Nirm a écrit:Bien, mais une fois que la décision "j'achète une BD" est prise, on fait quoi?
On choisit. Et la l'abondance de titres entre en jeu:
(...)
Mais pourquoi cette abondance?
Parce que les éditeurs sortent plus de choses et que le nombre d'auteurs a explosé aussi.
(...)
Pourquoi les éditeurs produisent autant?
On pourrait poser d'autres questions :
- La surproduction est-elle le fait des grands éditeurs ou des petits ?
Disons moitié-moitié, considérant que peu de gros éditeurs distribuent autant que beaucoup de petits
- Quels sont les clients de ces types d'éditeurs respectifs ?
Ce sont plutôt les gros acheteurs qui s'offrent les BD de petits éditeurs, les petits acheteurs (nombreux) se concentrent sur les "valeurs sûres" (gros éditeurs)
- Les gros acheteurs se plaignent-ils de la surproduction ?
Non, pas vraiment, ils adorent avoir le choix et en profitent allègrement
- Les petits acheteurs se plaignent-ils de la surproduction ?
Ils ne voient de surproduction que dans les spin-off de leurs séries fétiches qui se multiplient à l'infini. Le reste n'est pas vraiment dans leur radar (décisions selon notoriété déjà acquise. Ce ne sont pas eux qui achètent les 1ers tomes de nouveautés inconnues)
- Les auteurs pros des petits éditeurs se plaignent-ils de la surproduction ?
Oui, parce qu'ils auraient préféré être choisis par de gros éditeurs qui rapportent plus, Non parce qu'un petit éditeur est plus proche et plus actif (mais ça ne rapporte pas tellement plus pour autant), Non parce qu'ils ont plus de liberté et de créativité (et on oublie toute recherche de professionnalisme)
- Les auteurs pros des gros éditeurs se plaignent-ils de la surproduction ?
Oui parce que les ventes s'effondrent pour tout le monde. Les stars n'achètent plus de Cadillacs mais ne tombent pas trop bas, les "petites stars" ne sont plus que des auteurs, et la grande majorité, ceux qui vivaient à peu près correctement depuis longtemps, n'y arrivent plus. Les jeunes sont moins nombreux à pouvoir devenir pros, la plupart végètent et ne décollent pas.
- Les petits éditeurs se plaignent-ils de la surproduction ?
Non, parce qu'ils n'auraient pas pu s'installer sans elle. Oui parce qu'ils sont noyés dans trop de titres, trop de concurrence.
- Les gros éditeurs se plaignent-ils de la surproduction ?
Non parce qu'ils profitent des évolutions techniques (maquettes, imprimerie, diffuseurs eux-mêmes) et qu'ils retombent sur leurs pattes tout en jouant de cette surproduction, Oui parce que leur propre fuite en avant les met en difficulté sur le long terme (mais concentrations donc tout va bien).
- Y a t-il réellement "surproduction" ? Y a t-il réellement "crise" ?
Oui si l'on compare le rapport acheteurs/livres à d'autres époques, Oui puisque les ventes stagnent alors que la population et le budget moyen des loisirs ont progressé (mais pas pour les BD), Oui si l'on considère l'émiettement du marché (chaque titre est moins vendu), Non c'est une simple adaptation entre l'offre et la demande dont l'inertie est particulièrement forte au niveau production. Oui parce que les succès se sont toujours concentrés sur quelques dizaines de titres seulement et que ce n'est pas en multipliant les ventes ou les titres que le marché pourra en absorber autant (ex : peu de mangas sont réellement suivis, qu'il y ait un million ou 10 millions de lecteurs. Les gens (grand-public) ont une limite naturelle de quantité de lecture et n'achèteront jamais autre chose que les quelques succès).
Donc le problème de "surproduction"/"crise" n'est pas dans le nombre absolu de livres ou de titres, mais dans le nombre de lecteurs par titres (la limite de la viabilité économique de chaque auteur).