avaient la carte de presse. Personne ne roulait sur l'or, mais peu étaient pauvres. Quelques-uns gagnaient très bien leur vie, ceux qui avaient droit en plus à des "albums" qui collectaient les aventures parues dans les journaux, ou les quelques vedettes de presse (Gillon me disait qu'il gagnait des fortunes à Nous sachons, par exemple). Bref, la plupart gagnait décemment leur vie parce qu'ils livraient chaque semaine ou chaque mois un travail régulier à un employeur régulier pour un revenu fixe. C'était tout sauf des droits d'auteurs d'un livre, il y avait, de fait, une péréquation des revenus au sein des rédactions : l'argent gagné par le journal étai, de fait, redistribué de manière relativement homogène entre les auteurs (une fois les bénéfices patronaux pris, bien sûr, et à de rares exception près). Car il y avait de l'argent, malgré les faibles prix des périodiques, tout simplement parce que le public était beaucoup plus nombreux. La BD n'a jamais eu autant de lecteurs qu'à l'époque. Des millions de jeunes allaient acheter des tonnes de revues toutes les semaines, dont beaucoup tiraient à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires. Tintin, Spirou, Pif, Mickey et des centaines d'autres…

Il faut dire qu'à l'époque, il n'y avait pas ou peu de télévision et que le cinéma n'était pas très accessibles en dehors des centres villes ou du patronage catholique le jeudi après-midi. La BD était quasiment le seul art narratif visuel à diffusion de masse. Elle occupait tout l'espace occupé aujourd'hui par la télévision, le jeu video et les contenus internet… Il ne faudrait vraiment pas sous-estimer l'impact négatif sur nos métiers de l'entrée en masse dans les foyers de la télévision à la toute fin des années 70 et l'explosion des programmes pour la jeunesse avec l'apparition des chaines privées. Le grand public, au fur et à mesure qu'il a pu occuper son temps libre et ses envies de fictions visuelles devant le petit écran, a délaissé les journaux.

Mais, par dessus, il y a eu un phénomène concomitant qu'on ignore trop souvent dans l'équation : au même moment, les nouvelles générations d'auteurs, pourtant biberonnés au populaire, ont voulu sortir de la seule BD pour la jeunesse et obtenir une reconnaissance culturelle. A partir des années 80, la simultanéité de l'abandon du populaire/jeunesse par les auteurs les plus prometteurs au profit d'une BD plus adulte et de l'arrivée de la télévision jeunesse de masse ont ravagé et presque totalement détruit la presse. Le public conquis pendant les 30 Glorieuses est passé à l'album, dont l'âge d'or sera les années 80 et 90.

On a donc basculé d'un produit peu cher et de grande diffusion à un produit de plus en plus cher et de bien plus faible diffusion (à de rares exceptions près). Ce repli du lectorat sur les seules classes moyennes éduquées est un effondrement économique dont on ne parle pas du tout assez. L'arbre des millions d'Asterix masque la forêt des albums à 14.50 euros ou plus (14.50 euros !!) vendus à seulement quelques milliers exemplaires. Et si un certain public jeune et populaire a continué à entrer en librairie pour des nouveautés BD, c'est parce qu'il a trouvé avec les mangas une périodicité de presse, des tarifs accessibles mais surtout des auteurs qui s'intéressaient encore à lui.

On va me dire "mais les centaines de milliers d'Arabe du futur, c'est pas un succès grand public ?" Non, c'est un colossal succès chez les CSPP+. C'est aux classes moyennes supérieures ce qu'Asterix est au Français moyen : tout le monde l'achète. Bon, c'est dommage, malgré ce succès fou, un lectorat sociologiquement plus resserré fait que ça vendra toujours 10 fois moins. Donc que l'édition y gagnera toujours 10 fois moins à injecter dans le financement des autres créations. On voit le le phénomène de resserrement du public très clairement si on regarde la timeline : Décennies 1950/1970 : des millions de lecteurs toutes les semaines avec la presse => Décennies 1980/1990 : des millions de lecteurs sur plusieurs titres, et une longue traine de séries à plus de cent mille exemplaires => Décennies 2000/2010 : à l'exception d'Asterix, plus que quelques best-sellers aux centaines de milliers de lecteurs…

Tous les phénomènes transitoires qui ont marqué la fin des périodiques sont toujours à l’œuvre. La péréquation des revenus qu'il y avait au sein des rédactions a été définitivement remplacée par l'individualisation des revenus : un auteur, son livre, son argent, avec une avance sur droit en correspondant plus au travail, mais aux faibles espoirs de vente. Chaque génération d'auteurs semble aussi vouloir encore plus de reconnaissance culturelle. Sans doute déjà parce que les succès grand public semblent devenir inaccessibles et que, quitte à mourir de faim, autant le faire avec classe. Mais surtout, beaucoup des jeunes auteurs ne veulent pas passer pour un crétin, parce que c'est l'image que tout le monde renvoie de la BD populaire. Et puis, la voie royale est devenue l'école de BD. Mais pour pouvoir s'offrir une école privée (elles le sont quasi toutes), il faut venir d'un milieu favorisé. C'est avec tout cela qu'on est passé d'un milieu d'auteurs majoritairement issus des classes populaires à un recrutement dans les classes bourgeoisies et moyennes éduquées. Et comme un auteur parle naturellement à sa classe sociale d'origine… C'est comme ça qu'on s'est mis à dire "livre" à la place d'"albums", et à vouloir faire du "roman graphique" à la place de la "BD". En plus, les auteurs de demain sont les jeunes lecteurs d'aujourd'hui : le cycle suivant aura toujours tendance à accentuer les phénomènes en cours dans le précédent.
Bref, cycle après cycle, le public se raréfie, se concentrant toujours plus vers des classes moyennes supérieures de plus en plus éduquées, capables de se payer (et d'apprécier) des romans graphiques à plus de 20 euros. Et comme, cycle après cycle, les auteurs s'éloignent aussi de plus en plus du grand public…

De moins en moins de public, compensé par des livres de plus en plus chers : combien de temps est-ce tenable ? Est-ce que la BD est condamnée à devenir aussi grand public que la musique classique ?

Je ne mets évidemment aucun jugement esthétique dans tout ça. Je suis moi-même un pur produit de la bourgeoisie culturelle. J'ai moi-même milité pour la reconnaissance culturelle de la Bande Dessinée. Mais quand on me dit qu'Universal War, dans toute sa complexité, est "grand public" ou "populaire", je suis toujours inquiet : le milieu de la BD semble avoir vraiment oublié ce que c'est que la BD populaire, de la BD accessible à toute la population en âge de lire…
Ah, oui, vous remarquerez aussi que je n'ai pas parlé de surproduction. On lui a quand même un peu facilement collé toutes les problématiques économiques sur le dos.

PS: ceci un statut facebook, pas un livre de sociologie de 300 pages, il contient bien sûr pas mal de raccourcis et d'approximations volontaires.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Olaf Le Bou » 25/11/2017 19:07

merci du partage :ok:
pas mal de points intéressants et de remarques pertinentes dans son texte.
Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux

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Re: C'est la crise ?

Messagede Jeff70 » 25/11/2017 20:25

Ben oui, il connait le sujet...d'autant plus qu'il est lui-même l'exemple type de l'auteur de BD qui a tourné le dos au lectorat enfantin.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Nirm » 25/11/2017 20:37

Jeff70 a écrit:Ben oui, il connait le sujet...d'autant plus qu'il est lui-même l'exemple type de l'auteur de BD qui a tourné le dos au lectorat enfantin.

C'est aussi ce qu'il dit.
Son message n'attaque personne et il ne se place pas en juge suprême, juste en témoin (privilégié) de son médium et gagne pain et propose une analyse/reflexion.
Avec ton message, tu as l'air de vouloir mépriser sa démarche, je me trompe sûrement mais du coup, tu veux pointer quoi qu'il n'aurait pas dit ?
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Re: C'est la crise ?

Messagede Jeff70 » 25/11/2017 20:47

Je dis simplement que ce qu'il fait n'est pas destiné aux enfants...
Il incarne la nouvelle génération d'auteurs de BD, qui ont des ambitions par rapport à leur travail.
Et, bien sûr, il en constate les conséquences: malgré la qualité de ce qu'il fait, son lectorat est étroit...
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Re: C'est la crise ?

Messagede Nirm » 25/11/2017 20:52

J'entends bien.
Ma question, puisqu'il le dit lui-même, est : est-ce une critique pour minimiser l'a pertinence de son message ou juste une envie de répéter ce qu'il a écrit ?
Je n'ai pas l'impression qu'il se place au-dessus des autres alors qu'en lisant ton message j'ai l'impression que tu dénigres ce qu'il écrit.
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Re: C'est la crise ?

Messagede nexus4 » 25/11/2017 21:45

Lizano sur la condition des auteurs, à 16:40
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Re: C'est la crise ?

Messagede nexus4 » 25/11/2017 21:58

Et le texte de Cyril Pedrosa dont il est fait mention dans l'interview :

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Re: C'est la crise ?

Messagede LeJoker » 26/11/2017 11:44

Boycott d'Angoulême. Enfin une idée radicale, et donc bonne. Les gens ne bougent que lorsqu'ils affrontent une réponse "violente". Et le boycott est une réponse qui relève d'une forme de violence. Les auteurs ne pourront améliorer collectivement leur situation que de cette manière.
Joker je réponds, les intelligents aussi, les trolls ben en fait comment dire, allez sucer des courgettes.
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Re: C'est la crise ?

Messagede Jeff70 » 26/11/2017 11:58

Pour en revenir à l'analyse de Bajram concernant l'évolution générale de la BD entre les années 60 et maintenant, elle me parait parfaitement convaincante.

Je remarque simplement que cette analyse "colle" parfaitement avec les choix personnels de Bajram en tant que créateur: faire une BD ambitieuse, de qualité, sollicitant un certain niveau de réflexion chez le lecteur.

A l'évidence, ce type de BD ne peut pas être très grand public.
Naturellement, il n'est pas question de critiquer la démarche suivie par Bajram: il fait la BD qui lui correspond.

Mais on peut tout de même se poser la question de savoir si les auteurs qui ont fait des choix totalement différents des siens ( Zep, Midam, et d'autres...), ont la même vision de l'évolution de la BD que lui.
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