Pouffy a écrit:D H T a écrit:Ce qui me touche avant tout dans le travail d'un artiste, c'est l'expression d'une petite voix singulière et triste de vivre dans ce monde barbare. S'il y a des auteurs que je plaindrais de la crise, ce serait des auteurs qui auraient gardé précieusement cette sensibilité, toujours au service de l'oeuvre.
Et c'est rarement ce qui permet de payer le loyer et les lardons dans les pâtes.
D H T a écrit:Non, c'est un objectif louable. Mais, du côté des lecteurs, il faut que ses albums nous plaisent...
Même pas besoin... c'est tout le problème...
Je ne dis pas que les auteurs doivent s'adapter à une demande. A mes yeux leur travail doit rester authentique et sincère, porté par une aspiration personnelle. C'est une différence fondamentale entre le marché de l'art et les autres marchés, même si certains ne font pas la différence entre les deux (pour paraphraser l'album d'Astérix "La zizanie": "Vendre des poissons ou des potions..."). Mais je dis que les lecteurs ont un droit de véto, et même un droit de boycott.
Une démarche d'édition est donc doublement un risque:
- en tant qu'entreprise, investissement sans garantie de succès;
- en tant que projet artistique, aucune garantie non plus de toucher le public.
On voit que ces deux aspects sont étroitement liés, et que toute crise économique de l'édition est déjà potentiellement présente dans ce double risque, à la base.
Est-ce une autre manière de dire que l'art et le business ne font pas forcément bon ménage, loin s'en faut? J'en suis intimement persuadé - surtout dans une civilisation fortement industrialisée et productiviste telle que celle dans laquelle nous vivons.